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Éléphant dans l'art

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Sculptures d'éléphants dans le temple de Lakshmana en Inde

Les éléphants ont été représentés dans l'art depuis la Préhistoire.

Préhistoire et Antiquité

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Pétroglyphe représentant un éléphant, sites rupestres du Tadrart Acacus, Libye

Il y a en Afrique de nombreuses peintures rupestres et pétroglyphes figurant des éléphants, en particulier au Sahara et en Afrique australe[1].

La datation des sites sahariens (Algérie et Libye) est incertaine : les premières représentations remontent à 10000 - 12000 av. J.-C. selon certaines thèses, à 6000 - 7000 av. J.-C. selon d'autres. Des éléphants (parfois grandeur nature) et de nombreux animaux sauvages y sont représentés, témoins du climat plus humide de l'époque. Ces animaux vivent en effet beaucoup plus au Sud aujourd'hui. On trouve aussi des scènes figurant les éléphants et d'autres animaux attaqués par de minuscules archers ou avec des créatures imaginaires[2].

Sur certains sites rupestres du Haut Atlas au Maroc, les éléphants sont représentés au milieu de troupeaux de bœufs[3].

On trouve aussi des représentations d'éléphants sur des sites rupestres d'Afrique australe, comme celui de Twyfelfontein en Namibie, datant d'il y a au moins 2000 ans[4],[5].

Rome antique

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Mosaïque romaine représentant un éléphant sur la place des Corporations de l'Ostie antique

Il était souvent difficile de représenter les éléphants pour des personnes qui n'avaient pas de contact direct avec eux[6]. Les Romains, qui les gardaient en captivité[réf. souhaitée], représentaient les éléphants sur des mosaïques. On peut citer celle de la place des Corporations à Ostie, celle de Lod en Israël, datant du IIIe siècle, où l'éléphant figure au milieu d'autres animaux sauvages[7], et celle de la Grande Chasse (it), datant du IVe siècle, située dans la villa romaine du Casale en Sicile. On trouve aussi un exemple où l'éléphant attaque un félin : le combat entre animaux était un thème originaire du Proche-Orient[8].

Chine ancienne

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Il existe de nombreux bronzes en forme d'éléphant datant des dynasties Xia, Shang et Zhou (de la fin du IIIe millénaire av. J.-C. à 256 av. J.-C.). Les éléphants représentés possèdent une trompe à deux « doigts », alors que celle de l'éléphant d'Asie (Elephas maximus) n'en possède qu'un. Selon une hypothèse faite par des scientifiques chinois, il s'agirait d'éléphants du genre Palaeoloxodon, aujourd'hui éteint, qui auraient vécu il y a 3000 ans dans le Nord de la Chine, qui bénéficiait alors d'un climat tempéré chaud. Cette hypothèse est cependant contestée par d'autres scientifiques[9],[10].

Un vase en bronze zun en forme d'éléphant de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C. a aussi été découvert en Chine du Sud[11].

Plusieurs sites rupestres représentent des éléphants, comme ceux du Mont Kangwang près de Lianyungang (Jiangsu) datant des Han orientaux (23 - 220 ap. J.-C.) où les éléphants accompagnent des bouddhas et des empereurs, et ceux des grottes de Yungang où ils apparaissent dans des épisodes de la vie du Bouddha Çakyamuni[12].

Du Moyen Âge à nos jours

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Au début du Moyen Âge, alors que les Européens avaient très peu de contact avec les animaux, les éléphants étaient plus représentés comme des créatures fantastiques. Ils étaient souvent représentés avec un corps de cheval ou de bovidé, des trompes en forme de trompette et des défenses comme un sanglier. Certains avaient des sabots.

Il était courant que les tailleurs de pierre des églises gothiques représentent des éléphants sur des motifs. Comme les rois européens recevaient de plus en plus d'éléphants en cadeau au XVe siècle, les représentations devinrent plus précises. On peut en mentionner une due à Léonard de Vinci. Malgré cela, certains Européens continuèrent à les représenter de façon plus stylisée[13].

Le tableau surréaliste L'Éléphant de Célèbes de Max Ernst (1921) représente un éléphant formé d'un silo duquel sort un tuyau en guise de trompe[14].

L'éléphant dans l'art religieux

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Les éléphants ont été l'objet de croyances religieuses. Les Mbuti croient que les âmes de leurs ancêtres décédés résidaient dans des éléphants[15]. D'autres peuples africains avaient des croyances semblables, comme la réincarnation de leurs chefs en éléphants. Au Xe siècle, les habitants d'Igbo-Ukwu enterraient leurs dirigeants avec des trompes d'éléphant[16]. L'importance religieuse des animaux est seulement totémique en Afrique[17].

Sculpture en granit représentant Ganesh, Tamil Nadu, XVe siècle-XVIe siècle, musée Guimet

Dans l'hindouisme, les éléphants étaient reliés aux orages car Airavata, le père de tous les éléphants, représente à la fois la foudre et les arcs-en-ciel[15]. L'un des plus importants dieux hindous, Ganesh, à tête d'éléphant, se trouve au même rang que les dieux suprêmes Shiva, Vishnou et Brahma[18]. Ganesh est associé aux écrivains et aux marchands et on croit qu'il peut apporter le succès aux gens et accéder à leurs désirs[15].

