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Compagnies méharistes sahariennes

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Tenue d'un légionnaire des CSPLE

Les compagnies méharistes sahariennes (de méhari, le dromadaire de monte saharien) étaient des unités de l'armée française destinées à contrôler les territoires du Sahara à l'époque coloniale. Elles jouèrent notamment un grand rôle lors de la conquête du sud-algérien et assurèrent ensuite la présence française dans le Sahara, en Mauritanie, Mali, Niger et Tchad[1].

Ces unités méharistes employaient des soldats réguliers, les tirailleurs, et des « supplétifs » sahariens engagés parmi les grandes tribus nomades, Maures, Touaregs, Toubous ou Arabes. Ces supplétifs sont appelés « goumiers » par l’armée coloniale, tout comme les troupes « indigènes » de cavalerie en Afrique du Nord[1].

Utilisant des dromadaires dans ces régions où les premières automobiles ne pouvaient pas s'aventurer, elles furent désignées sous le nom de compagnies ou escadrons méharistes.

Véritables sentinelles du désert, ces compagnies furent alors chargées de la pacification des zones touareg, des travaux topographiques, de la surveillance des caravanes et des pistes, de la surveillance des frontières, etc.

Création

Un régiment de dromadaires avait déjà été créé par Napoléon Bonaparte pendant la Campagne d'Égypte entre 1799 et 1801.

Des expérimentations d'unités mobiles, montées sur mulets et dromadaires, eurent lieu entre 1843 et 1848, mais les nécessités opérationnelles ne justifièrent pas alors la pérennisation de ce type de fonctionnement[2].

Les premières unités méharistes existèrent dès 1885 (créées à l'occasion du soulèvement du Sud-oranais) et furent organisées sur la bases d'unités de 250 hommes articulées en deux pelotons de deux sections. Elles étaient alors équipées d'un mulet pour deux combattants, le mulet portant les paquetages ainsi qu'un soldat, celui-ci alternant avec son binôme, permettant ainsi une rapidité propice aux grandes distances à parcourir[2].

L'organisation de compagnies méharistes a été mise au point par le commandant Laperrine en se fondant sur le fait que, pour lutter contre des nomades, il fallait employer des nomades. Elles furent officiellement créées à partir de 1901.

Histoire

Leurs noms, nombres, localisations et rattachement évoluèrent avec le temps. Ces unités étaient des unités de réserve générale (c'est-à-dire sans rattachement à un territoire précis[2]).

La loi du porta création de cinq compagnies sahariennes[3] respectivement basées à Fort-Polignac (Tassili), Tindouf, El Oued, Adrar et Tamanrasset. Ces compagnies étaient commandées par des officiers des Affaires indigènes et dépendaient de la direction de l'infanterie. Elles étaient autonomes et comptaient environ 68 méharis.

Des compagnies sahariennes portées furent quant à elles créées à Ouargla, Colomb-Béchar et Ain Sefra, Laghouat et Sebha au sein de la Légion étrangère (CSPL). Plus tard, ces compagnies furent fusionnées pour donner naissance à quatre CSPL.

Une compagnie méhariste est également créée en 1921 à Palmyre lors du Mandat français sur la Syrie et le Liban sous le nom de 1re Compagnie méhariste du Levant. Elle deviendra en 1936 la 1re Compagnie légère du désert et sera dissoute en [4].

Les unités sahariennes de la Légion étrangère

1re compagnie

le , la compagnie automobile du 1er REI devient autonome et prend le nom de compagnie saharienne portée de la Légion étrangère (CSPL). Sa garnison est située tout d'abord à Tabelbala puis à Aïn Sefra à partir de .

Le , elle se scinde en deux et donne naissance aux 1re et 2e CSPL. La 1re CSPL s'implante à Fort-Flatters en 1955 puis à Ksar El Hirane en 1960. Le , la 1re CSPL devient le 1er escadron saharien porté de la Légion étrangère (1er ESPLE)

1er escadron

Équipé de blindés légers il est assimilé à une unité de l'arme blindée cavalerie.

Cette unité forme corps et est indépendante au même titre qu'un régiment, tant dans son équipement que dans ses missions. L'escadron est stationné à Ksar El Hirane, près de Laghouat et effectue des tournées de police dans le désert ainsi que des raids éclairs sur des positions repérées de l'ennemi.

En 1961, à l'issue du putsch des généraux, l'escadron reçoit la mission d'assurer la surveillance des personnalités civiles et militaires arrêtées avant leur rapatriement en France.

En août 1962, le 1er ESPLE perd trois hommes, dont le lieutenant Gélas, qui seront les derniers morts français de la Guerre d'Algérie.

Stationné à Reggane et à Aoulef à partir de juillet 1962, l'escadron est dissous et intégré au 2e régiment étranger d'infanterie le , date à laquelle il devient la 7e compagnie portée du régiment.

Commandants du 1er ESPLE

  • capitaine Gaud : -
  • lieutenant Lajouanie : - fin juin 1961 (interim)
  • capitaine Vonderheyden : fin juin 1961 -
  • capitaine Sukic : -

2e compagnie

La 2e CSPL est créée le par dédoublement de la CSPL et s'installe à Ouargla puis en 1948 à Laghouat.

