Socrate (Satie)

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Socrate
Image illustrative de l’article Socrate (Satie)

Genre Drame symphonique avec voix
Nb. de mouvements 3
Musique Erik Satie
Durée approximative ca. 33 min
Dates de composition 1917-1918

Socrate est une œuvre pour chant et piano ou orchestre d'Erik Satie composée en 1917-1918.

Présentation[modifier | modifier le code]

Socrate est un drame symphonique avec voix d'Erik Satie composé à la demande en 1916 de la Princesse de Polignac[1], celle-ci désirant une pièce musicale pour accompagner la lecture de textes philosophiques[2]. Satie s'attelle à la composition de l’œuvre en 1917 et 1918[1] et livre une version avec piano et une avec orchestre[1], non sans modifier la commande en créant une partie pour voix et en la consacrant uniquement à Socrate, avec des extraits de textes de Platon.

Elle comporte trois mouvements[2] :

  • Portrait de Socrate : texte extrait du Banquet
  • Sur les bords de l'Illissus : extraits du Phèdre
  • La Mort de Socrate : texte extrait du Phédon.

Satie a choisi les traductions en français de Victor Cousin[3], qu'il a modifiées légèrement.

La version pour piano a été créée en par Satie et la mezzo-soprano Jane Bathori dans le salon de la princesse de Polignac[2].

La version pour orchestre, représentée pour la première fois le [1], fut considérée par le public comme une plaisanterie, pour la plus grande mortification de Satie.

Henry Prunières qualifie la partition d’œuvre « en tout cas originale, spontanée, sincère, exempte de tout pédantisme, de toute affectation », et souligne que « Socrate va troubler ceux qui ne voient, en son auteur, qu'un humoriste, un Alphonse Allais de la musique, sans pressentir la portée de ses créations [...] Qu'une telle musique ne soit pas un instant monotone, ni languissante, c'est le miracle [...] Spectacle bien rare que celui d'un artiste créant son chef-d'œuvre à cinquante ans passés ! »[3].

L'orchestre est très réduit pour proposer, selon Charles Koechlin, « rien de heurté ni d'agressif, et souvent une grande douceur. Les contrepoints ressortent sans disparate et les ombres, comme sur l'Acropole, restent claires — jamais opaques ni pesantes[4] ».

Instrumentation de Socrate
Bois
1 flûte, 1 hautbois, 1 cor anglais, 1 clarinette
Cuivres
1 cor, 1 trompette
Percussions
Timbales
Instrument à cordes pincées
Harpe
Cordes
Premiers violons, seconds violons,
altos, violoncelles, contrebasses
en petit nombre

Postérité[modifier | modifier le code]

John Cage a transcrit en 1944 la musique de Socrate pour deux pianos[5]. Sa pièce de 1969, Cheap Imitation est également basée sur Socrate. Elle était destinée à accompagner une chorégraphie de Merce Cunningham, Second Hand[6].

Le peintre belge Jan Cox (1919-1980) a réalisé deux tableaux sur la mort de Socrate (1952 et 1979) renvoyant à la pièce de Satie : un fragment de la partition de Socrate est collé sur un des tableaux ; le cadre de l'autre porte des citations de la traduction de Victor Cousin.

Le chorégraphe américain Mark Morris a créé en 1983 une pièce de danse sur le troisième mouvement de l'œuvre de Satie, La Mort de Socrate. Il a plus tard chorégraphié la totalité de l'œuvre, qui a été créée en 2010 (costumes de Martin Pakledinaz, lumières et décor de Michael Chybowski)[7].

Hommages[modifier | modifier le code]

Discographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Pietro Dossena, « À la recherche du vrai Socrate », Journal of the Royal Musical Association, vol. 133, no 1,‎ , p. 1–31 (ISSN 0269-0403, lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c Clémence Lengagne, « Erik Satie, Socrate ou la transmission du souvenir », sur France Musique, (consulté le )
  3. a et b Henry Prunières, « Erik Satie », La Nouvelle Revue Française,‎ , p. 605–608 (lire en ligne, consulté le )
  4. Koechlin 1959, p. 255.
  5. « Arrangement of ‘Socrate’ (Erik Satie), John Cage », sur brahms.ircam.fr (consulté le )
  6. (en) UbuWeb Sound:John Cage - Cheap Imitation (1977)
  7. Alice Miller Cotter, « Socrates: Mark Morris on Death and Dying », Dance Research: The Journal of the Society for Dance Research, vol. 32, no 1,‎ , p. 1–22 (ISSN 0264-2875, lire en ligne, consulté le )
  8. Rey 1974, p. 103.
  9. Volta 1979, p. 67.
  10. Rey 1974, p. 109.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

  • René Dumesnil, La musique contemporaine en France, t. I, Paris, Armand Colin, , 218 p. (OCLC 463860084)
  • Antoine Goléa, La musique, de la nuit des temps aux aurores nouvelles, Paris, Alphonse Leduc et Cie, , 954 p. (ISBN 2-85689-001-6)
  • Vladimir Jankélévitch, La Musique et l'ineffable, Paris, Seuil, , 194 p. (ISBN 2-02-006450-2)
  • Charles Koechlin, Traité de l'orchestration, vol. 2, Paris, Éditions Max Eschig, , 443 p.
  • Charles Koechlin, Traité de l'orchestration, vol. 4, Paris, Éditions Max Eschig, , 411 p.
  • Paul Pittion, La Musique et son histoire : tome II — de Beethoven à nos jours, Paris, Éditions Ouvrières, , 574 p.

Monographies[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]