Abbaye de la Cambre

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Abbaye de la Cambre
Image illustrative de l’article Abbaye de la Cambre
Entrée de l'abbaye
Présentation
Nom local La Cambre
Culte Catholicisme
Type Abbaye de moniales à l'origine, puis prieuré prémontré
Rattachement Ordre de Cîteaux (1201-1796)
Ordre des chanoines réguliers de Prémontré (2013-2020)
Début de la construction 1201
Fin des travaux Désacralisée en 1796
Style dominant Gothique
Protection  Patrimoine classé (1908, 1989)
Site web www.premontres-lacambre.beVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région de Bruxelles-Capitale Région de Bruxelles-Capitale
Quartier La Cambre
Ville Ixelles
Coordonnées 50° 49′ 08″ nord, 4° 22′ 27″ est
Géolocalisation sur la carte : Bruxelles
(Voir situation sur carte : Bruxelles)
Abbaye de la Cambre
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Abbaye de la Cambre

L'abbaye de la Cambre est un ancien monastère de moniales cisterciennes nobles, fondé en 1201 et supprimé en 1796.

Installée à la source d'un ruisseau, le Maelbeek, l'abbaye a laissé son nom au quartier de La Cambre, à Ixelles, une commune de la Région de Bruxelles-Capitale (Belgique).

Grâce aux donations des ducs de Brabant et des grands féodaux brabançons, la fondation prend rapidement un bel essor. L'abbaye est placée sous l'autorité spirituelle de l'abbaye de Villers. Le XIIIe est un siècle de grand rayonnement spirituel, alors que le XIVe siècle est difficile. Proche de la ville de Bruxelles, mais hors de son enceinte et donc non protégée, l'abbaye est souvent victime de pillages ou de saccages du fait des guerres de Religion au XVIe siècle. Le XVIIe siècle est un siècle de prospérité et de restauration. Au XVIIIe siècle, les abbesses reconstruisent tout l'ensemble dans le style français de l'époque, exprimant ainsi un désir de grandeur et de luxe.

En 1796, l'abbaye est supprimée par la Révolution française et vendue comme bien national, ses bâtiments recevant diverses affectations par la suite.

De 2013 à 2020, une communauté de chanoines prémontrés séjourne dans l'édifice religieux devenu prieuré sur cette période.

Situation géographique[modifier | modifier le code]

L'abbaye de la Cambre est un ancien monastère de moniales cisterciennes nobles fondé à la source du Maelbeek, en Belgique. Elle est située à 2 km au Sud-Est de Bruxelles, dans le val, proche du Bois de la Cambre, ancien parc extérieur à l'abbaye, qui était ouvert aux laïcs[1]. Située hors de la ville lors de sa fondation, l'abbaye se trouve sur le territoire de la commune d'Ixelles, au sein de la Région Bruxelles-Capitale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Source du Maelbeek dans le petit étang de l'abbaye de la Cambre.

L'abbaye est fondée vers 1201, avec l'appui des moines de l'abbaye de Villers, par une dame noble, Gisèle († 1201[1]), religieuse bénédictine bruxelloise. Elle adopta, pour sa fondation, la règle de l'ordre de Cîteaux. Grâce aux donations des ducs de Brabant (Henri Ier et Henri II), des grands féodaux brabançons tels que les d'Aa, la fondation prit rapidement un bel essor[1]. Précisément, en 1201, elle reçut de Henri Ier duc de Brabant les étangs d'Ixelles, un moulin à eau et l'enclos environnant le monastère.

En 1203, le pape Grégoire IX confirme la fondation sous le nom de « Chambre de Notre-Dame » (La Cambre). L'abbaye est placée sous l'autorité spirituelle de l'abbaye de Villers. Par la suite, l'abbaye fit d'autres acquisitions importantes, comme, à Vilvorde, une partie du territoire urbain avec l'église Notre-Dame et ses dix-neuf bénéfices cédés par le chapitre d'Aix-la-Chapelle[1].

