Abbaye de Rein

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Abbaye de Rein
image de l'abbaye
Vue générale de l'abbaye de Rein
Nom local Stift Rein
Diocèse Graz-Seckau
Patronage Assomption de Marie
Numéro d'ordre (selon Janauschek) XXXVIII (38)[1]
Fondation
Début construction 1173
Fin construction XVIIIe siècle
Dissolution 1941-1945
Abbaye-mère Ebrach
Abbayes-filles Stična (depuis 1136)
Wilhering (1146-1940 et depuis 1945)
Neukloster (1440-1880)
Schlierbach (1355-1609 et depuis 1620)
Congrégation Ordre cistercien
Protection Monument protégé (de)[2]
Coordonnées 47° 08′ 06″ N, 15° 17′ 05″ E[3]
Pays Drapeau de l'Autriche Autriche
Ancien duché Styrie
Land Styrie
District Graz-Umgebung
Commune Eisbach
Site http://www.stift-rein.at/
Géolocalisation sur la carte : Styrie
(Voir situation sur carte : Styrie)
Abbaye de Rein
Géolocalisation sur la carte : Autriche
(Voir situation sur carte : Autriche)
Abbaye de Rein

L’abbaye de Rein (« Stift Rein », en latin « Runa ») est une abbaye cistercienne en activité, située en Styrie en Autriche. Elle est réputée être le plus vieil établissement cistercien du monde encore en activité, n'ayant connu qu'une brève interruption entre l'Anschluss et la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Situation[modifier | modifier le code]

L'abbaye de Rein est située à l'entrée des vallées de l'Ulrichsbach et du Kehrer Bach, deux petits affluents de rive gauche de la Mur. Elle est dominée à l'ouest par le petit massif alpin du Plesch, qui culmine à 1 063 mètres, juste au nord du village d'Eisbach, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Graz[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant les moines[modifier | modifier le code]

Le site d'implantation de l'abbaye est occupé dès la Préhistoire. Des fouilles réalisées en 2002 ont révélé des poteries datant pour partie d'entre 4 400 et 3 500 av. J.-C. (âge du cuivre et pour partie de 1 300 av. J.-C. (âge du bronze). C'est de là que vient le nom de « Runa », d'où est dérivé Rein, le proto-slave « Rauna » signifiant « vallée »[4].

Fondation[modifier | modifier le code]

L'abbaye est fondée à la demande de Léopold Ier, margrave de Styrie, qui fait venir en 1129 des moines cisterciens de l'abbaye d'Ebrach située en Franconie. Il choisit d'ailleurs d'y être enterré à sa mort la même année[5]. L'abbé Adam d'Ebrach envoie une colonie de douze moines à la tête de laquelle il place le premier abbé de Rein, Gerlach[6].

L'abbaye médiévale[modifier | modifier le code]

L'abbaye de Rein au début du XVIIIe siècle, avant les travaux de reconstruction baroque.

L'archevêque de Salzbourg Conrad d'Abensberg (de) confirme le 22 février 1138 la donation du site du monastère aux cisterciens. L'abbaye prospère rapidement et fonde immédiatement deux abbayes-filles, Stična, en actuelle Slovénie, en 1136, et Wilhering en 1146[6].

La construction de l'abbaye initiale dure jusqu'en 1265, avec la construction d'une chapelle dédiée à Thomas Becket en 1229, et celle d'une chapelle dédiée à saint Georges en 1250. Quelques autres constructions, reconstructions ou travaux complémentaires sont effectués par la suite entre 1282 et 1479[7].

Au XVe siècle[modifier | modifier le code]

Vers 1440, Rein fonde une nouvelle abbaye-fille en banlieue viennoise, Neukloster[6]. Quarante ans plus tard, la bataille d'Otrante vient montrer aux Européens que la menace ottomane n'est pas une illusion. Les monastères autrichiens, qui sont plus particulièrement menacés, sont enjoints par l'empereur Frédéric III de se fortifier ; l'abbé Wolfgang Schrötl s'y plie, construisant des murs défensifs, les tours nord et sud (1479-1517)[8].

Aux XVIIe et XVIIIe siècles[modifier | modifier le code]

En 1620, l'abbaye de Schlierbach, ancienne abbaye cistercienne féminine vidée par la Réforme, est repeuplée par la volonté de Ferdinand II, lors de la Contre-Réforme. Il demande en conséquence aux moines de Rein de venir relancer la vie monastique à Schlierbach[6].

