Fender Telecaster

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Fender Telecaster
Image illustrative de l’article Fender Telecaster
Une Fender Telecaster.
Fabricant Fender
Période 1950, sous le nom de Broadcaster, et sans interruption depuis
Fabrication
Corps Solid body
Manche Vissé
Bois utilisés
Corps Frêne ou Aulne
Manche Érable
Touche Manche d'une pièce en érable puis touche rapportée en érable ou palissandre
Accastillage
Chevalet Fixe
Micros 2 Single-coils ou Humbuckers selon le modèle
Couleurs disponibles
Butterscotch blonde à l'origine et de nombreux coloris sur les modèles ultérieurs

La Fender Telecaster est une guitare électrique produite et commercialisée en série par Fender à partir de 1951. C'est l'une des premières guitares électriques à corps plein et la première à avoir une réelle histoire commerciale. D'abord baptisée Broadcaster en 1950, elle connaît au fil du temps des modifications de sa lutherie sans que le design originel ne change drastiquement.

Prisée par de très nombreux guitaristes dans le monde, la Telecaster est l'un des modèles de guitares les plus célèbres aujourd'hui.

Historique et évolutions

Le premier modèle de Telecaster (1949) commercialisé sous le nom de Fender Esquire ne possédait qu'un seul micro vers le chevalet et n'avait pas de truss rod (tige de réglage manche) car Leo Fender trouvait qu'il n'était pas nécessaire d'en introduire un vu la qualité de ses instruments. En 1950, sous la pression des commerciaux, il en fait poser un et dote les Esquire d'un second micro vers le manche.

Il change le nom de la guitare par « Broadcaster » mais reçoit très rapidement un télégramme de la firme Gretsch lui demandant de retirer ce nom car des éléments de batterie de leur conception existaient déjà sous le nom « Broadkaster ».

Quelques rares exemplaires seront vendus sous « Broadcaster ». Certains seront commercialisés uniquement avec la décalcomanie Fender, on les appelle « Nocaster ».

Leo Fender trouvera très rapidement le nom définitif : « Telecaster » rappelant la télévision (à l'époque très avant-gardiste)[1].

Appréciée notamment par ses sonorités se distinguant bien des voix, la Telecaster est adoptée dans un premier temps par les musiciens de country et de blues de la côte ouest des États-Unis. Ses premiers utilisateurs sont interrogés par Fender pour recueillir leurs impressions et leurs idées.

La guitare a profité d'améliorations et de changements mineurs au cours de sa longue carrière. Elle est dotée d'un manche avec touche en palissandre dans les années 1960, touche moins sensible à l'usure que celle en érable verni et qui tendrait à arrondir sa sonorité sèche et claquante caractéristique. À cette époque elle est utilisée par Jeff Beck au sein des Yardbirds ou Jimmy Page avec Led Zeppelin, par également Bruce Welch avec The Shadows.

D'autres adaptations esthétiques font vivre la gamme dans les années 1960, comme l'ajout de filets de bord de corps pour la Custom Telecaster en 1961 (il s'agit du modèle de base, lourdement modifié par Andy Summers de The Police).

En 1968, Fender reprend son premier modèle de basse Precision P-51, équipé d'un micro simple et au look spartiate, pour le renommer en Telecaster Bass et remplacer le micro simple d'origine par un humbucker « Wide Range ». Sa production s'arrêta en 1977 avant de recommencer en 2008 sous le nom de Vintage Modified Precision Bass TB fabriquée par Squier.

En 1969 Fender commercialise un premier modèle Telecaster Thinline à corps creusé (dessiné par un luthier allemand en 1968), avec deux micros simples, qui seront remplacés par les nouveaux humbuckers « Wide-Range » de Seth Lover en 1972.

Dans les années 1970, la Telecaster est déclinée en nouveaux modèles. En 1972, le modèle dit Deluxe est pourvu de micros à double bobinage « Wide-Range », d'un corps travaillé comme celui d'une Stratocaster, ainsi que d'un manche à tête « type Stratocaster » avec une crosse large et d'un chevalet de vibrato flottant Mazac sur certains modèles. Sa petite sœur, le modèle dit « Custom » garde le micro aigu simple bobinage et la tête de manche de la Telecaster de base, dite « Standard ». Ce modèle sera popularisé sur scène par Keith Richards des Rolling Stones lors de leur tournée mondiale 1981-1982. La Thinline, elle, est dotée d'un corps creusé, d'une ouïe, et de micros double bobinage.