En Extrême-Orient, les animaux sont représentés sur des motifs dans les sanctuaires et temples hindouistes et bouddhistes[15].

Dans le bouddhisme, Bouddha est supposé avoir été un éléphant blanc réincarné en homme[19].

Dans la tradition islamique, l'année 570, année de naissance du prophète Mahomet, est connue comme année de l'éléphant[20].

L'éléphant dans l'art populaire occidental

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Illustration issue de l’album, paru en 1923, Les Petites Misères de la vie des animaux de Benjamin Rabier.
Illustration[21] issue de l’album, paru en 1923, Les Petites Misères de la vie des animaux de Benjamin Rabier.

Les éléphants sont omniprésents dans la culture populaire occidentale comme symbole exotique car, comme pour la girafe, l'hippopotame et le rhinocéros, il n'existe pas d'animaux semblables familiers aux Occidentaux[22]. En tant que personnages, les éléphants sont communs dans les histoires pour enfants, où on leur attribue généralement des comportements exemplaires, comme Babar.

Les références culturelles mettent souvent en évidence la taille, la force et l'exotisme de l'éléphant.

L'éléphant apparaît aussi dans l'art musical, on peut entendre un barrissement d'éléphant au début de Such a Shame du groupe Talk Talk.

Un éléphant de cirque avec l'actrice de cinéma muet Alberta Vaughn (1925).

Références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Elephant » (voir la liste des auteurs).
  1. Wylie, D. (2009). Elephant. Reaktion Books. (ISBN 978-1-86189-397-0). Pages 63–65.
  2. Yves Gauthier, « Algérie et Libye, sanctuaires de l'art rupestre saharien », sur www.clio.fr, (consulté le )
  3. Rodrigue Alain, L'art rupestre au Maroc : les sites principaux : Des pasteurs du Dra aux métallurgistes de l'Atlas, L'Harmattan, , 194 p. (ISBN 978-2-296-23181-8 et 2-296-23181-0, lire en ligne), page 39
  4. (en) « Twyfelfontein /Ui-//aes World Heritage Site Nomination Dossier », sur UNESCO, (consulté le )
  5. (en) Annika S. Hipple, « The Ancient Rock Art of Twyfelfontein », sur AFAR, the experiential travel guide
  6. Kingdon, J. (1988). East African Mammals: An Atlas of Evolution in Africa, Volume 3, Part B: Large Mammals. Academic Press. (ISBN 0-12-408355-2). p. 31
  7. (en) « Description », sur www.lodmosaic.org (consulté le )
  8. a et b (en) « Elephant Attacking a Feline », sur Minneapolis Institute of Arts (consulté le )
  9. (en) Michelle Warwicker, « Extinct elephant 'survived late' in North China », sur BBC, (consulté le )
  10. (en) Brian Switek, « Bronze Art Sparts Debate Over the Extinction of the Straight-Tusked Elephant », sur National Geographic, (consulté le )
  11. « Zun Camondo (récipient à alcool) », sur Musée Guimet (consulté le )
  12. Jean-Loïc Le Quellec, « Chronologie et art rupestre : du bon usage des éléphants en Chine », sur rupestres.perso.neuf.fr, 1993-1996 (consulté le )
  13. Wylie, D. (2009). Elephant. Reaktion Books. (ISBN 978-1-86189-397-0). p. 83-84
  14. Klinsöhr-Leroy, C.; Grosenick, U. (2004). Surrealism. Taschen. p. 50. (ISBN 3-8228-2215-9).
  15. a b c et d Shoshani, J., ed. (2000). Elephants: Majestic Creatures of the Wild. Checkmark Books. (ISBN 0-87596-143-6) : McNeely, J. A. "Elephants as Beasts of Burden", pp. 158–60.
  16. Wylie, D. (2009). Elephant. Reaktion Books. (ISBN 978-1-86189-397-0)
  17. Sukumar, R. (2003). The Living Elephants: Evolutionary Ecology, Behaviour, and Conservation. Oxford University Press. (ISBN 978-0-19-510778-4), p. 87
  18. Sukumar, R. (2003). The Living Elephants: Evolutionary Ecology, Behaviour, and Conservation. Oxford University Press. (ISBN 978-0-19-510778-4), p. 64
  19. Sukumar, R. (2003). The Living Elephants: Evolutionary Ecology, Behaviour, and Conservation. Oxford University Press. (ISBN 978-0-19-510778-4), p. 62
  20. Haykal, M. H. (2008). The Life of Muḥammad. Islamic Book Trust. p. 52. (ISBN 978-983-9154-17-7)
  21. Cette illustration est ainsi légendée dans l’album : « EN REVENANT DE LA FOIRE AU PAIN D’ÉPICE L’Éléphant. — On est si mal nourri au Jardin des Plantes et il y a si longtemps que j’avais envie de manger du porc frais !… ».
  22. Van Riper, A. B. (2002). Science in Popular Culture: A Reference Guide. Greenwood Press. pp. 73–75. (ISBN 0-313-31822-0)

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