Laura Poitras

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Laura Poitras
Laura Poitras en 2014.
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Laura Poitras, née le à Boston, est une réalisatrice, documentariste, journaliste et photographe américaine.

Elle reçoit, en 2015, l'Oscar du meilleur documentaire pour son film retraçant les révélations d'Edward Snowden Citizenfour puis remporte, en 2022, le Lion d'Or pour Toute la beauté et le sang versé sur le combat de la photographe Nan Goldin contre les opiacés aux États-Unis.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et jeunesse[modifier | modifier le code]

Laura Poitras grandit près de Boston, à Holliston (Massachusetts), dans une famille aisée et philanthrope. Ses parents font un don de 20 000 000 de dollars au McGovern Institute for Brain Research (Institut McGovern pour la recherche sur le cerveau) en [1],[2],[3].

Son père, James Poitras, est diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en . Il travaille au Massachusetts General Hospital où il met en œuvre des systèmes informatiques pour les soins aux patients avant de rejoindre Highland Laboratories, l'entreprise familiale fondée par son père. La mère de Laura Poitras, Patricia Poitras, est infirmière et possède une licence en philosophie obtenue au Wellesley College et une maîtrise en service social à Smith College[3].

Laura a deux sœurs : Christine, enseignante en anglais seconde langue et Jennifer qui travaille dans le domaine de la gestion des risques en cas de catastrophe[3].

Elle a initialement le projet de devenir chef de cuisine et travaille comme cuisinière durant quelques années à L'Espalier (en) ; un restaurant français à Boston ; mais après avoir terminé son éducation secondaire à la Sudbury Valley School (en) (où il n'y a pas de notes ni de division des élèves par âge), déménage à San Francisco[2],[4]. Elle prend des cours au San Francisco Art Institute, où elle étudie avec le cinéaste expérimental Ernie Gehr[4]. En , elle s'installe à New York et commence à faire carrière dans le monde du cinéma, tout en poursuivant ses études en théorie sociale et politique à l'université The New School[4].

Réalisations[modifier | modifier le code]

À la suite de la réalisation de son documentaire My Country, My Country en et sur l'Irak, Laura Poitras a été placée sur la liste de surveillance du département de la Sécurité intérieure des États-Unis et a été arrêtée plus de 40 fois à la frontière américaine[5].

En , elle a commencé la réalisation d'un documentaire sur les programmes de surveillance de masse des États-Unis, incluant ceux de la NSA et les lanceurs d'alerte[4]. Dans ce cadre, elle a interviewé les activistes Julian Assange de WikiLeaks et Jacob Appelbaum[4].

Fin , elle est cofondatrice de Freedom of the Press Foundation[6] avec notamment le journaliste Glenn Greenwald et le lanceur d'alerte Daniel Ellsberg. Cette organisation a pour but de financer et soutenir la liberté d'expression et la liberté de la presse. Elle a ainsi levé des fonds pour retranscrire l'intégralité du procès de Chelsea Manning[7], la soldate américaine accusée d'avoir transmis 250 000 câbles diplomatiques américains et 500 000 rapports de l'armée américaine concernant la seconde guerre de l'histoire contemporaine de l'Afghanistan et de la guerre d'Irak à WikiLeaks ; l'armée américaine ayant refusé de publier les transcriptions.

En , Laura Poitras et Glenn Greenwald ont été choisis par le lanceur d’alerte Edward Snowden pour faire ses révélations[4]. Edward Snowden la contacte anonymement, car il souhaite lui communiquer des informations sur les programmes de surveillance du gouvernement américain[4]. Le à Hong Kong, elle réalise la première interview d'Edward Snowden[8], dans le cadre du tournage de son documentaire. Snowden lui a alors confié entre 15 000 et 20 000 documents secrets, et seulement une petite partie des documents a été révélée[9]. Dans ce cadre, en 2013, elle entame une collaboration comme journaliste indépendante avec le New York Times, The Washington Post, The Guardian et Der Spiegel[10].

Le , Laura Poitras participe, avec Glenn Greenwald et Jeremy Scahill au lancement du magazine en ligne The Intercept, la première publication de First Look Media, financé par Pierre Omidyar[11],[12],[13]. À court terme, le magazine doit servir de plateforme pour présenter les documents sur la NSA révélés par Edward Snowden et ainsi poursuivre la publication d’enquêtes sur la surveillance globale par les États-Unis[14].

Le , l'édition américaine du Guardian et le Washington Post reçoivent le prix Pulitzer du service public pour leur publication des révélations sur le système de surveillance de la National Security Agency (NSA) rendues possibles grâce aux documents fournis par Edward Snowden[15],[16],[17].

Laura Poitras diffuse son film documentaire Citizenfour en avant-première le au Festival du film de New York[18]. Le documentaire, qui évoque la surveillance mondiale généralisée, retrace notamment l'histoire d'Edward Snowden de Hong Kong à Moscou[19],[20]. Citizenfour était le pseudonyme utilisé par Edward Snowden pour signer son premier email envoyé à Laura Poitras en [21].

Au printemps , elle est invitée par le Whitney Museum de New York à réaliser l'exposition Astro Noise, qui reprend certaines de ses recherches précédentes, et les place dans un nouveau contexte. Astro Noise (la perturbation des radiations astrales) était le nom du fichier envoyé par Edward Snowden à Poitras, contenant un nombre important de données collectées[22].

En , First Look Media décide d'arrêter le travail de recherche dans les archives Snowden et de s'en séparer. Poitras dénonce cette décision en faisant valoir que ni elle ni le comité directeur n'ont été consultés à ce sujet[23].

