« Vaccin contre le virus Ebola » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Nguyen Patrick VH (discuter | contributions)
→‎Mises au point : Relecture mef et ref
Nguyen Patrick VH (discuter | contributions)
→‎Utilisation clinique : relecture, précisions et ref
Ligne 9 : Ligne 9 :
Depuis 2014, à la suite de l'[[Épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest|épidémie de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest]] déclarée urgence internationale, les travaux sont accélérés.
Depuis 2014, à la suite de l'[[Épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest|épidémie de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest]] déclarée urgence internationale, les travaux sont accélérés.


En 2023, quatre vaccins sont homologués : le premier en Chine (2017), les trois autres, chacun respectivement en Russie (2019), États-Unis (2019) et Europe (2020).
En 2023, quatre vaccins sont homologués : le premier en Chine (2017), le second en Russie (2019), les deux autres aux États-Unis (2019) et en Europe (2019 et 2020).


== Contexte sanitaire ==
== Contexte sanitaire ==
Ligne 15 : Ligne 15 :
Le [[virus Ebola]] est un [[virus]] enveloppé à [[ARN]] simple brin de [[Polarité (acide nucléique)|polarité]] négative appartenant à la famille des ''[[Filoviridae]]''. Il cause des fièvres hémorragiques souvent mortelles, principalement dans certaines régions d’Afrique. Il infecte principalement les [[primates]] non humains et [[Homo sapiens|humains]] et pourrait éventuellement être utilisé dans des actes de [[bioterrorisme]]<ref name=":5">{{Article|langue=en|prénom1=Heinz|nom1=Feldmann|prénom2=Steven|nom2=Jones|prénom3=Hans-Dieter|nom3=Klenk|prénom4=Hans-Joachim|nom4=Schnittler|titre=Ebola virus: from discovery to vaccine|périodique=Nature Reviews Immunology|volume=3|numéro=8|date=2003-08|issn=1474-1741|doi=10.1038/nri1154|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/nri1154|consulté le=2023-06-17|pages=677–685}}</ref>.
Le [[virus Ebola]] est un [[virus]] enveloppé à [[ARN]] simple brin de [[Polarité (acide nucléique)|polarité]] négative appartenant à la famille des ''[[Filoviridae]]''. Il cause des fièvres hémorragiques souvent mortelles, principalement dans certaines régions d’Afrique. Il infecte principalement les [[primates]] non humains et [[Homo sapiens|humains]] et pourrait éventuellement être utilisé dans des actes de [[bioterrorisme]]<ref name=":5">{{Article|langue=en|prénom1=Heinz|nom1=Feldmann|prénom2=Steven|nom2=Jones|prénom3=Hans-Dieter|nom3=Klenk|prénom4=Hans-Joachim|nom4=Schnittler|titre=Ebola virus: from discovery to vaccine|périodique=Nature Reviews Immunology|volume=3|numéro=8|date=2003-08|issn=1474-1741|doi=10.1038/nri1154|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/nri1154|consulté le=2023-06-17|pages=677–685}}</ref>.


Il n’existe aucun traitement [[antiviral]] ni de [[prophylaxie]] contre la [[maladie à virus Ebola]]<ref name="Sullivan" />{{,}}<ref name="Sylvain" />. Les traitements visent plutôt à diminuer les symptômes engendrés par ce virus et à améliorer la qualité de vie du patient. Des traitements symptomatiques sont administrés pour les cas graves qui doivent être réhydratés afin de maintenir les fonctions rénales et l’équilibre électrolytique. Ce traitement permet de mieux combattre l’infection et l’état de choc<ref>www.virus-ebola.com/traitements.shtml</ref>. Ce virus pourrait faire l'objet d'usages bioterroristes. Ceci a été un argument de plus en faveur de la recherche d'un vaccin<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />.
Un '''[[vaccin]]''' rapidement actif contre ce virus est donc activement recherché<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Sophie Arie |titre=Trial of Ebola virus vaccine is due to start next week |périodique=BMJ |lien périodique=British Medical Journal |volume=349 |année=2014 |pmid=25209382 |doi=10.1136/bmj.g5562 |pages=g5562.}}</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Vincent Pavot |titre=Ebola virus vaccines: Where do we stand? |périodique=Clinical Immunology |mois=novembre |année=2016 |date=28th October 2016 |lire en ligne=http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1521661616305368}}</ref>, qui doit encore franchir plusieurs obstacles scientifiques et techniques. La campagne vaccinale de 2017 se tenant au Libéria est entrée en phase {{II}}, après les résultats encourageants de la phase {{I}}<ref>{{Article |langue=en |et al.=oui |titre=Open-label phase {{I}} clinical trial of Ad5-EBOV in Africans in China |périodique=Hum Vaccin Immunother |volume=13 |numéro=9 |année=2017 |pmid=28708962 |pmcid=PMC5612469 |doi=10.1080/21645515.2017.1342021 |pages=2078-85. |auteurs=Lihua Wu, Zhe Zhang, Hainv Gao, Yuhua Li, [[Lanjuan Li]]}}</ref>.


Les épidémies successives de fièvre Ebola peinent à être maîtrisées et sont sources de coûts humains, sanitaires et socioéconomiques élevés. Ceux-ci sont plus importants que pour d’autres types de fièvres hémorragiques souvent mortelles, causées par des virus semblables au virus Ebola comme le [[virus de Marburg]] et le [[virus de Lassa]]<ref>{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=311 et 315.}}</ref>.
Les épidémies successives de fièvre Ebola peinent à être maîtrisées et sont sources de coûts humains, sanitaires et socioéconomiques élevés. Ceux-ci sont plus importants que pour d’autres types de fièvres hémorragiques souvent mortelles, causées par des virus semblables au virus Ebola comme le [[virus de Marburg]] et le [[virus de Lassa]]<ref>{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=311 et 315.}}</ref>.


