Emmental

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Emmentaler
Pays d’origine
Région
Lait
Pâte
Appellation
AOC (2006), AOP
Nommé en référence à

L’emmentaler ou emmental est un fromage d'origine suisse à pâte dure dont le nom provient de la vallée de l'Emme (en allemand, Emmental), une région à l'est du canton de Berne.

Le nom d'emmental est aussi donné à des fromages similaires, industriels ou sous label produits dans d'autres pays, tels que les emmentals français ou les emmentalers allemands.

C'est un fromage à pâte pressée cuite, fabriqué à partir de lait de vache. La meule de l'Emmentaler AOP est d'un poids moyen de 90 kg[1]. Les meules doivent leur taille imposante à des raisons fiscales : en effet, au XIXe siècle, les droits de douane étaient perçus sur le nombre de pièces exportées et non pas sur leur poids[2].

L'Emmentaler AOP « affinage de tradition » subit un affinage de sept semaines dont quatre sans film.

Sa période de dégustation optimale s'étale de mai à octobre après un affinage de trois mois au minimum, la période de novembre à avril étant un cran en dessous. Pour avoir un goût plus corsé, la période d'affinage va de 8 à 12 mois, voire davantage.

L'emmentaler est l'un des fromages les plus consommés en Suisse avec le gruyère. C'est aussi l'un des plus connus et exportés dans le monde[3].

Production[modifier | modifier le code]

L'aire de production comprend les cantons de Berne, d'Argovie, de Glaris, de Lucerne, de Schwyz, de Soleure, de Saint-Gall, de Thurgovie, de Zoug, de Zurich et des districts du Lac et de la Singine dans le canton de Fribourg.

L'Emmental AOP est fabriqué selon un cahier des charges très précis et vendu à un prix permettant difficilement d'assurer sa production dans de petites laiteries. Ainsi, si le pays comptait 800 producteurs en 1990, il n'y a plus que 149 entreprises produisant l'emmental AOC en 2012[4].

Pour la première fois en 2010, la production de gruyère AOC (26 300 tonnes) a dépassé la production d'emmental AOC (23 480 tonnes). Néanmoins, l'emmental AOC reste le fromage suisse le plus exporté avec 20 000 tonnes par an, soit le double du gruyère AOC[5].

Un fromage industriel est également fabriqué de nos jours, sous le nom générique d'emmental, en Allemagne, en Autriche, au Danemark, aux États-Unis, en France, en Finlande, en Irlande et aux Pays-Bas. La production industrielle totale européenne, quant à elle, avoisine 464 200 tonnes et représente à peu près 6 % de la collecte de lait de ces pays. Mais actuellement, et depuis 1999, la France est reconnue comme le premier pays producteur mondial de ce fromage, avec quelque 110 000 tonnes par an (c'est la Bretagne qui assure environ la moitié de cette fabrication).

Vaches laitières dans la région de l'Emmental.

Nutrition[modifier | modifier le code]

Comme pour tous les fromages, l'indice PRAL de l'emmental est fortement positif (21,5)[6].

Valeur nutritive/50 g : Humidité (max.) : 40 % ; Sodium : 130 mg ; M.G. (min.) : 26 à 40 % ; Calcium : 481 mg ; Protéines : 14 g ; Phosphore : 303 mg ; M.G. : 14 g ; Vitamine A : 127 ER ; Calories : 188 cal ; Riboflavine : 0,2 mg ; Cholestérol : 45 mg

Trous[modifier | modifier le code]

Une ancienne fromagerie de l'Emmental.

Durant des recherches visant un tout autre but[7], le mystère des trous dans certains fromages suisses a été résolu a annoncé, le , l'Agroscope (l'Institut des sciences en denrées alimentaires) de Berne[8].

La présence des trous est due à d'infimes particules de foin qui s'infiltrent dans le lait lors de la traite des vaches. Ces corpuscules, lors du processus de fermentation, émettent des gaz à l'origine des trous, qui se retrouvent dans le produit final. Cette découverte pourrait être capitale pour les fromagers, car elle leur permettrait d'avoir la maîtrise de la quantité de trous dans leurs produits[Note 1],[9],[10].

