Hermione Farthingale

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Hermione Farthingale
Hermione Farthingale vers 1968
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Hermione Dennis
Autres noms
Hermione Frankel
Marnie
Nationalité
Activités

Hermione Farthingale est une danseuse, artiste et actrice anglaise née en 1949. Elle a profondément influencé le chanteur-auteur-compositeur David Bowie, dont elle a été la compagne en 1968 et 1969.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hermione Dennis[1] (Farthingale[Note 1] est un pseudonyme) naît en 1949[2] d'un père homme de loi aisé[3]. Elle grandit à Edenbridge, dans le Kent[1]. C'est à la fin des années 1960 une belle jeune femme fragile[Note 2], tranquille[5], élancée[6] (1,78 mètre[7]), aux pommettes hautes et aux longs cheveux blond vénitien[8], qui étudie le ballet classique[9]. Son milieu d'origine est plus éduqué et plus aisé que celui de Bowie et de ses amis : le guitariste John Hutchinson la qualifie de « belle fille mais un peu chic... je faisais toujours attention à ne pas jurer devant elle »[10]. Le producteur Ken Pitt voit en elle « une fille charmante, qui avait tout de la muse »[11].

Relation avec David Bowie[modifier | modifier le code]

Elle fait la rencontre de David Bowie fin 1967 (le chanteur n'est pas encore célèbre), dans un séminaire de formation de Lindsay Kemp[1],[11] à Covent Garden[12]. Le 26[13] ou le [2] lors du tournage d'un téléfilm de la BBC (The Pistol Shot), tous deux sont sélectionnés au nombre des quelque seize figurants qui doivent danser un menuet[3],[2] : le couple tombe sur-le-champ amoureux[14],[11]. Quelques semaines plus tard Bowie rejoint celle que ses amis surnomment Marnie[6] dans sa co-location, une chambre[11] dans une maison de style géorgien de South Kensington[3],[Note 3]. Le couple est décidé à vivre ensemble une vie de bohème[12].

Après un premier groupe, Turquoise, composé en septembre[10] d'Hermione, David et du guitariste Tony Hill[9], le couple monte avec leur ami John 'Hutch' Hutchinson un trio éphémère, Feathers, qui mixe poésie, musique et mime[3] et se produit pour la première fois le [9]. Tous trois sont les acteurs de Love You Till Tuesday, un court-métrage de 28 minutes de Malcolm J. Thomson[15] destiné à promouvoir les chansons de Bowie[11]. The Times sélectionne le couple comme sujet[Note 4] d'un article de Sheila More paru le sous le titre The Restless Generation[12].

Hermione Farthingale quitte Londres et Bowie début 1969, pour partir en Scandinavie pendant sept mois[17] danser sur le tournage d'un film intitulé Song of Norway[14],[18] : c'est la rupture, dont Bowie, « le cœur dans l'eau »[19], mettra longtemps à se remettre[3],[7],[8]. Il retourne loger chez son manager Ken Pitt, « blessé et destabilisé » selon celui-ci[11] et reprend sa relation épisodique avec Dana Gillespie[12]. Pour reconquérir Hermione, il lui adresse des messages à travers ses chansons ; las, « ça n'a pas marché : je ne l'ai jamais revue »[9],[Note 5].

Quelques années plus tard, le chanteur reste traumatisé : « notre amour était parfait, tellement parfait qu'il s'est consumé en deux ans. On était trop proches, on pensait pareil et on passait tout notre temps dans une chambre assis au bord du lit »[11]. En 2000, Bowie conserve encore toutes ses lettres[12]. Le couple ne se reverra que le 10 juillet 2002[21], dans les coulisses d'un concert de la tournée Heathen à Manchester auquel assiste Hermione (une date de fin des années 1990 (Earthling Tour, 1997) est parfois rapportée[7]).

