Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen

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Entente interdépartementale pour la démoustication
du littoral méditerranéen

EID Méditerranée
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Situation
Création
Type Établissement public français
Domaine Contrôle de nuisibles, Santé publique, Développement socio-économique, Protection du littoral
Siège 165 rue Paul Rimbaud
Montpellier
France
Coordonnées 43° 37′ 08,921″ N, 3° 50′ 54,095″ E
Langue Français
Budget 12 millions d'euros
Organisation
Membres Départements 66, 11, 34, 13, 83 & Région Occitanie
Effectifs 160
Président Christophe Morgo

Site web http://www.eid-med.org

L'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID Méditerranée ou EID-Med) est un opérateur en zones humides.

Cet établissement public chargé de la lutte contre les moustiques nuisibles (ou nuisants) et vecteurs, est mandaté depuis près de soixante ans par les Départements des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, de l’Hérault, du Gard et des Bouches-du-Rhône. En 2007, la Région Occitanie (ex-Languedoc-Roussillon) puis, en 2012, le Département du Var ont également adhéré à ses statuts.

Outre le contrôle des espèces de moustiques nuisibles issus des zones humides littorales et pouvant atteindre les zones agglomérées à fortes densités de populations, l’EID Méditerranée est un des principaux acteurs de la lutte contre le « moustique tigre », arrivé récemment, aujourd’hui identifié dans tout ou partie d’une trentaine de départements, se développant dans les zones urbaines, principalement au sein des domiciles privés.

Contexte[modifier | modifier le code]

Dans les années 1950, plusieurs élus locaux, fonctionnaires, scientifiques et hôteliers considéraient que les moustiques nuisaient au développement économique sur 30 kilomètres en profondeur du littoral méditerranéen. C’est pour répondre à un objectif touristique et économique que les élus départementaux ont créé l’Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID Méditerranée) en 1959. Plus généralement, les objectifs de salubrité, de confort, de qualité de vie et de développement socio-économique au sens large ont été également assurés par cette mission[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Au début, en 1959, trois départements fondateurs s'associent : l’Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône.

Ils sont rejoints en 1963 par ceux de l’Aude et des Pyrénées-Orientales pour coller au territoire couvert par la Mission interministérielle pour l’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon (Mission Racine, du nom de son directeur emblématique, Pierre Racine).

Fixant la démoustication comme préalable incontournable à toute démarche d’aménagement, l’État contribue alors au financement de l’EID Méditerranée aux côtés des départements, jusqu’en 1982, date de dissolution de la Mission interministérielle. Depuis lors, la démoustication est exclusivement financée par les départements membres avec, à travers eux, une participation des 218 communes incluses dans les arrêtés préfectoraux annuels, et la Région Occitanie.

L’EID Méditerranée est un organisme interdépartemental géré selon les dispositions s’appliquant aux syndicats mixtes ouverts (art. L5421 et L5721 du code général des collectivités territoriales - CGCT). C’est l’eau qui est à la source du développement des moustiques, qui passe par un stade aquatique.

Les femelles, après un « repas » sanguin destiné, en fait, à acquérir les protéines nécessaires au développement de leurs œufs, pondent, selon les espèces, sur un sol à sec pouvant être mis en eau (Aedes caspius et detritus) ou sur une surface d’eau chargée en matière organique (Culex pipiens) ou dans un réceptacle, au-dessus de la ligne de flottaison (Aedes albopictus).

C’est la mise en eau ou l’élévation du niveau d’eau qui, au contact des œufs et par des températures appropriées, entraînent l’éclosion. Suivent alors quatre stades larvaires, dont la croissance est d’autant plus rapide que la température est élevée (en moyenne un peu moins d’une semaine).

Au dernier stade, la larve devient nymphe, d’où se dégage et s’envole le moustique adulte.

Mode opératoire[modifier | modifier le code]

En cinq décennies, d’énormes progrès qualitatifs ont été accomplis. En appui sur les universitaires régionaux, les techniciens de l’EID Méditerranée ont acquis une compétence spécifique. Très vite, la démoustication est devenue antilarvaire et sélective.

Une cartographie écologique au 1/5 000, incluse dans un système d’information géographique (SIG), permet la corrélation d’indicateurs végétaux en zones humides avec la biologie des insectes piqueurs. En résulte un recensement exhaustif des gîtes à moustiques dont les espèces sont nuisibles pour l’Homme et leur veille quotidienne : cette stratégie de précision spatiale et temporelle permet à la fois efficacité et maîtrise des interventions.

