Le convenienze teatrali

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Le convenienze teatrali
Le convenienze ed inconvenienze teatrali
ou Viva la mamma !
Genre opéra-bouffe (farsa)
Nbre d'actes 1
Musique Gaetano Donizetti
Livret Gaetano Donizetti
Langue
originale
Italien
Sources
littéraires
Le convenienze teatrali (1794) et
Le inconvenienze teatrali (1800),
comédies d'Antonio Simone Sografi
Durée (approx.) environ 1 h
Dates de
composition
-
Création
Teatro Nuovo, Naples

Versions successives

Personnages

  • Daria Scortichini, prima donna (soprano)
  • Procolo Cornacchia, son mari (baryton)
  • Luigia Scannagalli, seconda donna (soprano)
  • Mamma Agata, sa mère (basse bouffe)
  • Dorotea Frescopane, castrat (contralto)
  • Guglielmo Antolstoïnoloff, ténor allemand (ténor)
  • Biscroma Strappaviscere, compositeur (baryton)
  • Prospero Salsapariglia, poète et droguiste (basse bouffe)
  • L'imprésario (baryton)
  • Le directeur du théâtre (basse)

Airs

  • « Lazzarune, scauzacane ! » (Mamma Agata)
  • « Assisa a piè d'un sacco » (Mamma Agata)

Le convenienze teatrali (Les conventions théâtrales) est un opéra-bouffe[1] (farsa) en un acte, livret et musique de Gaetano Donizetti, représentée pour la première fois au Teatro Nuovo de Naples le .

Une nouvelle version en 2 actes sous le titre Le convenienze ed inconvenienze teatrali ou Viva la mamma ! (Les conventions et inconvenances théâtrales), opéra-bouffe (opera buffa), est créée ensuite au Teatro della Cannobiana de Milan le .

Histoire[modifier | modifier le code]

La première version, en un acte, de Le convenienze teatrali fut composée en un mois en 1827 sur un argument que Donizetti avait écrit lui-même[2] en adaptant une comédie célèbre d'Antonio Simone Sografi, représentée à Venise en 1794. Dans le contrat qui le liait, depuis le mois de janvier, à l'impresario Domenico Barbaja, Donizetti avait accepté de produire des ouvrages originaux pour des soirées de gala destinées à attirer du public, et la composition de ce petit opéra s'inscrivait dans ce cadre. La première représentation, au Teatro Nuovo de Naples le , fut un grand succès, dû en partie à la présence d'un buffo de légende, Gennaro Luzio, qui chantait en travesti le rôle de Mamma Agata[3].

Quatre ans plus tard, au printemps de 1831, alors que le centre de l'activité musicale du compositeur tendait à se déplacer vers Milan, Donizetti s'appuya sur une autre comédie de Sografi, Le inconvenienze teatrali (Padoue, 1800), présentée comme la suite de la première, pour développer l'opéra d'origine en deux actes, sous le titre Le convenienze ed inconvenienze teatrali. L'ouvrage eut du succès, mais celui-ci ne se soutint pas durablement[4]. Peut-être est-ce cette version qu'Hector Berlioz entendit au Teatro del Fondo de Naples en octobre de la même année[5], mais les reprises de Vienne (Theater am Kärntnertor, 1840) et de Milan (Scala, 1842) ne réussirent pas[6].

Malgré tout, Donizetti aimait beaucoup cet ouvrage et, en 1845, il envisageait d'en faire une troisième version[3], qui ne fut jamais terminée car, à cette époque, le compositeur était déjà gravement malade.

Après une longue éclipse, l'ouvrage fut repris pour la première fois au XXe siècle à Sienne en 1963. Il fait depuis l'objet de reprises régulières, généralement – mais pas toujours – dans la version en deux actes, et sous des titres divers, dont Viva la mamma !. C'est sous ce dernier titre qu'il a été donné dans une distribution réunissant Montserrat Caballé et Juan Pons. Il a également été donné à l'Opéra de Monte-Carlo en 2004 avec June Anderson. En 2009 le Teatro alla Scala de Milan a présenté une version télévisée placée sous la direction de Andy Sommer, avec une mise en scène de Antonio Albanese, Jessica Pratt et Vincenzo Taormina dans les rôles principaux.

