Dolores Ibárruri

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Dolores Ibárruri
Illustration.
Dolores Ibárruri en 1978.
Fonctions
Secrétaire générale du Parti communiste d'Espagne

(18 ans, 3 mois et 16 jours)
Prédécesseur José Díaz
Successeur Santiago Carrillo
Présidente du Parti communiste d'Espagne

(29 ans, 5 mois et 6 jours)
Députée des Asturies

(2 ans, 11 mois et 7 jours)
Députée des Asturies

(1 an, 5 mois et 20 jours)
Biographie
Nom de naissance Dolores Ibárruri Gómez
Date de naissance
Lieu de naissance Gallarta, Abanto-Zierbena, Biscaye
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Date de décès (à 93 ans)
Lieu de décès Madrid, Communauté de Madrid
Drapeau de l'Espagne Espagne
Nationalité Espagnole
Parti politique Parti communiste d'Espagne
Profession Personnalité politique

Dolores Ibárruri Gómez, connue sous le nom de La Pasionaria, est une femme politique espagnole née le à Gallarta (municipalité d'Abanto y Ciérvana, dans la province basque de Biscaye) et décédée le à Madrid. Elle a été secrétaire générale du Parti communiste espagnol (PCE) entre 1942 et 1960, présidente de ce parti entre 1960 et 1989.

Origine et formation

Elle est née huitième de onze enfants, dans une famille de mineurs ; l'ambiance familiale est marquée par le catholicisme et son père est un militant carliste actif. Elle est scolarisée jusqu'à l'âge de 15 ans, envisageant de devenir institutrice, mais elle ne peut y parvenir, car ses parents n'ont pas les moyens de lui payer des études assez longues. Elle commence à travailler dans un atelier de couture, puis devient femme de ménage, jusqu'à son mariage en 1916.

Début de l’activité politique (1916-1919)

Elle épouse un mineur et militant socialiste (adhérent du PSOE), Julián Ruiz[1], de Somorrostro. Ils auront six enfants, dont quatre morts très jeunes : Ester (1916-1919), Rubén (1921-1942), les triplées : Amagoya (1923-1923), Azucena (1923-1925), Amaya[2](née en 1923), et Eva (1928-1928).

La situation financière de la famille n'est pas très bonne, d'autant que Julian Ruiz est emprisonné après avoir participé au mouvement de grève générale de 1917, et qu’il l’est encore à plusieurs reprises au cours des années 1920.

Cela n'empêche pas Dolores de lire, notamment des ouvrages de Karl Marx et de militer dans le cadre de la Fédération des Jeunesses socialistes du PSOE. Elle écrit aussi dans la presse ouvrière ; c'est en 1918 qu'elle utilise pour la première fois le pseudonyme de La Pasionaria[3], pour un article dans le journal El Minero Vizcaino.

Monument à Dolores Ibárruri à Glasgow avec une de ses citations les plus célèbres : « Mieux vaut mourir debout, que de vivre à genoux ».

Ses débuts au Parti communiste (1920-1930)

En décembre 1919, elle suit les Jeunesses socialistes qui se séparent du PSOE pour se rapprocher de l'Internationale communiste. En avril 1920, elle participe à la fondation du Parti communiste espagnol, devenant la même année membre du comité provincial de Biscaye, puis à celle du Parti communiste d'Espagne[4] en novembre 1921.

Elle joue un rôle important dans le parti au niveau provincial : elle est déléguée au Ier congrès du PCE (Madrid) en mars 1922, et de nouveau en 1927 pour le IIIe ; ce congrès devant avoir lieu en France, elle ne peut cependant y assister.

Populaire et respectée, elle est élue au Comité central du PCE en 1930.

La période de la IIe République (1931-1936)

Après l'avènement de la Seconde République en 1931, elle se sépare de son mari et s’installe à Madrid, où elle devient responsable du journal du parti, Mundo Obrero. Elle entre au bureau politique du parti en 1932. Elle est envoyée à Moscou en 1933 comme déléguée auprès du Komintern.

Elle est arrêtée et emprisonnée à plusieurs reprises en raison de ses activités.

Elle travaille à l'amélioration de la condition féminine.

En 1935, elle envoie ses deux enfants encore vivants, Rubén et Amaya, en Union soviétique, pour leur assurer une vie plus stable.

Le Front populaire (début de 1936)

En février 1936, elle est élue députée des Asturies. Peu après, elle réussit à obtenir des autorités locales d’Oviedo la libération des prisonniers politiques. Elle prononce devant les Cortes un discours contre la droite, en menaçant de mort José Calvo Sotelo, député monarchiste qui s'en était pris aux républicains, lui lançant : « Cet homme a parlé pour la dernière fois ». Le 12 juillet 1936, José Castillo, un lieutenant de la garde d'assaut, membre du Parti socialiste espagnol et de l'UMRA, fut assassiné par un groupe de phalangistes à Madrid. Le lendemain, en représailles, des membres de la Garde d'Assaut et des militants des Jeunesses socialistes prennent d'assaut[réf. nécessaire] la résidence de Calvo Sotelo et l'emmènent avec eux pour le tuer à l'intérieur d'une fourgonnette de police. Son corps est ensuite abandonné dans un cimetière.

Ces événements précipitent l'entrée dans la guerre d'Espagne[5].

La guerre civile (1936-1939)

Quand la guerre civile éclate en , elle se dresse pour défendre la république avec le célèbre slogan « ¡No pasarán! » (« Ils ne passeront pas ») [6], prononcé, dès le 19 juillet, au balcon du ministère de l'Intérieur au moment de l'offensive franquiste contre Madrid. Au début de septembre, elle est en France pour une entrevue avec Léon Blum, qui, le 1er septembre, a opté pour la politique de non-intervention ; le 8 septembre, elle prononce un discours au Vélodrome d’Hiver.

