John Brown

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 4 mars 2020 à 23:54 et modifiée en dernier par 79.85.174.27 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
John Brown
Portrait de John Brown par Augustus Washington, c. 1846-47
Fonction
Commandant en chef
Armée provisoire (d)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
John BrownVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
Osawatomie, Isaac SmithVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
John Brown Home (d) (-), Torrington, North Elba, Hudson, AkronVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Owen Brown (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Ruth Mills (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
John Brown Junior (en)
Owen Brown
Frederick Brown (d)
Watson Brown
Oliver BrownVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Idéologie
Arme
Armée provisoire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflits
Archives conservées par
Louis Round Wilson Library (en) (94-z)[1]
Robert W. Woodruff Library, Atlanta University Center (en) (0000-0000-0000-0028)[2]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature de John Brown
Signature

John Brown, né le à Torrington dans l'État du Connecticut aux États-Unis et mort par pendaison le à Charles Town, Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), est un abolitionniste américain qui en appela à l'insurrection armée pour abolir l'esclavage[3]. Il est l'auteur du massacre de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d'une tentative d'insurrection à Harpers Ferry en 1859 qui se termina par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l'État de Virginie et sa pendaison.

Le président Abraham Lincoln le décrivit comme un « fanatique »[4]. L'activisme sanglant de John Brown, son raid sur Harpers Ferry et sa fin tragique sont parmi les causes de la guerre de Sécession[5]. Personnalité contemporaine et historique très controversée, John Brown est ainsi décrit à la fois comme un martyr ou un terroriste, un visionnaire ou un fanatique, un zélote ou un humaniste[6],[7].

La chanson John Brown's Body (titre original de The Battle Hymn of the Republic) devint un hymne nordiste durant la guerre de Sécession.

Genèse d'un engagement

John Brown est le fils de Owen Brown, un tanneur, et de Ruth Mills Brown, couple de confession calviniste[8],[9]. Il est amené à l'âge de douze ans à parcourir le Michigan où il séjournera chez un homme qui possédait un esclave noir. Les scènes de violences qu'on fait subir devant ses yeux à l'esclave fondent son engagement au même titre que les convictions transmises par son père[10]. En 1837, après l'assassinat d'un de ses amis directeur d'un journal abolitionniste, Brown se donne pour mission d'éradiquer l'esclavage.

Brown est entrepreneur de métier, mais il rencontre de grosses difficultés professionnelles et fait faillite[11] plus de vingt fois dans six États différents. Il est criblé de dettes mais pense être l'envoyé de Dieu sur Terre[12],[13].

Activisme abolitionniste

Le premier portrait connu de John Brown c. 1846 est un daguerréotype d'Augustus Washington[14].

En 1847, il rencontre Frederick Douglass[15], ancien esclave noir devenu orateur et futur homme politique (sa colistière Woodhull le brigua contre son gré à la vice-présidence des États-Unis en 1872). Il s'installe en 1849 dans une communauté noire de l'État de New York[16].

Son action devient plus violente à partir de 1855 : aidé de cinq de ses fils, il part dans le Kansas, alors que l'acte Kansas-Nebraska vient de rouvrir la question de l'esclavage[17]. Il est aidé pour cela, financièrement, par de nombreux abolitionnistes. Il rencontre le philosophe Henry David Thoreau qui lui voue, par la suite, une admiration sans bornes et qui prend une part active contre l'esclavage, par le biais de nombreuses conférences et d'aide aux fugitifs. Il va être l'un des protagonistes des confrontations entre pro-esclavagistes et abolitionnistes, qui seront appelées Bleeding Kansas.

En 1856, à Pottawatomie Creek, lui et ses hommes massacrent cinq colons esclavagistes à coups de sabre au motif qu'ils sont pour lui les « légions de Satan ». Il s'agit pour lui de répondre au massacre du Kansas de 1856, où des groupes organisés par le sénateur esclavagiste du Michigan David Atchison ont harcelé des colons non esclavagistes puis mis à sac Lawrence[18]. Lors de la bataille d'Osawatomie, au Kansas, il défendit le village contre 400 hommes armés[19].

En 1858, à Chatham, dans l'Ontario, il réunit dans une convention ses partisans et d'anciens esclaves réfugiés là. Ils adoptent lors de cette convention une constitution interdisant l'esclavage aux États-Unis, dite Provisional Constitution and Ordinances for the People of the United States.

En 1859, avec l'aide de dix-huit hommes[20], il s’empare d’un arsenal fédéral à Harpers Ferry, en Virginie pour lancer l’insurrection ()[21]. Le raid de John Brown contre Harpers Ferry tourne au désastre : aucun esclave ne le rejoint, Brown est grièvement blessé de plusieurs balles, et deux de ses fils sont tués. Il est jugé à Charleston pour meurtre et trahison[22] envers l'État de Virginie; condamné à mort, il est exécuté par pendaison le [20],[23]. Avant son exécution, il affirme que « Si j'avais fait ce que j'ai fait pour les Blancs, ou pour les riches, personne ne me l'aurait reproché »[18].

John Brown deviendra un symbole de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. La bataille d'Osawatomie lui vaudra une statue dans la ville, dont le nom sera repris par le Weather Underground dans les années 1970 pour son journal.

Réactions

John Brown, dessin de Victor Hugo.

