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Saparmyrat Nyýazow

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Saparmyrat Nyýazow
Illustration.
Saparmyrat Nyýazow en 1998.
Fonctions
Président de la république du Turkménistan

(16 ans, 1 mois et 19 jours)
Élection
Réélection (président à vie)
Premier ministre Han Ahmedow
Prédécesseur Lui-même (président du Soviet suprême)
Successeur Gurbanguly Berdimuhamedow
Président du Soviet suprême de la République socialiste soviétique du Turkménistan

(9 mois et 14 jours)
Premier ministre Han Ahmedow
Prédécesseur Roza Bazarova
Successeur lui-même (président de la République)
Secrétaire général
du Parti communiste du Turkménistan

(5 ans, 11 mois et 25 jours)
Prédécesseur Muhammetnazar Gapurow
Successeur parti dissous
Biographie
Nom de naissance Saparmurat Atayevich Niyazov
Surnom Türkmenbaşy
Date de naissance
Lieu de naissance Gypjak (RSS du Turkménistan, URSS)
Date de décès (à 66 ans)
Lieu de décès Achgabat (Turkménistan)
Nature du décès Crise cardiaque
Sépulture Mosquée de Gypjak
Nationalité Turkmène
Parti politique Parti communiste du Turkménistan (1962-1991)
Parti démocratique du Turkménistan (1991-2006)
Père Atamyrat Nyýazow
Mère Gurbansoltan Eje
Conjoint
Muza Niýazowa (m. 1967)
Enfants Myrat Nyýazow
Irina Nyýazow
Diplômé de Institut polytechnique de Léningrad
Profession Ingénieur électricien
Religion Musulman sunnite
Résidence Palais présidentiel d'Oguzhan

Saparmyrat Nyýazow Saparmyrat Nyýazow
Présidents du Présidium du Soviet suprême de la République socialiste soviétique du Turkménistan
Présidents de la république du Turkménistan

Saparmyrat Ataýewiç Nyýazow (ou en transcription française : Saparmourat Niazov, Saparmurat Niyazov, Saparmyrat Niyazow, Saparmurat Niyazovetc.[1]), dit Türkmenbaşy (Turkmenbachi)[2], né le à Gypjak et mort le à Achgabat, est un homme politique turkmène.

Il a été successivement secrétaire général du Parti communiste de la R.S.S. du Turkménistan de 1985 à 1991, président du Soviet suprême de la R.S.S. du Turkménistan en 1990 et président de la République indépendante de 1990 à sa mort en 2006. Considéré comme l'un des dictateurs les plus autoritaires du monde (il cumulait les postes de chef de l'État, de chef du gouvernement, de commandant suprême de l'armée et de président du Parti démocratique du Turkménistan, le seul parti autorisé), il avait également l'habitude d'imposer à son pays ses excentricités personnelles.

Né à Gypjak, à quelques kilomètres d'Achgabat, capitale de la République socialiste soviétique turkmène, Nyýazow devient orphelin dès son plus jeune âge. Selon la version officielle, son père est mort en combattant les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale et le reste de sa famille est tué lors du violent tremblement de terre qui a dévasté Achgabat en 1948. Une autre version, officieuse, le dit fils d'un déserteur, toujours lors de la Seconde Guerre mondiale, et d'une prostituée[réf. nécessaire]. Il est ensuite élevé dans un orphelinat soviétique, avant d'être recueilli par un lointain parent. En 1962, Nyýazow rejoint le Parti communiste de l'Union soviétique au sein duquel il est rapidement promu, devenant en 1985 le chef du Parti communiste turkmène (renommé ultérieurement Parti démocratique du Turkménistan). Nyýazow, en tant que leader de la République socialiste soviétique turkmène, soutient le putsch de Moscou contre Mikhaïl Gorbatchev en 1991 et conserve le contrôle de son pays après la chute de l'Union soviétique. Il devient le premier président turkmène.