Le XIIIe siècle est un siècle de grand rayonnement spirituel : saint Boniface de Bruxelles (1182-1260), natif d'Ixelles, chanoine de Sainte-Gudule (future cathédrale de Bruxelles), professeur de théologie à Paris et évêque de Lausanne (1231), y vivra les dix-huit dernières années de sa vie et sera enterré dans l'église. À la même époque, sainte Alix y était une jeune moniale lépreuse et mystique, et y mourut le [2].

Le XIVe siècle fut difficile. Proche de la ville de Bruxelles, mais hors de son enceinte et donc non protégée, l'abbaye fut souvent victime de pillages. Les moniales se réfugiaient alors à Bruxelles. En 1381, un incendie causé par des pillards détruit une bonne partie des bâtiments.

En 1400, est édifiée l'église qui subsiste encore au XXIe siècle. De style gothique, elle garde cependant la marque de la sobriété cistercienne.

Au XVIe siècle, quelques événements importants eurent lieu à l'abbaye. En 1559, Maximilien de Berghes y est consacré évêque de Cambrai. Le , c'est à La Cambre que se réfugia la veuve du comte d'Egmont (avec ses onze enfants) après l'exécution de son mari. En 1581: nouveau saccage, cette fois par les calvinistes.

En 1599, les moniales rentrent à l'abbaye après un long exil à Bruxelles. Le XVIIe siècle est un siècle de prospérité et restauration. Au XVIIIe siècle: désir de grandeur et luxe conduisent les abbesses à reconstruire tout l'ensemble dans le style français en honneur à l'époque: superbes jardins en gradins, escaliers monumentaux, cour d'honneur avec portail.

En 1796, elle est vendue comme bien national au carrossier Jean Simons, à la suite de la Révolution française[1]. Elle change trois fois de mains et devient fabrique de betteraves puis de coton[3]. Au XVIIIe siècle, les domaines et propriétés de l'abbaye formèrent une commune indépendante : La Cambre, avant que cette commune ne soit intégrée à Ixelles [4].

Abbesses commendataires[modifier | modifier le code]

Marie Alexandrine Snoy (dame Séraphine), née en 1704, abbesse de la Cambre en 1757, morte en 1794.
Bernardine de l'Abbaye de la Cambre.

Sœurs Bernardines[modifier | modifier le code]

La plupart des sœurs étaient des filles de maisons importantes et nobles. Les abbesses étaient normalement membres de familles nobles. Les sœurs ont été nommés Bernardines de La Cambre.

Après la suppression[modifier | modifier le code]

Après la suppression de l'abbaye comme communauté monastique, les bâtiments furent utilisés pour différentes activités :

  • Hôpital militaire à plusieurs reprises sous la Révolution, on y soignait les victimes des combats.
  • Manufacture de coton pendant cinq ans.
  • Dépôt de mendicité de 1810 jusqu'à la fin du XIXe siècle où l'on rassemblait hommes, femmes, enfants, malades, infirmes, aliénés mentaux et même des délinquants.
  • Entre 1870 et 1909, l'École militaire occupe l’entièreté du site et installe dans l'église un gymnase et une salle de jeu. Le cloître devient le réfectoire et sa galerie un préau tandis que la cour d'honneur devient un manège extérieur et les jardins en terrasse une plaine d'exercice[8].
  • L'Institut Géographique National (IGN), et avant lui ses prédécesseurs l'Institut cartographique militaire et l'Institut géographique militaire, ont occupé les locaux de l'ancien palais abbatial de l'abbaye de 1871 à 2020.
  • Occupée par les soldats allemands qui s'y cantonnèrent durant la Première Guerre mondiale. Après leur passage, l'abbaye se retrouva ruinée. Les architectes Collès et Chrétien Veraart furent chargés de la restauration[1].
  • En 1921, la Ligue des amis de la Cambre s'y installe pour préserver l'abbaye.
  • En 1927, Henry Van de Velde obtient l'autorisation d'ouvrir dans l'enceinte abbatiale un Institut Supérieur des Arts Décoratifs (aujourd'hui et depuis 1980 École Nationale Supérieure des Arts Visuels (ENSAV) de La Cambre ou La Cambre Arts Visuels, l’une des principales écoles d’art et de design de Belgique).
  • En octobre 2013, les chanoines prémontrés de l'abbaye de Leffe y restaurent la vie religieuse, à l'appel de l'archidiocèse[9] : deux chanoines, établis en prieuré, y animent la communauté chrétienne et assument la charge de la paroisse. Mais le 1er avril 2020, par un communiqué commun, l'abbé de Leffe et l'archidiocèse annoncent la fermeture du prieuré pour la fin de l'été[10].
  • En 2014, un jeune entrepreneur, Vincent Poswick[11], commercialise trois bières portant le nom d' Abbaye de la Cambre blonde, triple et ambre[12]. Leur étiquette ne comportant pas le logo Bière belge d'Abbaye reconnue car elles ne sont pas élaborées sur place mais par une brasserie limbourgeoise produisant des bières à façon, elles ne sont pas considérées par les connaisseurs comme de véritables bières d'abbaye mais comme un pur produit marketing[13].