À la même période, Fender modifie la fixation du manche, désormais à l'aide de trois vis au lieu de quatre, et l'équipe d'un dispositif de réglage de l'inclinaison. Ce changement sera abandonné par la suite, souffrant d'une certaine instabilité.

Certains guitaristes de country et de blues font monter sur la Telecaster un équipement permettant de jouer des effets de vibrato sur la corde de si (connu sous le nom B-Bender, inventé par Gene Parsons et Clarence White) ; le système a été proposé en commande spéciale par la marque à partir de 1989, puis comme un équipement standard de certains modèles, comme la Nashville B-Bender Telecaster.

Son prix (de 200 à 4 000 euros pour les modèles « custom shop », par exemple) la consacre comme une guitare d'accès aux marques prestigieuses de la lutherie électrique contemporaine.

De nombreux modèles spéciaux ont été fabriqués au Japon, notamment des rééditions de modèles des années 1960 et 1970. Par ailleurs, poussé par la nécessité de produire des instruments à bas coût, Fender a délocalisé une partie de la production au Mexique, puis en Corée du Sud, perpétuant la tradition d'économie, bien que ces modèles soient moins prisés par les amateurs.

Conception et construction

La Telecaster est construite avec un corps en frêne ou en aulne et un manche en érable massif ou palissandre.

Sa conception intègre, dans tous ses détails, le souci de la simplicité, de l'économie (valeur très chère à Leo Fender) et de la robustesse. Ce modèle, totalement révolutionnaire, donne l'impression d'avoir été pensé à partir de zéro, trouvant des solutions nouvelles (voire complètement inusitées), devenues aujourd'hui des classiques. À titre d'exemples :

  • un manche vissé (plus simple à construire et à assembler, réglable, et remplaçable en cas d'accident), en érable sans touche rapportée pour des raisons de coût ;
  • un corps plat découpé dans une « planche », 45 mm d'épaisseur (surnom parfois donné à l'instrument), ne nécessitant pas d'angle entre le manche et le corps ;
  • un chevalet à trois pontets portant chacun deux cordes, chaque pontet comportant une vis à chacune de ses extrémités : cette solution astucieuse et économique permet un réglage des cordes en hauteur individuel, mais implique un léger compromis sur la justesse ;
  • une attache des cordes à l'arrière du corps. Cette disposition est simple à ménager dans le bois de façon industrielle et procure des qualités sonores de sustain intéressantes ;
  • deux potentiomètres seulement : un réglage de volume unique et un autre ayant changé de fonction au cours du temps ;
  • une plaque de protection (pickguard) imposante, permettant une découpe du corps simple et sans exigence de grande précision, pour disposer les micros et l'électronique. Fixée par cinq (puis huit) vis, elle peut être facilement déposée, permettant, pour les modèles les plus anciens, de régler la hauteur du micro manche (les vis de ce micro étant alors cachés par la plaque de protection) ;
  • une tête très étroite qui permet de réaliser le manche dans une pièce d'érable de petites dimensions.

Micros

La Telecaster, dans sa version initiale, est équipée de deux micros single coils, et se caractérise par un son claquant que les anglo-saxons nomment le « twang ». Le twang est lié à la fois à la construction de la guitare (bois et assemblage du manche et du corps par vissage), et aux micros dont le bobinage est étroit, favorisant un son précis et net qui avait la préférence de Leo Fender. Il est particulièrement favorisé par l'ensemble micro chevalet/chevalet/support métallique. Le micro chevalet est le plus souvent considéré comme le micro principal, et donne ce son brillant, métallique et nerveux, très pourvu en fréquences aigües, caractéristique de l'instrument. Le micro manche approchant le style lipstick (en forme de bâton de rouge à lèvres) est totalement ignoré par certains guitaristes, mais apprécié par d'autres pour son attaque précise, et son aptitude à produire des rythmiques légères.

L'autre modèle de micro classiquement installé sur la Telecaster est le Wide Range, un micro à double bobinage conçu par Seth Lover (l'inventeur du Humbucker), spécialement pour Fender, qui souhaitait s'adapter à la demande croissante de ce type de micro, tout en conservant les sonorités caractéristiques de la marque : clarté et découpage précis des fréquences, alors que le Humbucker utilisé par Gibson produisait des sons plus compacts et « chauds ». Le Wide Range conserve donc un plot (aimant) par corde, comme les single coils traditionnels de Fender, mais dans un alliage spécial de Cuivre/Nickel/Fer, et un format de micro un peu plus large que le micro Gibson.

