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Olivier Vandecasteele

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Olivier Vandecasteele
Photographie de la campagne de soutien à Olivier Vandecasteele, humanitaire détenu en Iran du au .
Nationalité Belge
Profession

Compléments

Emprisonné en Iran pendant 455 jours

Olivier Vandecasteele est un ancien travailleur humanitaire belge. Le 24 février 2022, il est arrêté à Téhéran en Iran où il est incarcéré depuis, condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouets. Il est libéré le , après 455 jours de détention, en échange d'Assadollah Assadi, un agent et diplomate Iranien condamné pour terrorisme en Belgique.

Biographie

Olivier Vandecasteele est né le 19 janvier 1981 à Tournai. Olivier Vandecasteele a passé son enfance dans la ville de Tournai et a étudié ses secondaires au collège Notre-Dame de Tournai. Il entreprend ensuite des études universitaires à Bruxelles, à l'Université Saint-Louis, et à Louvain-la-Neuve, à l'UCLouvain. Il a aussi étudié à la Katholieke Universiteit Leuven, à Louvain[1].

Il travaille ensuite comme humanitaire pour plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), notamment en Afghanistan, au Mali et pour la région du Sahel, et ensuite comme Country Director pour plusieurs ONG en Iran (il a travaillé pour les ONG suivantes : Bioforce, Médecins du Monde France, Médecins du Monde Belgique, Norwegian Refugee Council, Relief International)[1].

Il est depuis le 24 février 2022 emprisonné en Iran[2].

Détention en Iran

Contexte

Après avoir travaillé pour l'ONG Relief International[3], Olivier Vandecasteele retourne en Belgique après avoir passé un lustre en Iran à travailler pour différentes ONG. Son retour en Belgique n'est pas intentionnel, il n'a simplement pas retrouvé de travail humanitaire en Iran. Il retourne en février 2022 en Iran pour aller récupérer des affaires personnelles et est arrêté quelques jours plus tard dans la capitale.

Contexte en Iran

Depuis la révolution islamique de 1979, l'Iran est sujet à de nombreuses manifestations et contestations, souvent lourdement réprimées. De plus, les sanctions internationales ne font que durcir le régime. En 2022, la mort de Mahsa Amini a lancé une nouvelle vague de manifestations[4]. La pression faite sur l'Iran et son régime est énorme, en réponse, elle trouve les moyens de mettre l'Occident[5] (les États-Unis d'Amérique et l'Europe principalement) à sa volonté en prenant des otages.

Condamnation

Il est condamné premièrement à 28 années de prison avant d'être finalement condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouets en Iran, pratique pénale courante dans ce pays du Moyen-Orient, où il est incarcéré depuis le 24 février 2022[6] après avoir été arrêté dans la capitale, Téhéran[7]. Il écope également d'une amende d'un million de dollars[8].

Au début de son emprisonnement, la famille de Vandecasteele ne connaissait pas les raisons de son incarcération[7].

Les raisons de sa condamnation sont, selon l'agence de presse iranienne Tasnim, l'espionnage, la coopération avec les États-Unis d'Amérique contre l'Iran, de la contrebande de devises et du blanchiment d'argent[9]. C'est cette même source qui a renseigné sur la peine de Vandecasteele. La Belgique refuse d'admettre la raison de son incarcération, la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, indiquant qu'il est innocent et doit être libéré[10], et prône plutôt sur la diplomatie des otages mise en place en Iran depuis quelques années, notamment avec le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique, contre une dette non payée ou d'autres otages. Dans ce cas, il s'agit probablement d'un échange d'otages entre Olivier Vandecasteele, arrêté en Iran, et l'iranien Assadollah Assadi, incarcéré en Belgique, à Anvers, le 4 février 2021 à la suite d'un projet d'attentat à Villepinte, près de Paris, en France[11]. Bien qu'un traité fut signé entre les deux pays pour des échanges d'otages, ce-dernier a été suspendu par la Cour constitutionnelle de Belgique[12]. Ce traité pourrait permettre le retour d'Olivier Vandecasteele et du professeur de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) Ahmadreza Djalali, arrêté en Iran et emprisonné depuis 2016[13]. D'après le spécialiste du Moyen-Orient et de l'Iran, l'historien Jonathan Piron, le changement de peine montre le flou qui circule autour du jugement d'Olivier Vandecasteele[9].

