Philippe Rondot
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture |
Fléty (depuis le ) |
Nom de naissance |
Philippe Marie Louis Rondot |
Pseudonyme |
Max |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation | |
Activité | |
Père |
A travaillé pour |
Direction de la surveillance du territoire (à partir de ) Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (à partir de ) |
---|---|
Grade militaire | |
Directeur de thèse |
Jacques Vernant (d) |
Distinctions |
Philippe Rondot, né le à Nancy et mort le , est un général de division français.
Il est un « vétéran » du renseignement français, sous le pseudonyme ou alias de « Max »[1]. Saint-Cyrien et ancien commando parachutiste, il est docteur en sociologie politique des relations internationales. Il a travaillé successivement pour la DST et pour la DGSE, deux services traditionnellement rivaux ; il fut le conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (CROS) de différents ministres de la Défense de droite ou de gauche (Alain Richard, Pierre Joxe et Michèle Alliot-Marie). Spécialiste du monde arabe, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient et de plusieurs articles dans le journal Le Monde ; il fut aussi membre de l'IFRI.
Il est le principal auteur de l'arrestation du terroriste Carlos au Soudan en 1994.
De nombreux commentateurs soulignent son sens du service et de l'éthique[2].
Biographie
Enfance et vie privée
Né en 1936 à Nancy, Philippe Rondot est le fils du général Pierre Rondot et de Fanny Eliane Fradet. Il entretient une relation amicale avec Gérard de Villiers, l'auteur des romans d'espionnage SAS[3], au point que le personnage de Robert Correll, dans l'épisode Le chemin de Damas, pourrait avoir été inspiré par Philippe Rondot[4].
Carrière
En 1958, il intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr[5]. Cette même année, son père publie L'islam et les Musulmans d'aujourd'hui[6]. De 1960 à 1962, il opère dans un commando de chasse durant la guerre d'Algérie. Philippe Rondot entre en 1965 dans les services spéciaux, où il est officier au service action du SDECE (l'ancêtre de la Direction générale de la Sécurité extérieure).
En 1975, durant la guerre froide étant alors capitaine et chef de poste adjoint du SDECE à Bucarest, il aurait disparu pendant trois jours sans donner le moindre signe de vie, alors qu'un agent dans sa position est censé rendre compte de son emploi du temps heure par heure. Qui plus est, il n'a pas signalé sa participation à un cocktail où son radio a avoué avoir été approché par la Securitate, le KGB roumain[7]. Rondot aurait ensuite été « mis en sommeil ». Soupçonné d'avoir été surpris par les services roumains en situation compromettante ou même d'avoir été "retourné", il subira un interrogatoire mené par le colonel André Camus (décédé en 1987), chef du département "P" (chargé de "débriefer" les "tauPes"), lequel aurait déclaré plus tard à Pierre Siramy (ancien cadre DGSE entré en 1984 dans ce service) qui le rapporte dans ses mémoires[8] que Rondot avait été "approché" par la Securitate pendant son « absence ». Les services roumains auraient disposé de trois photos pour le faire chanter. Ce serait faute d’avoir pu justifier cette absence, qu'il aurait dû rapidement quitter le SDECE[9]. Il a pu faire l'objet d'un règlement de comptes interne ; il aurait, simplement, égaré ses clés d'appartement et dormi à l'hôtel[10] ; ou encore, passé trois jours avec sa future épouse[2].
Quarante cinq ans plus tard, des archives transmises par les services roumains viendront finalement le laver des soupçons qui avaient pesé sur lui à l'époque[réf. nécessaire].
À l'issue de cet épisode, il rejoint le Centre d'analyse et de prévisions du Ministère des affaires étrangères, dirigé par Jean-Louis Gergorin. Il y fait la connaissance de Dominique de Villepin[5]. Officiellement, il est détaché au Centre d'études de politique étrangère[11],[12] et chargé de mission au Centre des hautes études. En , il soutient une thèse de doctorat de sociologie en relations internationales, issue de ses travaux sur « les projets de paix arabo-israéliens »[13], sous la direction de Jacques Vernant.
