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Géopolitique de l'Indo-Pacifique

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Géopolitique de l'Indo-Pacifique
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de l'Indo-Pacifique

Date 2006 -
Lieu
Chronologie des années 2000 - 2009
Premier essai nucléaire de la Corée du Nord
Discours de Shinzō Abe sur la « confluence des deux océans »

Chronologie des années 2010 - 2019
Lancement de la « nouvelle route de la soie » par la Chine
L'Inde rejoint l'OCS
Trump initie la stratégie indo-pacifique des États-Unis
Premier sommet entre Trump et Kim Jong-un
Début de la pandémie de Covid-19 en Chine

Chronologie des années 2020 -
Combat de la vallée de Galwan entre la Chine et l'Inde
Crise indo-pakistaine
Rapprochement sino-indien à l'occasion du sommet de l'OCS

En géopolitique et en relations internationales, l'Indo-Pacifique ou l’Indopacifique est l’espace des pays riverains de l'océan Indien et de l'océan Pacifique, où les trois plus grandes puissances mondiales actuelles ou en devenir, les États-Unis, la Chine et l'Inde exercent une influence prédominante[1]. Tous les autres acteurs de cette méta-région se positionnent en fonction des stratégies géopolitiques de ces puissances dominantes, dans une partie du monde où les enjeux sont multiples : commerciaux, sécuritaires et climatiques notamment[2].

Les quatre États à l'origine du concept géopolitique d'Indo-Pacifique durant les années 2000 sont le Japon, l'Australie, les États-Unis et l'Inde[3]. Début 2025, plus d’une douzaine de pays ou d’organisations internationales avaient adopté des documents de référence sur leur stratégie indo-pacifique. Ce nouveau concept a supplanté celui d'Asie-Pacifique, dérivé du forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) créé en 1989.

L’espace géographique couvert dans ces documents est variable[4]. Dans sa définition la plus extensive, des côtes est-africaines aux côtes américaines, s'étendant sur quatre continents, l'Indo-Pacifique inclut plusieurs dizaines d'États qui représentent près des deux-tiers de la population mondiale et dont les rivalités géopolitiques sont multiples et souvent sans rapports directs avec les relations entre les trois grandes puissances. A contrario l'évolution de la Chine, passée en quelques années du statut de puissance commerciale à celui de grande puissance, très active dans tout cet espace indo-pacifique appelle ses rivaux à y définir et y mettre en œuvre une stratégie globale. L'action de Pékin est intrinsèquement indo-pacifique, qu'il s'agisse de son rôle dans les principales organisations multilatérales dans la zone, de sa Belt and Road initiative, de ses revendications en mer de Chine méridionale, de ses relations conflictuelles avec l'Inde, du déploiement de la Marine chinoise sur les routes maritimes actuelles ou en devenir dans l'Arctique[5]. Enfin, le devenir de Taïwan est un déterminant fort des politiques de Pékin et de Washington[6].

L'Indo-Pacifique est un concept géopolitique et n'est donc ni purement descriptif sur le plan géographique ni neutre sur le plan des relations internationales. Du point de vue de Washington, il s'agit de mobiliser le plus grand nombre possible de pays alliés ou amicaux pour contrer la puissance croissante de Pékin. La Chine ne reconnaît pas la validité de ce concept et considère qu'il s'agit d'une tentative des États-Unis de mettre en place une alliance hostile du type de l'OTAN. D'autres acteurs, comme l'ASEAN ou l'Inde, mettent l'accent sur des aspects tels que la prospérité économique, la connectivité et la coopération multilatérale dans leurs concepts indo-pacifiques[7],[8].

Identité de l'Indo-Pacifique

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L'Indo-Pacifique est un concept géopolitique récemment apparu. Son émergence est attribuée au Premier ministre japonais Shinzō Abe à l'occasion d'un discours prononcé devant le Parlement indien en 2007 intitulé La confluence des deux océans. Il y prône la convergence géopolitique entre l'Inde et le Japon, entre les océans Indien et Pacifique. Abe revient à plusieurs reprises sur cette idée jusqu'à ce qu'en 2016 il emploie l'expression d'Indo-Pacifique libre et ouvert (en anglais Free and Open Indo-Pacific, FOIP). Elle traduit l'inquiétude du Japon face à la montée en puissance de la Chine, également partagée par l'Inde. Elle signifie leur volonté de défendre la paix entre les pays riverains de ces deux océans et la liberté de navigation dans leurs eaux par lesquelles transite la majeure partie du commerce mondial. D'autres pays vont rapidement reprendre à leur compte cette analyse que ces deux océans ne peuvent être dissociés sur le plan géostratégique. En 2017, Donald Trump présente, dans un discours prononcé à Da Nang, sa vision d’un Indo-Pacifique libre et ouvert[9],[10].

S'il est récent, le concept d'Indo-Pacifique a de très anciennes racines historiques. Le commerce maritime s'est développé depuis l'Antiquité le long des côtes de l'océan Indien et de la mer de Chine. Depuis la période des Grandes découvertes, les Européens développent à leur tour ces voies maritimes en même temps qu'ils implantent des possessions coloniales sur tout le pourtour du sous-continent indien et de l'Asie. Ces échanges multiséculaires ont entrainé un large brassage de cultures et de religions faisant de l'Indo-Pacifique une région très diverse sans unité[10].

Liste des États de l'Indo-Pacifique selon le Canada[11]
(classés d'après la nomenclature de l'ONU)[12]
Asie du
Sud-Est
(11 États)
Asie
méridionale
(7 États)
Asie
orientale
(5 +1 États)
Océanie
(14 États)
Brunei
Cambodge
Indonésie
Malaisie
Myanmar
Philippines
Laos
Singapour
Thaïlande
Timor-Leste
Vietnam
Bangladesh
Bhoutan
Inde
Maldives
Népal
Pakistan
Sri Lanka
Chine
Japon
Corée du N.
Corée du S.
Mongolie
Australie
Nouvelle-Zélande
Mélanésie Micronésie Polynésie
Fidji
Salomon
Papouasie-
Nlle. Guinée

Vanuatu
Îles Marshall
Kiribati
États fédérés
de Micronésie

Nauru
Palaos
Samoa
Tonga
Tuvalu
Taïwan

Dans sa définition la plus extensive, l'Indo-Pacifique désigne un espace allant des rivages de l’Afrique et de l'Asie à ceux de l'Océanie et des États-Unis, organisé autour du pivot chinois et indien, avec Singapour et Malacca en nœud central et Suez et Panama comme verrous d’accès[9],[13]. Le périmètre géographique du Commandement des forces armées des États-Unis pour l'Indo-Pacifique exclut les pays d'Afrique et d'Amérique, y compris eux-mêmes, ainsi que la Russie, rattachée au Commandement pour l'Europe[14]. Le Canada reprend ce périmètre géographique en y ajoutant le Pakistan[11]. Dans cette définition, l'Indo-Pacifique compte 23 États d'Asie membres de l'ONU, les 14 États de l'Océanie et Taïwan en Asie orientale mais non membre de l'ONU. En 2025, seuls 12 États membres de l'ONU reconnaissent officiellement Taïwan et n'ont par conséquent pas de relations diplomatiques formelles avec la République populaire de Chine[15]. En 2023, ces 38 États comptent pour 42 % du PIB PPA mondial[16].