Description[modifier | modifier le code]

Les bâtiments, édifiés aux XIIIe et XIVe siècles, durent être restaurés à partir de 1598[1]. L'abbaye en reconstruction est représentée sur une toile de Denis van Alsloot (1570-1626) conservée au Musée des beaux-arts de Nantes[1]. Aujourd'hui, l'abbaye est entourée au sud par l'avenue Émile Demot, à l'est par l'avenue Émile Duray et au nord par le square de la Croix-Rouge.

Du côté des étangs d'Ixelles, l'abbaye a deux entrées, qui permettent d'accéder à la place de l'église, au bassin où naît le Maelbeek, aux jardins étagés, à la cour d'honneur, au palais abbatial, à l'église conventuelle, au cloître, à la salle capitulaire, au dortoir, à l'infirmerie et à un pavillon[14].

Les deux entrées[modifier | modifier le code]

Armes de l'abbesse Séraphine Snoy

La première entrée est un portique à trois arcades soutenu par huit piliers. L'autre entrée est un portail monumental du XVIIIe siècle, caractérisé par son attique. Ainsi, la porte est cintré avec des bandeaux, flanqué de deux colonnes doriques et surmonté d'un fronton triangulaire brisé. Dans le fronton se trouvent les armes de la 41e et dernière abbesse, Séraphine Snoy, armes que l'on retrouve à maints endroits du site.

La cour d'honneur[modifier | modifier le code]

La cour d'honneur, transformée en parking, frappe par la symétrie et la régularité des constructions qui l'encadrent. Elle est de style classique. Le palais abbatial, au fond, est de style Louis XV. Il se partage en trois parties : la partie centrale avec perron et fronton triangulaire et les deux parties latérales, ailes perpendiculaires, avec porte cochère et fronton circulaire. La toiture possède quatre lucarnes. Cette cour d'honneur se termine au nord par un hémicycle comprenant la porte d'entrée de 1780. Le nom de l'architecte de cette cour n'est pas connu.

L'église et le cloître[modifier | modifier le code]

D'autres bâtiments[modifier | modifier le code]

Alors que la galerie nord du cloître est adossée à l'église, la galerie orientale s'appuie sur un bâtiment où se trouvait la salle capitulaire et, à l'étage, le dortoir. Le réfectoire qui soutenait la galerie sud a disparu. En sortant de l'église longeant le dortoir, on aperçoit, plus au sud, un second groupe de bâtiments du XVIIIe siècle comprenant l'infirmerie (porte armoriée de 1740) et les anciennes dépendances.

On peut remarquer encore un pavillon de style Louis XV (1760).

Armes de l'abbesse Louise Dellano y Velasco, en bas de l'escalier. Devise : « Veritas Robur »

Les jardins étagés[modifier | modifier le code]

Vue du grand escalier.

Les jardins étagés à la française ont été créés vers 1725 par l'abbesse Deliano y Velasco, dont les armes figurent sur le mur de l'escalier d'accès. Ils se composent de cinq terrasses successives. Ils ont été réaménagés en 1924 dans leur état primitif. L'escalier est monumental avec deux énormes piliers à bossages, accostés de volutes et surmontés de vases. La visite du site et l'accès au jardin et à l'église sont libres. L'église aujourd'hui paroissiale est ouverte au public.