Un '''[[vaccin]]''' rapidement actif contre ce virus est donc activement recherché<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Sophie Arie|titre=Trial of Ebola virus vaccine is due to start next week|périodique=BMJ|lien périodique=British Medical Journal|volume=349|année=2014|pmid=25209382|doi=10.1136/bmj.g5562|pages=g5562.}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=Anglais|auteur1=Vincent Pavot|titre=Ebola virus vaccines: Where do we stand?|périodique=Clinical Immunology|mois=novembre|année=2016|date=28th October 2016|lire en ligne=http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1521661616305368}}</ref>.
Il n’existe aucun traitement [[antiviral]] ni de [[prophylaxie]] contre la [[maladie à virus Ebola]]<ref name="Sullivan" />{{,}}<ref name="Sylvain" />. Les traitements visent plutôt à diminuer les symptômes engendrés par ce virus et à améliorer la qualité de vie du patient. Des traitements symptomatiques sont administrés pour les cas graves qui doivent être réhydratés afin de maintenir les fonctions rénales et l’équilibre électrolytique. Ce traitement permet de mieux combattre l’infection et l’état de choc<ref>www.virus-ebola.com/traitements.shtml</ref>. Ce virus pourrait faire l'objet d'usages bioterroristes. Ceci a été un argument de plus en faveur de la recherche d'un vaccin<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6" />.


== Difficultés ==
== Difficultés ==
La recherche vaccinale contre le virus Ebola se heurte à plusieurs difficultés d'ordre biotechnologique et socio-économique.
La recherche vaccinale contre le virus Ebola s'est heurtée à plusieurs difficultés d'ordre biotechnologique et socio-économique.


=== Maladie à forte létalité ===
=== Maladie à forte létalité ===
Ligne 35 : Ligne 35 :


=== Virus vaccinaux ===
=== Virus vaccinaux ===
L’usage d’un adénovirus pour concevoir le vaccin est très intéressant et fonctionne bien sur les modèles rongeurs ou primates non humains. En revanche, une partie de la population humaine possède une immunité innée contre ce type de virus<ref name=":5" />. Cela limite les possibilités en ce qui concerne les souches d’adénovirus. Un vaccin efficace peut donc être produit à partir d’un adénovirus canin ou autre, mais l’emploi d’un adénovirus humain ne constitue pas la meilleure stratégie d’immunisation.
L’usage d’un adénovirus pour concevoir le vaccin est très intéressant et fonctionne bien sur les modèles rongeurs ou primates non humains. En revanche, une partie de la population humaine possède une immunité innée contre ce type de virus<ref name=":5" />. Cela limite les possibilités en ce qui concerne les souches d’adénovirus (une souche peu répandue est préférable) .


Les virus simplement tués, ou inactivés, sont inefficaces dans ce type de vaccin, parce qu’ils engendrent uniquement une réponse d’anticorps. Les chercheurs ont démontré la nécessité d'une réaction médiée par la production de cellules T, qui génèrent une réponse immunitaire humorale, assez forte pour empêcher et même éliminer l’infection<ref name="information">{{Lien web |titre=Magazine et actu Santé / Bien-être |url=https://www.informationhospitaliere.com/ |site=Information hospitalière : Lexique et actualité du milieu médical}}</ref>. C'est un [[virus atténué]] qu'il faut utiliser pour générer ce type de protection, mais là encore la létalité d'Ebola fait obstacle à cause d'un risque potentiel d'une atténuation insuffisante<ref name=":1" />.
Les virus simplement tués, ou inactivés, sont inefficaces dans ce type de vaccin, parce qu’ils engendrent uniquement une réponse d’anticorps ([[immunité humorale]]). Les chercheurs ont démontré la nécessité d'une réaction médiée par la production de [[Cellules T|cellules T,]] qui génèrent une réponse immunitaire assez forte ([[immunité cellulaire]]) pour empêcher et même éliminer l’infection<ref name="information">{{Lien web |titre=Magazine et actu Santé / Bien-être |url=https://www.informationhospitaliere.com/ |site=Information hospitalière : Lexique et actualité du milieu médical}}</ref>. C'est un [[virus atténué]] qu'il faut utiliser pour générer ce type de protection, mais là encore la létalité d'Ebola fait obstacle à cause d'un risque potentiel d'une atténuation insuffisante<ref name=":1" />.


=== Économie de marché ===
=== Économie de marché ===
Ligne 47 : Ligne 47 :
La plupart de ces difficultés sont surmontées dans les années 2010, surtout à l'occasion de l'épidémie d'Ebola de 2014, déclarée [[Urgence de santé publique de portée internationale]] par l'[[OMS]] le 8 août 2014.{{article détaillé|Épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest}}
La plupart de ces difficultés sont surmontées dans les années 2010, surtout à l'occasion de l'épidémie d'Ebola de 2014, déclarée [[Urgence de santé publique de portée internationale]] par l'[[OMS]] le 8 août 2014.{{article détaillé|Épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest}}


L'épidémie de 2014-2016 compte officiellement plus de 28 000 cas et plus de 11 000 décès, soit plus que lors des 40 années précédentes. Elle survient près de grands centres urbains, avec exportation de cas dans plusieurs pays développés<ref>{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=314 et 328.}}</ref>.
L'épidémie de 2014-2016 compte officiellement plus de 28 000 cas et plus de 11 000 décès, soit plus que lors des 40 années précédentes. Elle survient près de grands centres urbains, avec exportation de cas dans plusieurs pays développés<ref>{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=314 et 328.}}</ref>. Ce fut l'occasion d'obtenir des données sur les rapports entre charge virale et mécanismes immunologiques de protection sur un nombre suffisant de patients survivants par des laboratoires hautement équipés<ref>{{Article|prénom1=César|nom1=Muñoz-Fontela|prénom2=Anita K.|nom2=McElroy|titre=Ebola Virus Disease in Humans: Pathophysiology and Immunity|périodique=Current Topics in Microbiology and Immunology|volume=411|date=2017|issn=0070-217X|pmid=28653186|pmcid=7122202|doi=10.1007/82_2017_11|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7122202/|consulté le=2023-06-20|pages=141–169}}</ref>, notamment aux États-Unis lors des études de suivi des 4 cas importés<ref>{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=319.}}</ref>.