Dans une optique davantage politique que géographique, les États-Unis et la Russie sont aussi des acteurs incontournables de l'Indo-Pacifique comme le montre le classement des principales puissances en Asie établi en 2024 par le Lowy Institute de Sydney. Ce classement multicritère mesure à la fois les ressources, les capacités économiques et militaires ainsi que l'influence d'une trentaine d'États en Asie. Les États-Unis et la Chine y occupent de loin les deux premiers rangs. Une douzaine d'États sont classés comme « puissance moyenne ». L'Inde, le Japon et l'Australie occupent les trois places suivantes. Ces pays jouent les premiers rôles dans la généralisation du concept d'Indo-Pacifique. La Russie occupe le sixième rang de ce classement, très loin cependant des États-Unis et de la Chine[17].

Enjeux globaux de l'Indo-Pacifique

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Les cinq pays les plus peuplés et les cinq plus grandes puissances économiques mondiales sur la base du PIB PPA sont riveraines de l'Indo-Pacifique[18]. Les rivalités qui les opposent sont nombreuses[19]. La Chine et les États-Unis rivalisent pour être la première puissance mondiale[20]. Nombreux sont ceux en Occident qui voient dans la promotion de la multipolarité par la Chine une couverture rhétorique pour conduire sa compétition avec les États-Unis, son unique grande rivale dans le monde[21]. La Chine et l'Inde d'une part, le Pakistan et l'Inde d'autre part s'affrontent régulièrement en raison de désaccords sur leurs frontières terrestres. La question du devenir de Taïwan demeure un facteur de risque susceptible d'engager la Chine, les États-Unis et leurs alliés respectifs dans un conflit de haute intensité. Des disputes au sujet d'îles minuscules mais situées dans des lieux stratégiques opposent plusieurs de ces grands pays. Toutes les grandes et moyennes puissances de l'Indo-Pacifique entretiennent des relations complexes qui reflètent la multipolarité croissante du monde durant le premier quart du XXIe siècle, loin du monde bipolaire des années de guerre froide de la seconde moitié du XXe siècle[21].

Carte géopolitique de l'Indo-Pacifique
montrant les principales alliances des États-Unis et des grands pays rivaux des Occidentaux.

Toutefois, la carte géopolitique de l'Indo-Pacifique reflète les tensions croissantes entre les Occidentaux et des puissances eurasiatiques qui veulent mettre fin à l'ordre international que ceux-la bâtirent après la Seconde Guerre mondiale. Constituées sous l'impulsion de la Chine et de la Russie, l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et le groupe des BRICS+ adoptent des positions toujours plus anti-occidentales. Si leur champ géographique n'est pas indo-pacifique par construction, elles comptent parmi leurs membres les principales puissances de la région à l'exception de celles alliées des États-Unis. Ceux-ci ont constitué un réseau d'alliances qui leur a assuré depuis la Guerre la prééminence politique et militaire dans l'Asie-Pacifique jusqu'à ce que la Chine soit en mesure de la contester à partir de l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. L'OCS et les BRICS+ demeurent des organisations relativement peu structurées, en rien comparables à l'OTAN ou à l'UE. En revanche, le partenariat stratégique entre la Chine et la Russie ne cesse de se renforcer, en particulier depuis le début de l'invasion de l'Ukraine.

La Corée du Nord est le seul pays de l'Indo-Pacifique avec lequel la Russie a conclu un traité d'alliance formel[22]. Signé en 2024, il s'est traduit par un soutien direct de Pyongyang dans la guerre en Ukraine. La Chine a renouvelé en 2021 son traité d'amitié avec la Corée du Nord signé en 1961[23]. Dotée de l'arme nucléaire, la Corée du Nord est considérée comme une menace par ses voisins immédiats, la Corée du Sud et le japon. Ceux-ci entretiennent des relations délicates depuis la Guerre. Depuis 2023 toutefois, ils coopèrent militairement en réponse à la posture nucléaire de la Corée du Nord[24]. Celle-ci possède des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables d'atteindre les États-Unis qui en tirent argument pour développer leurs défenses antimissiles.

La coopération croissante entre la Chine, la Russie, la Corée du Nord et l'Iran, vue comme une menace pour l’ordre mondial occidental, est fréquemment désignée depuis 2024 par les cercles politiques américains par l'expression « Axe du soulèvement » (en anglais Axis of Upheaval)[25], par référence aux expressions « Axe Rome-Berlin-Tokyo » de 1940 et « Axe du Mal » utilisée par l'administration Bush pour désigner la Corée du Nord, l'Irak et l'Iran[26].

Part de la Chine dans le commerce extérieur[27]
Données 2023

(en milliards USD)

Exportations Importations
USD % Rang USD % Rang
Drapeau du Japon Japon 145 17.6 1 216 22.5 1
Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud 107 19.7 1 138 22.2 1
Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Vietnam 60 17.1 2 120 34.0 1
Drapeau de Singapour Singapour 70 10.4 1 83 12.0 1
Drapeau de l'Indonésie Indonésie 62 22.6 1 63 28.5 1
Drapeau de la Malaisie Malaisie 47 12.5 1 64 17.1 1
Drapeau de la Thaïlande Thaïlande 34 11.7 2 68 26.2 1

L’intensification de la concurrence entre les États-Unis et la Chine pose un dilemme stratégique à de nombreux pays de la région indo-pacifique. Ils ne peuvent pas distendre leur coopération de longue date avec les États-Unis, notamment en matière sécuritaire. Cependant, leurs liens économiques croissants avec la Chine les rendent réticents à adhérer à des initiatives bilatérales ou multilatérales auxquelles Pékin s’oppose. Le Japon et la Corée du Sud, qui sont liés aux États-Unis par un traité de sécurité mutuelle, mais dont la Chine est dans le même temps le premier partenaire commercial, sont particulièrement concernés[28].

Les petites et moyennes puissances de l'Asie du Sud-Est ont pour la plupart fait le choix du non-alignement. L'ASEAN procède de cette logique de promotion d'un espace indo-pacifique libre et ouvert qui ne devienne pas coupé en deux blocs par une guerre froide sino-américaine. Cependant, la Chine exerce une influence grandissante sur beaucoup d'entre elles. Leur proximité géographique avec la Chine qui est devenue leur premier partenaire économique les pousse à se rapprocher d'elle sur le plan diplomatique à l'exception des Philippines qui demeurent sans ambiguïté alliées avec les États-Unis[29].

Organisation géopolitique de l'espace indo-pacifique

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L'Indo-Pacifique n'est pas structuré autour de grandes organisations disposant de moyens d'action permanents importants comme c'est le cas en Europe de l'OTAN ou de l'Union européenne. Pourtant l'Indo-Pacifique est parcouru par de nombreuses organisations multilatérales ou minilatérales [note 1] qui traduisent à la fois la diversité des représentations et des intérêts géostratégiques qui s'y attachent et la généralisation de son usage qui montre son installation durable dans le paysage stratégique mondial[30]. La Chine et les États-Unis se livrent à une compétition intense pour créer ou consolider des organisations multilatérales en Indo-Pacifique afin d'y accroître leur influence[31].

Les puissances émergentes ont la capacité et les motivations stratégiques pour ne pas choisir de partenaire exclusif. Typiquement, l'Inde n'est stratégiquement alignée ni avec la Chine ni avec les États-Unis tout en participant à des organisations multilatérales où l'un des deux et parfois les deux sont présents. L'homme politique américain Michael Froman en conclut que le monde est entré dans une ère moins bien définie par les notions traditionnelles de bipolarité ou de multipolarité que par celles de fragmentation et de plurilatéralisme[32],[33].