Le , il change officiellement de nom et devient Türkmenbaşy, c'est-à-dire « Chef des Turkmènes », à l'instar de Mustafa Kemal devenu Kemal Atatürk, « Père des Turcs ». Le , il est proclamé président à vie par le Majlis[3], décision confirmée en 2002 par le Conseil du peuple, qui est censé se réunir une fois par an mais qui ne l'avait plus fait depuis trois ans.

Il est décédé le d'un arrêt cardiaque. Les sources d'opposition ne sont pas sûres de la date de sa mort[4]. Le gouvernement et le conseil de sécurité ont annoncé dans un communiqué commun que le vice-premier ministre turkmène Gurbanguly Berdimuhamedow a été nommé président par intérim, alors que ce rôle aurait dû revenir au président du Parlement, Öwezgeldi Ataýew. D'après la Constitution, une élection présidentielle doit avoir lieu dans les deux mois suivant la nomination du président par intérim.

Culte de la personnalité

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Billet du Turkménistan 10 000 manat (1996).

Nyýazow était un dirigeant totalitaire, connu pour le fort culte de la personnalité qui lui était voué et auquel il associait le souvenir de sa mère disparue de longue date lors d'un séisme, Gurbansoltan Eje. Il a placé la renaissance de la culture turkmène parmi les principales priorités du développement du Turkménistan indépendant. Le « Mouvement de renaissance nationale », une organisation visant à promouvoir la culture turkmène (« Galkynish »), a également été fondé. Dès le début des années 1990, une politique de dérussification est instaurée afin de supprimer toutes les influences russes datant des périodes impériale et soviétique[5]. Il se considérait comme le « refondateur » du pays et le « redécouvreur » de l'identité turkmène. Il se comparait à Mustafa Kemal Atatürk, « le père des Turcs ». Nyýazow a exigé d'être déclaré « prophète » par le Conseil du peuple. Il se servit de la renaissance culturelle turkmène afin d'accroitre son pouvoir et son culte de la personnalité[6].

Il a rebaptisé la ville au nom russe de Krasnovodsk, sur la mer Caspienne, du nom de Türkmenbaşy. Il a, en outre, donné son nom, ou celui de membres de sa famille, à divers écoles, aéroports et même à une météorite. Le visage de Nyýazow orne tous les billets de banque, et de larges portraits du président sont affichés dans tout le pays, en particulier sur les bâtiments importants, et dans les principales avenues. Des statues à son effigie, ou à celle de sa mère, sont disséminées dans tout le Turkménistan. L'une d'entre elles est située au milieu du désert du Karakoum. Une autre, plaquée d'or, se trouve au sommet d'un des plus hauts bâtiments d'Achgabat, l'Arche de la Neutralité, et pivote sur elle-même afin d'être toujours orientée vers le soleil. Une autre encore, gardée par une sentinelle, orne le parvis du Monument de l'indépendance turkmène. Nyýazow a ordonné la construction d'un palais monumental à Achgabat pour commémorer la règle qu'il a édictée : « Personnellement, je suis opposé à ce que l'on voit des images ou des statues de moi dans les rues... mais c'est ce que veut le peuple. »

Les minorités ethniques (principalement Ouzbeks, Kazakhs et Russes) ont été forcées à adopter la culture turkmène. Ceux qui résistaient à l'assimilation culturelle parrainée par l'État ont été expulsés. La plupart des responsables gouvernementaux qui ne sont pas d'origine turkmène ont été licenciés. Pour obtenir un poste dans la fonction publique, les candidats ont du prouver qu'ils étaient issus d'au moins trois générations passées d'origine turkmène avant d'être acceptés. Un contrôle social informel a été utilisé pour garantir que tous les citoyens parlent turkmène et portent des vêtements traditionnels[7]. Toute femme ouzbèke qui tente d'épouser un Turkmène est expulsée du pays avec ses enfants. Dans certains cas, les enfants ouzbeks scolarisés dans les écoles turkmènes ont reçu l'ordre de porter des vêtements turkmènes sous peine d'être expulsés de l'école[8]. Toutes les écoles de langue russe ont été fermées, à l'exception d'une école destinée aux élites, et le gouvernement a commencé à exclure le russe du discours public, y compris des publicités en bordure de route[9].

