Le Garde du corps (film, 1961)

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Le Garde du corps
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Affiche japonaise originale du film.
Titre original 用心棒
Yōjinbō
Réalisation Akira Kurosawa
Scénario Ryūzō Kikushima
Akira Kurosawa
Musique Masaru Satō
Acteurs principaux
Sociétés de production Kurosawa Productions
Pays de production Drapeau du Japon Japon
Genre Action, aventure et drame
Durée 110 minutes
Sortie 1961

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Garde du corps (用心棒, Yōjinbō?) est un film japonais réalisé par Akira Kurosawa, sorti en 1961, avec Toshirō Mifune et Tatsuya Nakadai dans les rôles principaux.

Synopsis[modifier | modifier le code]

À la fin de l'époque Tokugawa (XIXe siècle), Sanjuro, un samouraï sans maître (un rōnin), arrive dans le village de Manome, près d'Edo (ancien nom de Tokyo), divisé par une lutte impitoyable entre deux clans. Le premier est commandé par Seibei et le second par Ushi-Tora soutenu par Tokuyemon le brasseur de saké. Ils cherchent tous deux à dominer les lieux, avec l'aide de bandits qu'ils ont recrutés. Le maire Tazayemon, faible, laisse faire.

Sanjuro Kuwabatake est pris à partie par le chef de la police, corrompu, qui lui propose de rejoindre un des deux clans. Gonji, le vendeur de saké tenant un bar, lui conseille au contraire de partir au plus vite : il risque d'être aussi une victime de ce conflit. Mais le rōnin décide au contraire de rester et de tirer profit de la situation.

Sanjuro, après une scène de bagarre expéditive où il met hors d'état de nuire trois hommes d'Ushi-Tora, fait croire à Seibei qu'il va le suivre, moyennant une forte somme, 50 ryō. Mais, après avoir surpris une conversation entre son nouvel employeur et Orin, la femme de ce dernier, il comprend que le couple le fera exécuter une fois la mission remplie. Alors que les deux bandes au grand complet se font face dans la rue principale, Sanjuro décide d'abandonner le combat et prévient l'autre clan qu'il ne participera pas à l'attaque. Il monte dans un beffroi, décidant de considérer la scène vue de haut. Il peut ainsi observer les deux bandes qui s'invectivent de manière grotesque. L'arrivée d'un émissaire du pouvoir central oblige toutefois les partisans à remettre leur affrontement à plus tard.

Inokichi (un frère d'Ushi-Tora) d'un côté et Orin de l'autre, cherche chacun à obtenir l'aide de ce guerrier, en vain. La présence de l'émissaire contraint les deux clans à se tenir tranquilles. Mais l'envoyé du pouvoir doit partir après avoir appris le meurtre d'un fonctionnaire dans un autre village. Les choses reprennent leur cours. Néanmoins, un accord semble être parvenu entre les deux bandes, ce qui contrarie les plans de Sanjuro. Celui-ci décide d'envenimer la situation : il retrouve les deux tueurs du fonctionnaire, Hachi et Kuma, engagés par Ushi-Tora pour obliger l'émissaire à partir. Il les livre à Seibei, qui y voit le moyen de faire arrêter son rival. Sanjuro va alors prévenir Ushi Tora des intentions de son rival. Ushi-Tora charge ses deux frères, Inokichi et Unosuke, possédant un pistolet occidental, d'enlever Yoichiro, le fils de Seibei. Un échange est organisé mais Unosuke en profite pour abattre Hachi et Kuma afin qu'ils ne témoignent pas contre son frère. Yoichiro reste prisonnier. En représailles, Seibei fait kidnapper une jolie femme qui était promise à Tokuyemon.

Un nouvel échange a lieu avec succès. Sanjuro est ému par la situation de la femme promise à Tokuyemon car elle a été, contre son gré, enlevée à son époux et à son fils. Il accepte de l'argent d'Ushi-Tora pour le servir. Puis il berne Inokichi et profite de la nuit pour libérer la femme après avoir éliminé ses six gardiens. Il permet au couple de quitter le village, en leur offrant l'argent donné par Ushi-Tora.

Mais son geste héroïque est pour lui synonyme de perte : confondu par Unosuke, il est torturé puis enfermé agonisant dans une pièce dont il parvient cependant à s'échapper. Aidé de Gonji, il va se cacher dans un temple. Pendant ce temps, la confrontation dans le village tourne à l'avantage de Ushi-Tora, qui anéantit tous ses adversaires : Orin meurt et Seibei est tué d'une balle par Unosuke. Leur fils périt aussi. Sanjuro se rétablit, ravitaillé par Gonji, mais il apprend que son ami a été arrêté. Le rōnin décide d'aller affronter le dernier clan. Dans la bataille finale, armé de son sabre, il élimine l'un après l'autre tous ses adversaires (dont Ushi-Tora et ses deux frères). Gonji est libéré.