Dans cette logique, les États de l'Indo-Pacifique participent à de nombreuses organisations politiques, économiques ou militaires inscrites dans le périmètre géographique de la région. La plupart d'entre elles sont des instances de coopération largement informelles et évolutives dans le temps. Ainsi, la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) est un forum économique multilatéral, fonctionnant sur la base d'engagements non contraignants mais auquel participent les grandes puissances rivales de la zone[34]. Autres exemples, ceux-ci emblématiques du minilatéralisme stratégique, le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (QUAD) et l'AUKUS permettent d'organiser la coopération militaire entre leurs membres face aux ambitions chinoises, sans pour autant constituer des alliances militaires formelles[35]. A contrario, les États-Unis ont conclu des traités bilatéraux de défense formels avec le Japon (1951), les Philippines (1951), la Corée du Sud (1953) ainsi que le traité trilatéral ANZUS avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande. La France et le Royaume-Uni sont absentes des grandes organisations multilatérales centrées sur l'Indo-Pacifique. Cependant, elles développent des coopérations, le plus souvent bilatérales voire trilatérales afin de promouvoir leurs intérêts dans la région[36]. Via l'UE, qui est l'un des dix partenaires officiels de dialogue de l'ASEAN, la France est présente dans le Forum régional de l'ASEAN (ARF) qui est, depuis 1994, le plus large forum de sécurité dans l'Indo-Pacifique[37].

Fondée en 1967, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) regroupe dix pays d'Asie du Sud-Est. Depuis qu'elle a formulé une vision stratégique pour l'Indo-Pacifique sous le titre ASEAN Outlook, elle occupe de nouveau une position centrale dans l'élaboration de l'architecture et de l'agenda régional en matière de sécurité dont elle avait été pionnière. Ce rôle s'exerce à travers les nombreux forums régionaux qu'elle organise. Ainsi, l'East Asia Summit (EAS) réunit chaque année depuis 2005 la quasi-totalité des dirigeants des pays acteurs de l'espace Indo-Pacifique. L'ASEAN Défense Ministers' Meeting Plus (ADMM+) rassemble depuis 2010 les ministres de la Défense de l'ASEAN et de huit autres pays de la région[35].

Fondé en 1971, le Forum des îles du Pacifique rassemble seize micro-États insulaires, dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, ainsi que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Ce forum favorise la coopération entre ses membres afin d'asseoir leur indépendance, le plus souvent récente, de faire mieux entendre leur voix dans la gouvernance mondiale et maintenir la paix dans le Pacifique[38]. Mais les îles du Pacifique sont de plus en plus courtisées par la Chine et les États-Unis, ce qui menace leur unité de vue et d'action sur des sujets cruciaux au premier rang desquels le changement climatique qui les menace directement[39],[40].

Multilatéralisme et minilatéralisme en Indo-Pacifique
PIB
PPA
(2023)
[note 2]
Asia
Power
Index

[17]
État
[note 3]
Politique et économie Sécurité et défense
ASEAN
(EAS)
1967
APEC

1989
FIP

1971
CPTPP
(TPP)
2018
RCEP

2022
ARF

1994
ADMM+
(ASEAN + 8)
2010
Traité
USA
1951-54
QUAD

2017
AUKUS

2021
(27,7) 82 Drapeau des États-Unis États-Unis (✔️) ✔️ (✔️) ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
34,7 73 Drapeau de la République populaire de Chine Chine (✔️) ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
14,6 39 Drapeau de l'Inde Inde (✔️) ✔️ ✔️ ✔️
(6,4) 31 Drapeau de la Russie Russie (✔️) ✔️ ✔️ ✔️
6,2 39 Drapeau du Japon Japon (✔️) ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
4,3 22 Drapeau de l'Indonésie Indonésie ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
2,7 31 Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud (✔️) ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
1,9 32 Drapeau de l'Australie Australie (✔️) ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
1,7 16 Drapeau de Taïwan Taïwan (✔️) (✔️)
1,7 20 Drapeau de la Thaïlande Thaïlande ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
1,6 9 Drapeau du Bangladesh Bangladesh ✔️
1,5 19 Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Vietnam ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
1,5 15 Drapeau du Pakistan Pakistan ✔️
1,3 20 Drapeau de la Malaisie Malaisie ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
1,3 15 Drapeau des Philippines Philippines ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
0,8 26 Drapeau de Singapour Singapour ✔️ ✔️ ✔️ ✔️ ✔️
(4,0) NC Drapeau de la France France[note 4] ✔️ ✔️
(4,0) NC Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni ✔️ ✔️

L'Indo-Pacifique pèse d'un poids démographique et économique considérable. L'Asie-Pacifique a été l'épicentre de la mondialisation et du libre-échange que l'adoption du concept d'Indo-Pacifique ne remet pas en cause. Toutefois son émergence coïncide avec un certain recul de ces mouvements de fond et la montée d'une « vision de l'économie plus sécuritaire, centrée sur la résilience et la gestion du risque géopolitique »[41]. Cette évolution se traduit depuis le début des années 2010 par la constitution de vastes nouvelles organisations économiques multilatérales, dont certaines sont abandonnées en chemin. Barack Obama fait de l'Accord de partenariat transpacifique (TPP), fondé sur le libre-échange, la clef de voute de son « pivot vers l'Asie ». La Chine n'est pas partie prenante de cet accord d'endiguement de sa présence économique dans la région. Douze pays le signent en 2016, mais Donald Trump en retire les États-Unis dès son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2017. Toutefois, la plupart des pays signataires décident de reprendre l'accord à leur compte en le modifiant à la marge. Ce nouvel accord prend le nom de Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP) et entre en vigueur en 2018[41]. Parallèlement, à l'initiative de l'ASEAN et avec la Chine, la Corée du Sud et le Japon, se met en place le Partenariat économique régional global (RCEP). Entré en vigueur en 2022, cet accord de libre-échange devrait éliminer à terme plus de 90 % des droits de douane entre ses parties prenantes[41].

Situation géostratégique des espaces maritimes indo-pacifiques

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La représentation géopolitique de l'Indo-Pacifique est largement fondée sur l'immensité de son espace maritime qui englobe deux océans qui servirent l'histoire de la colonisation et de la Guerre du Pacifique, et sont traversés par des voies maritimes essentielles à la mondialisation économique.

Stratégies de domination du Pacifique

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Pour pallier leur éloignement de l'Asie, les États-Unis ont développé d'importantes capacités de projection de leur puissance dans l'Indo-Pacifique par une combinaison de bases avancées, notamment à Hawaï, Guam et Okinawa, et des forces navales des IIIe et VIIe flottes[42]. Ces capacités jouent un rôle de dissuasion de changement du statu-quo à Taïwan par la Chine et crédibilisent l'engagement de défenses de leurs alliés. En retour, la Chine développe une stratégie militaire dite de « déni d'accès » consistant à prioriser la formation de capacités destinées à empêcher les forces américaines et alliées de se déployer et d'agir librement dans la région. L'accent mis sur cette notion de déni d'accès, qui s'inscrit dans l'éternelle lutte entre l'offensive et la défensive, provient de ce que cette dernière a vu ses moyens se développer considérablement grâce aux progrès technologiques dans les domaines des systèmes de détection et de guidage, des missiles antiaériens et antinavires et de militarisation de l'espace[43].

Carte géostratégique du Pacifique

Sur le plan géostratégique, le Pacifique est le plus souvent découpé en trois zones : de la côte asiatique à la première chaîne d'îles et à la ligne en neuf traits, entre la première et la deuxième chaîne d'îles, au-delà de celle-ci en Océanie jusqu'à Hawaï. La rivalité entre la Chine, les États-Unis et les puissances régionales moyennes s'étend à ces trois zones[44].

