18e division de fusiliers motorisés de la Garde

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18e division de fusiliers motorisés de la Garde
18-я гвардейская мотострелковая дивизия
Création
Pays Drapeau de l'URSS Union soviétique
puis Drapeau de la Russie Russie
Branche  Armée de terre russe et
troupes côtières
Type division
Rôle Infanterie mécanisée
Effectif 8 500 personnes (théorique)[1]
Fait partie de 11e corps d'armée, de la flotte de la Baltique
Garnison Goussev, dans l'oblast de Kaliningrad
Ancienne dénomination 133e division de fusiliers (1939-1942)
18e division de fusiliers de la Garde (1942-1945)
30e division mécanisée de la Garde (1945-1957)
30e division de fusiliers motorisés de la Garde (1957-1964)
18e division de fusiliers motorisées de la Garde (1964–2001)
19e bataillon de reconnaissance de la Garde (2001-2002)
79e brigade de fusiliers motorisés de la Garde (2002-2020)
Nommée en l’honneur de Insterbourgskaïa « d'Insterbourg »
Guerres Seconde Guerre mondiale
Invasion de l'Ukraine
Batailles Moscou 1941, Orel 1943, Goldap 1944, Königsberg 1945, Kharkiv 2022
Décorations Ordre du Drapeau rouge
Garde soviétique
Ordre de Souvorov

La 18e division de fusiliers motorisés de la Garde (en russe : 18-я гвардейская мотострелковая дивизия, abrégé en 18 гв. мсд), de son nom complet la 18e division de fusiliers motorisés de la Garde Insterbourgskaïa décorée des ordres du Drapeau rouge et de Souvorov (18-я гвардейская мотострелковая Инстербургская Краснознамённая, ордена Суворова дивизия), est une grande unité de l'Armée de terre russe.

La division a été remise sur pied en 2020, casernée à Goussev et dépend du 11e corps d'armée, c'est-à-dire des troupes côtières de la marine russe. En 2022, dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ses détachements opérationnels ont été engagés au combat près de Kharkiv.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'unité reprend les traditions d'unités soviétiques antérieures, notamment la 18e division de fusiliers de la Garde, qui a participé à la conquête de la Prusse-Orientale, l'actuel oblast de Kaliningrad.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Sa filiation remonte à la 133e division de fusiliers, formée dans le district militaire sibérien en septembre-octobre 1939. Fin juin 1941, quelques jours après le début de l'invasion allemande, la division embarque à Novossibirsk pour arriver début juillet à Viazma et être intégrée dans la 24e armée, en arrière du front, sur l'axe Minsk-Moscou. En août, elle passe à la 22e armée près de Velikié Louki ; en septembre elle est près d'Andreapol ; en octobre et novembre elle combat dans la 31e armée devant Kalinine ; en décembre elle participe à la contre-offensive de la 1re armée de choc dans l'oblast de Kalouga, puis doit revenir sur la défensive. En récompense, elle reçoit l'ordre du Drapeau rouge le , puis est renommée la 18e division de fusiliers de la Garde le .

En réserve de la 16e armée en juillet 1943, la division participe ensuite à l'offensive soviétique contre le saillant d'Orel (l'opération Koutouzov). En juin 1944, elle participe à l'opération Bagration, arrivant en juillet jusqu'au Niémen. Affectée au troisième front biélorusse, elle pénètre en octobre sur le territoire allemand, capturant la ville de Goldap en Prusse-Orientale (opération Gumbinnen-Goldap). Le , la division participe à la percée de la 5e armée de la Garde, fonçant sur Insterbourg (l'ancien nom allemand de Tcherniakhovsk), s'en emparant le , recevant ce jour-là le titre honorifique Insterbourgskaïa. En avril 1945, au sein de la 11e armée de la Garde, la division participe à la conquête de Königsberg (Kaliningrad), puis du Samland, capturant le port de Pillau (aujourd'hui Baltiïsk) le . Du 23 au , la division combat sur la presqu'île de la Vistule. En mai 1945, la division occupe Grünhain-Beierfeld, en Saxe ; elle reçoit l'ordre de Souvorov le .

Guerre froide[modifier | modifier le code]

Fin 1945, l'unité reçoit des véhicules blindés, devenant la 30e division mécanisée de la Garde. Elle est renommée 30e division de fusiliers motorisés de la Garde en 1957, caserné à Tcherniakhovsk, dans l'oblast de Kaliningrad.