Il rejoint la DST en 1981. De nouveau, il y accomplit différentes missions spéciales, en particulier en Irak et au Liban[14]. Le directeur de la DGSE Pierre Marion refuse sa réincorporation en 1982[15]. En 1986, il aurait joué un rôle important dans la libération des otages français au Liban. En , il exfiltre personnellement le général Michel Aoun de l'ambassade de France à Beyrouth.
Entre 1991 et 1993, il participe à la création de la Direction du Renseignement militaire (DRM) au cabinet du ministre de la Défense Pierre Joxe. Il participe à la libération de plusieurs otages en Libye et, ultérieurement, en Irak. En 2001 et 2002, il est chargé d'identifier les auteurs d'une enquête de la DGSE et/ou de la DST sur des comptes bancaires supposés de Jacques Chirac au Liban et au Japon. La DGSE se serait contentée de recueillir les déclarations d'un correspondant au Japon. En , les résultats de cette enquête conduisent au remplacement de Jean-Claude Cousseran par Pierre Brochand à la tête de la DGSE et de Jean-Jacques Pascal par Pierre de Bousquet de Florian à la tête de la DST.
Philippe Rondot est chargé de la coordination du renseignement au cabinet du ministère de la Défense de 1997 au , date de sa retraite. Il était à ce titre le « conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales » (CROS) du ministre de la Défense Alain Richard[16] puis de Michèle Alliot-Marie.
Philippe Rondot est mort le [17] à l'âge de 81 ans et a été inhumé le à Fléty, dans la Nièvre[18],[19].
Missions notables
Libération de la famille Valente
En 1990, il œuvre pour faire libérer[20] cette famille franco-belge, retenue en otage[21] par l'organisation terroriste palestinienne Abou-Nidal.
Arrestation de Carlos
Philippe Rondot débute la traque du terroriste international en 1975. L'arrestation est stoppée à la demande de Valéry Giscard d'Estaing[2]. En 1994, il est le principal acteur de la capture du terroriste Ilich Ramírez Sánchez (dit Carlos) au Soudan (Carlos a porté plainte contre lui, le , pour « enlèvement et séquestration »).
Moines de Tibhirine
En 1996, il négocie activement pour tenter sans succès de faire libérer les sept moines du monastère de Tibhirine en Algérie qui seront finalement assassinés. Il participe activement à renforcer les relations entre les services algériens et français.
Recherche des criminels de l'ex-Yougoslavie
À compter de 1999, il participe à la traque de Ratko Mladic et de Radovan Karadzic[22], en vue de leur présentation au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie[23]. Ceux-ci seront arrêtés par les Serbes en 2008.
Affaire Clearstream 2
En 2004, Philippe Rondot est l'un des témoins-clés de l'affaire Clearstream 2, qui portait sur la falsification de listings de la compagnie de clearing bancaire Clearstream. Il figure parmi les témoins alors entendus par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons dans l'affaire Clearstream 2.
Le général Rondot est totalement mis hors de cause par la décision judiciaire finale[24].
Les carnets du général Rondot
Ses carnets personnels sont saisis lors d'une perquisition à son domicile. Leur contenu divulgué par la presse met en position difficile le Premier ministre Dominique de Villepin.
Ces notes, dans lesquelles il consigne ordres et travaux, sont partiellement classées secret défense, et sont aujourd'hui déclassifiées. Le général Rondot, responsable des services secrets français, avait pour habitude de relater de son écriture manuscrite ses actions et ses conversations dans des petits carnets. Il codifiait également les personnes concernés ne les citant pas directement : ainsi le Premier ministre est abrégé en PM, le président de la République en PR, Imad Lahoud en Mahdi, par exemple.
Selon Libération du , la pratique des carnets à spirale du général Rondot témoigne d'une « graphomanie incongrue »[25].
Les fichiers « effacés »
Les investigations judiciaires sur le PDA HP iPAQ de l'ex-agent secret des renseignements ont également permis de mettre la main sur de nouvelles notes sur l'affaire Clearstream 2[26]. Cet assistant personnel, saisi lors d'une précédente perquisition, révèle que certaines notes compromettantes pour Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont été effacées de la mémoire flash du PDA. D'après le magazine Paris Match le général Philippe Rondot a déclaré aux juges que l'effacement de ces notes émanait d'une consigne de l'ancien premier ministre Dominique de Villepin.