La reconstruction baroque[modifier | modifier le code]

L'intérieur de l'église abbatiale après la reconstruction baroque.

Rein est le dernier monastère de Styrie à avoir été reconstruit dans un style baroque au XVIIIe siècle. C'est l'abbé Placidus Mally (1710-1745) qui décide de cette reconstruction, qui donne au monastère son aspect actuel[8].

Entre 1737 et 1740, l'architecte autrichien Johann Georg Steng met en œuvre un programme de rénovation et de décoration de l'abbaye. Une fresque est peinte sur la voûte de l'église abbatiale en 1766, par Joseph Adam Ritter von Mölk (de)[9]

Les travaux durent de 1737 à 1766, et sont terminés sous l'abbatiat de Marian Pittreich[8].

L'abbaye au XXe siècle[modifier | modifier le code]

Entre 1941 et 1945, les nazis chassent les moines de l'abbaye, où ils ne peuvent revenir que le 20 août 1945 ; la vie reprend son cours à l'abbaye. Celle-ci est gravement endommagée par des inondations[10] le 24 juillet 1975[11].

De 1978 à 1986, d'importants travaux de rénovation sont réalisés à l'abbaye ; à la même époque, le 4 octobre 1979, Jean-Paul II consacre l'église abbatiale en basilique mineure[11]

L'abbaye[modifier | modifier le code]

Le monastère est bâti suivant le principe habituel d'une construction cistercienne : l'église est située au nord du cloître, tournée vers l'orient. L'aile Ouest abrite le dortoir des frères convers, l'aile Est celui des moines, éclairé d'un puits de lumière sommital. Sous ce dernier sont situés la sacristie, la salle capitulaire et la bibliothèque. Au sud-est étaient situées les latrines, proches du cours d'eau afin d'éliminer au plus vite les nuisances ; l'aile sud comprend le chauffoir, seule pièce chauffée du bâtiment, le réfectoire et la cuisine. Enfin, hors du bâtiment principal sont localisés à l'ouest le grenier, le moulin et le four à pain[12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Vindobonae, , 491 p. (lire en ligne), p. 17 & 18.
  2. (de) « Gesamtanlage Stift Rein », sur tools.wmflabs.org, (consulté le ).
  3. (it) Luigi Zanoni, « Rein », sur cistercensi.info, Certosa di Firenze (consulté le ).
  4. a et b Norbert Müller 2008, « Zisterzienserstift Rein, Basilika Minor (1979), Patrozinium Mariä Himmelfahrt (15. August), Diözese Graz-Seckau, Steiermark », p. 3.
  5. (de) « Zisterzienserstift Rein »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur steiermark.com, Styrie (consulté le ).
  6. a b c et d Norbert Müller 2008, « Gründung des Klosters Rein », p. 4.
  7. Norbert Müller 2008, « Baugeschichte », p. 7.
  8. a b et c Norbert Müller 2008, « Wiederherstellung und Befestigung (1480–1577) », p. 8.
  9. Georges Brunel, Encyclopædia Universalis, Vienne, (lire en ligne), « Rein, église de ».
  10. « Graves inondations en Autriche où le Danube ne cesse de monter », Feuille d'avis de Neuchâtel, no 150,‎ , p. 1 (ISSN 1660-7457, lire en ligne).
  11. a et b Norbert Müller 2008, « Daten zur jüngsten Stiftsgeschichte », p. 9.
  12. Norbert Müller 2008, « Die ersten Klostergebäude », p. 5 & 6.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Heinrich Sieveking 1986] (de) Heinrich Sieveking, Der Meister des Wolfgang-Missale von Rein : zur österreichischen Buchmalerei zwischen Spätgotik und Renaissance, Munich, Prestel (de), , 219 p. (ISBN 9783791306025)
  • [Norbert Müller 2008] (de) Norbert Müller, Stift Rein, , 29 p. (lire en ligne)
  • [Patrick Tavernar 2017] (de) Patrick Tavernar, Vergleich herrschaftlicher Privilegienpolitik während desMittelaltersanhand der Beispiele Stift Klosterneuburg, Stift Rein und Stift Sankt Georgenberg-Fiecht, Université de Vienne, , 124 p. (lire en ligne)
  • [Katharina Prietl 2018] (de) Katharina Prietl, Formen "klösterlicher" Selbstdarstellung : das Stift Rein und seine museale Repräsentation, Université de Graz, , 142 p. (lire en ligne)