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Scission du Luxembourg

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La scission du Luxembourg, formalisée par le troisième traité de Londres le , désigne la séparation du Grand-duché de Luxembourg en deux parties : l'une revenant à la Belgique (la province de Luxembourg) et l'autre rendue à la monarchie néerlandaise de la maison d'Orange-Nassau, qui dispose de ce territoire à titre personnel et héréditaire depuis le congrès de Vienne de 1815. Ces terres formant une union personnelle avec les Pays-Bas : Guillaume Ier étant, à l'époque, à la fois grand-duc de Luxembourg et roi des Pays-Bas.

Cette scission prend ses racines après la révolution belge lorsque, le , le gouvernement provisoire de Belgique proclame unilatéralement l'annexion de l’ensemble du Grand-duché au nouvel état fraichement indépendant du Royaume uni des Pays-Bas[1]. Un premier traité fut d'abord signé par les puissances européennes, réunies lors de la conférence de Londres, à l'exception notable des Pays-Bas. Celui-ci reconnaissait les frontières de la Belgique telles que déclarées lors de son indépendance, mais laissaient toutefois la « question du Luxembourg » à des négociations ultérieures[2] entre le futur roi des Belges, celui des Pays-Bas et la confédération germanique, dont le Grand-duché était un état membre. Cependant, la guerre belgo-néerlandaise décrédibilisant la jeune Belgique, un deuxième traité fut signé à Londres, dans lequel les puissances organisaient en réagencement territorial et le partage du Luxembourg selon une frontière qui demeure encore aujourd’hui la frontière entre la Belgique et le Luxembourg. Mais, une nouvelle fois, Guillaume Ier refusa de le ratifier, espérant toujours reconquérir ses terres. Il fallut attendre 1839 et le troisième traité pour que la scission s’opère de facto selon terme établis huit années auparavant.

La scission du Luxembourg a pour particularité d'être opérée sur base de critères linguistiques : la partie occidentale, de langues romanes revenant à la Belgique, tandis que la partie orientale, de langues germaniques, demeurant luxembourgeoise, à l'exception notable du Pays d'Arlon, pourtant de patois luxembourgeois, mais rattaché à la Belgique pour des raisons politiques. Après neuf siècles de vie commune, le peuple de l'ancien comté puis duché de Luxembourg est donc séparé, malgré de vives débats au parlement belge.

Elle s'opéra en même temps que la scission du Limbourg, dont une partie fut rendue aux Pays-Bas, amputant le territoire belge des 2 209,22 km2 de ce qui deviendra plus tard la province néerlandaise du Limbourg et des 2 586,4 km2 de l'état indépendant du Luxembourg tel qu'il existe aujourd'hui, ce inclus la forteresse de Luxembourg qui joua un rôle majeur dans les négociations.

Contexte[modifier | modifier le code]

Formation d'un « Grand-duché »[modifier | modifier le code]

Le Grand-duché de Luxembourg formait une union personnelle avec le Royaume uni des Pays-Bas de Guillaume Ier d'Ornage-Nassau.

La formation territoriale du Luxembourg d'avant sa scission, date de l'annexion française à la première république en 1795. En effet, c'est à ce moment qu'est créé le département des Forêts, qui voit ses frontières basées sur celles de l'ancien duché de Luxembourg, amputées de certains territoires à l'est de la Moselle, de l'Our et de la Sûre, mais agrémentées de ceux de l'ancienne République bouillonnaise. Dès 1802, le département est divisée en quatre arrondissements et en vingt-huit cantons.

A la fin des guerres napoléoniennes et du Premier Empire, les puissances européennes victorieuses déclarent les anciens territoires annexés par la France « vacants ». Afin de déterminer l'attribution de ces terres et de redessiner les cartes de l'Europe, les vainqueurs (et la France) se réunissent lors du congrès de Vienne dès 1814. Légitimement, les anciens Pays-Bas autrichiens (y compris le duché de Luxembourg) reviennent à la maison de Habsbourg[3]. Mais ces derniers, peu soucieux de récupérer des terres trop éloignées de leur capitale, Vienne, s’empressent de les négocier contre la Vénétie et la Lombardie, contigus à l’empire d'Autriche sur lequel ils règnent.

Les puissances souhaitant disposer d'un rempart contre les éventuelles nouvelles ambitions expansionnistes françaises[4], décident de créer un nouvel état, « tampon » entre la France et la Prusse. C'est ainsi que, le , le royaume uni des Pays-Bas voit le jour avec, comme souverain, Guillaume Ier de la maison d'Orange-Nassau. En plus de ce royaume, Guillaume reçoit de nouveaux territoires à titre personnel en échange de la cession à la Prusse des principautés d'Orange-Nassau, situées près de Coblence. Ces nouvelles possessions, situées directement au sud de son royaume, sont réunies sous la forme d'un grand-duché : le grand-duché de Luxembourg. Celui-ci est également rattaché à la confédération germanique, ce qui permet notamment à la Prusse d'obtenir le droit maintenir une garnison de son armée dans la forteresse de Luxembourg, qui est alors une place forte stratégique essentielle. Guillaume 1er devient donc grand-duc du Luxembourg et roi des Pays-Bas, les deux territoires formant alors une union personnelle.

La délimitation territoriale du nouveau Grand-duché se fit sur base du département des Forêts, mais avec plusieurs modifications notables. D'une part sur la frontière orientale, où plusieurs territoires furent accordés au Grand-duché du Bas-Rhin, selon l'article 25 du congrès de Vienne signé le [5] qui formalise les frontières du royaume de Prusse et ce qui est, encore aujourd'hui, la frontière entre l'Allemagne et le Luxembourg. D'autre part, des ajouts furent réalisés dans la partie occidentale, en provenance de l'ancien département de Sambre-et-Meuse (arrondissement de Marche-en-Famenne et arrondissement de Saint-Hubert).

Le Grand-duché de Luxembourg est alors un territoire d'environ 7 000 km2 peuplé par 300 000 habitants, où la langue officielle est le néerlandais mais où deux grands types de dialectes sont parlés : les patois wallons et lorrains, dans la partie francophone à l'ouest, ainsi que les patois luxembourgeois et allemands dans la partie germanophone, à l'est. La langue véhiculaire de la bourgeoisie demeure toutefois le français.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Causes[modifier | modifier le code]

Conséquences[modifier | modifier le code]

Traces et liens actuels[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Le Palais provincial luxembourgeois. », sur gouverneur-luxembourg.be .
  2. « Protocole du 20 janvier 1831 et Projet de traité du 26 juin 1831 (traité des XVIII articles). », sur mjp.univ-perp.fr.
  3. Jean-Marie Kreins, La genèse de l'état. La dynastie Orange-Nassau (1815-1890), Presses universitaires de France., (ISBN 2130583571), Chapitre IV
  4. « Le royaume uni des Pays-Bas (1815-1830). », sur connaitrelawallonie.be.
  5. « Acte final du Congrès de Vienne », sur mjp.univ-perp.fr.