Ces évènements conduisent l'OMS à convoquer une réunion d'urgence à Genève, les 29 et 30 septembre 2014 sur la nécessité d'accélérer la mise au point de vaccins sûrs et efficaces contre Ebola. Y participent des experts scientifiques et de santé publique, des représentants des industriels, des agences de régulation, et des autorités sanitaires de plusieurs pays. Des [[Éthicien|éthiciens]] et des juristes sont aussi chargés de discuter de l'utilisation des divers traitements expérimentaux contre Ebola<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":3" />.
Ces évènements conduisent l'OMS à convoquer une réunion d'urgence à Genève, les 29 et 30 septembre 2014 sur la nécessité d'accélérer la mise au point de vaccins sûrs et efficaces contre Ebola. Y participent des experts scientifiques et de santé publique, des représentants des industriels, des agences de régulation, et des autorités sanitaires de plusieurs pays. Des [[Éthicien|éthiciens]] et des juristes sont aussi chargés de discuter de l'utilisation des divers traitements expérimentaux contre Ebola<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":3" />.
Ligne 87 : Ligne 87 :


=== Utilisation clinique ===
=== Utilisation clinique ===
En {{date-|décembre 2016}}, on annonce un premier vaccin efficace, qui sera testé durant une campagne vaccinale en Afrique de l'ouest courant 2017<ref>{{Lien web |titre=Efficacy and effectiveness of an rVSV-vectored vaccine in preventing Ebola virus disease: final results from the Guinea ring vaccination, open-label, cluster-randomised trial (Ebola Ça Suffit!) |url=http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2816%2932621-6/fulltext}}{{en}}</ref>.
Durant les épidémies d'Ebola de 2014-2016 et 2018 en Afrique de l'Ouest et République démocratique du Congo, plusieurs essais cliniques vaccinaux sont effectués en situation épidémique (essais de phase 3). Les vaccins concernés sont à vecteur recombinant VSV, à Ad3 ou Ad5. Ils sont proposés en situation épidémique en vaccination « en anneau » (vaccination des cas contacts et contacts de contact, et des professionnels de santé exposés en première ligne)<ref name=":9" />{{,}}<ref name=":10">{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=326-329.}}</ref>. En {{date-|décembre 2016}}, on annonce un premier vaccin efficace<ref>{{Lien web |titre=Efficacy and effectiveness of an rVSV-vectored vaccine in preventing Ebola virus disease: final results from the Guinea ring vaccination, open-label, cluster-randomised trial (Ebola Ça Suffit!) |url=http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2816%2932621-6/fulltext}}{{en}}</ref>.


Les premiers vaccins homologués par des autorités sanitaires nationales sont<ref>{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=318.}</ref> :
Le {{date-|19 octobre 2017}}, l'Administration chinoise des médicaments et des aliments approuve un vaccin élaborée par l'Institut de bioingénierie de l'Académie chinoise des sciences médicales militaires et CanSino Biotechnology Inc. se présentant sous forme posologique lyophilisée faisant de la Chine le troisième pays à élaborer un vaccin contre l’Ebola, avec les États-Unis et la Russie<ref>{{Lien web |titre=Ebola : lancement d'un nouveau vaccin plus approprié pour une utilisation en Afrique |url=http://french.peopledaily.com.cn/n3/2017/1023/c31357-9283650.html |site=[[Le Quotidien du Peuple]] |date=23 octobre 2017 |consulté le=28 octobre 2017}}.</ref>.


* 2017, en Chine, Ad5-EBOV, vaccin à adénovirus recombinant, élaboré par {{Lien|langue=en|trad=Academy of Military Medical Sciences|fr=Académie des sciences médicales militaires}} et {{Lien|langue=en|trad=CanSino Biologics|fr=CanSino Biologics}}, qui se présente sous forme posologique lyophilisée (pas de nécessité de conservation par le froid)<ref>{{Lien web |titre=Ebola : lancement d'un nouveau vaccin plus approprié pour une utilisation en Afrique |url=http://french.peopledaily.com.cn/n3/2017/1023/c31357-9283650.html |site=[[Le Quotidien du Peuple]] |date=23 octobre 2017 |consulté le=28 octobre 2017}}.</ref>.
Le {{date-|5 mars 2019}}, dans un article publié dans ''[[Nature Structural & Molecular Biology]]'', [[Kartik Chandran]] de l'[[Albert Einstein College of Medicine]] à [[New York]] et [[Erica Ollmann Saphire]] du [[La Jolla Institute for Immunology]] en [[Californie]] entre-autres, annoncent avoir identifié chez un survivant de l'[[épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest]] un [[anticorps]] efficace face aux 3 souches du virus Ebola. Cet anticorps pourrait donc servir de base pour créer un vaccin efficace<ref>{{Lien web |langue=français |titre=L'anticorps d'un survivant d'Ebola, clé d'un futur vaccin |url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/l-anticorps-d-un-survivant-d-ebola-cle-d-un-futur-vaccin_131928 |site=sciencesetavenir.fr |périodique=Sciences et avenir |date=5 mars 2019 |consulté le=5 mars 2019}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=français |titre=Ebola : des scientifiques découvrent un anticorps efficace contre le virus chez un survivant |url=https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/ebola/ebola-des-scientifiques-decouvrent-chez-un-survivant-un-anticorps-efficace-contre-le-virus_3218763.html |site=francetvinfo.fr |date=5 mars 2019 |consulté le=5 mars 2019}}</ref>.
* 2019, en Russie, GamEvac-Combi, vaccin à adénovirus et VSV recombinants, élaboré par la [[Fédération de Russie]], sous forme liquide (conservation par le gel) qui se présente aussi sous forme lyophilisée (GamEvac-Lyo)<ref name=":10" />.
* 2019, aux États-Unis, puis en Europe, [[VSV-EBOV|ERVEBO]], vaccin à VSV recombinant, élaboré par [[Merck & Co.|Merck & Co]].
* 2020, en Europe, Zabdeno et Mvabea, vaccins à Adénovirus recombinant, l'un exprimant une glycoprotéine de souche ''Zaïre'', l'autre du variant ''Mayinga'', élaborés par [[Johnson & Johnson]]<ref name=":11">{{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=320-323.}}</ref>.

En novembre 2019, le vaccin ERVEBO reçoit sa préqualification par l'[[OMS]], de même pour Zabdeno/Mvabea en 2020<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L’OMS préqualifie le vaccin anti-Ebola, ouvrant la voie à son utilisation dans les pays à haut risque |url=https://www.who.int/fr/news/item/12-11-2019-who-prequalifies-ebola-vaccine-paving-the-way-for-its-use-in-high-risk-countries |site=www.who.int |consulté le=2023-06-20}}</ref>. Ce qui signifie la possibilité de leur utilisation dans la politique vaccinale de l'ONU et de ses partenaires ([[Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge|Croix Rouge]], [[Médecins sans frontières]], [[UNICEF|UNICEF…]]), notamment dans la constitution d'un stock mondial en réponse à d'éventuelles épidémies. Établi à partir de janvier 2021, ce stock reçoit le soutien financier de [[GAVI Alliance]]<ref name=":11" />.


En Europe, l'autorisation de l'[[Agence européenne des médicaments|EMA]] stipule que les fabricants doivent fournir les études de mises à jour de sûreté du vaccin tous les six mois dans les deux ans qui suivent la mise sur le marché. L'OMS précise que l'EMA est l'autorité responsable pour la surveillance continue du vaccin préqualifié<ref name=":11" />.
== Différents types de vaccins ==
== Différents types de vaccins ==
Le vaccin utilisé en 1997 consistait en une injection intramusculaire d’un plasmide ADN contenant un gène codant une protéine structurale du virus Ebola<ref name="Ann">Ann Arbor, MI, Access excellence the national health museum. http://www.accessexcellence.org/WN/SUA11/ebola198.php</ref>. Déjà à cette époque, les recherches suggéraient que les protéines de surface de l’enveloppe du virus en question pouvaient générer une réponse immunitaire. C’est alors que les chercheurs ont décidé d’utiliser cette technique de <nowiki>''vaccin à ADN''</nowiki> et ont inséré les [[gènes]] codant les protéines de surface du virus dans des [[plasmides]] bactériens. C’est une fois injecté dans les muscles que le plasmide a pu induire l'expression des [[protéines recombinantes]] du virus dans les cellules de l'animal, des cobayes dans ce cas. Les cobayes vaccinés étaient protégés contre une infection aux virus Ebola lors d'un défi. La conclusion en a été que les réponses immunitaires humorales et cellulaires ont été suffisantes pour arrêter l'infection par le virus.
Le vaccin utilisé en 1997 consistait en une injection intramusculaire d’un plasmide ADN contenant un gène codant une protéine structurale du virus Ebola<ref name="Ann">Ann Arbor, MI, Access excellence the national health museum. http://www.accessexcellence.org/WN/SUA11/ebola198.php</ref>. Déjà à cette époque, les recherches suggéraient que les protéines de surface de l’enveloppe du virus en question pouvaient générer une réponse immunitaire. C’est alors que les chercheurs ont décidé d’utiliser cette technique de <nowiki>''vaccin à ADN''</nowiki> et ont inséré les [[gènes]] codant les protéines de surface du virus dans des [[plasmides]] bactériens. C’est une fois injecté dans les muscles que le plasmide a pu induire l'expression des [[protéines recombinantes]] du virus dans les cellules de l'animal, des cobayes dans ce cas. Les cobayes vaccinés étaient protégés contre une infection aux virus Ebola lors d'un défi. La conclusion en a été que les réponses immunitaires humorales et cellulaires ont été suffisantes pour arrêter l'infection par le virus.
Ligne 102 : Ligne 108 :


C’est en 2007 qu’on changea de stratégie. On opta pour la stratégie ''prime boost'' qui consiste en une administration première d’un vaccin ''prime'' à ADN codant la majorité des protéines de surface se trouvant sur l’enveloppe des souches Ebola Zaïre et Ebola Soudan. Quelques mois plus tard, on procède à l’administration de la partie ''boost'' basée sur un [[adénovirus]] atténué qui produit aussi des fragments de protéines de surface de l’Ebola qui sont aussi reconnus par le système immunitaire<ref name="Speaking">Speakingofresearch.com/2010/05/21/a-shield-against-the-nigthmare-ebola-virus-vaccine-success/</ref>.
C’est en 2007 qu’on changea de stratégie. On opta pour la stratégie ''prime boost'' qui consiste en une administration première d’un vaccin ''prime'' à ADN codant la majorité des protéines de surface se trouvant sur l’enveloppe des souches Ebola Zaïre et Ebola Soudan. Quelques mois plus tard, on procède à l’administration de la partie ''boost'' basée sur un [[adénovirus]] atténué qui produit aussi des fragments de protéines de surface de l’Ebola qui sont aussi reconnus par le système immunitaire<ref name="Speaking">Speakingofresearch.com/2010/05/21/a-shield-against-the-nigthmare-ebola-virus-vaccine-success/</ref>.

Le {{date-|5 mars 2019}}, dans un article publié dans ''[[Nature Structural & Molecular Biology]]'', [[Kartik Chandran]] de l'[[Albert Einstein College of Medicine]] à [[New York]] et [[Erica Ollmann Saphire]] du [[La Jolla Institute for Immunology]] en [[Californie]] entre-autres, annoncent avoir identifié chez un survivant de l'[[épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest]] un [[anticorps]] efficace face aux 3 souches du virus Ebola. Cet anticorps pourrait donc servir de base pour créer un vaccin efficace<ref>{{Lien web |langue=français |titre=L'anticorps d'un survivant d'Ebola, clé d'un futur vaccin |url=https://www.sciencesetavenir.fr/sante/l-anticorps-d-un-survivant-d-ebola-cle-d-un-futur-vaccin_131928 |site=sciencesetavenir.fr |périodique=Sciences et avenir |date=5 mars 2019 |consulté le=5 mars 2019}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=français |titre=Ebola : des scientifiques découvrent un anticorps efficace contre le virus chez un survivant |url=https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/ebola/ebola-des-scientifiques-decouvrent-chez-un-survivant-un-anticorps-efficace-contre-le-virus_3218763.html |site=francetvinfo.fr |date=5 mars 2019 |consulté le=5 mars 2019}}</ref>.


== Population cible ==
== Population cible ==
Ligne 123 : Ligne 131 :


== Liens externes ==
== Liens externes ==
* {{Lien web |langue=en |titre=Ebola virus disease: Vaccines |url=https://www.who.int/news-room/questions-and-answers/item/ebola-vaccines |site=www.who.int |consulté le=2023-06-20}}

{{Liens}}
{{Liens}}



Version du 20 juin 2023 à 12:32

Vaccin contre le virus Ebola
Vaccination d'une bénévole contre le virus Ebola.
Maladie à traiter

Des vaccins contre le virus Ebola sont développés depuis les années 1980, mais cette recherche s'est heurté à différents obstacles scientifiques, techniques et socioéconomiques.

Depuis 2014, à la suite de l'épidémie de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest déclarée urgence internationale, les travaux sont accélérés.

En 2023, quatre vaccins sont homologués : le premier en Chine (2017), le second en Russie (2019), les deux autres aux États-Unis (2019) et en Europe (2019 et 2020).