Son intensité est maximale dans la première de ces zones où la Chine cherche à briser ce qu'elle vit comme un encerclement par les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et les Philippines. La première chaîne d'îles est formée en son centre par l'archipel Ryūkyū japonais, entre Kyūshū et Taïwan, qui abrite d'importantes forces américaines sur l'île Okinawa. Au Sud, son tracé depuis Taïwan longe les Philippines puis la Malaisie le long de Bornéo et s'étend jusqu'au Vietnam en englobant Les îles Spratleys et Paracels en mer de Chine méridionale. Cette partie sud du tracé est appelée la ligne en neuf traits par la Chine qui revendique la souveraineté sur les îles et les eaux qui les bordent incluses dans son tracé. La Malaisie et l'Indonésie qui bordent la mer de Chine méridionale au sud, maintiennent un équilibre délicat entre Pékin et Washington. Mais cette première chaîne est composée pour l'essentiel de territoires appartenant à des États alliés de Washington. Si la Chine est dotée d’une large façade maritime, elle ne dispose pas d’accès direct à la haute mer. Les passages étroits vers le Pacifique sont dans l'ensemble peu profonds. Ils constituent un obstacle au déploiement des SNLE chinois, basés à Hainan, en toute sécurité dans les eaux du Pacifique. Le contrôle de Taïwan permettrait à la Chine d'utiliser le canal de Bashi qui atteint 4 000 m de profondeur[45],[46].

Des marines de guerre en forte expansion

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Les principales forces navales
présentes dans l'Indo-Pacifique en 2024[47],[48]
Marine
de guerre
Rang
monde
Bâtiments de combat
Tonnage
(Kt)
Nombre
Drapeau des États-Unis U.S. Navy 1 3 222 212
Drapeau de la République populaire de Chine Chine 2 1 300 170
Drapeau de la Russie Russie 3 925 101
Drapeau du Japon Japon 4 403 84
Drapeau de l'Inde Inde 6 324 45
Drapeau de la Corée du Sud Corée du S. 8 229 51
Drapeau de l'Indonésie Indonésie 9 187 20
Drapeau de l'Australie Australie 10 176 19

En cohérence avec l'importance vitale du trafic maritime dans les océans Indien et Pacifique mais aussi en raison des tensions en mers de Chine et du Japon, les nations riveraines de l'Indo-Pacifique ont considérablement développé leurs marines de guerre depuis 2010. Cette expansion s'est accompagnée de la multiplication des accords de coopération et des exercices maritimes conjoints, bilatéraux, trilatéraux, voire multinationaux, constituant autant de signes géopolitiques à l'attention des États rivaux[49].

Selon les données publiées par Le Marin, les dix plus grandes marines de guerre, sur la base du tonnage de leur flotte, appartiennent à des pays riverains de l'Indo-Pacifique, si l'on inclut le Royaume-Uni (au 5e rang) et la France (au 7e rang) qui y possèdent des bases permanentes et participent régulièrement à des exercices avec les marines de leurs alliés dans la région[47],[48].

L'évolution majeure est la montée en puissance spectaculaire de la Marine chinoise (PLAN) qui, sur le critère du nombre de grands bâtiments de combat, a atteint la parité avec l'U.S. Navy en 2025[50]. La Chine est parvenue à ce résultat grâce à une accélération du nombre de lancements réalisés par ses chantiers navals depuis 2010 alors que dans le même temps les contraintes budgétaires et les capacités limitées des chantiers navals des États-Unis ne permettaient qu'un rythme trois fois inférieur à celui de la Chine entre 2010 et 2024[51]. L'U.S. Navy possède toujours des capacités de déploiement de groupes aéronavals sur toutes les mers du globe que la Marine chinoise est très loin d'égaler. Cette supériorité doit être relativisée cependant dans la mesure où l'U.S. Navy doit répartir ses forces entre le Pacifique et l'Atlantique et où la Chine développe une stratégie A2/AD (acronyme anglais de Anti-Access / Area Denial, signifiant « déni d'accès et interdiction de zone ») qui représente une menace pour les forces aéronavales opérant à l'intérieur de la première et de la deuxième chaîne d'îles[52]. Ces développements des capacités militaires de la Chine répondent à la volonté de ses dirigeants d'établir progressivement leur hégémonie en mer de Chine, d'être en mesure d'envahir Taïwan s'ils le décidaient et d'être présents sur toutes les mers de l'Indo-Pacifique[53].

Le caractère stratégique des océans Indien et Pacifique est aussi avéré en matière de dissuasion nucléaire. Les sous-marins nucléaires lanceur d'engins (SNLE) des États-Unis[54] et de la Russie[55] patrouillent depuis des décennies dans leurs eaux dont l'immensité est réputée assurer leur invulnérabilité. Ils ont été rejoints depuis le début des années 2010 par les SNLE de la Marine chinoise. La priorité donnée par l'Inde au développement de ses SNLE a permis que les deux premiers bâtiments de la classe Arihant soient opérationnels dans la Marine indienne en 2024, tandis que trois autres sont en construction[56]. Le déploiement de leurs SNLE par la Chine et l'Inde constitue une étape majeure du renforcement de leurs capacités nucléaires, au moins sur le plan régional dans le cas de l'Inde. Avec six SNLE du Type 094 en service en 2025, la Chine possède désormais une composante navale crédible de dissuasion nucléaire selon l'U.S. Strategic Command[57].

Vision stratégique des quatre principales puissances de l'Indo-Pacifique

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Asia Power Index
(score sur 100)
2018 2024
Drapeau des États-Unis États-Unis 85,0 81,7
Drapeau de la République populaire de Chine Chine 75,5 72,7
Drapeau de l'Inde Inde 41,5 39,1
Drapeau du Japon Japon 42,1 39,9

Quatre puissances dominent l'Indo-Pacifique : la Chine, les États-Unis, l'Inde et le Japon, au sein desquelles les deux premières font figure de grandes puissances mondiales tandis que les deux autres y occupent une position par leur puissance économique et leur rayonnement régional. L'Asia Power Index place de manière constante ces puissances aux quatre premières places. L'érosion de leur score entre 2018[58] et 2024[17] provient d'une part de l'anxiété géopolitique croissante créée par les politiques plus assertives de la Chine et des États-Unis et d'autre part de l'émergence de puissances moyennes dans un monde de plus en plus multipolaire. La Russie, la Corée du Sud et l'Australie occupent les places suivantes de ce classement.

États-Unis

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La focalisation des États-Unis sur l'Asie-Pacifique ne cesse de se renforcer depuis le début des années 2000. Elle devient officielle avec le « pivot vers l'Asie » annoncé par Barack Obama en 2011[59]. Sous sa présidence, l'administration américaine se réfère à la zone Asie-Pacifique. Sa stratégie consiste à réaffirmer la présence des États-Unis dans la région, de montrer à la Chine que les États-Unis sont déterminés à préserver leurs intérêts et ceux de leurs alliés tout en favorisant une politique de coopération dans de nombreux domaines[60]. À la fin de sa présidence, Obama affirme « qu'en tant que nation du Pacifique, nous sommes là pour rester. Dans les bons comme dans les mauvais jours, vous pourrez compter sur les Etats-Unis d’Amérique »[61].