Dans une dernière scène, Sanjuro, très laconique, conclut qu'il y aura maintenant un peu de tranquillité dans ce village. Laissant la petite ville dans la désolation, le vent et la poussière, le rōnin, véritable vainqueur dans ce récit, repart comme il était venu, libre et solitaire, comme une sorte de justicier autonome.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Akira Kurosawa et Toshirō Mifune lors du tournage du film.

Distribution[modifier | modifier le code]

Scène du film avec Toshirō Mifune, Daisuke Katō, Tatsuya Nakadai et Eijirō Tōno.

Inspiration[modifier | modifier le code]

Kurosawa lui-même a déclaré que l'une des sources majeures du scénario était le classique du film noir La Clé de verre (1942), une adaptation du roman homonyme écrit en 1931 par Dashiell Hammett. En particulier, la scène où le héros est capturé, torturé et finit par s'échapper est copiée presque plan par plan sur La Clé de verre[réf. souhaitée] (cela paraît par ailleurs peu probable, puisque les deux méthodes d'évasion sont totalement différentes). Néanmoins, il a été remarqué que le scénario est beaucoup plus proche d'un autre roman de Dashiell Hammett, La Moisson rouge (1929). Le spécialiste de Kurosawa David Desser et le critique Manny Farber, parmi d'autres, affirment catégoriquement que La Moisson rouge a inspiré le film ; d'autres, comme Donald Richie, pensent que les ressemblances sont dues à des coïncidences[2].

Le solitaire taciturne et les villageois sans défense rappellent Les Sept Samouraïs déjà réalisé par Kurosawa en 1954.

Kurosawa se serait aussi inspiré de la pièce Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, selon Sergio Leone, parlant de son film Pour une poignée de dollars « Et comme ce récit [(Garde du corps (Yōjimbō, 1961)] s’inspirait également d’Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, je n’avais aucun complexe d’être italien pour opérer cette transplantation[3]. »

Accueil critique[modifier | modifier le code]

Selon le critique Jean Douchet, « sous ses allures de western, il dissimule une mouture nippone de la série noire »[4].

Reprises[modifier | modifier le code]

Une reprise italienne a été réalisée sous forme de western spaghetti. Il s'agit de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone avec Clint Eastwood et Gian Maria Volontè, tourné en 1964 (à ce titre, c'est pour rappeler les origines du film — non créditées à l'époque par Leone — qu'Ennio Morricone a ajouté dans l'orchestration de la partition composée pour l'occasion un shakuhachi).

Un autre film de Kurosawa avait déjà donné lieu à une reprise sous forme de western : Les Sept Samouraïs, tourné en 1954, avait été adapté par John Sturges en 1960 sous le titre Les Sept Mercenaires.

Une reprise hollywoodienne a également été réalisée, sur fond de prohibition cette fois. Il s'agit de Dernier Recours de Walter Hill, avec Bruce Willis et Christopher Walken, tourné en 1996.

Le scénario des frères Coen pour leur film Miller's Crossing () s'inspire lui aussi du film de Kurosawa.

Hommages et clins d'œil[modifier | modifier le code]

  • Dans le jeu Tenchu : La Colère divine sorti sur PlayStation 2, le personnage de Tajima est directement inspiré d'Unosuke : même attitude, même tenue vestimentaire, même passion pour les armes à feu.
  • Dans le jeu Final Fantasy XIV une série de missions faisant suite à l'expansion Stormblood fait intervenir Yojimbo, samuraï garde du corps, comme antagoniste[5].
  • Yojimbo est également une invocation de Final Fantasy X, unique du fait qu'il n'attaque généralement qu'après avoir été payé au préalable. Plus la quantité d'argent qu'on lui offre est grande, plus l'attaque qui suit est destructrice.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ja) Le Garde du corps sur la Japanese Movie Database.
  2. Allen Barra, "From Red Harvest to Deadwood", Salon (2005).
  3. Leone, Sergio, 1929-1989., Conversations avec Sergio Leone, Paris, Stock, , 237 p. (ISBN 2-234-02049-2 et 9782234020498, OCLC 22543166, lire en ligne).
  4. Jean Douchet, L'Art d'aimer, Cahiers du cinéma, collection Écrits, 1987, p. 116.
  5. SQUARE ENIX Ltd, « Base de données d'Éorzéa : Yojimbo », sur FINAL FANTASY XIV : The Lodestone (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]