Le système éducatif endoctrine les jeunes Turkmènes et fait l'apologie de Nyýazow. Les ouvrages scolaires sont presque exclusivement constitués de travaux ou de discours de Nyýazow. Le texte fondamental est le Ruhnama, ou Livre de l'Âme, une épopée nationale écrite par Nyýazow. Ce livre, un mélange d'histoire révisionniste et de lignes de conduites morales, a pour vocation d'être le « guide spirituel de la nation », et le socle des arts et de la littérature nationaux. En , il déclare d'ailleurs : « Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l'existence divine et ira directement au paradis ».

De plus, l'alphabet est changé : l'ancien alphabet cyrillique, proche de celui utilisé pour le russe, est remplacé par un nouvel alphabet turkmène basé sur l'alphabet latin, proche du turc. Les livres de la période soviétique dans l'ancien alphabet sont interdits sans être remplacés par de nouveaux ouvrages, les bibliothèques contiennent les seules œuvres de Nyýazow. En , Nyýazow ordonne la fermeture de toutes les bibliothèques car, d'après lui, personne ne va à la bibliothèque pour lire des livres. Cette fermeture généralisée s'inscrit dans une vague d'interdictions touchant l'opéra, le cirque, la distribution de journaux étrangers et les cinémas. La plupart des observateurs occidentaux y voient là une volonté de maintenir le Turkménistan dans l'ignorance afin de mieux y régner[10],[11].

À Gypjak, le village natal de Nyýazow, un complexe à la mémoire de sa mère a été construit en 2004. Il inclut une mosquée, la Mosquée de Gypjak, estimée à cent millions de dollars (construite par Bouygues[12]) et conçue comme un symbole de la renaissance du peuple turkmène. Sur les murs de cet édifice sont inscrits des préceptes extraits du Ruhnama mêlés à des sourates du Coran. Cet état de fait est considéré comme blasphématoire par une partie des musulmans, la tradition islamique ne reconnaissant aucun égal au Coran[13].

Parmi les autres tentatives de Nyýazow pour transformer la culture turkmène, on peut citer la définition d'étapes de la vie et le changement de nom des jours et des mois de l'année, renommés en hommage à des héros ou symboles nationaux. Ainsi, janvier est devenu türkmenbaşy, avril gurbansoltan eje (nom de sa mère), septembre ruhnama et décembre bitaraplyk, c'est-à-dire « neutralité ». Tous les autres noms de mois sont concernés dans le même état d'esprit. L'année 2003 a d'ailleurs été proclamée année Gurbansoltan Eje (nom de sa mère). En 2002, il a rendu obsolète le mot traditionnel turkmène çörek, qui désigne le pain, pour le remplacer par gurbansoltan eje. En 2005, il a substitué au serment d'Hippocrate un serment au président. En 2006, une nouvelle variété de melon est baptisée türkmenbaşy. Il prétendait que son livre, le Ruhnama, a la même valeur que le Coran et la Bible.

Politique présidentielle et affaires étrangères

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Nyýazow s'est fait remarquer à plusieurs reprises pour sa politique peu conventionnelle. Il a, par exemple, ordonné en août 2004 qu'un gigantesque palais de glace fût construit en plein milieu de son pays désertique, bien que de nombreux observateurs eussent affirmé que ce rêve resterait une chimère à moins qu'il n'obtînt une assistance technique.

Seules deux religions ont reçu l'autorisation de mettre en place des lieux de culte au Turkménistan : l'islam sunnite, qui est la religion d'État, et l'Église orthodoxe russe. Les organisations culturelles non turkmènes ne sont pas autorisées dans le pays.

À partir de 1993 et sa première visite officielle en France, Nyýazow noua une relation avec l'entreprise de BTP Bouygues, lui confiant la rénovation ou la construction de nombreux édifices de la capitale et des villes alentour. Entre 1994 et 2014, le Turkménistan représente la moitié de l'activité internationale de Bouygues Construction, d'après le ministère français des Affaires étrangères. Nyýazow fit également appel aux équipes de TF1, filiale du groupe Bouygues, pour rénover la première chaîne nationale turkmène. À son tour TF1 invita Nyýazow à une interview télévisée jamais diffusée, en compagnie de Patrick Le Lay, Martin Bouygues et Jean-Claude Narcy[12].