Zone d'opérations des commandements géographiques

En 2017, Donald Trump présente dans un discours prononcé à Da Nang, une vision d’« Indo-Pacifique libre et ouvert » (en anglais : Free and Open Indo-Pacific, FOIP). La National Security Strategy, qui présente fin 2017 la vision de l’administration Trump sur la situation en Asie, affirme que « la Chine cherche à supplanter les États-Unis dans la région de l’Indo-Pacifique, à étendre la portée de son modèle économique dirigé par l’État, et à réorganiser la région en sa faveur ». Pour la nouvelle administration, « une compétition géopolitique entre des visions libre et répressive de l’ordre mondial se déroule dans l’Indo-Pacifique »[7]. L'adoption du terme Indo-Pacifique se traduit de façon institutionnelle dans l'organisation des grands commandements militaires américains : en 2018, l'U.S. Pacific Command est renommé U.S. Indo-Pacific Command[62].

En même temps qu'elle est devenue la deuxième puissance économique mondiale (sur la base du PIB), voire la première sur la base de son PIB à parité de pouvoir d'achat (PIB PPA), la République populaire de Chine (RPC ou Chine) a progressivement dévoilé de grandes ambitions géopolitiques régionales mais aussi mondiales. À l'appui de celles-ci, elle a aussi considérablement investi dans ses moyens militaires[63]. Son budget de défense est le deuxième au monde, encore largement derrière celui des États-Unis, mais loin devant celui des autres pays[64]. La Chine est devenue depuis le début des années 2020 une grande puissance rivale des États-Unis[65].

L'arrivée au pouvoir de Xi Jinping fin 2012 marque la fin de l'approche prudente de la RPC en matière de politique étrangère qui prévalait jusqu'alors. S'appuyant sur la fondation de la RPC en 1949, les dirigeants chinois martèlent leur volonté qu'à l'horizon 2049 la Chine ait retrouvé toute sa grandeur. Concrètement, l'initiative la plus spectaculaire à l'appui de ce récit national est le lancement de la nouvelle route de la soie en 2013[66] (rebaptisée Belt and Road Initiative (BRI) depuis 2016-2017), consistant en un vaste réseau de routes terrestres et maritimes destiné à renforcer le poids de la Chine en Eurasie et en Afrique[7],[67]. Dans le même temps, la Chine montre sa détermination à revendiquer la possession d'îles en mer de Chine et à réunifier Taïwan à la mère patrie continentale[68],[69] Cependant rien n'indique que la Chine ait des visées expansionnistes au-delà de ces territoires dont elle considère que leur histoire justifie qu'ils lui appartiennent[70]. Elle cherche en revanche à étendre son influence dans son voisinage immédiat en Asie du Sud-Est auprès des pays membres de l'ASEAN, ainsi qu'en Asie du Sud auprès du Pakistan[71],[72].

Carte des principales disputes maritimes en Indo-Pacifique
  • Membres de l'ASEAN
  • Membres de l'OCS
  • Allié des États-Unis
  • Allié de la Russie

Les revendications chinoises en mer de Chine méridionale sur un ensemble d'îlots inhabitées, dont les îles Paracels et les Îles Spratleys, sont source de tensions et d'incidents militaires avec le Vietnam, les Philippines et la Malaisie. En mer de Chine orientale, le conflit territorial des îles Senkaku oppose la Chine au Japon. Xi Jinping a rappelé en 2023 que les Îles Ryūkyū ont longtemps fait partie de la Chine. Ces îles, où sont installées d'importantes bases militaires américaines, sont rattachées au Japon depuis 1879[73]. La mer de Chine revêt une importance stratégique primordiale pour la Chine à plus d'un titre : une part importante du trafic maritime mondial transite par ses eaux qui sont aussi susceptibles de receler d'importantes ressources naturelles, et surtout son contrôle permettrait de mettre fin à l'enserrement maritime dans lequel les États-Unis et leurs alliés maintiennent la Chine grâce à la « première chaîne d'îles »[73],[74].

La réunification de Taïwan à l'horizon 2049 est devenue un leitmotiv du nationalisme chinois. Xi Jinping en fait état régulièrement, par exemple dans ses discours du Nouvel An de 2023[75] et 2024[68]. Depuis l'admission de la RPC à l'ONU en 1971 et sa reconnaissance par Washington en 1979, Pékin tolère l'existence de Taïwan à la condition qu'elle ne proclame pas son indépendance. La question taïwanaise constitue un risque de crise majeure susceptible d'impliquer les principales puissances de l'Indo-Pacifique dans un conflit de haute intensité[71]. Le « principe d'une seule Chine » est l'expression employée par Pékin pour signifier que Taïwan est une partie inaliénable de la Chine qui sera réunifiée un jour[76],[note 5]. La loi anti-sécession de 2005 institutionnalise la position de la RPC concernant Taïwan[77]. Elle précise que Pékin pourrait recourir à des moyens non-pacifiques en cas de déclaration d'indépendance unilatérale par Taïwan et plus généralement au cas où « les possibilités de la réunification pacifique seraient complètement anéanties »[77]. Depuis le milieu des années 2010, la Chine multiplie les manœuvres aéronavales d'intimidation autour de l'île. La fréquence et l'ampleur de ces exercices militaires chinois autour de Taïwan se sont encore accrues depuis le début des années 2020[78]. Les États-Unis et leurs alliés dans la région maintiennent leur opposition à toute tentative de réunification par la force[71]. Sous la présidence de Xi Jinping, la Chine a intensifié la pression sur Taïwan dans tous les domaines – militaire, économique, diplomatique et informationnel – ce qui amène certains observateurs à craindre une invasion ou un blocus de l'île dès 2027. Toutefois, selon le politique Stephen Wertheim, il est loin d'être certain que la Chine soit déterminée à lancer une attaque risquée, mais elle pourrait recourir à la force si elle concluait que Taïwan est en voie d'indépendance ou définitivement séparée du continent[79].

La Chine accroît sans cesse ses capacités militaires d'action en mer de Chine afin d'y avoir les mains libres sans craindre une intervention des États-Unis et de leurs alliés régionaux. Sorte de « doctrine Monroe à la chinoise », la stratégie anti-accès de Pékin repose sur sa marine de guerre en constante expansion et sur des armes nouvelles qui seraient capables de frapper à longue distance les groupes aéronavals occidentaux. En s'appuyant sur les relations nouées dans le cadre des nouvelles routes de la soie et les infrastructures portuaires créées dans ce cadre, la Chine s'efforce aussi d'être présente en force dans l'océan Indien afin, notamment, de sécuriser les routes commerciales dont son économie dépend[71].

Le resserrement marqué des liens politiques et économiques avec la Russie depuis 2022 est de nature à changer les équilibres géopolitiques dans la région. Localement d'abord, dans le Pacifique Nord, où le Japon subit les manœuvres d'intimidation militaire de ses trois voisins et ne peut espérer un règlement de son conflit territorial des îles Senkaku avec la Chine et de son contentieux relatif aux îles Kouriles avec la Russie. Plus globalement ensuite, où la coopération accrue entre la Chine et la Russie renforce l'axe antioccidental[71].

L'émergence économique de l'Inde et ses nombreux intérêts géopolitiques croisés avec la Chine participent de l'émergence du concept d'Indo-Pacifique en lieu et place de celui d'Asie Pacifique qui fut le concept dominant de représentation de l'Asie des années 1980 aux années 2010[80]. En 2024, l'Inde est le pays le plus peuplé du monde[81], son PIB nominal la situe au 5e rang mondial[82] et son PIB PPA au troisième[16]. Durant la guerre froide, l'Inde avait noué des relations étroites avec l'URSS mais s'était refusée à rejoindre l'un des blocs de l'Est ou de l'Ouest. Elle poursuit depuis une politique d'indépendance, encore accentuée par le Premier ministre nationaliste Narendra Modi. L'Inde est un des premiers pays à adopter la terminologie d'Indo-Pacifique qui traduit son poids croissant dans les grands équilibres stratégiques en Asie. En 2014, l'Act East du gouvernement Modi vise à développer les coopérations bilatérales et multilatérales dans l'Indo-Pacifique. En 2015, l'Inde et les États-Unis adoptent une Vision stratégique conjointe pour l’Asie-Pacifique et la région de l’océan Indien qui met en exergue la convergence de vues des deux pays[3].