Électronique

Le modèle original (1950 à 1952) proposait deux micros associés à un sélecteur à trois positions, et deux potentiomètres rotatifs. Le fonctionnement d'origine était plutôt pragmatique pour permettre au guitariste de passer rapidement par le sélecteur d'une configuration de rythmique à une position de soliste, mais finalement assez complexe :

  • position 1 : le micro manche seul, avec une coupure des aigus (pour une rythmique « effacée ») ;
  • position 2 : le micro manche seul, sans coupure d'aigus ;
  • position 3 : un mélange des deux micros, le taux de mélange contrôlé par un potentiomètre.

Le deuxième potentiomètre assure un contrôle du volume général dans toutes les positions.

De 1953 à 1967 :

  • position 1 : le micro manche, avec une coupure des aigus ;
  • position 2 : le micro manche sans coupure, et le potentiomètre de « mélange » devient un réglage de tonalité ;
  • position 3 : le micro chevalet seul, avec le potentiomètre de tonalité.

Le deuxième potentiomètre assure un contrôle du volume général dans toutes les positions.

Enfin, à partir de fin 1967, le circuit prend sa forme désormais classique :

Un potentiomètre de tonalité général, un potentiomètre de volume général, et :

  • position 1 : le micro manche seul ;
  • position 2 : un mélange des deux micros, le mélange n'étant plus réglable ;
  • position 3 : le micro chevalet seul.

Le deuxième potentiomètre assure un contrôle du volume général dans toutes les positions.

Guitaristes

Keith Richards des Rolling stones avec sa légendaire Telecaster « Micawber » en 2006. Noter le chevalet or de type moderne à 5 pontets et le bouton de sélecteur blanc de type Stratocaster.
Le guitariste de The Hives avec une Telecaster.

Dans les premiers temps, les musiciens de studio de country furent attirés par cet instrument dessiné pour les « musiciens qui travaillent », et dont la sonorité se détachait bien des autres instruments et de la voix. Il est également apprécié pour sa robustesse, qui en fait un instrument de scène fiable, et dont le fonctionnement et les réglages sont simples et efficaces.

La Telecaster est très largement utilisée par de très nombreux guitaristes de renom. Parmi eux, quelques-uns méritent d'être mentionnés par exemple parce qu'ils ont eu une relation plus particulière avec l'instrument :

Durant des années, des guitaristes célèbres ont fait de la Telecaster leur instrument signature. Parmi eux, les guitaristes Francis Rossi et Rick Parfitt, qui utilisent, par ailleurs, leurs Telecasters dans le logo de leur groupe Status Quo. L'un des premiers en Europe à l'avoir utilisée pour la rythmique Bruce Welch en 1960, Buck Owens, Waylon Jennings, James Burton, qui a joué avec des stars comme Ricky Nelson, Elvis Presley, et Merle Haggard (qui lui-même joue sur son propre modèle Signature). La guitare favorite de Burton était cette célèbre Pink Paisley, modèle de Telecaster. Plus tard, Danny Gatton fusionna divers styles musicaux (dont le blues, le rockabilly et le bebop) avec une telle compétence et limpidité qu'il devint connu sous le nom de telemaster.

Eric Clapton utilisa une Telecaster pendant sa période avec The Yardbirds, et joua aussi sur une Telecaster Custom dotée du manche de Brownie pendant l'épisode Blind Faith. Muddy Waters et Albert Collins ont démontré que la Telecaster convenait également pour jouer le blues. Roy Buchanan a beaucoup exploité la position favorable du potentiomètre de volume pour créer des effets de violoning, en l'actionnant avec l'auriculaire droit. Le guitariste de session de soul Steve Cropper a amené à la perfection l'utilisation du son clair, minimaliste de la Tele avec Booker T. et les M.G.'s et réalisé quantité d'enregistrements pour les productions Stax (Wilson Pickett, Otis Redding etc.).

George Harrison a aussi joué sur une Telecaster Rosewood (dont le manche et le corps étaient construits en palissandre), au départ conçue exclusivement pour lui, pendant les sessions d'enregistrement pour l'album Let It Be des Beatles, sur lequel le son de la Telecaster était modifié par l'amplification à travers une cabine Leslie. Paul McCartney s'est lui aussi servi de Telecaster pour enregistrer ses parties de guitare électrique, tant avec les Beatles qu'avec les Wings ou en solo, les trafiquant au besoin, et même tronçonnant les modèles pour droitiers pour avoir un accès aux aigus. Le soliste des Cars, Elliot Easton, se contente lui de faire chanter des modèles pour gauchers, modèles aussi prisés par Iggy Pop. Slash utilise également une Fender Telecaster pour le morceau Estranged.