La démoustication est un contrôle et en aucun cas une éradication. Pour être pertinent, ce contrôle justifie une solidarité territoriale, car les moustiques ne connaissent pas... les limites administratives et peuvent se disperser sur des dizaines de kilomètres. Les interventions sont contenues, chaque gîte n’étant traité que deux à trois fois par an, en fonction des mises en eau. Cette approche fine fait de la démoustication un acte de gestion intégrant une pluralité de moyens (traitements, gestion de l’eau, prévention) et un objectif de conservation des milieux.

Aujourd’hui, l’EID Méditerranée garantit ses processus au travers d’une certification « QSE » (qualité - sécurité - environnement), décernée par le Bureau Veritas.

Lutte et résultats[modifier | modifier le code]

Lutte chimique : insecticides[modifier | modifier le code]

La mise en œuvre de la directive européenne « biocide », édictée en 1998, a abouti à une forte réduction du nombre d'insecticides homologués et disponibles pour la démoustication. En 15 ans, on est passé d’une dizaine (doses massives de DDT souvent par épandage depuis des avions, puis épandages sélectifs d'organophosphorés tels que le fénitrothion sur les gîtes potentiels de moustiques[2] à l'origine de cas de résistance aux insecticides)[3] à deux :

  • le Bti (Bacillus thuringiensis ser. israelensis), bio-insecticide pour les traitements antilarvaires, en milieux naturels comme urbains.
  • la deltaméthrine, issue de pyrèthres naturels (substance qu’on trouve dans les applicateurs domestiques vendus en grande surface), s’adressant aux moustiques à l’état adulte, uniquement en milieu urbain. Ce produit est réservé aux traitements antivectoriels (pour la santé publique) : en effet, étant le seul utilisable dans sa catégorie d’emploi, il importe d’éviter, par des utilisations récurrentes pour un objectif de confort, un risque de résistance chez les populations de moustiques ciblées.

Cette situation, due à des considérations économiques et commerciales, est problématique et conduit les opérateurs publics de lutte à solliciter les autorités de l’État et le secteur industriel pour développer de nouvelles molécules, afin d’optimiser le nombre de produits utilisables.

Traitements[modifier | modifier le code]

En milieu « rural », les traitements sont réalisés principalement (» 75 %) par moyens aériens : avions ou hélicoptères (à l’étude : drones), avec traçage par DGPS. Les 25 autres % sont effectués, là où la réglementation l’autorise, par des moyens au sol : motos 4x4 (Quads), chenillés amphibies (avec très faible pression au sol), « pedibus cum jambis » (avec appareil à dos).

Le choix de tel ou tel moyen est fonction de l’importance des superficies à traiter, des conditions météo (températures, principalement) pesant sur la rapidité du développement larvaire, de l’orientation et de la puissance des vents postérieurement à des mises en eau, pouvant rendre les traitements aériens difficiles voire impossibles.

En moyenne, 30 000 à 40 000 hectares sont traités annuellement (les chiffres peuvent beaucoup varier d’une année à l’autre, selon le nombre et l’intensité des phénomènes météorologiques : pluies, vents marins, entrées maritimes…, d’une part, et les mises en eau artificielles (irrigations…), d’autre part.

En milieu urbain, les traitements antilarvaires contre l’espèce commune Culex pipiens, principalement sur l’espace public (bouches d’égout, avaloirs pluviaux…), se font à partir de véhicules équipés et sont instrumentés manuellement par des techniciens.

En moyenne, 50 000 gîtes larvaires urbains sont contrôlés annuellement, variables en nombre eux aussi selon les secteurs couverts par les agences.

Lutte physique et biologique[modifier | modifier le code]

« La lutte physique consiste à assainir les terrains humides, à combler les marais, à curer et entretenir les canaux. D'autres moyens sont également utilisés mais dans des proportions beaucoup moins importantes comme la lutte biologique par introduction de poissons ou d'insectes prédateurs ou encore comme la lutte génétique par introduction de moustiques mâles stériles[3] ».

Résultats[modifier | modifier le code]

Cette démoustication « a été un grand succès dont les effets se sont fait sentir jusque dans les grandes villes de la région souvent distantes de 10 à 15 kilomètres seulement des rives de la Méditerranée[3] ».

Environnement[modifier | modifier le code]

La demande publique a évolué. Aux motivations sanitaire et économique s’est ajoutée une préoccupation environnementale forte : protection du littoral, suivis écologiques multiples, que l’EID Méditerranée opère dans le cadre et à partir de la démoustication.