Contexte sanitaire

Le virus Ebola.

Le virus Ebola est un virus enveloppé à ARN simple brin de polarité négative appartenant à la famille des Filoviridae. Il cause des fièvres hémorragiques souvent mortelles, principalement dans certaines régions d’Afrique. Il infecte principalement les primates non humains et humains et pourrait éventuellement être utilisé dans des actes de bioterrorisme[1].

Il n’existe aucun traitement antiviral ni de prophylaxie contre la maladie à virus Ebola[2],[3]. Les traitements visent plutôt à diminuer les symptômes engendrés par ce virus et à améliorer la qualité de vie du patient. Des traitements symptomatiques sont administrés pour les cas graves qui doivent être réhydratés afin de maintenir les fonctions rénales et l’équilibre électrolytique. Ce traitement permet de mieux combattre l’infection et l’état de choc[4]. Ce virus pourrait faire l'objet d'usages bioterroristes. Ceci a été un argument de plus en faveur de la recherche d'un vaccin[1],[5].

Les épidémies successives de fièvre Ebola peinent à être maîtrisées et sont sources de coûts humains, sanitaires et socioéconomiques élevés. Ceux-ci sont plus importants que pour d’autres types de fièvres hémorragiques souvent mortelles, causées par des virus semblables au virus Ebola comme le virus de Marburg et le virus de Lassa[6].

Un vaccin rapidement actif contre ce virus est donc activement recherché[7],[8].

Difficultés

La recherche vaccinale contre le virus Ebola s'est heurtée à plusieurs difficultés d'ordre biotechnologique et socio-économique.

Maladie à forte létalité

La mise au point d'un vaccin doit s'appuyer sur l'identification des réponses immunitaires qui permettent à un individu d'éviter ou d'atténuer une infection à virus Ebola[9].

Intérieur d'un laboratoire P4.

Or jusqu'en 2014, les épidémies Ebola étaient relativement restreintes et limitées en Afrique subsaharienne : quelques milliers de cas en une quarantaine d'années[10]. La maladie Ebola ayant une forte létalité (de 50 à plus de 90 %), le nombre des survivants est d'autant réduit pour étudier et comprendre les mécanismes et les marqueurs immunologiques de protection (taux d'anticorps protecteurs par exemple)[9].

De plus, les moyens biotechnologiques de ces pays sont insuffisants pour analyser les échantillons biologiques[9], et a fortiori pour un virus aussi dangereux, dans de bonnes conditions de sécurité pour le personnel de laboratoire[3],[11].

La recherche vaccinale sur des modèles animaux (dans le cas d'Ebola, modèle rongeurs et modèles primates non humains) nécessite de nombreux critères et adaptations lors de transpositions de résultats aux humains (taux d'anticorps protecteurs, études d'efficacité…). Toutefois, même si la recherche sur rongeur est d'intérêt limité pour l'efficacité d'un vaccin, elle permet de démontrer qu'un vaccin-candidat est immunogène et susceptible d'être sélectionné pour être testé chez le singe[9].

La forte létalité d'Ebola est un obstacle à la mise en place d'essais cliniques d'efficacité vaccinale en population humaine, car il ne serait pas éthique d'imposer un groupe de contrôle (non-vaccinés ou vaccinés-placebo contre vaccinés)[9],[12]. Les procédures de consentement éclairé sont plus difficiles à mettre en œuvre dans des populations exposées de pays ou régions à faibles ressources[13].

Virus vaccinaux

L’usage d’un adénovirus pour concevoir le vaccin est très intéressant et fonctionne bien sur les modèles rongeurs ou primates non humains. En revanche, une partie de la population humaine possède une immunité innée contre ce type de virus[1]. Cela limite les possibilités en ce qui concerne les souches d’adénovirus (une souche peu répandue est préférable) .

Les virus simplement tués, ou inactivés, sont inefficaces dans ce type de vaccin, parce qu’ils engendrent uniquement une réponse d’anticorps (immunité humorale). Les chercheurs ont démontré la nécessité d'une réaction médiée par la production de cellules T, qui génèrent une réponse immunitaire assez forte (immunité cellulaire) pour empêcher et même éliminer l’infection[14]. C'est un virus atténué qu'il faut utiliser pour générer ce type de protection, mais là encore la létalité d'Ebola fait obstacle à cause d'un risque potentiel d'une atténuation insuffisante[9].

Économie de marché

Le support industriel est aussi très important dans ce type de recherches et les coûts engendrés sont élevés. La limitation est que ce vaccin est développé sans perspective commerciale en raison d'un marché limité et non solvable[1],[15]. Les investissements à mener sont donc lourds, mais sans entrée d’argent attendue. Les recherches initiales s'effectuent alors sur fond public ou philanthropique[13].

Plusieurs pays développés financent une recherche vaccinale expérimentale contre Ebola, en particulier les États-Unis dans le cadre d'une biodéfense contre le terrorisme (Ebola faisant partie des agents de catégorie A ou 1, dits hautement prioritaires[16]). Mais ces travaux n'étaient pas encore utilisables ou applicables en clinique humaine[15],[5].

Levée d'obstacles

La plupart de ces difficultés sont surmontées dans les années 2010, surtout à l'occasion de l'épidémie d'Ebola de 2014, déclarée Urgence de santé publique de portée internationale par l'OMS le 8 août 2014.

L'épidémie de 2014-2016 compte officiellement plus de 28 000 cas et plus de 11 000 décès, soit plus que lors des 40 années précédentes. Elle survient près de grands centres urbains, avec exportation de cas dans plusieurs pays développés[17]. Ce fut l'occasion d'obtenir des données sur les rapports entre charge virale et mécanismes immunologiques de protection sur un nombre suffisant de patients survivants par des laboratoires hautement équipés[18], notamment aux États-Unis lors des études de suivi des 4 cas importés[19].

Ces évènements conduisent l'OMS à convoquer une réunion d'urgence à Genève, les 29 et 30 septembre 2014 sur la nécessité d'accélérer la mise au point de vaccins sûrs et efficaces contre Ebola. Y participent des experts scientifiques et de santé publique, des représentants des industriels, des agences de régulation, et des autorités sanitaires de plusieurs pays. Des éthiciens et des juristes sont aussi chargés de discuter de l'utilisation des divers traitements expérimentaux contre Ebola[12],[13].

