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Utilisateur:Sicarov/Brouillon/Chateau de Beaufort

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Localisation[modifier | modifier le code]

Le château de Beaufort est située dans le département français de la Savoie sur la commune de Beaufort, à deux kilomètres au nord-ouest du bourg, au sommet de la colline des Vanches, dominant le confluent du Doron et du Dorinet, à 997 mètres d'altitude.

Il permettait de contrôler la vallée du Doron, dite de Luce (voir ci-après), qui appartient à la petite région naturelle du Beaufortain[1]. Au-delà du massif, ce sont surtout les axes de communication menant vers l'aval à la combe de Savoie et le comté de Savoie, en suivant le cours du Doron, ainsi que les chemins menant « huit cols orientés soit vers la vallée de l'Arly, soit sur la Haute Tarentaise ou le Haut Faucigny »[1]. Cet emplacement en font un enjeu stratégique entre les princes de la maison de Savoie et sires de Faucigny, puis les Guigonides d'Albon, héritiers des Faucigny[1].

Description[modifier | modifier le code]

Le château se compose d'une enceinte haute avec un donjon carré roman, qu'une grande basse-cour, clôturée par les restes d'une grande enceinte, sépare d'un second donjon cylindrique de la fin du XIIIe siècle[2] dressé à l'ouest.

Notre dame des Châteaux, le Plateau des Vanches
Notre dame des Chateaux Les deux tours

Des différents corps de bâtiments qui ont été bâtis, il semble que le plus ancien soit la tour maîtresse carrée romane du XIIe siècle[3]. Celle-ci aurait été élevée par un descendant de Bernard de Beaufort, son fils ou petit-fils, au XIe siècle. Elle mesure 7 mètres de côté pour une hauteur de 25 mètres. Elle est divisée en trois niveaux. Les étages sont desservis par une échelle de meunier aménagé dans l'épaisseur des murs. Elle s'éclaire, sur sa face est, par une fenêtre haute de 2,50 mètres.

Le corps de logis rectangulaire, adossé au donjon, date du XVIe siècle, sur sa façade nord on peut voir en saillie les restes d'une demi-tour ronde. Ce serait l'une des sept tours qui flanquaient le rempart. Il subsiste également des vestiges de la porte romane de la première enceinte.

La tour de l'ouest et la tour de l'est sont sans doute l'œuvre de Béatrice de Faucigny ; érigées entre 1282 et 1305[4].

Celle de l'ouest est la mieux conservée. Elle mesure 3 mètres de diamètre hors œuvre et à une hauteur de 25 mètres. Ses murs sont épais de 3,50 mètres. Elle devait avoir cinq niveaux ; le premier, la salle basse haute de 6 mètres, est aveugle et l'on y accède par un trou ovale de 0,50 × 0,60 mètre aménagé dans sa voûte. L'accès à cette tour se fait au deuxième étage par une porte situé côté sud à 8–9 mètres de haut.

La tour ronde de l'est, bâti à l'à-pic, ne mesure plus que de 8 à 12 mètres, assez délabrée, elle fut frappée, en 1730[4],[5], par la foudre. Elle est érigée sur un à-pic du côté du Dorinet.

Selon Jean Mesqui[3], nous serions en présence de deux châteaux rivaux, comme à Allinges. Le premier, composé de la tour maîtresse carrée, attenant au corps de logis et à la chapelle, le second, composé de la tour maîtresse circulaire du XIIIe siècle.

Historique[modifier | modifier le code]

Château seigneurial (923-1246)[modifier | modifier le code]

L'origine du château de Beaufort est fort ancienne, de même que la famille de Beaufort. En ces lieux, il y aurait eu à l'époque gallo-romaine une villa, « Villa Lucia », du nom de son propriétaire Lucius, qui donna son nom à la vallée du Doron. La vallée porta longtemps le nom de « vallée de Luce »[6].

Le premier représentant connu de cette famille est attesté, vers 923, avec Bernard de Beaufort[7]. Il aurait chassé les Sarrasins de la vallée[7], vers 942, notamment au soutien de la Vierge[8]. Un de ses descendants dresse, au sommet de la colline, une enceinte de bois et de pierre avec une tour carrée, qui donnera place à des remparts flanqués de sept tours. La famille de Beaufort est alors vassale des sires de Faucigny.

