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Semblable par ses paysages à la Bourgogne française, et par ses vignes au Beaujolais, la Moldavie est la partie orientale de l'ancienne principauté de Moldavie (XIVe siècle-XIXe siècle), vassale de la « Sublime porte » (XVIe siècle-XIXe siècle), que le Traité de Bucarest (1812) a scindée en deux. La partie occidentale, restée autonome, a formé la Roumanie en s'unissant en 1856 à la Valachie. La partie orientale, rattachée à l'empire des Tzars sous les auspices d'un français, Louis de Langeron, a été alors appelée « Bessarabie » et est devenue multiethnique : c'est la matrice de l'actuelle République, qui n'inclut cependant pas toute la « Bessarabie ».

La Moldavie est membre de la CEI, qui a succédé à l'URSS. Une partie du pays, la Transnistrie, où les slaves sont majoritaires, n'a d'ailleurs pas souhaité se détacher de l'URSS lorsque la Moldavie a proclamé son indépendance, mais lorsque l'Union s'est effondrée, la Transnistrie s'est elle aussi déclarée indépendante (de la Moldavie, cette fois) et continue d'utiliser les symboles soviétiques et d'écrire en caractères cyrilliques non seulement le russe et l'ukrainien, mais aussi le roumain/moldave.

La Moldavie est comparable à la Belgique par sa taille (33 843 km2), son relief peu élevé (430m au point culminant) par son multi-linguisme et par le fait que les langues sont aussi parlées dans les pays voisins. Sa structure politique aussi, avec des unités territoriales autonomes aux langues officielles différentes et tentées par le séparatisme, présente des similitudes avec la Belgique, et génère de semblables difficultés et compromis politiques.

Mais la Belgique n'a connu que huit ans de dictature durant les cent dernières années (les deux périodes d'occupation allemande des deux guerres mondiales) et ne subit pas de pressions géopolitiques extérieures entravant son développement, alors que la Moldavie a connu plus d'un demi-siècle de régimes totalitaires successivement fasciste puis communiste stalinien, avec des génocides[1] et déportations[2] qui ont fortement amoindri sa population initiale, et que l'afflux de colons soviétiques n'a pas compensé : selon les données des recensements, de 1940 à 1950 le pays a perdu un tiers de ses habitants, passant de 3 200 000 personnes selon le recensement roumain de 1938, à 2 229 000 selon le recensement soviétique de 1950. Aujourd'hui, la Moldavie est bien moins peuplée que la Belgique puisqu'elle compte 3,56 millions d'habitants contre dix millions.

Les pressions économiques et politiques extérieures s'y succèdent depuis son indépendance, entravant ses importations d'énergie et ses exportations agricoles et vinicoles. Ces entraves sont venues de l'Est lorsqu'elle tentait de se rapprocher de ses voisins occidentaux, et de l'Ouest lorsqu'elle revenait vers ses voisins orientaux. Conséquence de ce contexte, le niveau de vie n'a rien de comparable : le PNB moldave par habitant (1754 $ en 2015) représente 3,7 % de celui de la Belgique (47.721 $ en 2015)[3]. La densité des infrastructures, les capacités agricoles et le tissu industriel, eux non plus, ne sont pas comparables : située au cœur économique de l'Europe, la Belgique est un attracteur d'investissements et de travailleurs, alors que la Moldavie voit ses ressources et sa population active s'expatrier.

C'est pourquoi le pays s'est rapproché de l'Union européenne tout en évitant de s'aliéner son principal fournisseur d'énergie et importateur de denrées, la Russie : exercice rendu difficile par les rivalités politiques internes, recouvrant et manifestant des contentieux plus anciens, liés aux spoliations, massacres et déportations croisées du passé… Le pire moment de cette période depuis l'indépendance, a été la Guerre du Dniestr de 1992[4], de même nature que celle plus récente du Donbass en Ukraine. L'équilibre atteint en 2012 est le moins instable que le pays ait connu[5], avec d'une part le maintien dans la CEI, un président pro-russe, un parlement qui l'est aussi à moitié, et une langue que l'article 13 de la Constitution appelle officiellement « moldave », et d'autre part un partenariat avec l'UE signé sans émeutes ni nouvelle guerre[6], une (courte) majorité parlementaire pro-européenne, et la même langue qu'un arrêt de la Cour constitutionnelle reconnaît comme « roumaine », conformément à la déclaration d'indépendance de 1991[7].

Cet équilibre de 2012 penchait plutôt vers l'Est, car les multiples signaux de faiblesse de l'Union européenne et de l'OTAN (attitude vis-à-vis de la Grèce, non-intervention dans les drames ukrainiens, Brexit, passage de relais à la Russie en Syrie, accueil fait aux migrants, déclarations isolationnistes de divers dirigeants européens et de Donald Trump…) favorisèrent l'orientation pro-russe du pays[8],[9], que la Moldavie partageait d'ailleurs avec la Bulgarie[10] dont les électeurs ont, eux aussi, élu en novembre 2016[11] un président eurosceptique pro-russe.

Cependant, l'élection d'une présidente pro-européenne fin 2020 et l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 changent la donne : le pays se montre solidaire de son voisin oriental menacé et, comme l'Ukraine, formule une demande d'adhésion à l'Union européenne, qui est acceptée, sans que les politiciens pro-russes de Moldavie répliquent, comme auparavant, par des déclarations menaçantes[12],[13],[14].

Notes et sources
  1. (en) International Commission on the Holocaust in Romania (Commission Wiesel), Final Report of the International Commission on the Holocaust in Romania,Yad Vashem (The Holocaust Martyrs' and Heroes' Remembrance Authority), 2004, [1]
  2. Nikolaï Théodorovitch Bougaï 1991. p. 567-581|texte=Nikolaï Théodorovitch Bougaï, Informations des rapports de Béria et de Krouglov à Staline, éd. de l’Acad. de sciences de Moldavie nr. 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай «Выселение произвести по распоряжению Берии…» О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50- е годы – Исторические науки в Молдавии. № 1. Кишинев, 1991. 1.0), Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581 (Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии : Лагеря, принудительный труд и депортация. Германия. Эссен. 1999. 1.3).
  3. Selon la liste des pays par PIB nominal
  4. Jean Nouzille, La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler, (ISBN 2-9520012-1-9).
  5. Andrea Diefenbach, Land ohne Eltern ("Pays sans parents"), Kehrer, 2012.
  6. Moldova will prove that it can and has chances to become EU member, Moldpress News Agency, 19 juin 2007
  7. Arrêt no 36 du 05.12.2013 de la Cour constitutionnelle.
  8. Nadejda, « La situation politique en Moldavie entre deux élections », moldavie.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (ro) « Găgăuzia - un Dodon-land cu teamă de Unire și nostalgii sovietice », RFI România,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Selon l'Express dans Les Bulgares et les Moldaves élisent des présidents pro-russes sur [2], publié le 14/11/2016 à 07:52 , mis à jour à 09:22.
  11. (bg) « ПРЕЗИДЕНТ И ВИЦЕПРЕЗИДЕНТ НА РЕПУБЛИКАТА И НАЦИОНАЛЕН РЕФЕРЕНДУМ 2016 », sur results.cik.bg (consulté le )
  12. « Les Vingt-Sept accordent à l'Ukraine et la Moldavie le statut de candidat à l'Union européenne », sur LEFIGARO, (consulté le )
  13. « Les 27 États-membres accordent officiellement à l'Ukraine et la Moldavie le statut de candidat à l'UE », sur BFMTV (consulté le )
  14. « Les Vingt-sept accordent à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidat à l’Union européenne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )