Rue de Belleville

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19e, 20e arrts
Rue de Belleville
Voir la photo.
Rue de Belleville en 2010.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 19e
20e
Quartiers Belleville
Saint-Fargeau
Amérique
Début 2, boulevard de la Villette et 132, boulevard de Belleville
Fin 1, boulevard Sérurier et 261, avenue Gambetta
Morphologie
Longueur 2 250 m
Largeur Entre 11 et 24 m
Historique
Dénomination
Ancien nom Rue de Paris
Rue du Parc
Géocodification
Ville de Paris 0829
DGI 0833
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue de Belleville
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La rue de Belleville est une voie située à la limite des 19e (numéros impairs) et 20e (numéros pairs) arrondissements de Paris.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Plaque et inscription.

Elle constitue le centre du quartier de Belleville. Elle était l'une des principales rues de l'ancien village de Belleville, commune du département de la Seine annexée par Paris en 1860.

La rue de Belleville est desservie par les lignes 2 et 11 à la station Belleville, 11 aux stations Pyrénées, Jourdain et Télégraphe, 3 bis et 11 à la station Porte des Lilas.

La rue de Belleville ne dessert pas la station Place des Fêtes sur les lignes 7 bis et 11, le tracé souterrain de cette ligne 11 entre Jourdain et Télégraphe étant incurvé vers le nord en tréfonds d'immeubles.

Panneau Histoire de Paris
« Belleville ».
Le tramway funiculaire de Belleville de 1891 à 1924.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Cette voie était la principale rue de l'ancien village de Belleville.

Historique[modifier | modifier le code]

Principale rue de l'ancien village de Belleville, qui tient son nom de la déformation du terme « Belle vue », Belleville étant avant son intégration dans Paris la colline la plus haute de la banlieue de la capitale, devant celle de Montmartre.

À la suite de l'agrandissement du fief du Mesnil Mautemps (Ménilmontant) de 12 arpents (4 hectares) au nord du chemin de Belleville à Romainville au cours du XVIIe siècle, la voie qui reliait directement Paris à Romainville est détournée pour contourner le mur d'enceinte du parc de Ménilmontant à l'emplacement de l'actuelle rue de Romainville[1]. Ce contour est visible sur le plan Roussel de 1738. Après l'aliénation de ce parc à la fin du XVIIIe siècle, un chemin direct visible sur le cadastre de Belleville de 1812 est tracé sur ce territoire. Ce chemin est transformé en rue au cours des premières décennies du XIXe siècle sous le nom de « rue du Parc » dans la commune de Belleville.

La partie entre le croisement avec la rue du Télégraphe et le boulevard de Belleville était nommée « rue de Paris » avant l'intégration de Belleville à la ville de Paris en 1860[2]

Situé à la hauteur de l'actuel métro Belleville, le mur des Fermiers généraux séparait en haut de la rue du Faubourg-du-Temple la basse Courtille, dans Paris, de la haute Courtille hors Paris. Cette dernière, située au bas de l'actuelle rue de Belleville, était simplement connue comme la Courtille. C'était un très célèbre lieu de distractions parisien. On venait y boire et manger moins cher qu'à Paris, car dans des établissements ne payant pas les droits de douane de l'octroi parisien.

Ce phénomène existait également aux autres barrières de Paris. La Courtille était le plus réputé de tous ces lieux de plaisirs par le nombre et la qualité de ses cabarets, ce qui fait que des goguettes de la banlieue de Paris s'étaient installées à la Courtille et dans ses environs.

En 1830, un ouvrage anonyme en mentionne deux au village de Belleville et quatre à la Courtille[3] :

  • la Société d'Anacréon, chez Royer, à Belleville ;
  • les Écureuils, chez Desnoyez, à la Courtille ;
  • les Troubadours, à Belleville ;
  • les Amis des Dames, à la Courtille ;
  • les Soutiens de Momus, à la Courtille ;
  • la Goguette, chez Dormois, à la Courtille.

Durant une quarantaine d'années, à partir de 1822, la rue de Belleville fut le théâtre d'un événement majeur du Carnaval de Paris : la célèbre parade carnavalesque de la descente de la Courtille le matin du mercredi des Cendres. Elle entrait dans Paris et se poursuivait jusqu'à la Seine. Quand Paris absorba la Courtille avec le village de Belleville en s'étendant en janvier 1860, la parade cessa progressivement. Les prix pratiqués à la Courtille et grevés de l'octroi n'étant plus attirants pour le public parisien, ce haut lieu des réjouissances parisiennes finit par disparaître.