Distribution en France[modifier | modifier le code]

Pendant longtemps, la production d'emmental industriel français était distribuée en France sous le nom générique de « gruyère » ; l’ambiguïté venait du fait que, comme l'emmental, le gruyère français possède des trous en son sein contrairement au gruyère suisse qui n'en possède pas. Au milieu du XIXe siècle, des marchands bernois d’emmental ont pénétré le marché français en faisant passer leur produit pour du gruyère. De là est née la confusion entre gruyère et emmental[11]. Bien que l'emmental soit revendiqué comme étant un fromage français, la convention internationale de Stresa ne lui reconnaît aucune origine française[12]. Quant au gruyère, vendu sous l'IGP Gruyère de France, ses meules sont beaucoup plus petites (une quarantaine de kg), ainsi que ses trous (diamètre variant entre le petit pois et la cerise) ; sa texture est plus fondante et son goût plus prononcé que l'emmental[13].

L'emmental français est fabriqué à partir de lait français, cru ou pasteurisé. Le Label rouge garantit une fabrication à partir de lait cru, provenant de vaches de l'est et du centre de la France, nourries à l'herbe et au foin, et un affinage d'au moins 12 semaines. La teneur en sel peut être importante sur certains produits non bio ; en 2021, elle varie entre 0,4 et 1 g pour 100 g[14].

La fabrication originale est revendiquée par la Suisse, qui a obtenu une AOC en 2008, comme pour le raclette et le gruyère.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les chercheurs avaient constaté que des méthodes modernes de traitement du lait avaient tendance à faire baisser le nombre de trous, par rapport aux méthodes plus anciennes.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Office fédéral de l'agriculture (OFAG), Cahier des charges Emmentaler (lire en ligne [PDF]), p. 1.
  2. « Emmentaler (AOP) », sur patrimoineculinaire.ch (consulté le ).
  3. « Fromage », sur Dictionnaire historique de la Suisse (consulté le ) : « En 2004, l'emmentaler restait le fromage le plus exporté (76% de la production partait à l'étranger), suivi de l'appenzell (59,4%) et du gruyère (38,5%). [...] En 2004, le gruyère était toujours le fromage le plus apprécié par les Suisses (16,4% de la production totale), suivi du raclette, de la mozzarella et de l'emmentaler. ».
  4. Julie Hunt, « Les fabricants d’Emmental cherchent un second souffle », Swissinfo,‎ (lire en ligne).
  5. L'Emmentaler au fond du trou, battu par le Gruyère, 24 heures.
  6. « Indice PRAL : tout savoir sur cet indice ! », sur Alimentation et Nutrition (consulté le ).
  7. 24 heures - Patrick Monay, « L'hygiène stricte fait perdre ses trous à l'emmentaler », sur 24heures.ch (consulté le ).
  8. Agroscope - Dominik Guggisberg, « Formation des trous dans le fromage : l’énigme enfin résolue », sur agroscope.admin.ch (consulté le ).
  9. AFP - Antoine Sillères, « Le mystère des trous dans le fromage percé après un siècle de recherches », sur lefigaro.fr (consulté le ).
  10. « Suisse : on sait enfin pourquoi l'Emmental a des trous », sur La Parisienne (consulté le ).
  11. Anne Philipona, « Quand Fribourg fabrique de l’emmental », Passé simple, mensuel d’histoire et d’archéologie, no 64,‎ , p. 30-32
  12. « Convention internationale sur l’emploi des appellations d’origine et dénominations de fromages » [PDF], sur Fedlex (consulté le ).
  13. « Gruyère (IGP) », sur Le Guide du Fromage (consulté le ).
  14. Émilie Gillet, « Emmentals Des écarts importants dans la teneur en sel », 60 Millions de consommateurs, hors-série no 209,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]