Stéphanie Queroy, à la fois la nièce et l'assistante du général Rondot, reconnait le devant les enquêteurs le contenu de ces notes qu'elle a tapées ; celle-ci confirme que ces notes avaient été effacées à la demande de Dominique de Villepin[27].
Le compte japonais de Jacques Chirac
La saisie de ces notes a révélé d'autres affaires sans rapport avec ces faux fichiers, notamment des documents des services secrets français faisant état de l'existence d'un compte bancaire qui serait détenu par Jacques Chirac au Japon, crédité alors de 300 millions de francs (près de 46 millions d'euros). Cette annonce relança l'affaire des comptes japonais de Jacques Chirac à la Tokyo Sowa Bank. Les juges d'Huy et Pons ne sont toutefois saisis que de l'affaire des faux listings.
Selon Le Canard enchaîné du , des documents nouveaux saisis chez le général Rondot, versés récemment au dossier, accréditeraient l'existence du compte bancaire en question. Il s'agit d'une chemise intitulée « affaire japonaise », de deux autres appelées « PR1 » et « PR2 » (pour « président de la République »), contenant des messages de la DGSE ainsi que des relevés bancaires japonais. Des notes évoquent « à tort ou à raison » l'ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse, ami personnel de Jacques Chirac. Le parquet de Paris aurait tenu une réunion lundi pour examiner les conséquences possibles de ces éléments nouveaux. [1]
Auditions judiciaires
Lors d'une première audition comme simple témoin le , Philippe Rondot a indiqué aux juges avoir été chargé en par Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, d'enquêter sur des noms et des numéros de comptes qui figuraient sur des listings de Clearstream. Le général citait le nom de Jacques Chirac comme celui qui aurait donné des « instructions » à Dominique de Villepin sur les vérifications à effectuer.
Le général Rondot fut de nouveau entendu comme témoin assisté par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons dans le cadre de l'affaire Clearstream 2 le , le et le . [2]
Au cours de l'interrogatoire du , l'officier a été questionné sur la réunion du dans le bureau de Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, au cours de laquelle ce dernier l'avait chargé d'une enquête secrète de « vérification » sur les listings truqués de Clearstream. Les magistrats cherchent à connaître le rôle de Dominique de Villepin dans cette affaire.
Le général Rondot a également été interrogé sur l'affaire du compte japonais de Jacques Chirac (présumé) évoquée dans ses notes, dont plusieurs ont été récemment jointes au dossier.
Tous ces éléments seront sans suite, après la mise hors de cause du général Rondot[28].
Œuvres
- La Syrie, Presses universitaires de France, Paris, 1978 (ISBN 2-13-045509-3).
- L'Irak, Presses universitaires de France, Paris, 1979 (ISBN 2-13-046840-3).
- La Jordanie, Presses universitaires de France, Paris, 1980 (ISBN 2-13-036345-8).
- Les projets de paix arabo-israéliens, École des hautes études en sciences sociales, Paris, 1980 (Thèse Universitaire).
- Le Proche-Orient à la recherche de la paix, 1973-1982, Presses universitaires de France, Paris, 1982 (ISBN 2-13-037518-9).
- Avec Bichara Khader, Le Parti Ba'th, École des hautes études en sciences sociales, Louvain-la-Neuve, Centre de Recherches sur le monde arabe contemporain, 1984.
Décorations
- Grand officier de la Légion d'honneur ; chevalier, officier, commandeur (1997), grand officier le [29].
Notes et références
- « Le général Philippe Rondot, un des acteurs de l'affaire Clearstream, est décédé », sur Atlantico.fr (consulté le ).
- Hervé Brusini, « Philippe Rondot, mort d'un "maître espion" à la française », sur Francetvinfo.fr, Franceinfo, .
- AFP, « Décès du général Rondot, officier du renseignement et protagoniste de l'affaire Clearstream », La Dépêche, (lire en ligne).
- « Gérard de Villiers, », sur Le Point, (consulté le ).
