Georges-Henri Lévesque

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Georges-Henri Lévesque (né le à Roberval, mort le à Québec) est un prêtre dominicain et un sociologue québécois. Il a fondé en 1938 l'École des sciences sociales de l'Université Laval. Il a été le recteur de l'université nationale du Rwanda, de 1963 à 1971.

Biographie

Né à Roberval, le fils de Georges Lévesque et de Laura Richard, dans une famille de quinze enfants, il étudie au Séminaire de Chicoutimi. En 1923, à l'âge de vingt ans, il entre chez les frères prêcheurs à Saint-Hyacinthe. Il a choisi cet ordre parce que les dominicains agissaient beaucoup sur le plan social, et lui-même se disait intéressé par la société et la sociologie. Il poursuit ses études au collège des Dominicains à Ottawa de 1924 à 1930 en théologie et à l'Université catholique de Lille de 1930-1933 et obtient son diplôme d'études supérieures en sciences sociales en 1933, l'équivalent d'un doctorat. Il est ordonné prêtre en 1928.

En 1938, lors de l'annonce de la fondation de l'école des sciences sociales (G.-H. Lévesque en blanc, au centre de la photo)

Il enseigne la philosophie sociale au collège des dominicains de 1933 à 1938 et aux universités de Montréal (1935-1938) et Laval (1936-1962). Il fonde en 1938 l'École des sciences sociales, politiques et économiques de l'Université Laval, devenue la faculté des sciences sociales en 1943, dont il est le premier doyen et qu'il dirige jusqu'en 1955[1]. Cette faculté se spécialise dans la sociologie, l'économique, les relations industrielles et le service social. Il travaille aux côtés de Everett-C. Hughes, devenu le président de l'association sociologique américaine.

Il fonde le Conseil supérieur de la coopération du Québec et en est le premier président, de 1939 à 1944. Pendant la guerre, il écrit dans la revue Ensemble. En 1943, il fonde la société pour l'éducation des adultes. Il participe aussi à la Commission d'enquête sur la jeunesse (1943-1946), créée par le gouvernement canadien de Mackenzie King. Il voulait utiliser son poste de doyen pour promouvoir la démocratie.

Louis St-Laurent le nomme à la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada, sur le mécénat, présidée par Vincent Massey, où il siège de 1949 à 1951. En 1955, il fonde la Maison Montmorency. De 1959 à 1961, il est président de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (ACFAS). Il est vice-président de la Société royale du Canada en 1962 et en 1963.

Le fonds d’archives Georges-Henri Lévesque est conservé au centre d’archives de Montréal de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec[2].

Critique sociale

Lévesque était critique du gouvernement unioniste de Maurice Duplessis à partir de 1949, lorsque la grève d'Asbestos fut réprimée par la police provinciale. Il s'attira la foudre de la droite politique, et de fait Duplessis refusa d'engager les diplômés de sa faculté parce qu'il n'aimait pas beaucoup les intellectuels. Les syndicats et les agriculteurs catholiques de l'époque partagent le mieux leurs idées avec lui.

Les choses changent avec l'élection des gouvernements libéraux de Jean Lesage et de Lester B. Pearson, qui prennent directement de sa faculté pour améliorer leur haute fonction publique. Le rôle accru de l'État qui en a résulté, et la grande influence qu'a eu Lévesque sur ses étudiants fait de lui un des importants pères de la Révolution tranquille au Québec. Il rencontrait régulièrement les trois colombes à Cité Libre (Trudeau, Marchand, Pelletier).

Dans ses écrits, il souhaitait une école populaire laïcisée, ce qui fut peu après réalisé par Paul Gérin-Lajoie. La prise en main de l'économie par les Canadiens-français («Maîtres chez nous») est largement réalisée par ses économistes et administrateurs, dont Jacques Parizeau, Michel Bélanger, Albert Faucher et Claude Morin, tous keynésiens. Il refusa d'entrer en politique, trop partisane selon lui, car il se savait prêtre.

En outre, il a inspiré les travaux des historiens de l'école de Laval, qui ont considérablement modifié le point de vue dominant dans l'historiographie québécoise et qui ont donné aux Canadiens-français une nouvelle vision d'eux-mêmes.