Les priorités sécuritaires de l'Inde se situent historiquement moins dans son espace maritime qu'à ses frontières terrestres qui sont le théâtre de conflits récurrents avec la Chine et le Pakistan depuis sa fondation en 1947[83]. La Chine, l'Inde et le Pakistan sont tous trois des puissances nucléaires[84]. Ils sont membres de l'Organisation de coopération de Shangai (OCS) depuis que l'Inde et le Pakistan l'ont rejointe en juin 2017[85]. Depuis les années 1990, l'océan Indien est devenu une composante importante de la géopolitique de l'Inde qui veut y jouer un rôle majeur dans la surveillance des grandes routes maritimes qui le traversent. Les ambitions maritimes de la Chine, manifestées par les Nouvelles routes de la Soie et le développement considérable de la marine chinoise, inquiètent à New Delhi. Il résulte que l'Inde a entrepris de développer les capacités de sa marine et a accru les coopérations avec l'U.S. Navy et les marines de plusieurs puissances occidentales. Pour autant, le non-alignement (ou multi-alignement), demeure le socle de la vision stratégique de l'Inde. Il en résulte que l'Inde prône une vision inclusive de l'Indo-Pacifique qui privilégie la coopération entre tous ses États riverains et refuse qu'elle soit dirigée contre quelque pays que ce soit[83].

Sur le long terme, l'Inde mène une politique de relations équilibrées avec la Chine, les États-Unis et la Russie. L'Inde est très loin de la parité économique avec la Chine. Les investissements chinois et l'accroissement des échanges commerciaux entre les deux pays sont indispensables au développement de l'Inde. Dans le même temps, sur le plan sécuritaire, l'Inde voit la Chine comme une menace grandissante, d'autant que celle-ci soutient militairement le Pakistan, pays ennemi de toujours. Le rapprochement constant de l'Inde avec les États-Unis, depuis l'accord signé en 2008 sur le nucléaire civil, et avec d'autres puissances occidentales comme la France en est la conséquence directe. Enfin les relations avec la Russie ont hérité des liens qui existaient avec l'URSS, portant notamment sur l'acquisition d'armements. Les achats de pétrole russe ont considérablement augmenté depuis 2022[86].

Après-guerre, le Japon devient la première puissance économique d'Asie. En 2010, la Chine la dépasse et en 2024 son PIB en USD courant atteint moins du quart de celui de la Chine[87]. Jusque dans les années 2000, sur le plan diplomatique, le Japon vit dans l'ombre des États-Unis auxquels il est lié par le traité de sécurité de 1951 et dont il a adopté le régime démocratique. Son redressement économique spectaculaire et la montée en puissance de la Chine le conduisent à devenir un acteur important en Asie. Le discours du Premier ministre japonais Shinzō Abe, prononcé en 2007 devant le parlement de l'Inde, sur la « confluence des deux océans » est considéré comme fondateur du concept d'Indo-Pacifique[88]. La même année, le Japon signe avec l'Australie son premier pacte de sécurité permanent depuis celui de 1951[89]. En 2008, le Japon signe avec l'Inde une déclaration sur la coopération en matière de sécurité, amorçant ainsi une coopération qui ne fait que se renforcer depuis[90].

En 2016, Shinzō Abe franchit une étape décisive dans la formulation de la vision stratégique du Japon, publiée sous le titre l'Indo-Pacifique libre et ouvert (en anglais : Free and Open Indo-Pacific (FOIP))[91]. Selon le ministère de la Défense du Japon, les trois piliers en sont « diffuser et établir l’État de droit, la liberté de navigation, le libre-échange, poursuivre la prospérité économique, et garantir la paix et la stabilité »[92].

En 2023, à l'occasion d'un déplacement en Inde, le Premier ministre Fumio Kishida présente le Nouveau plan pour un Indo-Pacifique libre et ouvert[93]. Les idées à la base du FOIP demeurent inchangées : renforcer la connectivité de la région indo-pacifique, la transformer en un espace valorisant la liberté et l'État de droit, libre de toute force ou coercition, et la rendre prospère[94].

La constitution du Japon impose d'importantes contraintes à l'utilisation des Forces japonaises d'autodéfense. Mais la stratégie de défense nationale adoptée en 2022 marque l'abandon de la stricte posture défensive au profit d'une doctrine incluant l'acquisition de capacités de contre-attaque permettant de frapper les sites en territoire ennemi qui représenteraient une menace potentielle. Le plafonnement des dépenses de défense à 1 % du PIB adopté en 1976 au nom du pacifisme est également aboli[95]. Elles atteignent 1,4 % en 2024 et devraient être à 2 % du PIB en 2027[96]. Le déclin démographique du Japon constitue cependant un obstacle sérieux à l'augmentation des forces militaires qui peinent considérablement à recruter[96].

Positionnement géopolitique des puissances moyennes de l'Indo-Pacifique

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Asia Power Index
(score sur 100)
2018 2024
Score Rang Score Rang
Drapeau de l'Australie Australie 32,5 6 31,9 5
Drapeau de la Corée du Sud Corée du Sud 30,7 7 31,0 7
Drapeau de la Russie Russie 33,3 5 31,1 6

Trois puissances moyennes exercent une influence géopolitique importante dans l'Indo-Pacifique. : l'Australie, la Corée du Sud et la Russie.

Île continent, l'Australie est le seul pays dont les côtes sont baignées par les océans Indien et Pacifique. Elle est l'un des quatre États précurseurs dans l'adoption de ce nouveau concept géopolitique. Le Livre blanc de politique étrangère rendu public en 2017 définit la stratégie géopolitique de l'Australie à l'échelle de l'Indo-Pacifique[97]. Le document de synthèse de la politique étrangère de l'Australie, publié en 2025 par le Gouvernement australien, réaffirme sa focalisation sur l'Asie du Sud-Est et les îles du Pacifique : développer ses relations avec tous les pays riverains, soutenir l'action de l'ASEAN en faveur de la sécurité collective, promouvoir le respect de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS pour United Nations Convention on the Law of the Sea) et renforcer les partenariats de défense minilatéraux (QUAD, AUKUS) ou bilatéraux[98]. Tout en faisant le constat que l'Australie n'a ni le même système politique ni les mêmes valeurs que la Chine, mais qu'en même temps elle est son premier partenaire commercial, le Gouvernement australien s'est efforcé en 2023-2024 de rétablir des relations un temps compromise par l'accord AUKUS vu de Pékin comme hostile[98].

L’accord AUKUS de 2021 entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis établit un partenariat stratégique dont le principal objectif est de conférer à l’Australie une plus grande responsabilité régionale en matière d’endiguement de la Chine[99]. Cet accord prévoit la fourniture de sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) à l’Australie par les États-Unis et le Royaume-Uni[100]. Il prévoit aussi la réalisation conjointe de nouvelles « capacités avancées » de défense[101]. L'examen du pacte AUKUS lancé par Donald Trump en juin 2025 inquiète les Australiens. mais en octobre, celui-ci confirme l'engagement des États-Unis à en honorer les termes[102].