Deux vaccins sont préselectionnés (efficaces chez les primates non humains) pour entrer en phase 1 (aux États-Unis, en Europe et en Afrique sub-saharienne). D'autres candidats-vaccins sont prévus en phase préclinique[12].

Les participants à la réunion de Genève conviennent que la phase 1 doit être rapide avec des résultats largement partagés pour faciliter la progression en phase 2. En cas de résultat favorable, il est convenu que les essais de phase 2 en Afrique soient menés en population non-exposée (2a) et exposée (2b) (c'est-à-dire en zone non épidémique et épidémique) pour avoir de meilleures données d'efficacité et de sécurité. Les questions de faisabilité et d'acceptabilité sociale font l'objet d'un consensus avec les gouvernements locaux africains et les représentants des communautés concernées[12],[13].

Recherches vaccinales

Approches initiales

Les recherches vaccinales contre le virus Ebola commencent dès les années 1970, à partir de virus entier inactivé[20]. En 1980, un tel vaccin a été efficace chez le cobaye, mais non chez les primates non humains[21], ce qui a bloqué les essais cliniques sur les humains (les primates non humains ont un système immunitaire très semblable à celui de l’humain).

Dans la période 1980-2000, la recherche porte sur des vaccins sous-unitaires (utilisant des protéines recombinantes) et des vaccins à ADN[20], mais aussi sans succès lors du passage du modèle rongeur au modèle primates non humains[9],[22].

En 2000, des chercheurs parviennent à élaborer une stratégie vaccinale générant une immunité tant cellulaire qu’humorale chez les macaques cynomolgus. Infectés par une forte dose du virus Ebola Zaïre de 1976, les animaux vaccinés furent tous asymptomatiques pendant plus de six mois et ce, sans qu’il n’y ait de virus détectable dans leur organisme après l’exposition initiale, contre des décès en une semaine dans le groupe contrôle[2].

Cette approche dite prime-boost, ou amorce-rappel en français, consiste à administrer un vaccin à ADN sous forme de plasmide, suivi de rappels sous forme d'adénovirus recombinant. Cette étude démontra qu’il est possible de développer un vaccin préventif contre le virus Ebola chez les primates non humains en quatre doses seulement[3].

Mises au point

Primates non humains

En 2003, les mêmes auteurs qu’en 2000, ont amélioré leur processus de vaccination chez le macaque pour qu’il puisse être administré en une seule dose. Le nouveau mélange d’adénovirus exprimant des protéines d'enveloppe du virus permettait une induction d’anticorps beaucoup plus rapide que précédemment. Quatre semaines après la nouvelle immunisation, les macaques infectés ont tous survécu et ce, toujours sans trace de virémie[3].

Ces études sont limitées par le manque de recul sur la durée de protection, mais elles indiquent que les glycoprotéines d'enveloppe du virus Ebola sont bien une cible vaccinale potentielle[9],[22].

En 2005, de premiers résultats sont obtenus (de même que contre le virus de Marburg) chez des primates non humains avec un vaccin à vecteur viral, basé sur une souche atténuée recombinante de virus de la stomatite vésiculaire (VSV) exprimant une glycoprotéine d'enveloppe du virus Ebola[23].

Ouganda

Jusqu'ici, les vaccins expérimentaux ciblaient les deux souches principales de virus, les plus fréquentes et les plus dangereuses : Zaïre Ebolavirus (ZEBOV) et Sudan Ebolavirus (SUDV). Ceci sans savoir s'il existait une immunité croisée entre ces deux souches et les quatre autres existantes[24].

Cette question est réglée en 2007, lors de la découverte d’une nouvelle souche dans la région de Bundibugyo en Ouganda (BEBOV). Une stratégie de vaccination prime-boost a permis d'observer une protection croisée contre BEBOV. D'autres protections croisées ont été constatées chez le modèle primate non humain[24],[25].

En 2015, une équipe américaine a testé un vecteur viral (stomatite vésiculeuse) exprimant la glycoprotéine du virus Ebola chez le porcs comme modèle animal. L'inoculation n'a pas déclenché les symptômes de la maladie et selon les auteurs, le virus du vaccin ne pose pas dans ce cas de risque de dissémination chez les porcs[26].

Humains

La recherche translationnelle des vaccins expérimentaux contre Ebola chez l'humain commence en 2003, sur un petit groupe d’humains, lors de la phase 1 du premier candidat-vaccin rAd5-GP (à vecteur adénovirus recombinant exprimant une glycoprotéine du virus). Cette étude montre que ce vaccin est immunogène (stimulation d’une réponse immunitaire) et à ce stade, sûr (sans effets secondaires graves immédiats)[24].

En phase 2, les essais sont effectués sur de plus larges populations, pour vérifier la sûreté et l'immunogénicité des candidats-vaccins. En phase 3, l'efficacité vaccinale est évaluée sur le terrain (en situation épidémique), et en phase 4, il s'agit d'études de surveillance de sécurité vaccinale (effets indésirables) d'un vaccin homologué (mis à disposition sur le marché)[27].

En 2023, plus de 70 essais cliniques d'une douzaine de vaccins contre Ebola ont été effectués, aboutissant à 4 vaccins homologués[27].

Utilisation clinique

Durant les épidémies d'Ebola de 2014-2016 et 2018 en Afrique de l'Ouest et République démocratique du Congo, plusieurs essais cliniques vaccinaux sont effectués en situation épidémique (essais de phase 3). Les vaccins concernés sont à vecteur recombinant VSV, à Ad3 ou Ad5. Ils sont proposés en situation épidémique en vaccination « en anneau » (vaccination des cas contacts et contacts de contact, et des professionnels de santé exposés en première ligne)[27],[28]. En , on annonce un premier vaccin efficace[29].

Les premiers vaccins homologués par des autorités sanitaires nationales sont[30] :

  • 2017, en Chine, Ad5-EBOV, vaccin à adénovirus recombinant, élaboré par Académie des sciences médicales militaires (en) et CanSino Biologics (en), qui se présente sous forme posologique lyophilisée (pas de nécessité de conservation par le froid)[31].
  • 2019, en Russie, GamEvac-Combi, vaccin à adénovirus et VSV recombinants, élaboré par la Fédération de Russie, sous forme liquide (conservation par le gel) qui se présente aussi sous forme lyophilisée (GamEvac-Lyo)[28].
  • 2019, aux États-Unis, puis en Europe, ERVEBO, vaccin à VSV recombinant, élaboré par Merck & Co.
  • 2020, en Europe, Zabdeno et Mvabea, vaccins à Adénovirus recombinant, l'un exprimant une glycoprotéine de souche Zaïre, l'autre du variant Mayinga, élaborés par Johnson & Johnson[32].