Victor Hugo, depuis son exil à Guernesey, tentera d’obtenir sa grâce : il adressera une lettre ouverte qui paraîtra dans la presse européenne et américaine[24]. Ce texte, qui annonce comme une prémonition la guerre civile, vaudra au poète bien des critiques aux États-Unis.

« [...] Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.

Au point de vue moral, il semble qu'une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté. [...]

Oui, que l'Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus. »

— Victor Hugo, Hauteville-House, 2 décembre 1859

L'édition des œuvres complètes de Victor Hugo parue chez Jean-Jacques Pauvert indique que cette lettre n'arriva toutefois à destination qu'après l'exécution de John Brown.

Henry David Thoreau écrivit un long Plaidoyer pour John Brown et prononça un éloge funèbre, lors d'un office à Concord, le , date de son exécution.

Le futur président Abraham Lincoln, dans un contexte tendu (le pays est alors au bord de la guerre de Sécession), quoique abolitionniste comme Brown, ne s’opposera pas à l’exécution et prendra même ses distances avec l’action de ce dernier, dont il condamnera la violence.

Cyprian Norwid, grand artiste et penseur polonais du XIXe siècle, ami de Chopin et poète favori de Jean Paul II, a écrit un poème en hommage à John Brown dont voici un extrait (traduction de Krzystof Jezewski) :

(...) Que l’on rabatte ton chapeau sur ton visage

Afin que l’Amérique ayant reconnu son fils

Ne s’écrie point sur ses douze étoiles:

« Éteignez les feux d’artifice de ma couronne,

La nuit descend — la nuit noire au visage de Nègre!» (...)

Symbole

La condamnation à mort de John Brown fournit à la cause abolitionniste un martyr auquel se rallier. Dorénavant, celui-ci deviendra la référence de son combat, et inspirera une chanson qui deviendra l'hymne de la cause chez tous les abolitionnistes de l'Union :

John Brown's body lies a-mold'ring in the grave
His soul goes marching on
(Le corps de John Brown gît dans la tombe.
Son âme, elle, marche parmi nous.)


Notes et références

  1. « https://finding-aids.lib.unc.edu/00094/ »
  2. « http://hdl.handle.net/20.500.12322/fa:028 »
  3. (en) « John Brown | Biography, Harpers Ferry, & Pottawatomie Massacre », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. Frederick J. Blue in American Historical Review (avril 2006) v. 111 p. 481-2.
  5. David Potter, The Impending crisis, pages 356-384.
  6. David S. Reynolds, John Brown, Abolitionist : The Man Who Killed Slavery, Sparked the Civil War, and Seeded Civil Rights (2005) ; Ken Chowder, The Father of American Terrorism, American Heritage (2000) 51(1) : 81+ en ligne à http://files.blog-city.com/files/M06/158072/b/chowder.pdf « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) et Stephen Oates http://www.nps.gov/archive/hafe/jbrown/oates-text.htm
  7. (en-US) « John Brown: The Abolitionist Who Gave His Life To End Slavery And Helped Start The Civil War », sur All That's Interesting, (consulté le )
  8. (en-US) « John Brown Biography - life, family, children, name, death, history, son, old, information, born, house », sur www.notablebiographies.com (consulté le )
  9. (en-US) « John Brown », sur Biography (consulté le )
  10. (en-US) Robert J. McNamara, « The Hanging of Abolitionist John Brown Helped Hasten the Civil War », sur ThoughtCo, (consulté le )
  11. (en) « John Brown », sur American Battlefield Trust, (consulté le )
  12. Documentaire : La guerre de Sécession - États-Unis, 1989 - Réalisateur : Ken Burns
  13. (en-US) « John Brown - Ohio History Central », sur ohiohistorycentral.org (consulté le )
  14. (en) « John Brown by Augustus Washington », sur www.civilwar.si.edu.
  15. (en-US) « John Brown | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  16. (en-US) « John Brown », sur www.pbs.org (consulté le )
  17. (en) History com Editors, « John Brown », sur HISTORY (consulté le )
  18. a et b Frank Browning, John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde, , p. 239
  19. (en-US) « Brown, John | Civil War on the Western Border: The Missouri-Kansas Conflict, 1854-1865 », sur civilwaronthewesternborder.org (consulté le )
  20. a et b Foner, Eric. 2012. Give me liberty! :An american history. Seagull 3 ed. New York: W.W. Norton. p. 494
  21. (en-US) Fergus M. Bordewich, « John Brown’s Day of Reckoning », Smithsonian Magazine,‎ (lire en ligne)
  22. Trial of Brown. The Liberator, Vol. XXIX, No. 43, Oct. 28 1859, p. 3. [1]
  23. « Brown, John (1800–1859) », sur www.encyclopediavirginia.org (consulté le )
  24. Lettre sur John Brown, reprise dans les Actes et paroles. Pendant l'exil (1859) (lire sur wikisource).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

  • Le Corps de John Brown est un poème épique sur la Guerre de Sécession de Stephen Vincent Benét, paru en 1928.
  • Pourfendeur de nuages (Cloudsplitter) est un roman historique américain de Russell Banks, paru en 1998, qui traite de l'histoire de l'abolitionniste John Brown.
  • L'oiseau du bon dieu (The Good Lord Bird) est un roman de James McBride paru en 2013 racontant l'action armée de John Brown des débuts au Kansas jusqu'à sa pendaison, vue par un jeune esclave libéré.

Liens externes