Le , elle cesse de travailler pour The Intercept et First Look Media. En , elle publie une lettre ouverte dans laquelle elle revient sur son départ. Elle dit avoir été licenciée de The Intercept à la suite des critiques qu'elle a publiquement émises, notamment dans le New York Times, à l'encontre de First Look Media qui n'aurait pas suffisamment protégé Reality Winner après qu'elle eut transmis au journal des documents classés, menant ainsi à son arrestation. Laura Poitras allègue également que First Look Media s'est engagé dans une opération de couverture visant à masquer ses défaillances dans cette affaire. Selon First Look Media, Poitras n'est pas licenciée mais c'est plutôt son contrat qui n'est pas renouvelé, la journaliste n'aurait exercé aucune activité au sein de la société depuis plus de deux ans[24],[25].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. IFEX, « Laura Poitras: Un profil », sur International Freedom of Expression Exchange, (consulté le ).
  2. a et b (en) Leon Neyfakh, « Filmmaker focuses on Edward Snowden, his leaks », sur The Boston Globe, (consulté le ).
  3. a b et c (en) Liz Karagianis, « Fulfilling a Dream - MIT Spectrum », sur Massachusetts Institute of Technology, (consulté le ).
  4. a b c d e f et g Peter Maass, « How Laura Poitras Helped Snowden Spill His Secrets' », sur New York Times, (consulté le ).
  5. Glenn Greenwald, « U.S. filmmaker repeatedly detained at border », Salon.com, (consulté le ).
  6. Freedom of the Press Foundation - Board of Directors.
  7. The Freedom of the Press Foundation - Procès de Bradley Manning.
  8. « NSA whistleblower Edward Snowden: 'I don't want to live in a society that does these sort of things' », .
  9. « Glenn Greenwald: Snowden Gave Me 15-20,000 Classified Documents », Huffington Post, .
  10. Glenn Greenwald, « Questions/responses for journalists and other matters », Blogspot,‎ (lire en ligne).
  11. (en) « Glenn Greenwald's new website launches with fresh NSA revelations - The Intercept one of several sites to be launched by new media company First Look, started by eBay founder Pierre Omidyar », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  12. « Le nouveau média du créateur d'eBay démarre avec une révélation sur la NSA », Libération,‎ (lire en ligne).
  13. Mehdi Atmani, « «The Intercept», le site né des révélations sur la NSA », Le Soir,‎ (lire en ligne).
  14. (en) The Intercept, « About The Intercept » [archive du ], FirstLook.org/theintercept, The Intercept, (consulté le ).
  15. « Les révélations d'Edward Snowden récompensées par un prix Pulitzer », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  16. Ravi Somaiya, « Pulitzer Prizes Awarded for Coverage of N.S.A. Secrets and Boston Bombing », New York Times,‎ (lire en ligne).
  17. (en) Ed Pilkington, « Guardian and Washington Post win Pulitzer prize for NSA revelations - Pair awarded highest accolade in US journalism, winning Pulitzer prize for public service for stories on NSA surveillance », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  18. (en) Glenn Greenwald, « Edward Snowden's Girlfriend, Lindsay Mills, Moved to Moscow to Live with Him - The Intercept », The Intercept,‎ (lire en ligne).
  19. (en) Spencer Ackerman, « Citizenfour review – Poitras' victorious film shows Snowden vindicated », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  20. (en) Michael B Kelley, « 'Citizenfour' Review Of Snowden Movie - Business Insider », Business Insider,‎ (lire en ligne).
  21. (en) Russell Brandom, « 'CitizenFour' gives an insider's view of Snowden's life during the leaks », The Verge,‎ (lire en ligne).
  22. Emmanuel Alloa, « Laura Poitras, la surveillance à l’œuvre », sur liberation.fr, (consulté le ).
  23. « The Intercept fermerait les archives Snowden, à la grande colère de Laura Poitras », sur Next INpact, (consulté le ).
  24. (en) Chris Lindahl, « Laura Poitras Says She Was Fired From The Intercept Over Reality Winner Controversy », sur Indiewire, (consulté le ).
  25. (en) « A Co-Founder of The Intercept Says She Was Fired for Airing Concerns », sur nytimes.com, (consulté le ).
  26. (en) « Filmmaker Bio - My Country, My Country », Biographie de Laura Poitras, sur pov.org (consulté le ).
  27. (en) Felicia R. Lee, « Surprise Grants Transforming 23 More Lives », New York Times, (consulté le ).
  28. (en) « Laura Poitras — MacArthur Foundation » (consulté le ).
  29. (en) « Electronic Frontier Foundation Pioneer Award 2013 », sur Electronic Frontier Foundation, (consulté le ).
  30. (en) Martin Pengelly, « Journalists who broke NSA story in Guardian receive George Polk Awards », sur The Guardian, (consulté le ).
  31. (en) « The Ridenhour Truth-Telling Prize » (consulté le ).
  32. (en) William Greider, « Edward Snowden and Laura Poitras Receive the Ridenhour Prize for Truth-Telling », sur The Nation, (consulté le ).
  33. (en) « Edward Snowden gets human rights award in Berlin », sur Deutsche Welle, (consulté le ).
  34. « Mostra de Venise : le Lion d’or décerné au documentaire de Laura Poitras sur la crise des opiacés aux Etats-Unis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Journalisme :

Lanceurs d'alertes :

Liens externes[modifier | modifier le code]

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