Ouadi el-Hol (en arabe وادي الهول, Wādī al-Hawl, « Oued de la terreur ») est un site sur une ancienne route militaire reliant Thèbes à Abydos, comprenant de nombreuses inscriptions sur pierre. Certaines des inscriptions attestent de l'utilisation de cette route pour le ravitaillement du temple de Thèbes.
La plupart des autres inscriptions sont des écritures hiératiques et des hiéroglyphes. On retrouve des titres et des noms, cependant on retrouve des textes littéraires et des références à des célébrations religieuses fêtées dans ce profond désert.
Deux inscriptions pourraient être les premières inscriptions alphabétiques connues. Elles sont datées du Moyen Empire, ou de la Deuxième Période intermédiaire (entre -1700 et -1500).
Elles présentent un trait particulier : par principe acrophonique elles utilisent une dérivation de hiéroglyphes phonétiques égyptiens pour écrire un langage sémitique. Les auteurs de ces deux inscriptions ont utilisé des signes égyptiens en leur donnant pour valeur le premier son du mot désigné. Par exemple maison se dit « bayt » en langage sémitique : le signe égyptien maison a été utilisé pour le son 'b'.
John Coleman Darnell et al. pensent lire רב (rb : chef, seigneur) au début de la première inscription et אל (El) à la fin de la seconde[1].
Brian Colless a publié une traduction du texte dans laquelle certains des signes sont compris comme des logogrammes (un signe représente un mot) ou des rébus[2],[3] « Excellent (R[’š]) banquet (mšt) pour la célébration (H[illul]) d' `Anat (`nt). le dieu (’El) va fournir (ygš) [H] plein (rb) de vin (wn) et de victuailles (mn) pour la célébration (H[illul]). Nous allons sacrifier (ngt_) pour elle (h) un bœuf (’) et (p) un premier bétail (R[’sh]) que l'on engraisse (mX). » Cette interprétation semble convenir avec les autres inscriptions environnantes.
John Darnell propose un scénario pour expliquer la naissance de cet alphabet et ces inscriptions, des mercenaires asiatiques ('a3mu, sémites) enrôlés dans l'armée sont exposés aux hiéroglyphes. En particulier aux trente signes phonétiques servant à l'écriture des noms étrangers, qui auraient probablement servi à écrire leurs noms. Les soldats sont souvent présents déployés dans le désert, sur de telles routes, ou envoyés dans des expéditions ce qui expliquerait également la présence d'inscriptions similaires à la même époque à Sarabit al-Khadim[1]. Ce qui fournit un milieu propice à la théorie des « noms étrangers » de Benjamin Sass[4].
Dans la ligne verticale, l'on retrouve les signes suivants, indiqués avec le hiéroglyphe qui a probablement servi de modèle, ainsi que la lettre dans notre alphabet latin :
Hieroglyphe d'origine
Lettre de Wadi el hol
Latin
A
G
H
L
M
N
O
R
S
T
Dans la ligne horizontale, l'on retrouve les signes suivants, indiqués avec le hiéroglyphe qui a probablement servi de modèle, ainsi que la lettre dans notre alphabet latin :
↑ a et bJohn Coleman Darnell, F. W. Dobbs-Allsopp, Marilyn Lundberg, P. Kyle McCarter, Bruce Zuckerman, « Two early alphabetic inscriptions from the Wadi el-Hôl: New evidence for the origin of the alphabet from the Western Desert of Egypt », Annual of the American Schools of Oriental Research, Boston, American Schools of Oriental Research, no 59, .
↑Benjamin Sass, « The genesis of the alphabet and its development in the second millenium B.C », Agypten und Altes Testament, Otto Harrassowitz, no 13, .
John Coleman, Darnell, « Wadi el-Hol », UCLA Encyclopedia of Egyptology, Los Angeles, Willeke Wendrich (ed.), (lire en ligne).
Pour les inscriptions
Darnell, John Coleman, F. W. Dobbs-Allsopp, Marilyn Lundberg, P. Kyle McCarter, Bruce Zuckerman, « Two early alphabetic inscriptions from the Wadi el-Hôl: New evidence for the origin of the alphabet from the Western Desert of Egypt », Annual of the American Schools of Oriental Research, Boston, American Schools of Oriental Research, no 59, .