Ainsi, s’implique-t-elle dans la restauration des cordons dunaires, assurant, pour le compte de collectivités concernées, le maintien et le suivi des systèmes littoraux. Il s’agit d’éviter les entrées d’eau de mer franchissant des dunes dégradées voire réduites à néant et venant inonder les terres situées en amont où se trouvent des œufs de moustiques prêts à éclore. Dans le même temps, la reconstitution des cordons dunaires contribue à sauver les plages et à en restaurer l’attrait auprès des estivants.

En partenariat avec de nombreux organismes scientifiques, universitaires et environnementaux, l’EID-Med développe également sur ces espaces des suivis écologiques : observation et inventaire floristique, faunistique, cartographie…

Santé publique[modifier | modifier le code]

À l’instar de nombreuses régions du monde, les territoires couverts par l’EID Méditerranée, à lido lagunaire, n’ont pas échappé, jusqu’au début du XXe siècle, aux épidémies de maladies transmises par les moustiques, notamment de paludisme.

Jusqu’en 1939, de petites poussées épidémiques ont été observées dans des communes du sud du Languedoc-Roussillon. À la fin des années 1940, quelques cas isolés ont été identifiés puis la maladie a disparu.

Toutefois, la vigilance est restée et demeure entière. Ainsi, depuis 2004, l’arrivée et l’extension continue de l’espèce exotique Aedes albopictus (« moustique tigre »), vecteur potentiel de maladies telles que le chikungunya, la dengue et l'infection à virus Zika, a justifié la mise en œuvre par le ministère de la Santé d’un « plan national anti-dissémination », au titre duquel l’EID Méditerranée est appelée à réaliser des traitements de lutte anti-vectorielle (LAV), à la demande des conseils départementaux (qui en ont la charge), après signalements de cas suspects ou avérés, importés ou autochtones, par les ARS (agences régionales de santé).

Recherche[modifier | modifier le code]

Les modes opératoires standardisés appliqués par les agents opérationnels de l’EID Méditerranée nécessitent d’être adaptés en permanence aux modifications de l’environnement, en termes de règlementation (biocides, statuts de protection foncière ou labellisées), des évolutions technologiques et des contraintes budgétaires.

Pour ce faire, l’EID Méditerranée dispose d’une équipe de recherche et développement (R&D) multidisciplinaire dont le rôle est de faire évoluer ces modes opératoires de manière anticipative. Composée d’entomologistes, d’écologues, de spécialistes des biocides et des techniques de traitement, cette équipe s’appuie sur une logistique et une infrastructure adaptées (laboratoires et insectariums sécurisés).

Elle s’appuie également sur des réseaux scientifiques et techniques extérieurs et collabore à de nombreux projets de recherche partenariaux, nationaux et internationaux, et s’est spécialisée dans l’évaluation de l’efficacité et de la sélectivité des différentes méthodes et outils de lutte contre les moustiques. La collaboration avec ces réseaux, développée au fil du temps, est rendue nécessaire aujourd’hui compte tenu de la complexité croissante des sujets traités.

Organisation[modifier | modifier le code]

Pour le contrôle de la nuisance « traditionnelle » (moustiques issus des zones humides littorales et du milieu « rural »), 220 communes sont suivies par l’EID Méditerranée (en 2021) entre l’étang de Berre (aux confins de Marseille) et Cerbère (à la frontière franco-espagnole). Ce sont les communes qui se trouvent dans la zone de dispersion potentielle de ces espèces de moustiques (Aedes caspius et Aedes detritus, principalement).

En 2021, ce sont 160 agents qui assurent cette mission sur un territoire de plus de 300 000 hectares. Sur cette zone d’action, l’EID Méditerranée dispose de sept agences opérationnelles :

La direction générale, installée à Montpellier regroupe, les directions techniques et scientifiques (opérationnel, entomologie, laboratoire / recherche & développement, génie civil de l’environnement, cartographie / SIG), la direction administrative, la direction de la communication et un parc de véhicules et matériels.

Les missions de l’EID Méditerranée sont suivies par un conseil scientifique et technique (CST) composé de membres indépendants : universitaires, scientifiques, médecins, biologistes, spécialistes de l’environnement.

Pour les traitements de lutte anti-vectorielle (LAV) s’adressant aux « moustiques tigres », compétence dévolue aux conseils départementaux, les moyens dédiés (personnels mobilisés à partir des sept agences sus-mentionnées + deux autres agences dédiées, dans le Var et les Alpes-Maritimes) justifient des conventions spécifiques signées avec 17 départements métropolitains.