Ces jardins sont classés au patrimoine protégé par la Région de Bruxelles-Capitale depuis le [15].

L’abbesse Louise Dellano y Velasco fait tracer cinq terrasses de jardins à la française reliées par des escaliers monumentaux.

Arts[modifier | modifier le code]

On reconnaît l'abbaye et son domaine dans maintes œuvres photographiques de San Damon, créateur de l'Oniroscopisme. L'église, comme la cour d'honneur accueillent quelquefois des spectacles, principalement d'ordre classique, tant sur le point de vue musical que théâtral. José Van Dam s'y est produit notamment dans l'interprétation des Noces de Figaro de Mozart, mais aussi en duo avec le groupe-pop britannique Supertramp ainsi que Billy Paul.[réf. nécessaire]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., Éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 73.
  2. Histoire de la ville de Bruxelles, Alexandre Henne, Alphonse Guillaume Ghislain Wauters
  3. http://www.freepub.be/doc/Ambulance_Cambre.pdf
  4. Tihon, André, « La fusion des communes dans le département de la Dyle sous le régime napoléonien », Revue belge de Philologie et d'Histoire, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 43, no 2,‎ , p. 515–551 (DOI 10.3406/rbph.1965.2572, lire en ligne, consulté le ).
  5. Sur ce vitrail, il y a quelques erreurs d'émaux : les corbeaux essorant, posé sur un monticule de 3 coupeaux de sinople, devraient être de sable.[réf. nécessaire]
  6. Sur ce vitrail, il y a quelques erreurs d'émaux : les trois quintefeuilles, boutonnées et barbées d'or, devraient être de sable.[réf. nécessaire]
  7. Portrait de la fille cadette de Rubens, automne 1683 sur rubenshuis.be
  8. Ouvrage collectif, Histoire de l’École militaire : 1834-1934, Bruxelles, Académie royale de Belgique (Imprimerie Marcel Hayez), , 396 p., in-4° (OCLC 71435352), chap. IV (« Les origines de l’École militaire et ses installations successives »), p. 108-109
  9. « Trois moines réinvestissent l'abbaye de la Cambre », sur RTBF.fr (consulté le )
  10. Prieuré de la Cambre, « Communiqué de l'abbé de Leffe et du vicaire épiscopal de Bruxelles », sur www.premontres-lacambre.be, (consulté le )
  11. « Une bière bientôt brassée à la Cambre », sur Le Soir (consulté le )
  12. Brasserie de la Cambre, site officiel.
  13. Bières: un renouveau entre artisanat et marketing, Benoît Franchimont, Soir Mag, 16 avril 2018.
  14. Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., Éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 74.
  15. « Arrêté royal classant comme monument les jardins de l'abbaye de la Cambre », sur monument.irisnet.be, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Fernand de Ryckman de Betz, Georges Dansaert et l'abbé Thibaut de Maisières, L'abbaye cistercienne de La Cambre : étude d'histoire et d'archéologie, De Nederlandsche Boekhandel, , 394 p. (lire en ligne).
  • Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Bruxelles, Office de Publicité, S. A., Éditeurs, , p. 73.
  • André Maes, Histoire de Notre-Dame de la Cambre et de Saint Philippe Néri, Bruxelles, André Maes, , 699 p. (KBR code V 3.604 B) — Ouvrage en deux volumes, vol. 1 1196-1794, vol. 2 1794-1977
  • Jean-Pierre Félix, Histoire des orgues de l'abbaye de la Cambre puis paroisse Notre-Dame de la Cambre et Saint Philippe Neri à Ixelles, Bruxelles, Jean-Pierre Félix, , 127 p. (OCLC 24412973) (KBR code V 10.243 B)

Il existe également un polar dont l'action se déroule à l'abbaye :

  • Marc Meganck, Les Dessous de la Cambre, 180e éditions, 2012

Les prieurés de la Forêt de Soignes[modifier | modifier le code]

Hommages aux peintres et écrivains sur le site de l'abbaye[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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