Vie ultérieure[modifier | modifier le code]

Pendant les six mois[2] de tournage de Song of Norway (ou peu avant celui de Love You Till Tuesday[8],[10]), Hermione rencontre le danseur américain Stephen Reinhardt avec qui elle entame une nouvelle relation[9]. Elle cherche alors à s'installer aux États-Unis, mais faute d'emploi ne peut y rester[2].

En 1971 elle est membre du ballet de l'Opéra national du Pays de Galles[9]. Elle tient un petit rôle dans le film Toute la ville danse (en), une biographie musicale de Johann Strauss par Andrew L. Stone.

En 1972, elle part vivre en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec son ami et futur époux, l'anthropologue et médecin[22] Stephen Frankel[14],[Note 6] : celui-ci exerce en 1973 et 1974 la charge de médecin responsable pour la province du Sepik occidental[23]. Elle y publie en 1978 un recueil de photographies et de peintures sur les ornements peints sur les canoés de villages papous[23]. Le couple a deux enfants[Note 7], puis se sépare[3]. Avant ou après cette séparation, Hermione vit un temps en Autriche[21].

En 2016 elle habite à Bristol, où elle enseigne le yoga et le pilates et vend ses productions artistiques[14]. En 2019 elle apparaît dans le documentaire de la BBC David Bowie: Finding Fame[18], consacré aux années où le musicien cherche la célébrité[3].

Dans l’œuvre de Bowie[modifier | modifier le code]

David Bowie lui dédie sa chanson Letter to Hermione en 1969[19] (la seule de son œuvre où l'auteur-compositeur mentionne explicitement le nom d'une inspiratrice). Ce n'est en fait qu'à son retour au Royaume-Uni, en février 1970, qu'elle découvre le titre par un acétate que lui donne Calvin Mark Lee, ami et interlocuteur de Bowie chez Mercury Records[25].

Hermione lui a aussi inspiré An Occasional Dream[26],[19], Unwashed and Somewhat Slightly Dazed[9], sur le même album David Bowie, Conversation Piece[27] et un peu plus tard She Shook Me Cold[11]. Bien que « des générations de journalistes paresseux »[28] » l'identifient à la « fille aux cheveux ternes » (the girl with the mousy hair) d'un des plus grands succès de Bowie, Life on Mars? (1971)[14], Hermione a toujours démenti cette parenté, arguant qu'elle arborait alors au contraire une chevelure d'un roux flamboyant, qui aurait plutôt pu inspirer Bowie pour la création de son personnage de Ziggy Stardust[7].

Le spécialiste de Bowie Chris O'Leary estime probable que la chanson Survive (1999), où l'auteur fait le point sur une ancienne relation, fasse référence à Hermione[29]. L'explication que donne le chanteur dans une interview à Uncut :

« There was a time in my life where I was desperately in love with a girl — and I met her, as it happens, quite a number of years later. And boy, was the flame dead! »

« Il y a eu un moment de ma vie où j'étais désespérément amoureux d'une fille — et je l'ai rencontrée, en l'occurrence, bien des années plus tard. Et bon sang, la flamme était morte ! »

correspond à ce qu'incarne Hermione dans l'esprit de Bowie : l'amour perdu, qui symbolise tout ce qu'il a laissé dans les années 1960[29]. Cependant, les retrouvailles des deux amants datent de 2002, trois ans après l'enregistrement du morceau[21].