Distribution[modifier | modifier le code]

Rôle Tessiture Créateurs (1827)
Créateurs de la version en deux actes (1831)
Daria[7] Scortichini, prima donna
Corilla Scortichini, première chanteuse
soprano Fanny Corri-Paltoni Fanny Corri-Paltoni
Procolo Cornacchia, suo marito
Procolo Cornacchia, son mari
baryton
Luigia Scannagalli, seconda donna
Luigia Scannagalli, deuxième chanteuse
soprano
Mamma Agata, sua madre
Mamma Agata, sa mère
basse buffo Gennaro Luzio Giuseppe Frezzolini
Dorotea Frescopane[8], primo musico
Dorotea Frescopane, musico
contralto
Guglielmo Antolstoinoloff, tenore tedesco
Guglielmo Antolstoïnoloff, ténor allemand
ténor Giuseppe Giordano Giuseppe Giordano
Biscroma Strappaviscere, compositore
Biscroma Strappaviscere, compositeur
baryton
Prospero[9] Salsapariglia, poeta e droghiere
Prospero Salsapariglia, poète et droguiste
basse buffo
Impresario
L'impresario
baryton
Ispettore del teatro
Le directeur du théâtre
basse

Argument[modifier | modifier le code]

Dans un théâtre de Brozzi, les répétitions d'un nouvel opéra vont bon train (chœur « Cori, attenti »). Le compositeur Biscroma Strappaviscere donne ses conseils à la prima donna, Daria Scortichini, tandis que le musico[10], Dorotea Frescopane, la seconda donna, Luigia Scannagalli, et le ténor allemand, Guglielmo Antolstoinoloff, se lamentent du peu de cas qu'on fait de leurs rôles.

Mamma Agata, la mère de Luigia, exige qu'on développe la partie de sa fille en lui donnant un grand solo, et même un duo avec la prima donna (« Lazzarune, scauzacane ! »). Le duo existe, mais la prima donna refuse de le chanter car elle ne veut pas partager la scène avec une chanteuse subalterne ; Mamma Agata est prête à en venir aux mains pour défendre sa fille (duo « Ch'io canti un duetto ? »).

L'imprésario annonce que le musico s'est enfui et Mamma Agata s'offre pour le remplacer et fait aussitôt la démonstration de ses talents en chantant un duo avec le ténor (trio « Per me non trovo calma ») mais ce dernier ne la supporte pas et s'en va à son tour. Mais il est remplacé au pied levé par Procolo, mari de la prima donna, qui affirme connaître le rôle par cœur.

La répétition reprend (sextuor « Livorno, dieci aprile ») d'autant que le directeur du théâtre a fait appel à la force armée pour remettre les chanteurs au travail, car le public se presse déjà devant le théâtre pour la représentation. Après diverses péripéties, Mamma Agata entonne son grand air (« Assisa a piè d'un sacco »).

Mais en définitive, le directeur du théâtre annule la représentation en raison de la défection du musico et du ténor. Tous les participants décampent pour ne pas avoir à rembourser à l'imprésario l'argent qu'il leur a avancé.

Analyse[modifier | modifier le code]

La mise en scène des travers du milieu lyrique est une source d'inspiration classique de l'opéra, depuis Der Schauspieldirector (Le Directeur de théâtre) de Mozart (1786) jusqu'à Ariane à Naxos de Richard Strauss (1912). Néanmoins, l'opéra de Donizetti fait figure de singularité dans cette veine à l'époque romantique, sauf à citer également un autre ouvrage du compositeur, Il fortunato inganno (1823).

Se rattache de même à une riche tradition le fait de rechercher un effet comique en faisant jouer un rôle de femme par un homme travesti, et particulièrement, par la voix la plus grave, la voix de basse : elle court des Amours de Ragonde de Jean-Joseph Mouret (1714) à la Cuisinière de L'Amour des trois oranges de Prokofiev (1919).

Un des morceaux les plus amusants de la partition est le « grand air » de Mamma Agata « Assisa a piè d'un sacco » (« Assise au pied d'un sac »), irrésistible parodie du célèbre « air du saule » (canzone del salice) de Desdemona dans l’Otello (1816) de Rossini[11]. La cabalette de Mamma Agata, supprimée dans la version de 1831, est un pastiche de celle composée par Giuseppe Nicolini pour Giuditta Pasta à l'occasion d'une reprise du Tancredi de Rossini. Donizetti se moque également de lui-même en faisant répéter à la prima donna la cavatine d'un de ses opéras, Elvida, créé l'année précédente au San Carlo.