Le 10 janvier 2023, sa peine de 40 ans est confirmée, outre l'agence de presse Tasnim, par l'organe judiciaire iranien Mizan Online qui justifie que ce sont bien l'« espionnage contre la République islamique d'Iran au profit d'un service de renseignement étranger », la « coopération avec un gouvernement hostile, les États-Unis, contre la République islamique d'Iran », pour « contrebande professionnelle de devises d'un montant de 500.000 dollars » et pour « blanchiment d'argent »[10].

D'après la source iranienne, l'agence de presse Tasnim, Vandecasteele a le droit de faire appel et devra purger une peine de prison de douze ans et demi avant de pouvoir prétendre à une révision de son jugement[9].

L'ambassadeur belge à Téhéran a rendu sept visites depuis sa condamnation, la dernière remontant au 4 janvier 2023. Pendant cette visite d'une demi-heure, Olivier Vandecasteele déclare avoir participé à une mise en scène pendant son jugement ; il était amaigri[14].

Assadolah Assadi

Assadolah Assadi joue un rôle central dans le futur de cette affaire. Il est emprisonné à Anvers, en Belgique, pour avoir projeté un attentat contre les moudjahidines du peuple, une organisation de résistance iranienne au régime actuellement en place en Iran. Ce projet d'attentat visait la ville de Villepinte, près de Paris, en France. Si le traité entre les deux parties, la Belgique et l'Iran, portant sur l'échange d'otages est en sommeil, c'est entre autres en raison de la saisie de la Cour institutionnelle belge par les moudjahidines pour qu'Assadi reste bien en Belgique. Selon eux, leur donner Assadi, c'est se plier aux ordres donnés par l'Iran et ça ne serait pas la meilleure façon de régler le problème[4].

Mais la majorité des moudjahidines demandent l'échange pour qu'Olivier Vandecasteele soit libéré. Ingrid Betancourt, ancienne sénatrice de la république de Colombie et ancienne otage des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) critique la façon dont l'affaire est gérée par la Belgique ; ayant été otage, elle considère qu'Olivier Vandecasteele doit être libéré[4], elle propose non pas de libérer l'otage détenu en Belgique mais de payer une sorte de rançon : « il y a d'autres moyens de négociations, comme envisager le prix de sa libération. Que l'on paye sa libération ! Je préfère qu'on donne de l'argent au gouvernement iranien, plutôt qu'on libère un terroriste qui risque de commettre d'autres attentats »[15].

Conditions d'incarcération

Photographie d'une prison.
La prison d'Evin, à Téhéran, qui a pris feu en 2022 et où est incarcéré Olivier Vandecasteele.

Olivier Vandecasteele est incarcéré dans la prison d'Evin, dans la capitale iranienne, dans des conditions de vie difficiles. Dans cette prison, il est à l'isolement complet dans une cellule sans mobilier, sans lit, avec un éclairage allumé tout le temps et de la nourriture constituée de patates, de lentilles et de sucre. En juillet 2022, près de six mois après son incarcération, ses proches n'étaient entrés en contact avec lui qu'une seule fois[11].

Mobilisation

Depuis son incarcération, les proches d'Olivier Vandecasteele se mobilisent en parcourant la Wallonie afin de récolter des signatures pour la pétition lancée par Amnesty International[7].

Le 16 décembre 2022, Amnesty International a lancé une pétition pour libérer Olivier Vandecasteele. La lettre de pétition a été envoyée au Chef du pouvoir judiciaire, Gholam-Hossein Mohseni-Eje'i[16].

Le 12 janvier 2023, une bâche est déployée sur le beffroi de Tournai, ville dont il est originaire[17].

Réactions

Libération

Olivier Vandecasteele est libéré le , après 455 jours de détention[24]. Transféré en Oman pour des examens médicaux, il est rapatrié en Belgique le lendemain. Sa libération est effectuée en échange d'Assadollah Assadi, un Iranien condamné pour terrorisme en Belgique[24].

Travail humanitaire

En tant que travailleur humanitaire, Olivier Vandecasteele a travaillé pour des ONG telles que Médecins du Monde, le Norwegian Refugee Council et Relief International.

