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Al-Bahariya

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Al-Bahariya
(ar) الواحة البحرية
Administration
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Gouvernorat Gizeh
Démographie
Population 32 815 hab.
Géographie
Coordonnées 28° 21′ 00″ nord, 28° 52′ 00″ est
Localisation
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Al-Bahariya
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Al-Bahariya
Carte des principales oasis d’Égypte.
Collines noires entourant l'oasis.

L'oasis d'Al-Bahariya (arabe : الواحة البحرية signifiant l'« oasis du nord ») est l'une des cinq grandes oasis[note 1] du désert occidental en Égypte (altitude cent-vingt-neuf mètres, trois-cent-soixante-cinq kilomètres à l'ouest du Caire) ; c'est la plus petite du désert Libyque mais la plus proche du Caire ; elle est entourée de collines noires composées de quartzite et de dolomite ferrugineux. Al-Bawiti est le plus grand village dans l'oasis de Bahariya avec environ 30 000 habitants.

Il y a aussi les ruines d'un temple construit par Alexandre le Grand à Qasr el-Méguisbeh, au nord-est de l'oasis, lorsque ce conquérant est passé par Bahariya à son retour de l'oracle de Zeus Ammon à Siwa.

Habitée depuis le paléolithique, cette oasis produisait notamment du vin, apprécié par les Égyptiens dès le Moyen Empire.

Vestiges dans la région :

  • quatre villages antiques (dont El Qars et El Bawiti) ;
  • ruine d'un temple de la XXVe dynastie ;
  • chapelle du pharaon Apriès (XXVIe dynastie) ;
  • quatre chapelles décorées de l'époque d'Amasis à Ayn al-Muftillah ;
  • tombes d'époque hellénistique ;
  • reste d'un petit arc de triomphe romain.

Après la conquête musulmane de l'Égypte, Al-Bahariya forme un petit État musulman gouverné par la dynastie Al-Abdun d'origine berbère et dont le territoire couvre les autres oasis à proximité : Al-Kharga, Ad-Dakhla et Al-Farafra. Ce royaume est mentionné dès le VIIIe siècle par Muhammad al-Fazari qui le nomme Amal Wah, signifiant « pays des oasis ». Une brève description par Al-Mas'ûdî au Xe siècle indique que le prince berbère y dirige plusieurs milliers de cavaliers. Un réseau de voie relie les oasis entre-elles, menant d'un côté vers les villes d'Égypte et de l'autre vers Siwa et ce dans le plus vaste réseau du commerce transsaharien[1].

Site archéologique

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Depuis de nombreuses années, Frédéric Colin, dans le cadre d'une mission de l'Institut français d'archéologie orientale, mène des fouilles sur plusieurs secteurs. Le premier se situe à Qaret el-Toub ; il présente l'intérêt d'avoir eu une fréquentation durable (au moins de la XIIIe dynastie jusqu'à l'époque arabe au Xe siècle), diversifiée (cimetières, habitat militaire, secteur d'irrigation et d'exploitation agricole), et d'être établi dans une zone de l'oasis où les vestiges archéologiques sont fortement concentrés[2].

Les fouilles de la nécropole gréco-romaine ont commencé en 1996. Il y a approximativement trente-quatre tombes fouillées[3].

En bordure du village de Bawiti, une immense nécropole de près de deux cents sépultures où reposeraient plus dix mille momies recouvertes de plastrons en or, a été mise au jour en 1999. De ce fait, cette nécropole a été nommée la « vallée des momies dorées ».

En , une mission archéologique égyptienne a mis au jour la momie de Naassa, la femme du gouverneur des oasis sous la XXVIe dynastie, Khensou Iouf Ânkh, dont le tombeau avait été découvert en .

Une momie intacte datant de l’époque saïte de la XXVIe dynastie, a été découverte le . Selon l’équipe archéologique égyptienne l'ayant découvert dans une tombe, le sarcophage resté fermé depuis le moment de l’enterrement, taillé dans de la pierre calcaire, appartiendrait à une « importante personnalité », probablement un membre de la famille du gouverneur de l'oasis. Encore enveloppée de ses bandelettes de lin, la momie renferme des amulettes sacrées et un scarabée de cœur[note 2].

En 2007 une équipe de recherche égypto-tchèque a découvert les restes d'une ville de l'Ancien Empire.

Ville étape

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Dans l'Antiquité, Bahariya n'était qu'une étape pour les caravanes qui voulaient gagner, soit Siwa plus à l'ouest, soit au sud, Al-Farafra puis le groupe des oasis méridionales, Ad-Dakhla et Al-Kharga. Les cinq oasis formaient un bandeau discontinu, parallèle à la vallée du Nil, autant d'étapes sur les grandes routes commerciales.

De nos jours, c'est une étape du rallye des Pharaons.

Paléontologie

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L'oasis est également connu pour abriter la formation de Bahariya, dans lequel furent découvert de nombreux fossiles de dinosaures datant de l'étage Cénomanien du Crétacé supérieur. Parmi les dinosaures découverts figurent notamment les holotypes de Spinosaurus, Bahariasaurus et de Tameryraptor (dont le spécimen fut historiquement classé comme un Carcharodontosaurus avant une réexamination publiée en 2025[4]), tous initialement décrits par le paléontologue allemand Ernst Stromer entre 1915 et 1931. Néanmoins, le matériel fossile récupérés de ces trois taxons furent détruits lors du raid aérien des bombardiers de la British Royal Air Force sur Munich, dans la nuit du 24 au [5],[6],[4]. Des expéditions ultérieures rapportent aussi l'existence de dinosaures supplémentaires tel que le sauropode Paralititan[7] et un grand abélisauridé actuellement non nommé[8].

Notes et références

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  1. Oasis d'Égypte : Al-Bahariya, Al-Dakhla, El Bahreïn, Al-Farafra, Al-Fayoum, Al-Kharga, Selima, Sitra, Siwa.
  2. Les radiographies de la momie ont montré qu'elle renfermait plusieurs amulettes sacrées, notamment le traditionnel scarabée placé à la place du cœur

Références

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  1. Mohamed Ghali El Fassi (dir.), Comité scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique, Histoire générale de l'Afrique : Afrique ancienne, vol. II, UNESCO, , 905 p. (ISBN 92-3-201708-3, lire en ligne), p. 308-309
  2. F. Colin, Chronique. Recherches de terrain en Égypte
  3. Hawass 2000, p. ??
  4. a et b (en) Maximilian Kellermann, Elena Cuesta et Oliver W. M. Rauhut, « Re-evaluation of the Bahariya Formation carcharodontosaurid (Dinosauria: Theropoda) and its implications for allosauroid phylogeny », PLOS ONE, vol. 20, no 1,‎ , e0311096 (PMID 39808629, PMCID 11731741, DOI 10.1371/journal.pone.0311096 Accès libre, Bibcode 2025PLoSO..2011096K).
  5. (en) William Nothdurft et Josh Smith, The Lost Dinosaurs of Egypt, New York, Random House Publishing Group, , 242 p. (ISBN 978-0-37550-795-3, lire en ligne [PDF]), p. 117.
  6. (en) Joshua B. Smith, Matthew C. Lamanna, Helmut Mayr et Kenneth J. Lacovara, « New information regarding the holotype of Spinosaurus aegyptiacus Stromer, 1915 », Journal of Paleontology, vol. 80, no 2,‎ , p. 400-406 (ISSN 0022-3360, DOI 10.1666/0022-3360(2006)080[0400:NIRTHO]2.0.CO;2, S2CID 130989487, lire en ligne Accès libre).
  7. (en) Joshua B. Smith, Matthew C. Lamanna, Kenneth J. Lacovara, Peter Dodson, Jennifer R. Smith, Jason C. Poole, Robert Giegengack et Yousry Attia, « A Giant Sauropod Dinosaur from an Upper Cretaceous Mangrove Deposit in Egypt », Science, vol. 292, no 5522,‎ , p. 1704-1706 (ISSN 0036-8075, PMID 11387472, DOI 10.1126/science.1060561, Bibcode 2001Sci...292.1704S, S2CID 33454060, lire en ligne Accès libre).
  8. (en) Belal S. Salem, Matthew C. Lamanna, Patrick M. O'Connor, Gamal M. El-Qot, Fatma Shaker, Wael A. Thabet, Sanaa El-Sayed et Hesham M. Sallam, « First definitive record of Abelisauridae (Theropoda: Ceratosauria) from the Cretaceous Bahariya Formation, Bahariya Oasis, Western Desert of Egypt », Royal Society Open Science, vol. 9, no 6,‎ , p. 220106 (PMID 35706658, PMCID 9174736, DOI 10.1098/rsos.220106 Accès libre, Bibcode 2022RSOS....920106S).

Bibliographie

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Liens externes

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