Elle est élue vice-présidente des Cortes en 1937. Elle participe à plusieurs comités avec des figures telles que Palmiro Togliatti pour défendre la cause républicaine. Pour mettre fin à des critiques, son fils revient en Espagne et participe à la bataille de l'Ebre en 1938.

Par ailleurs, elle agit pour soutenir le moral des soldats républicains ou pour lutter contre les tendances défaitistes : ainsi, en 1938, elle dirige des manifestations à Barcelone devant les locaux du gouvernement républicain. C’est aussi elle qui, le 15 novembre 1938, à Barcelone, salue le rôle des Brigades internationales sur le point de quitter l’Espagne après leur dissolution.

Ces discours et actions lui assurent une grande popularité dans l’opinion communiste internationale et dans une partie de la population de la zone républicaine, notamment les femmes.

Cependant, au bout de trois ans d'affrontements sanglants, le gouvernement républicain doit reconnaître sa défaite et quitte le territoire espagnol ; les hostilités cessent le avec l'entrée dans Madrid des forces franquistes.

L'exil

Ibárruri part en exil en Union soviétique, où elle continue ses activités politiques. Son fils Rubén entre dans l'Armée rouge et périt le 25 août 1942 au cours de la bataille de Stalingrad. Son action vis-à-vis des exilés espagnols en URSS, dont la condition était très précaire, est décrite très négativement par Enrique Castro Delgado[7]. La distinction de héros de l'Union soviétique lui sera décernée en 1956. En mai 1942, elle devient secrétaire générale du PCE et le reste jusqu'en 1960[8] ; elle en devient alors présidente jusqu'à sa mort.

Dans les années 1960, elle reçoit la citoyenneté soviétique. Son œuvre politique est reconnue durant ces années : elle reçoit un doctorat honorifique de l'Université de Moscou, ainsi que le Prix Lénine pour la paix en 1964, et l'Ordre de Lénine en 1965. Son autobiographie, ¡No pasarán!, est publiée en 1966.

Le retour en démocratie

Après la mort de Francisco Franco en 1975, elle revient en Espagne. Elle est élue députée aux Cortes en juin 1977, lors des premières élections après la restauration de la démocratie.

Elle meurt de pneumonie à Madrid, à l'âge de 93 ans, après être retournée à la foi catholique de son enfance, voire à un certain mysticisme. Cette conversion est restée cachée jusqu'à la publication de la biographie de son ami et confesseur, le père Llanos (Azul y rojo. José María de Llanos de Pedro Miguel Lamet, éd. La Esfera de los Libros, 2013) dans laquelle ont été révélés des courriers échangés entre eux deux. Ainsi, dans une lettre au père Llanos écrite le 6 janvier 1989, la Pasionaria écrivait : « voyons si les petits vieux que nous sommes devenus pourront utiliser le temps qu'il nous reste à vivre en un chant de louanges et d'action de grâce au Dieu-Amour, comme une préparation de notre vocation éternelle ».

La Pasionaria, un symbole

Certains passages de ses discours, tels que : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux » (repris d'Emiliano Zapata) ou son « ¡No pasarán! » (prononcé par Robert Georges Nivelle pendant la Première Guerre mondiale), sont connus dans le monde entier. Son rôle de symbole populaire en a fait un personnage de poèmes et de chansons pour Pablo Neruda, Rafael Alberti, Ana Belén et quelques autres. Toutefois, dans l'ouvrage de Sygmunt Stein, Ma guerre d'Espagne, un chapitre consacré à « La Pasionaria » la décrit surtout comme une idole fabriquée par l'appareil de propagande soviétique, sans dénier ses qualités humaines[9].

Annexes

Notes et références

  1. Julián Ruiz Gabina (né en 1890, mort en 1978 à Somorrostro (Biscaye). Exilé en URSS après la guerre civile, il y travaille comme ouvrier d'usine. Julián Ruiz rentre en Espagne en 1972 et finit ses jours à Somorrostro
  2. Amaya Ruiz Ibárruri a participé en octobre 2006 à une cérémonie d'hommage aux membres des Brigades internationales
  3. L'origine du pseudonyme est liée à la date de la parution de l'article, durant la semaine de Pâques 1918.
  4. le Parti communiste d'Espagne résulte de la fusion, à la demande de l'Internationale communiste, du Parti communiste espagnol avec le Parti communiste ouvrier espagnol, une sécession plus tardive (avril 1921) du PSOE.
  5. « Dolores Ibarruri, 'La Pasionaria' Of Spanish Civil War, Dies at 93; An Indomitable Leftist », The New York Times, 13 novembre 1989.
  6. Yannick Ripa, Le mythe de Dolorès Ibarruri , CLIO. Histoire, femmes et sociétés consulté le 05 mai 2012.
  7. J'ai perdu la foi à Moscou. Enrique Castro Delgado 1950.
  8. . Elle démissionne dès 1959 (à la suite de l'échec de la grève générale du 18 juin 1959, et des divergences d'interprétation entre elle et les responsables de l'action en Espagne, Santiago Carrillo, Jorge Semprún et Enrique Lister), mais cette démission n'est rendue publique qu'en 1960.
  9. Sygmunt Stein, Ma guerre d'Espagne, Paris, Éditions du Seuil, 2012, p. 155.

Sources

  • Sygmunt Stein, Ma Guerre d'Espagne, 1956, (Paris, Éditions du Seuil, 2012), p. 152-156
  • Manuel Vásquez Montalbán, La Pasionaria et les sept nains, Paris, Éditions du Seuil, 1998.

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