Une chapelle aurait été érigée par Bernard de Beaufort à la suite d'un vœu (voir ci dessous la légende du vœu face au Sarazin), au nord-est du château, sur un plateau inférieur. Elle renfermait une vieille statue en bois de la Vierge et fut un lieu de pèlerinage pour les habitants de la vallée.

Possession faucignerande, puis dauphinoise (1246-1287)[modifier | modifier le code]

À la mort de Guillaume de Beaufort, survenu vers 1246[4],[5], ses biens sont partagés entre ses fils. L'aîné, Guillaume, reçoit le château et ses dépendances, Pierre se fait construire une nouvelle maison forte aux Outards. Dans le besoin, lui et son frère contractent en 1261, auprès de Pierre II de Savoie un emprunt de 1 500 livres mettant leur château en gagerie[Note 1],[10]. Le comte y applique la même gestion que dans ses domaines et installe un châtelain au château[11].

Le comte meurt sept ans plus tard, sa fille, la Béatrix surnommé la Grande Dauphine[12], hérite de ses droits. Le châtelain mis en place par son père est maintenu[11]. En 1271, le seigneur Guillaume, n'ayant pu honorer la dette, cède le château à Béatrix de Faucigny pour la somme de 1 525 livres[4],[10]. Toutefois un litige l'oppose aux « agnats » de Guillaume de Beaufort et se solde par deux accords en 1282, puis 1288 en faveur de la Dauphine[10]. Au cours de la période (1270-1287), le château est occupé par la force par Pierre de Beaufort[11]. Les héritiers de Beaufort lui font finalement allégeance avec l'ensemble des vassaux du Beaufortain le [10].

Béatrix de Faucigny installe à nouveau un châtelain, ainsi qu'une garnison et complète les défenses du château ; elle serait à l'origine des deux tours rondes construites respectivement à l'est et à l'ouest.

Guerre delphino-savoyarde (1287-1360)[modifier | modifier le code]

Au cours du conflit qui oppose le Dauphin aux Savoie, entre 1285 et 1355, le comte de Savoie Amédée V s'empare du château, vers 1304, « soit par la force, soit appelé par les anciens seigneurs » selon Bernard Ducretet[13]. Elle semble se poursuivre, selon les documents, au-delà de 1307[14]. Le traité de Montmélian () permet le retour du château et du mandement aux Dauphinois[14]. L'alliance entre les deux familles doit être scellée par le mariage de Hugues Dauphin, baron de Faucigny, et Marie Catherine de Savoie, fille du comte, en septembre 1309[14]. Toutefois, les courses et chevauchées se poursuivent dans le Beaufortain et ses marges en contact avec le comte de Savoie[14].

Le château est cédé, avec les États du Faucigny, le (ancien style), au roi Jean le Bon. Le mois d' voit l'armée du dauphin être défaite aux Abrets[14]. L'année suivante, le traité de Paris est signé et le Faucigny, tout comme le château, passe à la maison de Savoie[14]. Cet accord est vu d'un mauvais œil par les assemblées de paysans qui pensent que les franchises obtenue en 1349 soient abolies[14],[15]. Soutenus par les châtelains, ils se soulèvent donc contre leur nouveau suzerain[14],[15]. Les troupes savoyardes doivent intervenir à trois occasions pour que le Beaufortain soit soumis[15]. La troisième chevauchée avait appliqué comme stratégie l'encerclement de la vallée[15]. Une nouvelle charte est adoptée, reprenant celles de la Grande Dauphine et des Dauphins[15]. Humbert V de Chevron devient le nouveau châtelain, tandis que les anciens châtelains, Thomas et Robert de Menthon, instigateurs de la révolte, sont très probablement en fuite[15].

Entrée dans le domaine savoyard (1360-1536)[modifier | modifier le code]

Jacques d'Achaïe en est apanagé par son cousin Amédée VI de Savoie de 1360 à 1363[5]. Le château est de nouveau apanagé avec le Faucigny et le Genevois par le duc Louis Ier de Savoie à ses fils, Louis de Savoie de 1460 à 1482, puis à Janus de 1482 à 1491[5].