Bien plus tard, dans le clip de la chanson Where Are We Now? (2013) Bowie porte un T-shirt marqué « m/s Song of Norway[Note 8] »[14], ultime[Note 9] clin d’œil public à son amie.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Theatre 625 (série TV, 1968, The Pistol Shot)
  • Inspector Clouseau (1968)[32] : non créditée
  • David Bowie: Ching-a-Ling (court-métrage, 1969) : son propre rôle
  • David Bowie: Sell Me a Coat (court-métrage, 1969) : son propre rôle
  • David Bowie: When I Live My Dream (court-métrage, 1969) : son propre rôle
  • Love You Till Tuesday (court-métrage promotionnel, 1969, regroupe les trois titres précédents)
  • Ah Dieu ! que la guerre est jolie (1969) : une choriste[33]
  • Dancing Shoes (court-métrage documentaire, 1969) : son propre rôle
  • Music on 2 (série TV, 1970, Tales of Hoffmann) : une danseuse
  • Song of Norway (1970) : une danseuse[33]
  • The Great Waltz (1972) (en) : Louise
  • David Bowie: Finding Fame (documentaire, 2019) : son propre rôle.

Art[modifier | modifier le code]

  • (en) Hermione Frankel, Canoes of Walomo, Institute of Papua New Guinea studies, , 60 p.[34],[23]

Divers[modifier | modifier le code]

Dans sa chanson Song of Norway (2013), le chanteur écossais Momus invente une lettre nostalgique de Bowie adressée à Hermione, comparant cruellement leur destins respectifs après leur rupture : « One of us made history / You made The Song of Norway ».