Le 30 janvier 1918, durant la Première Guerre mondiale, le no 296 rue de Belleville est touché lors d'un raid effectué par des avions allemands[4].
Le 9 juin 1918, un obus lancé par la Grosse Bertha explose rue de Belleville[5].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

  • No 8 : ancienne salle de spectacle, Les Folies-Belleville[11].
  • No 17 : avant 1972 s’ouvrait sous l’immeuble du n°17 le passage Kuszner, qui reliait la rue de Belleville à la rue de Rébeval (à hauteur du numéro 28). Après la démolition reconstruction de cette partie de l’îlot insalubre numéro sept, le passage Kuszner a été remplacé par la rue Jules-Romains.
  • No 29 : une plaque indique : « Ici fut arrêté par la police vichyste en 1941, Robert Houvin, mort en déportation » (Auschwitz).
  • No 42 : ancien cinéma Paradis-Aubert-Palace[12]
  • No 46 : entrée de la cour Lesage au fond de laquelle se trouvait le théâtre de Belleville.
  • No 50 : en 1896 se trouvait là la Maison Berger, siège social de la société musicale bigophonique, le Hanneton Légumivore[13].
  • No 72 : lieu d'habitation des parents d'Édith Piaf[14]. Une plaque marque l'endroit sur les marches où est légendairement née le la chanteuse[15],[6],[7],[8],[9],[10].
  • No 85 : une plaque rappelle l'emplacement de l'atelier de Maurice Arnoult, artisan bottier de Belleville et Juste parmi les nations[16]
  • No 92 : entrée de la Cour de la Métairie.
  • No 97 : deux machines à vapeur de 50 chevaux alimentaient la poulie du câble du tramway funiculaire de Belleville[17].
  • No 105 : emplacement d'un des ateliers du photographe Charles Gallot (1838-1919) à la fin du XIXe siècle[18].
  • No 117 : cet ensemble de logements sociaux a été réalisé en 1904 sur un terrain précédemment réservé par la ville pour un projet avorté de gare souterraine de la ligne de Petite Ceinture[19] par Nénot, architecte-conseil, Rey et Provensal, chargés des dessins et études, Demierre chargé des travaux. Avec celui de la rue Popincourt, c'est le premier achevé par la fondation Rothschild. C'est le premier ensemble HBM qui adopte à Paris le principe de la cour ouverte. Il bénéficie de l'application des nouvelles théories hygiénistes en particulier de celles d'Augustin Rey. Œuvre marquante pour l'histoire et l'architecture du logement social à Paris, il est construit en brique pour l'ensemble des parties droites des murs et sur cour, pierre de taille dans les angles.
  • No 139 : église Saint-Jean-Baptiste de Belleville.
  • No 143 : ici se trouvait dans les années 2000 une plaque commémorative fantaisiste : « Karima BENTIFFA / Fonctionnaire / A VECU DANS CET IMMEUBLE / de 1984 à 1989 »[20].
  • No 146 : le cinéma Le Féerique a été remplacé par un supermarché dans les années 1970. Son destin a inspiré Eddy Mitchell, qui vécut dans le quartier, pour sa chanson La Dernière Séance.
  • No 151 : Cité du Palais-Royal-de-Belleville. Après l'entrée privative de l'immeuble, derrière deux cours, la Cité du Palais- Royal-de-Belleville est une voie privée qui s'étend jusqu'au no 160 rue des Solitaires. Son nom proviendrait de décors du Palais Royal qui y auraient été entreposés[21].

Les lavoirs de la rue de Belleville[modifier | modifier le code]

La rue comptait jadis au moins trois lavoirs. Ils sont mentionnés en 1887 dans le compte-rendu de la fête de la Mi-Carême, publié dans Le Petit Journal[22] :