En novembre 2019, le vaccin ERVEBO reçoit sa préqualification par l'OMS, de même pour Zabdeno/Mvabea en 2020[33]. Ce qui signifie la possibilité de leur utilisation dans la politique vaccinale de l'ONU et de ses partenaires (Croix Rouge, Médecins sans frontières, UNICEF…), notamment dans la constitution d'un stock mondial en réponse à d'éventuelles épidémies. Établi à partir de janvier 2021, ce stock reçoit le soutien financier de GAVI Alliance[32].

En Europe, l'autorisation de l'EMA stipule que les fabricants doivent fournir les études de mises à jour de sûreté du vaccin tous les six mois dans les deux ans qui suivent la mise sur le marché. L'OMS précise que l'EMA est l'autorité responsable pour la surveillance continue du vaccin préqualifié[32].

Différents types de vaccins

Le vaccin utilisé en 1997 consistait en une injection intramusculaire d’un plasmide ADN contenant un gène codant une protéine structurale du virus Ebola[34]. Déjà à cette époque, les recherches suggéraient que les protéines de surface de l’enveloppe du virus en question pouvaient générer une réponse immunitaire. C’est alors que les chercheurs ont décidé d’utiliser cette technique de ''vaccin à ADN'' et ont inséré les gènes codant les protéines de surface du virus dans des plasmides bactériens. C’est une fois injecté dans les muscles que le plasmide a pu induire l'expression des protéines recombinantes du virus dans les cellules de l'animal, des cobayes dans ce cas. Les cobayes vaccinés étaient protégés contre une infection aux virus Ebola lors d'un défi. La conclusion en a été que les réponses immunitaires humorales et cellulaires ont été suffisantes pour arrêter l'infection par le virus. Cette méthode de développement de la vaccination est aussi utilisée pour l’influenza, la malaria ainsi que la tuberculose.[réf. nécessaire]

En 2000, le vaccin produit contenait une combinaison d’ADN avec un vecteur adénoviral codant des protéines virales[2]. Comme les équipes travaillant sur le virus Ebola l’ont précédemment découvert, cette équipe a respecté l’idée de stimuler la réponse immunitaire plutôt que la réponse d’anticorps. Le vaccin concocté favorisait donc la prévention et consistait à limiter la propagation de l’infection par les macaques cynomolgus. En seulement quatre injections du vaccin, on a pu arriver à une excellente immunisation.[réf. nécessaire]

Le vaccin de 2003, ne consistant qu’à réduire le nombre de doses administrées, on favorisa la réponse d’anticorps, puisque, pour être efficace, un vaccin se doit de stimuler non seulement la réponse à immunité humorale, mais aussi la réponse lymphocytaire cytotoxique[3]. Le vaccin ne fut donc qu’une amélioration de celui concocté en 2000, afin de ne procéder qu’à une injection simple pour obtenir une réponse immunitaire aussi efficace sinon meilleure.[réf. nécessaire]

C’est en 2007 qu’on changea de stratégie. On opta pour la stratégie prime boost qui consiste en une administration première d’un vaccin prime à ADN codant la majorité des protéines de surface se trouvant sur l’enveloppe des souches Ebola Zaïre et Ebola Soudan. Quelques mois plus tard, on procède à l’administration de la partie boost basée sur un adénovirus atténué qui produit aussi des fragments de protéines de surface de l’Ebola qui sont aussi reconnus par le système immunitaire[35].

Le , dans un article publié dans Nature Structural & Molecular Biology, Kartik Chandran de l'Albert Einstein College of Medicine à New York et Erica Ollmann Saphire du La Jolla Institute for Immunology en Californie entre-autres, annoncent avoir identifié chez un survivant de l'épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest un anticorps efficace face aux 3 souches du virus Ebola. Cet anticorps pourrait donc servir de base pour créer un vaccin efficace[36],[37].

Population cible

Avec ce vaccin, on prévoit de vacciner les gens qui vivent dans les endroits où l’infection à différentes souches d’Ebola est fréquente[35]. Le but de ce vaccin est aussi de vacciner la majorité du personnel médical afin de protéger leur vie et de contrôler la propagation de l’infection[11]. Tous les autres travailleurs dans le domaine de la santé et surtout les chercheurs se trouvant dans les laboratoires seront également vaccinés. On parlerait aussi de faire vacciner le personnel militaire[1].

Avec ce vaccin, on espère d’abord limiter la propagation de la maladie au sein des populations et du personnel soignant. Si cette immunisation fonctionne, elle marquera une avancée importante dans le développement de la vaccination et la stratégie utilisée contre ce virus [38] ; en vaccinant les personnes les plus à risques, on espère pouvoir constituer une sorte de barrière immunitaire autour d’elles pour protéger le reste de la population[38].

Bibliographie

  • (en) Walter A. Orenstein (dir.) et Ruth Hunegnaw, Plotkin's Vaccines, Philadelphia, Elsevier, , 8e éd., 1782 p. (ISBN 978-0-32379058-1), chap. 22 (« Ebola Vaccines »)