À la suite d'une prétendue tentative d'assassinat sur la personne de Nyýazow le , les autorités turkmènes ont procédé à l'arrestation d'un très grand nombre de conspirateurs supposés ainsi que de membres de leur famille. Certains détracteurs de Nyýazow affirment que cette tentative a été mise en scène afin de prendre des mesures contre l'opposition politique qui, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, allait crescendo.

Durant l'été 2004, la capitale Achgabat a été le théâtre d'une campagne de distribution de tracts appelant au renversement et au procès de Nyýazow. Les autorités se montrèrent impuissantes à mettre un terme à cette campagne, ce qui eut pour conséquence le licenciement télévisé par le président du ministre de l'Intérieur et du recteur de l'Académie de police. Nyýazow accusa le ministre d'être incompétent et déclara : « Je ne peux pas dire que vous avez eu le moindre mérite ni que vous avez combattu le crime avec beaucoup d'ardeur. »

En 2004, Nyýazow souhaite privatiser le système de santé turkmène et pour réduire les coûts licencie quinze mille salariés travaillant dans les hôpitaux, les remplaçant par des conscrits de l'armée[14]. Dans le cadre de cette réforme, le gouvernement annonce en 2005 la fermeture de tous les hôpitaux en dehors de ceux de la capitale, Aşgabat[15].

Fin 2004, Nyýazow rencontra l'ancien Premier ministre du Canada Jean Chrétien pour discuter d'un contrat pétrolier au Turkménistan pour une société canadienne. En mars 2005, la nouvelle de cette entrevue impliqua une levée de boucliers parmi les cercles d'opposition au Canada, ces derniers proclamant que l'affaire risquait d'endommager l'héritage de Chrétien.

En 2005, Nyýazow annonça que son pays allait diminuer ses liens avec la Communauté des États indépendants, l'alliance des anciennes républiques soviétiques.

  1. Saparmyrat Nyýazow ou Saparmyrat Niyazow est la forme de son nom en langue turkmène, la seule langue officielle du Turkménistan. Les autres formes sont des transcriptions diverses de la forme russe de son nom Сапармурат Атаевич Ниязов (Saparmourat Ataïevitch Niazov). La forme russe de son nom est encore aujourd’hui la plus souvent employée dans les médias occidentaux.
  2. Nom signifiant à peu près « Chef des Turkmènes ».
  3. (en) Bruce Pannier, « Turkmenistan: Niyazov Named President For Life », Radio Free Europe,
  4. (ru) Оппозиция узнала о смерти Туркменбаши несколько дней назад, Lenta.ru
  5. Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, Turkménistan, éd. Non Lieu, 2009, p. 154 & p. 161.
  6. Turkménistan : données historiques – L'aménagement linguistique dans le monde
  7. Central Asia: 'Fathers are crying in Turkmenistan, and children are crying here' EurasiaNet
  8. Turkmenistan: State Interfering In Religious Life Of Ethnic Uzbeks Radio Free Europe/Radio Liberty
  9. « Memoir In the Court of Turkmenbashi », Eurasianet (consulté le )
  10. (en) John Helling, « Public Libraries and their National Policies : Turkmenistan », Chandos Information Professional Series,‎ , p. 129-137 (DOI 10.1016/B978-1-84334-679-1.50011-7, lire en ligne)
  11. (en) « Attacks on the Press in 2005 - Turkmenistan », Committee to Protect Journalists et Refworld,
  12. a et b David Garcia, « Bouygues, le bâtisseur du dictateur », sur Le Monde diplomatique,
  13. Cultures of the World : Turkmenistan, Marshall Cavendish, p.93
  14. (en) Monica Whitlock, « Troops to replace Turkmen medics », BBC,
  15. (en) Monica Whitlock, « Turkmen leader closes hospitals », BBC,

Article connexe

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Liens externes

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