En 1964, elle reprend son numéro, devenant la 18e division de fusiliers motorisées de la Garde. En juillet 1968, la division participe à l'invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie (opération Danube), puis est affectée au groupement central des forces armées soviétiques en Tchécoslovaquie, occupant les villes de Mladá Boleslav, Zákupy, Bohosudov, Stráž pod Ralskem, Hvězdov et Svébořice[2].

D'octobre 1990 à mars 1991, la division retourne sur le territoire soviétique, à Goussev. L'unité est réduite à ses cadres en 1998. À la suite d'une importante réduction des effectifs, elle est transformée en 19e bataillon de reconnaissance de la Garde en 2001-2002, puis 79e brigade de fusiliers motorisés de la Garde en 2002, casernée à Goussev[3].

Recréation en 2020[modifier | modifier le code]

En , le début de la guerre russo-ukrainienne a pour conséquence le sommet de l'OTAN de 2016 à Varsovie, qui décide le déploiement à partir de 2017 de quatre groupements tactiques multinationaux (de la taille du bataillon) en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne (dirigés respectivement par les Britanniques, les Canadiens, les Allemands et les États-Unis)[4]. Cette « réassurance des États baltes » est présentée par les médias russes comme une menace pour l'oblast de Kaliningrad, isolé (en exclave). La réponse russe est, en 2018, l'arrivée de la 152e brigade de missiles (armée d'Iskander) ; en 2019, la transformation du bataillon de tanks de la 79e brigade en 11e régiment de tanks (passant ainsi de 40 à 100 T-72B) ; en 2020, la remise sur pied de la 18e division ; et, en 2021, le réarmement de la 27e brigade de missiles côtiers avec des Bastion-P (missile antinavire, pour interdire la mer Baltique)[5].

Le , la 18e division est recréée à partir de la 79e brigade (transformée en régiment), de deux autres régiments de fusiliers motorisés (nouvellement formés) et du 11e régiment de chars (lui aussi remis sur pied en 2018), le tout caserné à Goussev (l'ex Gumbinnen) et Sovetsk (l'ex Tilsit)[6]. Dans un contexte de plus en plus conflictuel, la nouvelle division est censée protéger l'oblast de Kaliningrad et menacer les pays voisins (Pologne au sud et Lituanie au nord), membres de l'Union européenne et surtout de l'OTAN.

Composition en 2021[modifier | modifier le code]

Invasion de l'Ukraine[modifier | modifier le code]

En juin 2022, d'importants détachements de la 18e division (ses BTG opérationnels) ont été envoyé en renfort à Belgorod pour être engagés près de Kharkiv[7], y subissant de lourdes pertes jusqu'à leur retraite à la suite de l'offensive ukrainienne de septembre[8]. Au , les BTG de la 18e étaient à l'est de Koupiansk et le long de l'Oskol, au côté des unités du 3e corps[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Lester W. Grau et Charles K. Bartles, The Russian Way of War : Force structure, tactics, and modernization of the Russian Ground Forces, Fort Leavenworth, Foreign Military Studies Office, (lire en ligne [PDF]), p. 32.
  2. (en) Michael Holm, « 18th Guards Insterburgskaya Red Banner order of Suvorov Motorised Rifle Division », sur ww2.dk.
  3. (en) Catherine Harris et Frederick W. Kagan, « Russia's Military Posture: Ground Forces Order of Battle » [PDF], sur www.criticalthreats.org, , p. 20.
  4. « Présence militaire de l'OTAN dans la partie orientale du territoire de l’Alliance », sur nato.int, .
  5. a et b (ru) « На то и дивизия: в Калининграде завершают создание нового соединения », sur iz.ru,‎ .
  6. (en) Konrad Muzyka, « Russian Forces in the Western Military District » [PDF], sur cna.org, , p. 44.
  7. (en) « Russian units of 18th MRD transferred from Kaliningrad Oblast to the east of Ukraine », sur informnapalm.org, .
  8. « Comment 12.000 soldats russes censés protéger Kaliningrad ont servi de chair à canon en Ukraine », sur korii.slate.fr, .
  9. (en) « UAWarData: Tracking the Russian invasion », sur uawardata.com, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]