Notes et références

  1. a b c d et e (en) Heinz Feldmann, Steven Jones, Hans-Dieter Klenk et Hans-Joachim Schnittler, « Ebola virus: from discovery to vaccine », Nature Reviews Immunology, vol. 3, no 8,‎ , p. 677–685 (ISSN 1474-1741, DOI 10.1038/nri1154, lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c (en) Sullivan N.J. et al. (2000) Developpement of a preventive vaccine for Ebola virus infection in primate. Nature : 605-609. DOI 10.1038/35046108
  3. a b c d et e Sylvain Baize, Vincent Deubel, médecine sciences, vol.19, no12, 2003, p. 1183-1184 Fièvre hémorragique à virus Ebola : un vaccin en dose unique efficace chez le primate/ Accelerate vaccination for Ebola hemorrhagic fever. http://id.erudit.org/iderudit/007389ar
  4. www.virus-ebola.com/traitements.shtml
  5. a et b Orenstein Hunegnaw, p. 329.
  6. Orenstein Hunegnaw, p. 311 et 315.
  7. (en) Sophie Arie, « Trial of Ebola virus vaccine is due to start next week », BMJ, vol. 349,‎ , g5562. (PMID 25209382, DOI 10.1136/bmj.g5562)
  8. (en) Vincent Pavot, « Ebola virus vaccines: Where do we stand? », Clinical Immunology,‎ (lire en ligne)
  9. a b c d e f g et h Orenstein Hunegnaw, p. 317.
  10. Orenstein Hunegnaw, p. 313-314.
  11. a et b Vaccine for Ebola virus. Society for General Microbiology. (2008) www.eurekalert.org/pub_releases/2008-03/sfgm-vfe032808.php#
  12. a b c et d (en) Rupa Kanapathipillai, « Ebola Vaccine - An Urgent International Priority », The New England Journal of Medicine, vol. 371, no 24,‎ , p. 2249-2251.
  13. a b c et d (en) Tracy Hampton, « Largest-Ever Outbreak of Ebola Virus Disease Thrusts Experimental Therapies, Vaccines Into Spotlight », Journal of the American Medical Association, vol. 312, no 10,‎ , p. 987-989.
  14. « Magazine et actu Santé / Bien-être », sur Information hospitalière : Lexique et actualité du milieu médical
  15. a et b (en) Thomas W. Geisberg, « Emergency Treatment for Exposure to Ebola Virus : The Need to Fast-track Promising Vaccines » (éditorial), Journal of the American Medical Association, vol. 313, no 12,‎ , p. 1221-1221.
  16. (en-US) « CDC | Bioterrorism Agents/Diseases (by category) | Emergency Preparedness & Response », sur emergency.cdc.gov, (consulté le )
  17. Orenstein Hunegnaw, p. 314 et 328.
  18. César Muñoz-Fontela et Anita K. McElroy, « Ebola Virus Disease in Humans: Pathophysiology and Immunity », Current Topics in Microbiology and Immunology, vol. 411,‎ , p. 141–169 (ISSN 0070-217X, PMID 28653186, PMCID 7122202, DOI 10.1007/82_2017_11, lire en ligne, consulté le )
  19. Orenstein Hunegnaw, p. 319.
  20. a et b (en) Heinz Feldmann, « Ebola », The New England Journal of Medicine, vol. 382, no 19,‎ , p. 1839.
  21. H. W. Lupton, R. D. Lambert, D. L. Bumgardner et J. B. Moe, « Inactivated vaccine for Ebola virus efficacious in guineapig model », Lancet (London, England), vol. 2, no 8207,‎ , p. 1294–1295 (ISSN 0140-6736, PMID 6108462, DOI 10.1016/s0140-6736(80)92352-1, lire en ligne, consulté le )
  22. a et b Nancy Sullivan, Zhi-Yong Yang et Gary J. Nabel, « Ebola virus pathogenesis: implications for vaccines and therapies », Journal of Virology, vol. 77, no 18,‎ , p. 9733–9737 (ISSN 0022-538X, PMID 12941881, DOI 10.1128/jvi.77.18.9733-9737.2003, lire en ligne, consulté le )
  23. (en) Steven M. Jones, Heinz Feldmann, Ute Ströher et Joan B. Geisbert, « Live attenuated recombinant vaccine protects nonhuman primates against Ebola and Marburg viruses », Nature Medicine, vol. 11, no 7,‎ , p. 786–790 (ISSN 1546-170X, DOI 10.1038/nm1258, lire en ligne, consulté le )
  24. a b et c Orenstein Hunegnaw, p. 318.
  25. Lisa E. Hensley, Sabue Mulangu, Clement Asiedu et Joshua Johnson, « Demonstration of cross-protective vaccine immunity against an emerging pathogenic Ebolavirus Species », PLoS pathogens, vol. 6, no 5,‎ , e1000904 (ISSN 1553-7374, PMID 20502688, PMCID 2873919, DOI 10.1371/journal.ppat.1000904, lire en ligne, consulté le )
  26. Emmie de Wit, Andrea Marzi, Trenton Bushmaker, Doug Brining1, Dana Scott, Juergen A. Richt, Thomas W. Geisbert, and Heinz Feldmann (2015) Safety of Recombinant VSV–Ebola Virus Vaccine Vector in Pigs Emergin infectious desease Volume 21, Number 4—April 2015 ; PDF[562 KB - 3 pgs] RIS[TXT - 2 KB] (résumé)
  27. a b et c Sumira Malik, Shristi Kishore, Sagnik Nag et Archna Dhasmana, « Ebola Virus Disease Vaccines: Development, Current Perspectives & Challenges », Vaccines, vol. 11, no 2,‎ , p. 268 (ISSN 2076-393X, PMID 36851146, PMCID 9963029, DOI 10.3390/vaccines11020268, lire en ligne, consulté le )
  28. a et b Orenstein Hunegnaw, p. 326-329.
  29. « Efficacy and effectiveness of an rVSV-vectored vaccine in preventing Ebola virus disease: final results from the Guinea ring vaccination, open-label, cluster-randomised trial (Ebola Ça Suffit!) »(en)
  30. {{Harvsp|Orenstein|Hunegnaw|p=318.}
  31. « Ebola : lancement d'un nouveau vaccin plus approprié pour une utilisation en Afrique », sur Le Quotidien du Peuple, (consulté le ).
  32. a b et c Orenstein Hunegnaw, p. 320-323.
  33. « L’OMS préqualifie le vaccin anti-Ebola, ouvrant la voie à son utilisation dans les pays à haut risque », sur www.who.int (consulté le )
  34. Ann Arbor, MI, Access excellence the national health museum. http://www.accessexcellence.org/WN/SUA11/ebola198.php
  35. a et b Speakingofresearch.com/2010/05/21/a-shield-against-the-nigthmare-ebola-virus-vaccine-success/
  36. « L'anticorps d'un survivant d'Ebola, clé d'un futur vaccin », sur sciencesetavenir.fr, Sciences et avenir, (consulté le )
  37. « Ebola : des scientifiques découvrent un anticorps efficace contre le virus chez un survivant », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  38. a et b USA Today (Society for the Advancement of Education) Possible cure for Ebola virus-Vaccines (fév.2004) findarticles.com/p/articles/mi_m1272/is_2705_132/ai_113302299/

Articles connexes

Liens externes