- Henri Vernet et Bernard Violet, « Philippe Rondot, le général de l'ombre », Le Parisien, (lire en ligne).
- Hervé Brusini, « En 1958, un livre évoquait déjà le jihad et l'Etat islamique », sur Francetvinfo.fr, Franceinfo, .
- Notin, Jean-Christophe,, Le maître du secret : Alexandre de Marenches (ISBN 979-10-210-3129-6, 9789791021036 et 9791021031, OCLC 1030779675, lire en ligne)
- cf. p. 220 et suivantes de 25 ans dans les services secrets, livre mémoire de Pierre Siramy sur le fonctionnement de la DGSE paru chez Flammarion en mars 2010
- Libération du 13 juillet 2007
- « AFFAIRE CLEARSTREAM. Le passé roumain du général Rondot », Courrier international, (lire en ligne, consulté le ).
- « Les auteurs », Politique étrangère, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 45, no 4, , p. 819–821 (lire en ligne, consulté le ).
- Demangeon, Albert, « Le centre d'études de politique étrangère », Annales de géographie, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 45, no 258, , p. 646–648 (DOI 10.3406/geo.1936.11451, lire en ligne, consulté le ).
- https://www.erudit.org/fr/revues/ei/1983-v14-n3-ei3014/701565ar.pdf
- Cf. Charles Saint-Prot www.theatrum-belli.com/in-memoriam-philippe-rondot/
- Marion, Pierre, 1921-, La mission impossible : à la tête des Services Secrets, Paris, Calmann-Lévy, , 259 p. (ISBN 2-7021-1970-0 et 978-2-7021-1970-9, OCLC 23660930, lire en ligne)
- « Agent secret Rondot » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
- Jean-Dominique Merchet, « La mort du général Rondot », sur L'Opinion.fr, .
- « Le général Philippe Rondot est mort », sur Europe1.fr, (consulté le )
- « Le discret général Rondot est mort tout aussi discrètement », sur Ouest-France, (consulté le )
- Lucien George, « PREMIERES IMPRESSIONS DE FRAICHE LIBERTE PAGAILLE A L'ARRIVEE EN FRANCE DES OTAGES TROP LONGTEMP », Le Soir, (lire en ligne).
- https://www.youtube.com/watch?v=dEaShOioYys
- Georges Malbrunot, « Le général Rondot raconte la traque », Le Figaro, (lire en ligne).
- François Labrouillère, « Quand le général Rondot pourchassait « Monsieur K » », Paris Match, (lire en ligne).
- « Le général Philippe Rondot, un des acteurs de l'affaire Clearstream, est mort », L'Express, (lire en ligne).
- Article de Libération sur la graphomanie du Général Rondot
- « .Article de Libération sur les notes exhumées du PDA du Général Rondot »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- LeMonde.fr : L'assistante du général Rondot confirme le témoignage visant M. de Villepin
- https://www.20minutes.fr/politique/722137-20110512-proces-clearstream-general-rondot-implacable-face-villepin-pourtant-conciliant
- https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000607595&categorieLien=id
Annexes
Bibliographie
- « Le général Rondot parle enfin », interview par Michel Deléan, Le Journal du dimanche, .
- « Le général Rondot de nouveau entendu par les juges », dans L'Obs, Lire en ligne.
- Clearstream : Rondot interrogé sur un compte japonais de Chirac, Reuters,
- Le général Rondot à nouveau entendu par les juges dans le cadre de l'affaire Clearstream, Le Monde,
Liens externes
- Ressource relative à la recherche :
- Naissance en octobre 1936
- Naissance à Nancy
- Élève de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr
- Enseignant à l'École supérieure de journalisme de Paris
- Général français du XXe siècle
- Général français du XXIe siècle
- Affaire Clearstream 2
- Personnalité de la Direction générale de la Sécurité extérieure
- Militaire français du XXe siècle
- Militaire français du XXIe siècle
- Collaborateur de l'IFRI
- Affaire de Tibhirine
- Grand officier de la Légion d'honneur
- Décès à 81 ans
- Décès dans la Nièvre
- Décès en décembre 2017
- Général de l'Armée de terre française