En 2006, il est membre de la Mission Réduction des Risques-Afghanistan de Médecins du Monde et est porteur du projet de réduction des risques liés à la consommation de drogues en Afghanistan. Ce risque lié à la drogue s'exprime par la présence de champs d'opium (qui produisent près de la totalité de l'opium mondial). Olivier Vandecasteele explique ici, avec deux autres porteurs du projet, comment les troupes américaines, onusiennes et otaniennes se sont retrouvées dans une guerre anti-narcotique plutôt qu'une guerre contre l'Axe du mal qui avait débuté après les attentats du 11 septembre 2001 à New-York[25]. Cette guerre contre l'opium a cependant un point négatif, comme le fait remarquer Olivier Vandecasteele, car d'autres drogues, comme l'héroïne et l'amphétamine, apparaissent de plus en plus en Afghanistan[26].

En 2019, Olivier Vandecasteele rédige un article, édité également en Espagne par l'Université d'Alicante[27], sur la coopération intersectorielle pour l'éducation des réfugiés afghans en Iran, principalement dans les provinces de Qom et de Kerman[28]. Cet article fait suite à la levé d'un obstacle juridique aux enfants réfugiés sans papiers qui fréquentent l'école, à la suite d'un décret. Il explique dans cet article des succès et des défis discutés par une ONG pour éliminer les obstacles restants. Dans cet article, il précise quel groupe d'afghans réfugiés est le plus vulnérable (il y a un groupe d'afghans qui régit au programme iranien Amayesh 1, leur permettant de se déplacer librement dans la province où ils sont, et un groupe détenant un passeport et un visa temporaire), le groupe n'ayant aucun accès légal aux services essentiels ; cela représente entre un million et demi et deux millions d'afghans sur les trois millions et demi que compte le pays voisin à l'Afghanistan[29].

Le nouveau décret dont fait mention l'article est celui permettant à tous les enfants, même sans papiers, d'avoir une carte bleue et de pouvoir assister aux cours dans les écoles, et ce, depuis 2015. Cette carte permet également aux familles de ne pas être renvoyée vers l'Afghanistan[29].

Ce décret ne gomme pourtant pas les autres obstacles permettant l'accès à la scolarité des enfants, comme les sanctions américaines envers le régime iranien pénalisant les familles les plus vulnérables financièrement[29].

Son travail humanitaire sert ici à aider et développer les écoles. Son ONG est ainsi entrée en collaboration avec l'organisation gouvernementale Literacy Movement Organisation pour que les élèves aient accès à des cours de rattrapage. En collaboration avec l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés en 2016, l'ONG a permis aux parents de changer d'opinions sur l'éducation des filles[28].

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Catherine S. Todd, David Macdonald, Kaveh Khoshnood, G. Farooq Mansoor, Mark Eggerman et Catherine Panter-Brick, Opiate use, treatment, and harm reduction in Afghanistan: Recent changes and future directions, vol. 23, t. 5, International Journal of Drug Policy, (ISSN 0955-3959, DOI 10.1016/j.drugpo.2012.05.004., lire en ligne Accès libre [PDF]), pp. 341-345. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Ivelaw Lloyd Griffith et Bruce Zagaris, Comparative Prison Law and Prison Transfer Agreements, vol. 38, International Enforcement Law Reporter, , 334 p. (lire en ligne Accès payant)
  • (en) Marc Vogel, Senop Tschakarjan, Olivier Maguet, Olivier Vandecasteele, Till Kinkel et Kenneth Dürsteler-MacFarland, Mental health among opiate users in Kabul: a pilot study from the Médecins du Monde Harm Reduction Programme [« La santé mentale des usagers d'opiacés à Kaboul: une étude pilote du Programme de réduction des risques de Médecins du Monde »], vol. 10, t. 2, Intervention Journal (Medknow Publications), (lire en ligne Accès libre [PDF]), pp. 146-155
  • Olivier Maguet, Chloé Forette et Olivier Vandecasteele, du pavot à la pivoine. : parier sur une refondation de l'image des drug users en Afghanistan, vol. 55, Vacarme, (ISBN 9782350960296, ISSN 1253-2479, DOI 10.3917/vaca.055.0088, lire en ligne Accès libre), pp. 88-91. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre Micheletti, Afghanistan, gagner les cœurs et les esprits, Grenoble, RFI et PUG, , 334 p. (ISBN 978-2706122422)[N 1]
  • (en) Reem Shammout et Olivier Vandecasteele, Inter-sectoral cooperation for Afghan refugee education in Iran [« Coopération intersectorielle pour l'éducation des réfugiés afghans en Iran »], vol. 60, Forced Migration Review, (lire en ligne Accès libre), pp. 61-64. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