En 1514[4],[5], il est donné, toujours avec le Faucigny et le Genevois, par le duc Charles III de Savoie à son frère Philippe de Savoie-Nemours. Ce dernier donne naissance à la branche des Genevois-Nemours.

Cette branche éteinte, l'apanage fait retour, en 1659[4],[5], au duc Charles-Emmanuel II de Savoie qui inféode les terres, en 1662[4],[5], à François-Joseph Vicardel, marquis de Fleury, gendre d'Antoine de Beaufort. La famille de Fleury verra ses terres érigées en marquisat et les gardera jusqu'en 1771[5].

Période dominicaine (1536-1793)[modifier | modifier le code]

Le château à cette époque n'appartenait plus aux seigneurs du lieu car il avait été donné en 1536[4],[5], par le duc Jacques de Savoie-Nemours, à des religieuses dominicaines, chassé de Genève par la Réforme. Elles y restèrent deux ans, desservant la chapelle du château sous le vocable de Notre-Dame du Puy, aujourd'hui Notre-Dame des Châteaux.

Notre dame des Chateaux Chapelle et tour
Notre dame des Châteaux La vierge

Les religieuses furent remplacées par les dominicains d'Annecy qui l'achetèrent, en 1580[4],[5], au duc Jacques de Savoie-Nemours, en échange d'un bien situé à Annecy. Ces derniers restèrent à Beaufort plus de deux siècles, érigèrent une nouvelle chapelle accolée à l'ancien corps de logis du château et y transférèrent la vénérable statue.

À la Révolution, après avoir subi de graves dégâts, le château déclaré bien national en 1793 est vendu, [4],[5], à une riche famille de fermier du pays. En 1815, Claude Bal, ancien bénédictin de Bellevaux dans les Bauges, rachète le biens pour lui redonner sa destination religieuse, mais doit le vendre à un prix fictif de 2000 frs à un notaire de Beaufort, Ambroise Blanc avec la promesse de réalisé son rêve[16].

Période missionnaires et assomptionnistes (1837-De nos jours)[modifier | modifier le code]

Il est acheté, en 1837[4],[5], par le révérend Antoine Martinet, fondateur de la Société des Missionnaires Diocésains, qui restaure la chapelle en 1845[4],[5].

En 1870[4],[5], le site est acquis par la Congrégation des Augustins de l'Assomption qui y fait édifier un nouveau bâtiment à usage d'alumnat, établissement destiné à former des prêtres et des missionnaires. Ce dernier fonctionnera jusqu'à la séparation de l'Église et de l'État. Racheté en 1937[4],[5] par une autre communauté, il sert alors de maison de repos pour les Pères et de centre de vacances.

  1. a b et c Ducretet 1990, p. 31.
  2. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 120.
  3. a et b Jean Mesqui 1997, p. 475.
  4. a b c d e f g h i j k l m et n Michèle Brocard 1995, p. 53-55.
  5. a b c d e f g h i j k l m n et o Georges Chapier 2005, p. 110-115.
  6. Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé, (réimpr. 2004, 2021) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 228..
  7. a et b Garin 1939, p. 30.
  8. Viallet 1993, p. 26.
  9. André Perret, Les institutions dans l'ancienne Savoie : Du onzième au seizième siècle, Chambéry, Conseil départemental d'animation culturelle, , 87 p. (ASIN B0007AXLD6, lire en ligne [PDF]), p. 31, « La seigneurie et la gagerie ».
  10. a b c et d Ducretet 1990, p. 32.
  11. a b et c Ducretet 1990, p. 33.
  12. Abbé Hudry Secrétariat perpétuel de l'Académie de Val d'Isére, Président des amis du vieux Conflant (ill. Zago Filliol), Notre Dame des Chateaux, Edouard Aimoz, 18 p. Introduction
  13. Ducretet 1990, p. 36.
  14. a b c d e f g et h Ducretet 1990, p. 37.
  15. a b c d e et f Ducretet 1990, p. 38.
  16. Abbé Hudry Secrétariat perpétuel de l'Académie de Val d'Isére, Président des amis du vieux Conflant (ill. Zago Filliol), Notre Dame des Chateaux, Edouard Aimoz, 18 p. page 10


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