L'Envers de l'histoire contemporaine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 15 avril 2014 à 03:25 et modifiée en dernier par Dhatier (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

L’Envers de l’histoire contemporaine
Image illustrative de l’article L'Envers de l'histoire contemporaine
Adrien Moreau

Auteur Honoré de Balzac
Pays Drapeau de la France France
Genre Étude de mœurs
Collection La Comédie humaine
Lieu de parution Paris
Date de parution 1848
Chronologie
Série Scènes de la vie parisienne

L’Envers de l’histoire contemporaine est un roman d’Honoré de Balzac, paru en 1848. Il entre dans les Scènes de la vie parisienne de la Comédie humaine et raconte la destinée d'un certain « Godefroid » (sans rapport avec Godefroid de Beaudenord) qui abandonne une vie de débauche pour rejoindre le chemin de vertu d'une société secrète, les Frères de la Consolation, qui se réunissent chez la baronne de la Chanterie afin de manigancer pour le bonheur des autres et ce, avec une charité sans faille au point de faire sauver la fille du bourreau de leur bienfaitrice.

On a peu de certitude sur l’historique de la publication de cet ouvrage qui, en lui seul, résume tout le travail secret de l’écrivain, sa manière de composer des intrigues à tiroirs dans lesquels il laisse parfois trace d’un message. Lorsqu’il termine ce roman, Balzac ne sait pas que ce sera le dernier. Sa santé est déjà chancelante. Les suivants resteront inachevés. On comprend mieux, en sachant cela, le choix du sujet : une société secrète à but charitable. Le choix du lieu aussi : un quartier désert non loin de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

« La mythologie balzacienne, directement héritée du roman noir, veut que la force règne par le mystère et que tout vrai pouvoir soit occulte[1]. »

Ici il s’agit d’un pouvoir occulte charitable : Les Frères de la consolation qui se protègent par le secret, et dont les membres de l’ordre mènent une vie de religieux, modeste, sans exigence. Cette association est exactement l’envers des Treize, de Histoire des Treize. Lorsqu’il parle de son roman, Balzac indique qu’il prépare une sorte d’opposition à Splendeurs et misères des courtisanes, où la débauche régnait en maîtresse absolue, il affirmait que, dans ce roman, il voulait « appliquer au bien la même idée qu’au mal ». Le besoin de vertu, de bienfaisance, de religion en plein cœur d’une capitale corrompue est comme le dernier vœu d’un écrivain qui s’est épuisé à décrire toutes les facettes du monde, des meilleures au pires, et qui va laisser derrière lui une œuvre gigantesque, inspiratrice de nombreux écrivains. Balzac bouclait sans le savoir une structure qui allait faire date dans l’histoire de la littérature : l’idée de « cycle romanesque » dont s’inspireront, entre autres, Émile Zola et Marcel Proust.

Résumé

Premier épisode : Madame de la Chanterie

Un jour en septembre 1839, le jeune Godefroy qui décide d’abandonner sa vie de débauche et de paresse, et qui se rend chez une logeuse à la suite d’une annonce, voit un homme porter secours et consolation à un autre. En arrivant dans la maison où on lui loue une chambre, il reconnaît l’homme bon.

La maison, qui se trouve rue Chanoinesse proche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, est occupée par la société des frères de la consolation qui est entièrement dévouée à la charité chrétienne. Godefroy apprend de la part de Madame de la Chanterie, qui préside cette société, les coutumes de la maison : on se lève et se couche très tôt, et on cherche inspiration dans l'œuvre pieux imitation de Jésus Christ. Les autres membres de cette société sont M. Nicolas (en vérité le marquis de Montauran, ancien colonel de la gendarmerie), M. Joseph (Lecamus, baron de Tresnes, et ancien conseiller de la cour royale), M. Alain, l'abbé de Vèze, et la servante Manon.

Un soir, M. Alain raconte à Godefroy comment il avait en tant que jeune homme douté d'un ami auquel il avait prêté une grande somme d'argent, ami qui finalement lui avait rendu honnêtement toute la somme empruntée. Cet évènement avait déclenché en M. Alain son dévouement à la charité, et il avait rejoint la société des frères de la consolation après avoir rencontré le juge Jean-Jules Popinot, cofondateur de la société avec Madame de la Chanterie et le vicaire de Notre-Dame.

Godefroy apprend aussi par M. Alain l'histoire de Madame de la Chanterie. Née en 1772 Barbe-Philiberte de Champignelles, elle se marie avec Henri de la Chanterie qui devient président du tribunal révolutionnaire, et qui est condamné à la chute de Robespierre. Madame de la Chanterie sauve son mari du prison, mais celui continue à la tromper et meurt quelques années plus tard. Leur fille commune, Henriette, marie en 1807 le baron Polydore Bryond des Tours-Minières (le futur Contenson, agent de police secrète) et se laisse traîner par son mari dans une affaire de chouannerie. Elle est condamnée à mort et exécutée, Madame de la Chanterie est condamnée à prison mais rétablie lors de la restauration.

Deuxième épisode : L'initié

Une fois que le désir de Godefroid d'appartenir à cette société mystérieuse se manifeste, on lui confie une mission sous le parrainage de M. Alain. Tandis que M. Alain lui-même va s'infiltrer dans une « grande fabrique dont tous les ouvriers sont infectés des doctrines communistes, et qui rêvent une destruction sociale, l'égorgement des maîtres… », Godefroid est envoyé rue Notre-Dame-des-Champs, proche du boulevard du Montparnasse. Il y a à cette adresse une famille qui consiste en un vieillard qui s'appelle M. Bernard, sa fille Vanda qui est gravement atteinte de la plique polonaise et alitée depuis des années, et le fils à elle du nom d'Auguste. Godefroid s'applique à la tache et offre à la famille une aide qui va lui permettre de sortir de sa misère, en prônant le principe de la charité catholique qui est bien en contraste aux principes de la philanthropie évoquées par M. Bernard.

À la confrérie on lui reproche de s'être laissé séduire par la « poésie de la misère ». En effet, il se trouve que le vieillard est en vérité le juge qui avait au temps de l'empire condamné Madame de la Chanterie et sa fille. On lui retire alors sa mission, et Godefroid craint que la société va saisir l'occasion facile pour se venger du bourreau de la fille la Chanterie. Pourtant, il apprend quelque temps plus tard que les frères ont continué l'œuvre commencé par Godefroid et ont tiré la famille de la misère, tout en restant anonymes. C'est M. Bernard lui-même qui fait des recherches pour connaître l'origine de Godefroid, et qui retrouve son ancienne victime rue Chanoinesse. Il reconnaît son crime et repent, avec les mots « Les anges se vengent ainsi. »

Ce jour-là, Godefroid fut acquis à l'ordre des Frères de la Consolation.

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

  1. Bernard Pingaud. Introduction à l’Envers de l’histoire contemporaine, Paris, Gallimard, « coll. Folio », 1970, p. 9.

Bibliographie

  • Sarah Mombert, « L’Envers de l’histoire contemporaine : conjurations, complots et sociétés secrètes, moteurs souterrains du récit romanesque romantique », Stendhal, Balzac, Dumas : un récit romantique ?, Toulouse, PU du Mirail, 2006, p. 21-31.
  • Franc Schuerewegen, « Honoré de Bouillon, un air de famille : Triste histoire de la fin de Balzac », Balzac, pater familias, Amsterdam, Rodopi, 2001, p. 95-106.