En 1954, elle intervient à Gafsa en Tunisie puis participe à la guerre d'Algérie.

La compagnie est dissoute le et devient la 1re compagnie portée du 4e REI.

3e compagnie

La 3e CSPL est créée le en Algérie à Sidi-bel-Abbès et s'implante au Fort Leclerc près de l'oasis de Sebha où elle est chargée de la surveillance du Fezzan jusqu'en 1956 avant de rejoindre le département des Oasis.

L'unité est dissoute le et devient la 7e puis 3e compagnie portée du 4e REI.

Le poète Pierre-Eugène Bourgin qui signait ses œuvres sous le pseudonyme de Von Palaïeff a servi dans cette unité.

4e compagnie

La 4e CSPL est formée le à Aïn-Sefra à partir de la 24e CPLE dissoute à cette même date. Elle s'implante ensuite à Colomb-Béchar à compter de 1957.

Elle est dissoute le et devient la 2e compagnie portée du 2e REI.

Les insignes de poitrine

Organisation

Compagnies méharistes

À leur création en 1902, quatre de ces compagnies étaient composées de fantassins montés et de méharistes (montés sur des dromadaires ou méharis) alors que la cinquième disposait de véhicules adaptés au désert.

Ces compagnies peuvent être en configuration normale ou réduite. Elles se composent alors d'un peloton de commandement et de deux ou trois pelotons de méharistes pour effectif total de 142 ou 178 hommes.

Compagnies sahariennes portées (CSP)

Ces compagnies sont toutes les cinq organisées selon la même structure :

Elles comptent 195 hommes avec des véhicules Auto mitrailleuses M8 Greyhound, Dodges 4x4 et 6x6..

Groupement saharien d'annexes

  • Groupement saharien d'annexe d'Algérie

En Algérie, quatre groupes sahariens d'annexe constituent des forces de police affectées en renfort aux postes des territoires du Sud. Ils sont en général stationnés à Touggourt, Colomb-Béchar, Laghouat et Ouargla et comptent chacun environ 320 hommes.

  • Groupement saharien du Sud tunisien

Ce groupement, qui comporte un peloton de commandement, trois pelotons méharistes et quatre pelotons motorisés, compte environ 720 hommes, tous grades confondus, plus de 100 dromadaires et 80 véhicules.

Compagnie saharienne d'infanterie du Fezzan

Cette unité fut créée par la France après la Seconde Guerre mondiale pour contrôler cette ancienne colonie italienne. Elle est stationnée à Sebha et compte plus de 300 hommes et de nombreux véhicules.

Uniforme

Les uniformes des Compagnies Sahariennes (CSPLE) sont issus à la fois des traditions de la Légion étrangère et de celles des premières unités méharistes. Ils comprennent :

  • un képi blanc pour la troupe et à bandeau noir et fond rouge pour les Officiers et les Sous-officiers
  • une vareuse à manches courtes en toile blanche
  • des épaulettes de tradition "vertes à tournantes et franges rouges pour la troupe et à tournante or pour les Sous officiers"
  • un sarouel, pantalon ample, noir (pour la 2e Cie) ou blanc (pour les autres Cies)
  • une cape, le burnous, en drap noir doublé de blanc selon l'unité
  • une djalabah (en tenue de service) en poils de chameau
  • la ceinture bleue de la Légion portée sous le ceinturon et le baudrier
  • un ceinturon et un baudrier porte-cartouche en cuir formant un V sur la poitrine et dans le dos
  • des sandales, les nails.

Après la Seconde Guerre mondiale, cet uniforme ne sera plus utilisé que comme uniforme de parade et devint kaki uni, y compris le képi.

Postérité

Après l'indépendance, la majeure partie des anciens goumiers coloniaux qui sont restés en service au Niger et en Mauritanie ont intégré les corps nationaux de gardes[1].

En outre, dans les années 1990, des unités méharistes rattachées au corps des gardes nationales ont été reformées en Mauritanie et au Mali notamment, avec le soutien de la coopération militaire française[1].

Au Tchad, au Mali, au Niger et en Mauritanie, des groupes de gardes nationaux nomades montés à dromadaires ont ainsi existé jusqu’à récemment, ou existent encore en 2016[1].

Ainsi au Niger, les unités méharistes modernes sont dans la garde nationale, anciennes forces nationales d’intervention et de sécurité (FNIS) depuis 2011, et héritières de la garde républicaine du Niger dans laquelle avait été intégrée une partie des rebelles touaregs nigériens après les accords de paix de 1995-1997[1].

Notes

  1. a b c d e et f Jean-Pierre Bat, « Le retour des goumiers d'Afrique », sur libeafrica4.blogs.liberation.fr/,
  2. a b et c La Voix du Combattant no 1822 - février 2017
  3. Trois autres compagnies à quatre pelotons existaient au Levant ainsi que des groupes nomades en Afrique-Occidentale française
  4. « 1re Compagnie Légère du Désert », sur http://mehari-if.fr/ (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie