Henri Sajous

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Henri Sajous
Présentation
Nom de naissance Henri Paul Pierre Sajous
Naissance
Bordeaux, France
Décès (à 78 ans)
Nice, France
Nationalité française
Activités Architecte
Drapeau de la France France Drapeau du Brésil Brésil
Diplôme 1930
Formation École des beaux-arts de Bordeaux
École nationale supérieure des beaux-arts (élève du professeur Expert)
Œuvre
Réalisations Établissement thermal, Cambo-les-Bains
Palácio do Comércio, Rio de Janeiro
Jockey Club, São Paulo
Distinctions 1er prix au concours en loge d'architecture (1916)

Henri Paul Pierre Sajous est un architecte français de style Art déco, né le à Bordeaux dans le département de la Gironde et mort le à Nice dans les Alpes-Maritimes. Il a exercé son art en France et surtout au Brésil.

Biographie[modifier | modifier le code]

1897-1919 Enfance et jeunesse à Bordeaux

Fils d'un employé de commerce pyrénéen, Jean Bertrand Léon Sajous (1865-1937), et d'une modiste bordelaise, Euphrasie Marguerite Bernelas (1873-1962)[1], Henri Sajous fait partie d'une fratrie de quatre enfants. À l'âge de 12 ans, il s'inscrit aux cours du soir à l'École des beaux-arts de Bordeaux (dessin d'ornement). À 16 ans, il suit la classe du professeur Gaston Leroux (sculpture décorative et sculpture statuaire). À 18 ans, élève dans l'atelier d'architecture de Pierre Ferret[2], Il obtient le 1er prix au concours en loge d'architecture[3]. C'est dans cet atelier qu'il rencontre Charles Hébrard, un de ses collaborateurs français et probablement aussi son ami Gabriel Rispal[4]. Mobilisé de 1916 à 1919, il interrompt ses études. Pendant la première guerre mondiale il est gazé[4].

1920-1930 Fin des études et diplôme à Paris

En 1921, il est admis à l’École nationale supérieure des beaux-arts section architecture à Paris. Il est élève de Georges Gromort et de Roger-Henri Expert. Le , il obtient une 3e médaille en dessin, le , le prix Edmond Labarre et le , une 1re seconde médaille en histoire de l'architecture[1]. C'est à cette époque qu'il établit des liens avec Charles Nicod (grand prix de Rome) et Émile Molinié[5]. Le , il se marie à Paris avec Jeanne Marthe Charlier[2]. Ses amis Jean René Sauboa, artiste peintre, et Gabriel Rispal, sculpteur, l'entourent[3]. Il obtient le diplôme d'architecte le en réalisant l'établissement thermal de Cambo-les-Bains, en collaboration avec Charles Nicod et Émile Molinié[5]. Il réalise des restaurations d'églises et des constructions (hôtel, villa). En 1930, Francisco de Souza Costa, propriétaire de l'établissement thermal de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques, France) et de la villa Arnaga, fait appel à lui pour la construction de la station thermale de São Lourenço (Minas Gerais, Brésil)[6]. Pour ce projet, Henri Sajous reprend les caractéristiques techniques et architecturales utilisées à Cambo-les-Bains[5].

1930-1959 Architecte au Brésil

Il fait valider son diplôme par le gouvernement brésilien[3] et reste au Brésil de 1930 à 1959. Pendant quelque temps, il collabore avec l'architecte Charles Hébrard, le sculpteur Gabriel Rispal et l'ingénieur Auguste Rendu (celui-ci jusqu'en 1940-1945)[7]. De nombreuses réalisations témoignent de son travail à Rio de Janeiro[8] : des résidences (Roubien, La Saigne, Braga, Neviere), la station thermale de São Lourenço, des immeubles (Mesbla, Biarritz[9], Tabor Loreto), le Collège São Miguel, le Palais du Commerce et l'église de la Sainte Trinité[10]. À São Paulo, où il demeure de 1944 jusqu'à son retour en France, il décore l'immeuble Cruzeiro do Sul, il édifie des immeubles (Brasilia, Rodhia), la villa Maluf et le Jockey Club[11]. En 1954, son neveu Michel Sajous le rejoint au Brésil et collabore avec lui dans la partie dessin architectural[3].

1960-1975 Retour en France

Il revient à Paris de 1960 jusqu'à sa retraite en 1972. La mort de sa femme, en 1962, l'affecte profondément. Il se remarie le avec Rolande Marguerite Marie Graux, ce qui lui redonne le courage du travail[12]. À cette période, il fait des allers-retours entre la France (exposition au Salon des artistes français au Grand Palais de Paris, 1967-1972, concours pour l'aménagement du nord de l'agglomération bordelaise, projet de rénovation du quartier des Halles de Paris)[2] et le Brésil où il revient pour élaborer une collection de photographies de ses œuvres. Il assiste à la dépréciation de l'Art Déco mais ne se retrouve pas dans le mouvement moderne[12]. Pour sa retraite, en 1972, il se retire à Nice dans les Alpes-Maritimes. C'est là qu'il meurt le [2].

Bâtiment principal des thermes, Cambo-les-Bains

Réalisations[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

Église de la Sainte-Trinité (Igreja da Santíssima Trindade), Rio de Janeiro

Au Brésil[modifier | modifier le code]

  • 1930[note 1], résidence Roubien, Rio de Janeiro[16] ;
  • 1930[note 1], résidence La Saigne, Santa Teresa, Rio de Janeiro, avec Auguste Rendu[17] ;
  • 1933, résidence Braga, Copacabana, Rio de Janeiro[18] ;
  • 1934, résidence Neviere, Copacabana[19] ;
  • 1935, station thermale, av. Comendador Costa, São Lourenço, avec Charles Hébrard et Auguste Rendu[20] ;
  • 1936, immeuble Mesbla[11], 42 rue do Passeio, Rio de Janeiro, avec Auguste Rendu[21] ;
  • 1937, collège São Miguel, av. Pde João Batista Apetche, Passa Quatro (Minas Gerais)[22] ;
  • 1940, palais du Commerce[11], 9 rue da Candelária, Rio de Janeiro, avec Auguste Rendu[23] ;
  • 1941, immeuble Brasilia, 209 rue José Bonifácio, São Paulo[24] ;
  • 1944, villa Maluf, 915 av. Brasil, São Paulo[25] ;
Jockey Club, São Paulo
  • 1945[note 1], immeuble Biarritz, 268 plage de Flamengo, Rio de Janeiro, avec Angelo Bruhns et Auguste Rendu[26] ;
  • 1945[note 1], immeuble Tabor Loreto, 244 rue plage de Flamengo, Rio de Janeiro[27] ;
  • 1945, église de la Sainte-Trinité, 141 rue Senador Vergueiro, Rio de Janeiro[10], avec Auguste Rendu, Gabriel Rispal qui y sculpte 18 statues[28] ;
  • 1946, immeuble Rodhia, 99 rue Líbero Badaró, São Paulo[29] ;
  • 1954, Jockey Club, 1263 av. Lineu de Paula Machado, Morumbi, São Paulo[11], amélioration du projet d'Elisiário Bahiana (1938)[30], décoré par Bernard Dunand, Victor Brecheret[31]et Jules Leleu ;
  • 1954, décoration de l'immeuble Cruzeiro do Sul, centre de São Paulo, avec Mieczyslaw Grabowsky, architecte[25].

Style architectural[modifier | modifier le code]

Henri Sajous apporte au Brésil le style Art déco acquis en France avec son professeur Roger-Henri Expert[32]. Dans ses travaux au Brésil, il met en valeur le travail d'artistes français comme Bernard Dunand, Victor Brecheret, Gabriel Rispal (bas-reliefs et œuvres ornementales sur les façades, statues pour les églises, panneau en laque de Chine et sculptures équines pour le Jockey Club) et il fait venir des produits français d'excellente qualité (tapisseries d'Aubusson, grilles en fer forgé, lampes, etc.)[12]. Selon Francine Trevisan Mancini,

« Henri Sajous a contribué à l'architecture brésilienne du XXe siècle, non comme un avant-gardiste, mais comme un architecte qui a préféré défendre les valeurs acquises dans sa formation française, à l'École des Beaux-Arts de Paris. [...] Dans toutes ses œuvres, on note le style français, bon chic bon genre, symbole du bon goût pour l'élite brésilienne, chemin qui mène à Paris. [...] Laisser, dans chacune de ses réalisations, une place aux artistes et mettre en valeur leur travail, voilà sa caractéristique la plus remarquable[trad 1]. »

Il allie le raffinement du détail[31] et l'élégance de la décoration intérieure[33] à son style architectural, auquel il reste fidèle jusqu'à la fin de sa carrière, malgré la montée du mouvement moderne[32].

Titres et distinctions[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Sajous, Henri (2 mai 1897 - 5 juillet 1975) Archives nationales (France) », sur AGORHA (consulté le ).
  2. a b c d e f g et h « Biographie rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte », sur AGORHA (consulté le ).
  3. a b c et d Marie-Christine Sajous Clause, « Biographie », sur sajous-henri.com.
  4. a et b (pt) Francine Trevisan Mancini, « Sajous architecto : presença e atuação profissional 1930-1959 », sur teses.usp.br, (consulté le ), p. 16-17.
  5. a b c et d Sajous architecto 2013, p. 27-32.
  6. (pt) Gracianne Bancon, « Francisco José de Souza Costa et Honorine Benatz, propriétaires de la Villa Arnaga et des Thermes de Cambo-les-Bains », sur Luso Jornal, (consulté le ).
  7. Sajous architecto 2013, p. 38.
  8. (pt) « DECRETO N° 18837 DE 3 DE AGOSTO DE 2000 », sur rio.rj.gov.br (consulté le ).
  9. (pt) « Edifício Biarritz », sur Arqguia (consulté le ) : « Além do formato das sacadas, ornamentos como frisos, esquadrias de ferro com detalhes dourados e a porta de entrada monumental, bem como o emprego de materiais de alta qualidade, são os responsáveis pela impressão de nobreza que edifício proporciona ».
  10. a et b Sajous architecto 2013, p. 123.
  11. a b c et d « 1925, quand l’Art déco séduit le monde : L'Art déco dans le monde » [PDF], sur citéchaillot.fr (consulté le ) : « Rio, São Paulo : Henry Sajous édifie le Palais du Commerce ainsi que l’immeuble Mesbla de Rio de Janeiro, puis à São Paulo le Jockey Club », p. 23.
  12. a b c et d Sajous architecto 2013, p. 43-46.
  13. Sajous architecto 2013, p. 239.
  14. Sajous architecto 2013, p. 234.
  15. Sajous architecto 2013, p. 241, 244, 247.
  16. Sajous architecto 2013, p. 256.
  17. Sajous architecto 2013, p. 257.
  18. Sajous architecto 2013, p. 251.
  19. Sajous architecto 2013, p. 253.
  20. Sajous architecto 2013, p. 79.
  21. Sajous architecto 2013, p. 93.
  22. Sajous architecto 2013, p. 260.
  23. Sajous architecto 2013, p. 109.
  24. Sajous architecto 2013, p. 137.
  25. a et b Sajous architecto 2013, p. 275.
  26. Sajous architecto 2013, p. 147.
  27. Sajous architecto 2013, p. 161.
  28. Marie-Christine Sajous Clause, « Collaborateurs et Amis », sur sajous-henri.com (consulté le ).
  29. Sajous architecto 2013, p. 171.
  30. Sajous architecto 2013, p. 183.
  31. a et b (pt) « São Paulo – Jockey Club », sur Ipatrimônio - Patrimônio cultural brasileiro (consulté le ) : « Henry Sajou, que ampliou e repaginou as instalações, dando-lhe requinte e sofisticação, característica esta potencializada pelas esculturas de Victor Brecheret. ».
  32. a b et c Sajous architecto 2013, p. 209-212.
  33. Sajous architecto 2013, p. 53.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f La date est incertaine.

Citations originales[modifier | modifier le code]

  1. (pt) « Henri Sajous contribuiu para a arquitetura brasileira do século XX, não como um vanguardista, porém como um arquiteto que preferiu defender e aplicar neste país os valores adquiridos no contexto da sua formação francesa - na instituição de ensino mais prestigiosa de seu tempo, a École des Beaux-Arts de Paris. [...] Em todos os seus trabalhos nota-se a alusão ao estilo francês de viver, Bon Chic Bon Genre, que a elite brasileira consumiu como símbolo de bom gosto, importando estas referências como caminhos que levam à Paris. [...] Procurou valorizar o trabalho do artista e do artesão, conferindo em sua arquitetura sempre um local de destaque para as manufaturas. Os elaborados trabalhos em serralheria artística e obras de arte integradas, presentes na grande maioria das suas obras e que podem ser entendidos como sua característica mais marcante. »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (pt) Francine Trevisan Mancini, Sajous architecto : presença e atuação profissional 1930-1959, Master's Dissertation São Paulo, , 292 p. (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (pt) Guilherme Gorini Vieira, Henri Paul Pierre Sajous - conceito, projeto e obra : Dissertação de Mestrado, Universidade Federal do Rio de Janeiro, Faculdade de Arquitetura e Urbanismo, .
  • (pt) Jorge Czajkowski, Guia da Arquitetura Art Deco no Rio de Janeiro : A Guide to Literary and Artistic Sources, Casa da Palavra/Centro de Arquitetura e Urbanismo do Rio de Janeiro, .
  • Émmanuel Bréon et Philippe Rivoirard, 1925, Quand l'Art déco séduit le monde, co-édition Norma/Cité de l’architecture & du patrimoine, , 280 p. (lire en ligne), p. 23 (Rio, São Paulo).
Il s’agit du Dossier de presse de l’exposition au palais de Chaillot, Paris, 2013.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]