Keith Richards, guitariste des Rolling Stones, utilise depuis le début des années 1970 des Telecaster modifiées par remplacement du micro manche d'origine par un humbucker Gibson. Sa Telecaster emblématique a été baptisée « Micawber » (modèle 1952 butterscotch blonde avec un micro de lap steel gutar en position chevalet), une autre, Malcolm, (modèle des années 1950 également, sur lequel le vernis d'origine a été enlevé). Le son typique des riffs des Rolling Stones (Honky Tonk Women, Jumpin' Jack Flash, Brown Sugar, Tumbling Dice, Midnight Rambler...) provient de nos jours le plus souvent de l'une de ses Telecaster accordée en sol ouvert, la corde mi grave ayant été retirée (sol-ré-sol-si-ré du grave à l'aigu). Le tirant de ses cordes va, toujours du grave à l'aigu, de 0.42 - 0.30 - 0.18 - 0.15 - 0.11.

Bruce Springsteen a donné de nombreux concerts énergiques avec son Esquire. Un autre remarquable utilisateur de Telecaster est Andy Summers de The Police. Son jeu de guitare a défini en grande partie le son du groupe, grâce à la polyvalence de son modèle Custom (lourdement modifié par lui), jouant tour à tour sur le son sec de son micro aigu ou utilisant le micro grave pour quelques incursions jazzy. Jimmy Page a joué sur une Tele 1958 décorée de façon psychédélique (peinte par Page lui-même, et aussi connue comme la « Telecaster Dragon ») sur les premiers albums de Led Zeppelin, et particulièrement pour le solo de l'iconique morceau de 1971 Stairway to Heaven. La guitare lui avait été offerte par son ami Jeff Beck. David Gilmour se sert lui aussi de temps à autre de Telecaster ou d'Esquire avec Pink Floyd, Syd Barrett, fondateur et ancien guitariste de ce même groupe, se servait de modèles semblables. Il a même la plus ancienne Nocaster connue. Le célèbre solo de la fin du morceau Hotel California des Eagles mêle le son de la double manche Gibson de Don Felder à celui plus acide de la Telecaster maniée par Joe Walsh. L'usage considérable par Albert Lee de la Telecaster lui valut le surnom de « Mr. Telecaster ».

En 2001, Joe Strummer et sa mythique Telecaster.

Joe Strummer (leader du célèbre groupe punk The Clash) commença la carrière du groupe avec une Telecaster 1966 déjà usée (sunburst à l'origine mais repeinte en noir au pistolet, et ornée de son caractéristique autocollant « Ignore Alien Orders » : « N'obéissez pas aux ordres étrangers »). Le succès du groupe grandissant, de nombreuses propositions lui furent faites d'instruments neufs, mais il les déclina toutes pour continuer à jouer sur son instrument, auquel il resta fidèle jusqu'à sa mort en 2002.

En janvier 2007, Fender a sorti la « Telecaster G. E. Smith signature » en honneur de la réputation de Smith en tant que maître moderne de la Telecaster. G. E. Smith était le guitariste solo dans le groupe Hall & Oates et le directeur musical de Saturday Night Live.

James Root de Slipknot et ancien guitariste de Stone Sour, joue aussi sur des Telecaster. De 2003 à 2006, sur la première partie de la tournée Stone Sour en support de leur album Come What(ever) May, il a utilisé des modèles « Fender Custom Shop Flat-head ». Pendant l'été 2007, il a sorti ses nouvelles Artist Series Telecaster dotées d'accessoires noirs et de humbuckers EMG 60/81 dans deux choix de couleurs : noir/plaque blanche/touche érable et blanc vintage/plaque noire et touche ébène. Jonny Greenwood de Radiohead utilise sa « Telecaster Plus » abîmée pour la plupart des morceaux, y compris Creep.

Jeff Buckley utilisait une Telecaster pour la majorité des morceaux composant son album Grace mais aussi dans ses tournées en concert[réf. nécessaire].

Notes et références

  1. Biographie de Leo Fender.

Annexes

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Articles connexes

Liens externes