  • no 15 : lavoir de l'Espérance.
  • no 32 : lavoir Ancien (du nom de son propriétaire).
  • no 43 : lavoir Sainte-Catherine.
  • no  à déterminer : lavoir Saint-Jean.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Clément Lépidis et Emmanuel Jacomin, Belleville, Paris, Henry Veyrier, , 350 p. (ISBN 2 85199 679 7), p. 210
  2. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, p. 172-176.
  3. Promenade à tous les bals publics de Paris, barrières et guinguettes de cette capitale, ou revue historique et descriptive de ces lieux par M. R***, habitué de toutes les sociétés dansantes de Paris et des barrières, Paris, Terry jeune, Libraire, 1830, p. 278 à 281 (Bibliothèque nationale de France : RES. 8°Li159). Voir la liste complète reproduite dans Wikipédia.
  4. Exelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute
  5. [bpt6k4605797h/f6.item lire en ligne] sur Gallica.
  6. a et b Acte no 2431 du à l'État civil de Paris : infirmière Jeanne Groize, médecin Jules Delfleur, interne Jacques Goviet. Voir P. Pernez ; R. Belleret ; C. Fleouter, op. cit..
  7. a et b Robert Belleret, Piaf, un mythe français, Fayard, , 500 p. (ISBN 978-2-213-67030-0, lire en ligne).
  8. a et b Pierre Duclos et Georges Martin, Piaf, Éditions du Seuil, 1995, 544 pages. (ISBN 2-0202-3916-7).
  9. a et b Albert Bensoussan, Edith Piaf, Éditions Gallimard, , 226 p. (ISBN 978-2-07-247712-6, lire en ligne).
  10. a et b « Édith Piaf, morte voici 50 ans, garde ses mystères », sur lanouvellerepublique.fr, (consulté le ).
  11. « Story Map Shortlist », sur capgeo.sig.paris.fr (consulté le )
  12. Cinémagazine, 3 septembre 1926.
  13. La société bigophonique le Hanneton Légumivore joue sur des bigophones en formes de légumes qui sont exposés dans son local au 50, rue de Belleville. Voir l'article « Paris le soir », paru dans L'Écho des jeunes, 15 novembre 1896, p. 219, 1re colonne. Voir l'article reproduit sur la base Commons. Par la suite, cette société se fait appeler simplement le Hanneton.
  14. Naissance Paris 20e, 11 décembre 1915 (acte n° 2372)-29 décembre 1915 (acte n° 2499), cote 20N302, page 10/22 acte N°2431
  15. Il est plus vraisemblable que sa mère, Anita Gassion, ait connu les premières contractions en sortant de l'immeuble et avéré qu'elle ait accouché à l'hôpital Tenon (2 rue de la Chine), in Adresses parisiennes de légende, Lévi Fernandes, The BookEdition.com, p. 78.
  16. « Maurice Arnoult », sur maurice-arnoult.fr.
  17. Patrick Bezzolato, « Le funiculaire de Belleville », sur des-gens.net (consulté le ).
  18. « Gallot - Paris » sur laphotoduxix.canalblog.com.
  19. « Projet non concrétisé de gares souterraines sur la Petite Ceinture ferroviaire », article du 16 août 2011, sur petiteceinture.org, consulté le 1er septembre 2015.
  20. « Epigraphie immobilière parisienne » (consulté le ).
  21. Caroline Hauer, « La cité du palais royal : un secret », sur /www.parisladouce.com (consulté le ).
  22. Article « La Mi-Carême », Le Petit Journal, p. 2, 4e colonne.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Thibault Amorfini, Monsieur Belleville, L'Œil d'or, Paris, 2014.
  • Chroniques du Paris apache. Casque d'or, Mémoires. Eugène Corsy, La Médaille de mort, Mercure de France, coll. « Le temps retrouvé », 2013, 256 p. (ISBN 978-2715233744).
  • Thierry Jonquet, Jours tranquilles à Belleville, Gallimard, 2003.
  • Thierry Jonquet, La Vie de ma mère !, Gallimard, coll. « Série Noire », 1994.
  • Joseph Bialot, Belleville Blues, Autrement, 2005.
  • Pierre Monnot, « Rêveries sur le funiculaire de Belleville », Chemins de fer régionaux et tramways, vol. 2010-5, no 341,‎ , p. 10-15 (ISSN 1141-7447).
  • Patrick Pécherot, Belleville Barcelone, Gallimard, 2003.
  • Daniel Pennac, La Saga Malaussène, Gallimard.
    • Au bonheur des ogres (1985)
    • La Fée Carabine (1987)
    • La Petite Marchande de prose (1989)
    • Monsieur Malaussène (1995)
    • Monsieur Malaussène au théâtre (1996)
    • Des chrétiens et des maures (1996)
    • Aux fruits de la passion (1999)

Articles connexes[modifier | modifier le code]