Références et notes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le nom commun farthingale désigne un accessoire vestimentaire appelé en français « vertugadin ».
  2. Wendy Leigh la qualifie de « rose anglaise belle et fragile »[4].
  3. 22, Clareville Grove (adresse qui donnera son nom à un coffret de trois 45 tours de maquettes de Bowie datées de début 1969 commercialisé en 2019 par Parlophone), Soligny et al. 2019, p. 65.
  4. Avec, coïncidence clairvoyante, deux autres couples : Mick Jagger et Marianne Faithfull, et Tony Visconti et sa future femme Mary Hopkin[16].
  5. Hermione et Bowie se sont cependant revus au début de l'année 1970, avant le mariage de celui-ci avec Angie, et ont « beaucoup parlé »[20].
  6. Brève notice biographique sur (en-GB) University of Bristol, « Stephen Frankel », sur www.bristol.ac.uk.
  7. Leur fils Joe, né vers 1976, vit en 2016 à Édimbourg où il a fondé une entreprise d'emballages compostables, Vegware[24].
  8. Le navire (m/s pour motorship) M/S Song of Norway est un bateau de croisière lancé en 1970 à Helsinki et retiré du service en 2014.
  9. Ultime, à moins que le premier vers de Blackstar, « In the villa of Ormen », répété à plusieurs reprises dans le morceau funeste de 2015, ne fasse référence au hameau d'Ørmen, en Norvège, où Hermione aurait tourné pour Song of Norway[30],[31].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Chris O'Leary, Rebel Rebel: All the Songs of David Bowie From '64 to '76, John Hunt Publishing, (ISBN 978-1-78099-713-1, lire en ligne)
  2. a b c d et e (en-GB) « Letter To Hermione », sur The Bowie Bible, (consulté le )
  3. a b c d e f et g Mark Jefferies, « 'I inspired David Bowie's top hits then ditched him and broke his heart' », sur mirror, (consulté le )
  4. (en) Wendy Leigh, David Bowie : The Biography, New York, Gallery books, , 311 p. (ISBN 9781476767093), p. 69
  5. Iconic Images, David Bowie, Flammarion, , 355 p. (ISBN 9782081521445), témoignage de Vernon Dewhurst, page 38
  6. a et b Iconic Images, David Bowie, Flammarion, , 355 p. (ISBN 9782081521445), témoignage de Ray Stevens, page 16
  7. a b c et d David Jones, « Bowie's secret reunion with middle class eauty who broke his heart », sur Mail Online, (consulté le )
  8. a b et c David Buckley (trad. de l'anglais), David Bowie : Une étrange fascination, Paris, Flammarion, (1re éd. 2004), 473 p. (ISBN 978-2-08-135508-8), p. 56.
  9. a b c d e f et g « The Girl With the Mousy Hair: Hermione Farthingale | Kristine C. Schultz life », sur kristinec-schultzlife.blogspot.com (consulté le )
  10. a b et c (en) Frank Hopkinson et Michael Heatley, The Girl in the Song: The Real Stories Behind 50 Rock Classics, Portico, (ISBN 978-1-909396-88-3, lire en ligne), chapitre Life on Mars?
  11. a b c d e f g et h Marc Paytress (trad. Marie Lacor), Bowiestyle, Hugo & Compagnie, (1re éd. 1991), 160 p. (ISBN 9782755608694), p. 82
  12. a b c d et e (en) Wendy Leigh, David Bowie : The Biography, New York, Gallery books, , 311 p. (ISBN 9781476767093), p. 70
  13. (en) Mark Adams et Tris Penna, Conversation Pieces, Parlophone, , 118 p., p. 2
  14. a b c d e et f (en-GB) Stuart Jeffries, « How uplifting to hear David Bowie’s ‘girl with the mousy hair’ tell her story », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  15. « Hermione Farthingale - SensCritique », sur www.senscritique.com (consulté le )
  16. (en) Wendy Leigh, David Bowie : The Biography, New York, Gallery books, , 311 p. (ISBN 9781476767093), p. 71
  17. David avant Bowie (David Bowie: Finding Fame'), documentaire de Francis Whately, BBC, 2019 (44').
  18. a et b « Hermione Farthingale », sur IMDb (consulté le )
  19. a b et c Jérôme Soligny, David Bowie, Rainbow Man. 1967-1980, Paris, Gallimard, , 566 p. (ISBN 978-2-07-269642-8), pp. 88-89
  20. Nicholas Pegg et Christophe Goffette, Tout Bowie, Nouveau Monde Editions, (ISBN 978-2-38094-249-1, lire en ligne)
  21. a b et c Jérôme Soligny, David Bowie. Rainbowman, 1983-2016, Gallimard, (ISBN 9782072893018), p. 1087
  22. (en) Laura Onita, « Our plates may look corny... because they are », The Times,‎ (ISSN 0140-0460, lire en ligne)
  23. a b et c Bernard Juillerat, « Frankel, Hermione. Canoes of Walomo », Journal de la Société des Océanistes, vol. 35, no 63,‎ , p. 149–150 (lire en ligne, consulté le )
  24. (en) Laura Onita, « Our plates may look corny... because they are », The Times,‎ (ISSN 0140-0460, lire en ligne, consulté le )
  25. (en) Mark Adams et Tris Penna, Conversation Pieces, Parlophone, , 118 p., p. 43
  26. Axelle Choffat, « Avec Hermione Farthingale (1969) », sur www.linternaute.com (consulté le )
  27. (en) Peter Doggett, The Man Who Sold The World: David Bowie And The 1970s, Random House, (ISBN 978-1-4090-4139-9, lire en ligne), p. 62
  28. Nicholas Pegg et Christophe Goffette, Tout Bowie, Nouveau Monde Editions, (ISBN 978-2-38094-249-1, lire en ligne)
  29. a et b (en) Chris O'Leary, « Survive », sur Pushing Ahead of the Dame, (consulté le )
  30. (en) « The final mysteries of David Bowie’s Blackstar – Elvis, Crowley and 'the villa of Ormen' », sur the Guardian, (consulté le )
  31. Pacôme Thiellement, L’enquête infinie, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-082681-1, lire en ligne), chapitre Deadline
  32. Jo Tweedy, « Woman who inspired Bowie's Life on Mars is now a pilates teacher », sur Mail Online, (consulté le )
  33. a et b (en) American Film Institute, The American Film Institute Catalog of Motion Pictures Produced in the United States: Feature Films, University of California Press, (ISBN 978-0-520-20970-1, lire en ligne)
  34. (en) « Canoes of Walomo / by Hermione Frankel ; paintings by Hermione Frankel ; photographs by Stephen Frankel », sur Smithsonian Institution (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]