Le traité de défense mutuelle ANZUS, signé en 1951 dans le contexte de la guerre de Corée, demeure le socle de la défense du pays . Sa mise en œuvre s'appuie sur de multiples coopérations bilatérales ou minilatérales impliquant l'Australie et les États-Unis. Cette proximité entre les deux pays constitue un handicap au déploiement de la politique étrangère de Canberra dans la région. Ainsi, l'Indonésie et la Malaisie ont fortement critiqué l'accord AUKUS[103].

Corée du Sud

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La Corée du Sud est devenue la 14e puissance économique mondiale et la cinquième en Asie, avec un PIB voisin de celui de l'Australie. Longtemps sa diplomatie fut focalisée sur la Corée du Nord et les États-Unis. Depuis 2017, sa stratégie géopolitique s'est progressivement ouverte à l'Indo-Pacifique.

Depuis sa fondation en 1948, les relations de la Corée du Sud avec les États-Unis constituent le socle de sa politique de défense et de ses relations internationales. Le traité de défense mutuelle de 1953 est toujours d'actualité, sans limite de durée. L'United States Forces Korea (USFK) compte en 2024 environ 25 000 hommes dans des bases permanentes en Corée[104]. Séoul s'inquiète de la décision que les États-Unis pourraient prendre de réduire leur présencee[105].

Les relations avec la Corée du Nord constituent, sur les plans intérieur comme extérieur, un facteur déterminant de la politique sud-coréenne, dont les orientations générales fluctuent au gré des alternances du pouvoir à Séoul. Au début du XXIe siècle, les présidents de tendance progressiste mettent en œuvre une politique de détente avec Pyongyang, dite du « rayon de soleil ». Celle-ci est mise à mal par les essais nucléaires nord-coréens de 2006 et 2009[106]. Les présidences plus conservatrices de Lee Myung-bak (2008-2013) et de Park Geun-hye (2013-2017) mettent fin à cette politique d'ouverture[107]. La poursuite des essais nucléaires (quatre entre 2012 et 2017) ainsi que du programme de missiles balistiques de la Corée du Nord alimentent le gel des relations et les craintes sécuritaires de Séoul. En 2016, la Corée du Sud s'entend avec les États-Unis pour que soit déployé le système antimissile THAAD sur son sol. Cette décision mécontente la Chine qui prend des mesures de rétorsion économique à l'encontre de la Corée[108].

Kim Jong-un et Moon Jae-in lors du sommet inter-coréen d'avril 2018.

Élu en 2017, le président Moon Jae-in, soutenu par le Parti Minju de centre-gauche, relance le dialogue avec la Corée du Nord. Trois sommets ont lieu entre Moon et Kim Jong-un en 2018[109]. En parallèle Donald Trump rencontre Kim en 2018 et 2019. Le dégel amorcé s'interrompt durant la pandémie de Covid-19. En 2022, la reprise des essais d'ICBM par Pyongyang y met fin[110]. Moon inaugure aussi une politique de coopération étendue avec les pays de l'ASEAN et l'Inde, dite Nouvelle politique du Sud (en). Elle permet à la Corée de s'affirmer comme une puissance moyenne indépendante, inféodée ni aux États-Unis ni à la Chine, capable de mener sa propre politique dans l'espace asiatique[111]. Moon rétablit aussi des relations normales avec la Chine. En évitant de formuler une stratégie indo-pacifique, vue par Pékin comme une stratégie d'endiguement de l'expansion de son influence instrumentalisée par les États-Unis, Séoul tente d'établir une relation équilibrée avec les deux grandes puissances. Dans cette optique, Moon trouve un compromis avec la Chine en acceptant de limiter le déploiement du THAAD en contrepartie de la levée des sanctions économiques[107],[112].

En 2024, rencontre entre Moon, Biden et Ishiba lors du sommet de l'APEC.

Le président conservateur Yoon Suk-yeol succède à Moon en 2022. Il adopte une posture géopolitique qui fait clairement reposer la sécurité du pays sur l'alliance avec les États-Unis et leurs alliés présents dans la région[28]. La rupture entre les deux Corées est consommée[113]. La Corée du Sud adopte en mai 2022 le concept d'Indo-Pacifique libre et ouvert (FOIP) à l'occasion d'un sommet avec Joe Biden et dans un contexte de rapprochement avec le Japon[114]. La Stratégie pour une région indo-pacifique libre, pacifique et prospère est rendue publique en novembre 2022,[115]. Cette première formalisation d'une stratégie géopolitique globale par la Corée du Sud marque une véritable rupture avec une politique polarisée jusqu'à là sur les relations avec la Corée du Nord et l'alliance avec les États-Unis. Elle traduit une vision régionale étendue des intérêts du pays et de ses relations avec les autres puissances régionales, notamment concernant la nécessité d'une coopération étendue avec le Japon[116] et l'Australie[115],[117]. Chaque année depuis 2023, d'importants exercices militaires multi-domaines, intitulés Freedom Edge, ont lieu entre la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis[118].

Bien que la vision stratégique de la Russie s'inscrive en premier dans l'espace continental eurasien, son influence dans l'espace maritime indo-pacifique est importante comme l'atteste l'Asia Power Index du Lowy Institute[17]. La Russie possède une immense façade maritime sur le Pacifique Nord dont le positionnement à l'extrême nord-est de l'Indo-Pacifique, bordé par le Japon et les États-Unis, n'est cependant pas favorable à l'extension de son influence dans la région. Le rôle de la Russie se trouve aussi contraint par la population peu nombreuse du district fédéral d'Extrême-Orient (8 millions d'habitants) et des infrastructures limitées pour bénéficier de ses ressources naturelles abondantes. L'espace indo-pacifique revêt une importance significative dans la géopolitique russe, du point de vue sécuritaire comme économique ainsi qu'en raison « du potentiel de la région pour la formation du " Grand partenariat eurasiatique " »[119]. L'Inde et la Chine sont des partenaires politiques et économiques essentiels de la Russie. Celle-ci n'utilise que très peu le concept d'Indo-Pacifique dont elle affirme qu'il reflète les intérêts américains en Asie et relève d'une stratégie anti-chinoise. Moscou préfère mettre en avant son pivot vers l'Asie et l'Arctique[3],[120].

Plusieurs causes sont à l'origine du tournant vers l'Asie opéré par Vladimir Poutine depuis le milieu des années 2010. L'affrontement désormais ouvert et multiformes avec les Occidentaux en est la plus fondamentale. L'approfondissement du partenariat de la Russie avec la Chine constitue la clef de voute de la stratégie antioccidentale du Kremlin[121]. Le tournant vers l'Asie répond aussi à la nécessité de démontrer que la Russie n'est pas isolée diplomatiquement en étant très active dans la création ou l'élargissement d'organisations multilatérales (BRICS+ et OCS notamment) qu'elle s'efforce de constituer en un front antioccidental. Moscou a aussi besoin de partenaires économiques en Asie pour écouler ses matières premières et se procurer les produits de haute technologie dont il ne maîtrise pas la production. Le développement des infrastructures et de l'exploitation des ressources minières dans l'Extrême-Orient russe nécessite des capitaux que la Russie espère trouver en Asie. Moscou voit en l'Arctique russe et l'Asie un espace intégré dans lequel ses atouts géographiques lui permettraient de contrebalancer la primauté économique écrasante de la Chine[120].