De 1963 à 1971, il est le recteur de l'université nationale du Rwanda, à Butare. Sa période africaine, il l'appelait sa « deuxième carrière ». En Espagne, il a aidé à la création de la faculté des sciences sociales de l'université de Salamanque.

Il a publié plus de cinquante ouvrages scientifiques. Il a publié ses mémoires, intitulées Souvenances, en 1983. En 1994, il a publié des carnets d'histoires du Québec avec le médiéviste et critique littéraire Benoît Lacroix.

Il est décédé le 15 janvier 2000 à l'âge de 96 ans et onze mois. Ses funérailles ont été tenues à l'église Saint-Dominique de Québec.

Honneurs

Disciples

Ouvrages importants

  • Les Canadiens français chez eux, Montréal : Librairie d'action canadienne-française, 1937, 84 p.
  • Morale et technique de l'action : recueil de textes de Thomas d'Aquin
  • Service social et charité, Cahiers de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval. Vol. III, no. 2, Québec, Éditions du "Cap diamant", 1944, 24 p.
  • Le chevauchement des cultures, [S.l. : s. éd.], 1955, 14 p.
  • La dualité culturelle au Canada: hier, aujourd'hui, demain, Montréal, Éditions A. Levesque, 1960, 255 p.
  • Souvenances : entretiens avec Simon Jutras, Montréal, La Presse, 1983, 373 p.
  • Continuité et rupture : les sciences sociales au Québec (Colloque du Mont-Gabriel, 1981) textes réunis par Georges-Henri Lévesque… [et al.], Montréal : Presses de l'Université de Montréal, 1984, 2 vol., 671 p.

Citations

De lui-même

  • «La liberté vient aussi de Dieu».
  • «L'université doit être à la disposition de non seulement ce qu'on appelle les élites, mais aussi, de la population, et c'est pour ça que, dès le point de départ, dès la fondation de l'école des sciences sociales de l'Université Laval, j'ai mis dans le programme tout un programme d'éducation populaire […] parce que je croyais très fortement que l'Université, les universitaires ne devaient pas rester dans une tour d'ivoire.»

À son sujet

  • «Georges-Henri Lévesque s'est battu pour la liberté. Il aura cherché jusqu'au bout à briser les cloisons qui enferment l'esprit, aussi bien au sein de l'Église que dans notre société». (Gilles Duceppe)
  • «Il a été un très grand professeur. Il nous disait: «Vous êtes jeunes, vous avez des idéaux. Quand vous vieillirez, montez vers votre idéal, ne l'abaissez jamais.» J'ai toujours tenté de suivre ce conseil.» (Marcel Pépin)
  • «Son engagement social aura laissé une marque impressionnante sur le Québec d'aujourd'hui.» (Jean Charest)
  • «Pendant les cinquante dernières années le père dominicain Georges-Henri Lévesque a énormément contribué à la vie culturelle et sociale de ce pays.» (Jean Chrétien)

Notes et références

  1. a et b « Notre fondateur, le père Georges-Henri Lévesque », faculté des sciences sociales, université Laval (page consultée le 7 août 2010)
  2. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, « Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Fonds Georges-Henri Lévesque (CLG8) » (consulté le )

Bibliographie

  • Jean-Philippe Warren. L'engagement sociologique. La tradition sociologique du Québec francophone, Montréal : Boréal, 2003.
  • Pierre Valcour, Georges-Henri Lévesque, François Beaudin. La liberté aussi vient de Dieu--: témoignages en l'honneur de Georges-Henri Lévesque, 1903-2000, Québec : Presses Université Laval, 2002, 312 p. (ISBN 2763778879) (aperçu)
  • Parisé Robert. Georges-Henri Lévesque, père de la renaissance québécoise, Montréal : A. Stanké, 1976, 172 p. (ISBN 0-88566-020-X)
  • Simon Jutras, Le père Georges-Henri Lévesque, Dominicain, 1903-2000 : entretiens avec Simon Jutras, Montréal, Médiaspaul, , 77 p. (ISBN 2894204698)
  • Georges-Henri Lévesque, Simon Jutras. Souvenances. Georges-Henri Lévesque; entretiens avec Simon Jutras, Montréal : La Presse, 1989, trois volumes

Voir aussi

Liens externes