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

Année Distribution
(Agata, Daria, Guglielmo, Maestro)
Chef d'orchestre,
Orchestre et chœur
Version Label
1963 Renato Capecchi,
Mariella Adani,
Herbert Handt,
Leo Nucci
Bruno Rigacci,
Orchestra dell'Angelicum de Milan
Microsillon : Voce 5
Enregistrement public
1976 Giuseppe Taddei,
Daniela Mazzuccato,
Sergio Tedesco,
Paolo Montarsolo
Carlo Franci,
Orchestre symphonique de Vienne,
Chœur de l'Opéra d'État de Vienne
2 actes CD Audio : Bella Voce
Cat: BLV 107232
Enregistrement public
1981 Simone Alaimo,
Daniela Dessi,
William Matteuzzi,
Giuseppe Lamazza
Antonello Allemandi,
Orchestra Sinfonica Estense,
Coro del Teatro dell'Opera Giocosa
2 actes CD Audio : Ars Nova
Cat: ACDAN 2165
Enregistrement public
1990 Domenico Trimarchi,
Maria Angeles Peters,
Sergio Tedesco,
Vito Maria Brunetti
Bruno Rigacci,
Orchestre symphonique de l'Émilie-Romagne
Chœur du Teatro Rossini de Lugo
1 acte CD Audio : Bongiovanni
Cat: GB 2091/92-2
Enregistrement public
1995 Bruno de Simone,
Maria Costanza Nocentini,
Bruno Lazzaretti,
Mauro Utzeri
Fabrizio Maria Carminati,
Orchestra dei Pomeriggi Musicali,
Coro dell' Teatro di Bergamo
2 actes CD Audio : Ricordi
Cat: 74321405872
Enregistrement public
2000 Andrea Conchetti,
Luciana Serra,
Javor Torolov,
Enrico Marabelli
Enrique Mazzola,
Orchestra of the Royal Northern College of Music Manchester,
Corale Poliziana
2 actes DVD : Kikko
Cat: OU 9001
Enregistrement public

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon la tradition bouffe napolitaine, la version originale comporte des dialogues parlés en napolitain.
  2. Antonio Taglioni a découvert dans la bibliothèque du Conservatoire de San Pietro a Majella de Naples une copie manuscrite du livret de la première version en un acte, approuvée à chaque page par la censure napolitaine, et signée de Domenico Gilardoni, l'un des librettistes habituels de Donizetti à cette période de sa carrière. On ignore s'il s'agit d'une signature de convenance pour les besoins de la censure, ou si elle révèle le véritable auteur du livret, ou encore si, à cette occasion, Donizetti et Gilardoni ont pu collaborer pour l'écriture du livret. Il semble en tout cas peu probable que Donizetti puisse avoir entièrement écrit lui-même les passages parlés en napolitain du rôle de Mamma Agata (Spini, art. cit.).
  3. a et b Spini, art. cit.
  4. Kaminski, op. cit. ; Spini, art. cit.
  5. « Au Fondo, on joue l’opera buffa, avec une verve, un feu, un brio, qui lui assurent une supériorité incontestable sur la plupart des théâtres d'opéra-comique. On y représentait, pendant mon séjour, une farce très amusante de Donizetti, Les Convenances et Inconvenances du théâtre. C'est un tissu de lieux communs, un pillage continuel de Rossini, mais la partition est très bien arrangée sur le libretto et m'a fort diverti. Donizetti a retourné le kaléidoscope, les notes se sont groupées en un dessin piquant ; voilà tout. » (« Lettre d'un enthousiaste sur l'état actuel de la musique en Italie », publiée le dans la Revue européenne, cité par Philippe Thanh, Op. cit., p. 43
  6. À chacune de ces reprises, l'ouvrage n'eut qu'une seule représentation (Spini, art. cit.).
  7. Corilla dans la version de 1827
  8. Pippetto dans la version de 1827
  9. Cesare dans la version de 1827
  10. contralto féminin chantant en travesti un rôle masculin, figure classique de l'opera seria de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, après la disparition des castrats et avant l'évolution vers davantage de vérité dramatique qui, sous l'impulsion notamment de Donizetti et de Bellini, allait conduire à l'abandon de ce type de rôles
  11. que Donizetti parodiera également dans l'« air du mûrier » (aria del gelso) dans Il campanello di notte

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • (fr) Piotr Kaminski, Mille et un opéras, Paris, Fayard, coll. Les indispensables de la musique, 2003
  • (it) Daniele Spini, livret de l'enregistrement Bongiovanni
  • (fr) Philippe Thanh, Donizetti, Actes Sud, 2005

Liens externes[modifier | modifier le code]