Sur le plan militaire, l'accès de la Russie au Pacifique est indispensable aux opérations de la composante navale (SNLE) de sa force de dissuasion nucléaire. La Corée du Nord y est un allié de poids pour déployer sa stratégie antioccidentale. Enfin son contrôle d'une des deux rives du détroit de Béring lui facilite la mise en œuvre d'une stratégie arctique ambitieuse qui repose pour une part sur la route maritime du Nord[122]. En revanche, selon le Lowy Institute, la guerre en Ukraine a affaibli son influence diplomatique dans la région et son réseau militaire demeure limité comparé à celui des États-Unis[17]. Le contexte historique de la relation de la Russie avec le Japon et la dispute territoriale au sujet des îles Kouriles du Sud situées au nord de Hokkaidō ont empêché la conclusion d'un traité de paix entre les deux pays[123]. L'occupation de ces îles par la Russie lui donne le contrôle de l'accès à la mer d'Okhotsk, qui est nécessaire aux SNLE de sa flotte du Pacifique et étend sa ZEE sur des zones riches en ressources halieutiques et énergétiques[124]. Le renforcement de la coopération militaire entre la Russie, la Chine et la Corée du Nord, constaté depuis 2022 dans le Pacifique Nord et en Arctique, pose un sérieux défi sécuritaire aux États-Unis[120].

Ambitions géopolitique de la France et du Royaume-Uni en Indo-Pacifique

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La France et le Royaume-Uni ne sont intrinsèquement pas des puissances de l'Indo-Pacifique. Cependant, leur histoire coloniale, leur souveraineté sur des territoires ultra-marins mais surtout leurs intérêts commerciaux et stratégiques face à la montée en puissance de la Chine les a incités à se doter d'une stratégie indo-pacifique et à être partie prenante dans l'organisation géopolitique de la région[36].

La France est présente dans les deux océans de l'Indo-Pacifique par ses territoires ultramarins où vivent près de 2 millions de Français et qui lui font bénéficier de la deuxième plus grande ZEE au monde. Des forces de souveraineté sont positionnées à La Réunion, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie[125]. Les accords passés avec Djibouti et les EAU fournissent à la France un point d'appui pour projeter sa puissance dans l'Indo-Pacifique[126],[127]. Les moyens français sont modestes eu égard à l'immensité de la région et à ceux déployés par les principales puissances régionales. Le fait que la France soit un État riverain ne suffit pas à ce qu'elle soit considérée comme un acteur stratégique de premier plan dans la région. Le revirement australien concernant l'acquisition de ses sous-marins aux dépens de la France et au profit des États-Unis et du Royaume-Uni (AUKUS) illustre les limites des positions françaises dans l'Indo-Pacifique[128].

Formalisée pour la première fois en 2018, la Stratégie de la France dans l'Indopacifique est une nouvelle fois actualisée en 2025 en parallèle de la Revue nationale stratégique 2025, afin d’intégrer les récents bouleversements géopolitiques[129]. La stratégie française consiste à renforcer mutuellement et collectivement la sécurité et la résilience dans la région. En réponse à la montée en puissance de la Chine, la France vise en premier lieu à protéger ses intérêts nationaux dans la région en privilégiant la dimension sécuritaire, notamment sur le plan maritime mais aussi sur le plan environnemental. La dimension économique est logiquement traitée au niveau de l'Union européenne qui détient une compétence exclusive en matière de signature d’accords commerciaux[130]. La France a largement contribué à la Stratégie de l'UE pour la coopération dans la région indo-pacifique, adoptée par le Conseil en 2021 et dont elle attend qu'elle lui confère des leviers d'influence et d'action supplémentaires[131].

Sur le plan politique, « la France défend un multilatéralisme régional fondé sur le droit international, en affirmant notamment la centralité de l’ASEAN »[129]. Elle est candidate au statut de membre de l’ADMM+ et d’ASEANPOL[note 6]. La France s'affiche comme une « puissance d'équilibre » et favorise le multilatéralisme et l’émergence d’un monde multipolaire[130].

La liberté de navigation en Indo-Pacifique et la protection des voies maritimes constituent les priorités d'action de la France. Elle défend la stricte application de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982. Des unités de la marine nationale patrouillent régulièrement en mer de Chine. À ce titre, des partenariats stratégiques sont noués avec notamment l'Inde, l'Indonésie et Singapour. Malgré le choc de l'annonce de l'accord AUKUS, les coopérations se poursuivent avec les puissances pro-occidentales de la région[130].

Royaume-Uni

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En 2021, le gouvernement conservateur de Boris Johnson adopte une stratégie de défense qui vise à restaurer l'empreinte « globale » du Royaume-Uni après que le pays a quitté l'Union européenne. À ce titre, les Britanniques cherchent à renforcer leurs relations en matière de défense, de commerce et de politique étrangère avec la région Indo-Pacifique. L'initiative la plus spectaculaire en résultant est le partenariat AUKUS[132].

La Strategic Defense Review publiée en 2025 par le gouvernement travailliste de Keir Starmer marque le retour à une stratégie centrée sur l'alliance avec les États-Unis, le renforcement de l'OTAN et la défense de l'Europe[133]. Concernant l'Indo-Pacifique, le Royaume-Uni entend contrer la volonté de la Chine d'établir sa domination sur la région. À cet effet, la SDR identifie les priorités suivantes : la mise en œuvre du partenariat AUKUS, la poursuite du Global Combat Air Programme avec le Japon et la promotion des Five Power Defence Arrangements avec l'Australie, la Malaisie, la Nouvelle Zélande et Singapour[133].

  1. Approche de coopération internationale centrée sur la participation restreinte de quelques États, visant à créer un modèle adaptable à l'adhésion d'autres nations.
  2. Les données de PIB figurent entre parenthèses pour les pays qui ne sont le plus souvent pas agrégés dans les statistiques relatives à l'Indo-Pacifique.
  3. Ce tableau présente seulement les participations des grandes et moyennes puissances de l'Indo-Pacifique à des organisations multilatérales. Plusieurs États membres de l'ASEAN n'y figurent en conséquence pas.
  4. Directement ou via l'Union européenne.
  5. Ce principe ne doit pas être confondu avec la « politique d’une seule Chine » qui signifie la reconnaissance de la RPC comme le seul représentant de la Chine, sans trancher la question du statut légal de Taïwan. L'application de cette politique implique de n'avoir des relations diplomatiques qu'avec la RPC.
  6. ASEANPOL (ou ASEAN Chiefs of National Police) est l’organisation qui réunit les chefs des polices nationales des pays membres de l’ASEAN.

Références

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  1. « L’Inde pourrait-elle devenir la prochaine superpuissance mondiale ? », BBC News,‎ (lire en ligne)
  2. « L’espace indopacifique, au cœur de la stratégie multipolaire de la France », sur IHEDN, .
  3. a b et c Géopolitique de l'Indo-Pacifique 2022, Chap. 1 - Conception et usage de l’idée d’Indo-Pacifique par les États : fondateurs, convertis, réfractaires, p. 24-42
  4. Marc Abensour, « Géopolitique de l’Indopacifique : comprendre la stratégie française », Le Grand Continent,‎ (lire en ligne)
  5. Joseph Henrotin, « L'Indo-Pacifique à la croisée des chemins », DSI, no HS 100,‎ , p. 6-8
  6. Marianne Péron-Doise, « L'Indo-Pacifique dans son contexte », DSI, no HS 100,‎ , p. 10-14
  7. a b et c Géopolitique de l'Indo-Pacifique, 2022, Chap. 2 - L'Indo-Pacifique ou la réponse des États-Unis à l'affirmation de la Chine, p. 43-63.
  8. From Asia-Pacific to Indo-Pacific, SWP, 2020, Introduction.
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Bibliographie

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Documents nationaux officiels de stratégie indo-pacifique

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Autres documents

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Compléments

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Articles connexes

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Liens externes

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