Qualité[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 2000, l’EID Méditerranée s’est engagée dans une démarche qualité basée selon la norme ISO 9001, afin de répondre aux attentes des bénéficiaires de ses prestations, de répondre de façon pertinente au bon usage des finances publiques, de se conformer aux exigences réglementaires et environnementales, d’optimiser les outils techniques et d’accroître les actions de traçabilité et de contrôle. Cette politique a abouti à la certification de l’établissement à la norme ISO 9001 : 2008 en juillet 2009 pour l’ensemble de ses activités.

Cette politique a été poursuivie, en y ajoutant deux autres reconnaissances normatives : ISO 14001 - Version 2004, concernant tous les secteurs de l’environnement, et OHSAS 18001 - Version 2007, concernant la santé et la sécurité des collaborateurs de l’EID-Med.

Ainsi, son organisation administrative et technique, son laboratoire, ses agences opérationnelles déconcentrées, ses engins et matériels spécifiques et ses modes opératoires des traitements insecticides sont passés chaque année au scanner.

Depuis 16 ans, l'EID Méditerranée est engagée dans cette démarche qui l'a conduite à obtenir la certification QSE : trois normes en une, constituant un « système de management intégré ». Cette triple certification est décernée pour 3 ans, au terme desquels un nouvel examen approfondi est effectué. Remise en cause et amélioration continue sont au cœur de ce processus.

Historique de la démarche[modifier | modifier le code]

  • 2000 : début d’une démarche qualité pour le laboratoire de recherche.
  • 2008 : décision d’élargir le périmètre à l’ensemble des activités.
  • 2009 : EID Méditerranée certifiée ISO 9001 : version 2008.
  • 2012 : renouvellement de la certification ISO 9001 : version 2008.
  • 2015 : certification QSE « Qualité - Sécurité - Environnement » (ISO 9001 : version 2008, ISO 14001 : version 2004, OHSAS 18001 : version 2007).

Administration[modifier | modifier le code]

L’EID Méditerranée est administrée par les représentants de ses collectivités membres : départements des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, de l’Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône, du Var, Région Occitanie / Pyrénées Méditerranée, soit treize élus titulaires et autant de suppléants forment son conseil d’administration.

Le Président est, depuis 2015, Christophe Morgo, vice-président du CD de l’Hérault. Les Vice-Présidents sont : Martine Rolland, vice-présidente du CD des Pyrénées-Orientales, Nicolas Sainte-Cluque, conseiller départemental de l’Aude, Kléber Mesquida, président du CD de l’Hérault, Léopold Rosso, conseiller départemental du Gard, Corinne Chabaud, conseillère départementale des Bouches-du-Rhône, Francis Roux, conseiller départemental du Var, Didier Codorniou, vice-président de la Région Occitanie.

Partenariats[modifier | modifier le code]

En France métropolitaine et outre-mer, il existe d’autres opérateurs publics de contrôle de la nuisance des moustiques et de lutte anti-vectorielle. Les principaux d’entre eux se sont réunis dans une association intitulée ADEGE (agence nationale pour la démoustication et la gestion des espaces naturels démoustiqués). Il s’agit, outre l’EID Méditerranée, de l’EID Rhône-Alpes, de l’EID Atlantique et de services de collectivités territoriales : conseil départemental de la Corse-du-Sud, collectivité territoriale de la Martinique, collectivité territoriale de la Guyane, syndicat intercommunal de lutte du Bas-Rhin.

L’EID Méditerranée est partenaire scientifique de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), de l’INRAe(Institut national de la recherche agronomique et de l'environnement), de l’Université de Montpellier et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), dans le cadre du Réseau montpelliérain sur les vecteurs de maladies émergentes (RMVME).

Plus globalement, l’EID Méditerranée est membre du Centre national d’expertise sur les vecteurs / CNEV.

L’EID Méditerranée participe aussi à d’autres projets transversaux techniques et scientifiques : l’EMCA (European mosquito control association) et la SOVE-Europe (European society for vector ecology).

Fonds d'archives[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Aline Richard Zivohlava, Dans la peau des bêtes, Place des éditeurs, , p. 121
  2. Bordures des étangs, eaux stagnantes
  3. a b et c Jean Sagnes, Deux siècles de tourisme en France, XIXe – XXe siècles, Presses universitaires de Perpignan, , p. 43