Notes

  1. Olivier Vandecasteele a participé à la rédaction de l'ouvrage.

Références

  1. a et b « Olivier Vandecasteele », sur www.facebook.com (consulté le )
  2. C.Ds, « Les proches du Tournaisien Olivier Vandecasteele, incarcéré en Iran, se mobilisent pour sa libération », sur DHnet (consulté le )
  3. « Olivier Vandecasteele - Dual or Foreign Nationality (In progress) », sur ipa.united4iran.org (consulté le )
  4. a b et c « Olivier Vandecasteele et Iran : 'Le régime actuel n'a plus rien à perdre' pour Firouzeh Nahavanhi, professeure à l'ULB », sur RTBF (consulté le )
  5. « Les otages occidentaux, pions de l’échiquier diplomatique iranien », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  6. « Olivier Vandecasteele condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet par le régime iranien », sur Le Soir, (consulté le )
  7. a b et c R. T. L. Newmedia, « "C'était une nouvelle terrible hier": mobilisation pour le Belge Olivier Vandecasteele, condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet en Iran », sur RTL Info, (consulté le )
  8. « L’ex-otage Ingrid Betancourt à propos d’Olivier Vandecasteele détenu en Iran : 'Que l’on paye sa libération !' », sur RTBF (consulté le )
  9. a b et c « L’Iran n’a pas condamné le Belge Olivier Vandecasteele à 28 ans de prison, mais à 40 ans, assortis de 74 coups de fouet », sur Le Soir, (consulté le )
  10. a et b « Iran : le Belge Olivier Vandecasteele condamné à purger 12,5 ans de prison et à 74 coups de fouet », sur RTBF (consulté le )
  11. a et b « Le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele emprisonné en Iran : ses proches se mobilisent pour sa libération », sur RTBF (consulté le )
  12. « Olivier Vandecasteele condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet par le régime iranien », sur Le Soir, (consulté le )
  13. C.Ds, « Les proches du Tournaisien Olivier Vandecasteele, incarcéré en Iran, se mobilisent pour sa libération », sur DHnet (consulté le )
  14. « Olivier Vandecasteele condamné à 40 ans de prison et 74 coups de fouet par le régime iranien », sur Le Soir, (consulté le )
  15. « L’ex-otage Ingrid Betancourt à propos d’Olivier Vandecasteele détenu en Iran : 'Que l’on paye sa libération !' », sur RTBF (consulté le )
  16. « Libérez immédiatement Olivier Vandecasteele », sur Amnesty International Belgique (consulté le )
  17. « La ville de Tournai de mobilise pour Olivier Vandecasteele » Accès libre, sur www.ln24.be, (consulté le )
  18. « Le travailleur humanitaire belge Olivier Vandecasteele emprisonné en Iran : ses proches se mobilisent pour sa libération », sur RTBF (consulté le )
  19. « Perwez marque son soutien à Olivier Vandecasteele », sur Perwez (consulté le )
  20. « Rudy Demotte affiche son soutien à Olivier Vandecasteele: «je condamne fermement cette injustice» », sur sudinfo.be, (consulté le )
  21. R. T. L. Newmedia, « Une immense bâche de soutien à Olivier Vandecasteele sur le beffroi de Tournai », sur RTL Info, (consulté le )
  22. D'après Belga, « Olivier Vandecasteele est accusé d'espionnage en Iran », sur La Libre.be (consulté le )
  23. « L’ex-otage Ingrid Betancourt à propos d’Olivier Vandecasteele détenu en Iran : 'Que l’on paye sa libération !' », sur RTBF (consulté le )
  24. a et b « Après 455 jours de détention en Iran, Olivier Vandecasteele est libre », sur RTBF (consulté le )
  25. Maguet, Forette et Vandecasteele 2011, p. 88
  26. Todd et al. 2012, p. 343
  27. Reem Shammout et Olivier Vandecasteele, « Cooperación intersectorial para la educación de refugiados afganos en Irán », Sociologia,‎ (ISSN 1460-9819, lire en ligne, consulté le )
  28. a et b Shammout et Vandecasteele 2019, p. 62
  29. a b et c Shammout et Vandecasteele 2019, p. 61