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Énergie en Tchéquie

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Le secteur de l'énergie en Tchéquie, comme celui de presque tous les pays européens, est dominé par l'utilisation de combustibles fossiles importés, à l'exception du charbon, dont la production locale est constituée à 80 % de lignite.

L'électricité est produite en 2018 surtout par des centrales de cogénération brûlant du lignite (50 %), mais la part des centrales nucléaires atteint 34 % et celle des énergies renouvelables 12 %.

Les émissions de CO2 liées à l'énergie s'élèvent en 2017 à 9,6 tonnes par habitant, supérieures de 120 % à la moyenne mondiale, de 111 % à celle de la France et de 10 % à celle de l'Allemagne.

Production de combustibles fossiles

Situation du charbon en million de tep

Malgré une baisse constante de la production, le pays reste un producteur non négligeable de charbon sur la scène européenne, avec une production de 0,57 EJ (exajoules) en 2019, au 4e rang européen, en baisse de 8,2 % en 2019 et de 34 % depuis 2009. Les réserves sont estimées à 2 927 Mt fin 2019, soit 71 années de production au rythme de 2019[1].

La production de charbon est en grande majorité constituée de lignite : 11,78 Mtep en 2018, soit 80 % du total[2].

Les mines sont essentiellement souterraines[3]. Le pays était un petit exportateur net de charbon, fournissant ses voisins ; mais en 2019, sa consommation de charbon de 0,60 EJ dépasse sa production[1].

La société tchèque EPH a une présence internationale dans le secteur, ayant racheté des actifs charbonniers à des groupes se désengageant du charbon, pour cette raison des ONG écologistes ont appelé à boycotter le capital d'EPH[4]

La production de pétrole est limitée à quelques milliers de barils/jours, avec quelques puits dans le sud-est du pays[5]. Il en va de même pour le gaz naturel : le pays subvient à environ 2-3 % de ses besoins pour ces deux combustibles.

Importations et transformations de combustibles fossiles

L'essentiel du pétrole consommé par la République tchèque transite par l'oléoduc Droujba

La Tchéquie importe du charbon : 2,97 Mtep et en exporte : 2,14 Mtep en 2018 ; le solde importateur net de 0,82 Mtep représente 5 % de la consommation intérieure de charbon, qui en 2017 était surtout consacrée aux centrales de cogénération (64 %) et aux centrales électriques (11 %). La consommation finale (15 %) se répartit pour l'essentiel entre l'industrie et le secteur résidentiel[6].

Unipetrol est la principale entreprise pétrolière du pays[5]. Le pays importe principalement du pétrole russe, azéri et kazakh par le biais de la branche sud de l'oléoduc Droujba, mais il dispose d'une autre voie d'importations possible avec l'oléoduc Ingolstadt-Kralupy-Litvínov qui permet d'importer du pétrole via le port de Trieste (il se rattache à l'oléoduc Transalpin)[7].

Le pays consomme un peu moins de 200 000 barils/jours de produits pétroliers. Deux tiers environ sont destinés au secteur des transports, et le diesel est très employé[7]. La République tchèque dispose d'une petite réserve stratégique de pétrole à Nelahozeves au nord-ouest de Prague.

Secteur électrique

Les centrales électriques tchèques ont produit 87 TWh en 2019[1]. Leur production de 2018 était de 88,0 TWh, tirée pour 53,9 % des combustibles fossiles (lignite : 49,5 %, gaz naturel : 4,3 %), pour 34,0 % de l'énergie nucléaire et pour 12,0 % des énergies renouvelables (biomasse : 5,4 %, hydroélectricité : 3,0 %, solaire : 2,7 %, éolien : 0,7 %)[8].

Le réseau électrique est très fortement interconnecté avec les voisins, et le pays est le 3e exportateur net d'électricité de l'Union Européenne, après la France et l'Allemagne[5]. Comme partout en Europe, le réseau fonctionne à une fréquence de 50 Hz et la tension domestique est 220 V.

Centrales thermiques

Les centrales à charbon (plus précisément : lignite) sont l'épine dorsale du système électrique tchèque, produisant 60 % de l'électricité du pays[5]. Elles sont pour la plupart situées à proximité des gisements. La plus puissante, avec environ 1 500 MW, est la centrale thermique de Prunéřov tout près de la frontière allemande. Les centrales au gaz naturel jouent un rôle secondaire, mais appelé à s'étendre selon l'AIE[5].

Centrales nucléaires

Centrale nucléaire de Dukovany, 2005.
Centrale nucléaire de Temelín, 2011

Deux centrales nucléaires existent :

Ces six réacteurs ont produit 30,2 TWh en 2019, soit 34,7 % de l'électricité du pays[9].

Les besoins en uranium des centrales nucléaires tchèques ont été de 582 tU en 2015 et 566 tU en 2016. La production d'uranium du pays s'est élevée à 152 tU en 2015 et 138 tU en 2016[10].

La politique énergétique de la République tchèque approuvée par le gouvernement en prévoit la création d'une nouvelle unité à Dukovany et éventuellement de trois autres sur les sites de Dukovany et de Temelín. Le gouvernement a autorisé le la société Elektrárna Dukovany II, filiale de l'entreprise de services publics ČEZ, détenue à 70 % par l'État, à lancer la construction d'un réacteur supplémentaire sur le site de Dukovany, avec garanties pour l'aider à réduire les coûts du financement de la construction ; les fournisseurs seront choisis d’ici à 2024. Ce nouveau réacteur d’au moins 1 200 MW sera connecté au réseau électrique à l'horizon 2035 afin de remplacer les quatre unités en exploitation dont l’arrêt est prévu entre 2035 et 2037. La politique énergétique de l'État prévoit de porter la part de l'énergie nucléaire dans la production d'électricité d'environ 30 % aujourd'hui, à 46 %, puis à 58 %[11].

Le , les représentants de l'État tchèque et les acteurs du secteur nucléaire, dont CEZ, conviennent d'un schéma financier articulé autour d’un prêt garanti par l’État pour le renouvellement de la centrale nucléaire de Dukovany, dont le coût estimé du prochain réacteur est de l’ordre de 6,50 milliards de dollars, soit 5,80 milliards d’euros. L'accord prévoit un prix plancher de rachat de l’électricité de 50 à 60 €/MWh. Un appel d'offres doit avoir lieu fin 2020, l’examen des offres devrait intervenir en 2021 et aboutir à la sélection du prochain fournisseur de technologie en 2022 pour permettre le début de la phase préparatoire des travaux en 2023[12].

En novembre 2020, EDF propose à ČEZ un EPR de 1 200 MWe adapté aux besoins tchèques. Selon le Premier ministre Andrej Babiš, le constructeur de Dukovany-5 devra être sélectionné d’ici fin 2022, pour un début de construction en 2029 et une connexion au réseau en 2036[13].

Le 24 novembre 2020, le premier ministre tchèque, Andrej Babiš annonce le report de l'appel d'offres à 2022, après les élections législatives et les consultations avec la Commission européenne. Le ministre des Affaires Étrangères tchèque, Tomáš Petříček, recommande d'exclure de cet appel d’offres l’entreprise d’État russe Rosatom et le chinois China General Nuclear Power, pour des raisons de souveraineté. Les autres principaux favoris pour l’obtention de ce contrat sont le coréen KHNP, l’américain Westinghouse et une seule société de l’Union Européenne, le français EDF[14].

Énergies renouvelables

La part des énergies renouvelables dans la production d'électricité atteint 11,4 % en 2019, dont 2,3 % d'hydroélectricité[9] et 9,1 % d'autres EnR : solaire 2,6 %, éolien 0,8 %, autres 5,6 % (biomasse, déchets renouvelables)[1].

La Tchéquie se classe au 21e rang européen par sa puissance installée hydroélectrique : 2 268 MW, dont 1 171 MW de pompage-turbinage ; sa production hydroélectrique s'est élevée à 3,15 TWh en 2019[15].

L'énergie éolienne est peu développée dans le pays, avec seulement 280 MW installés fin 2015[16]. En revanche, l'énergie photovoltaïque a connu une développement très rapide : inexistant en 2005, le parc atteint 2 078 MW fin 2018, mais ce développement s'est arrêté depuis 2014.

Émissions de CO2

Selon BP, les émissions de CO2 issues de la combustion de combustibles fossiles de la République tchèque s'élèvent à 98,8 Mt en 2019, orientées à la baisse (116,5 Mt en 2010)[1].

En 2017, les émissions de CO2 liées à l'énergie par habitant atteignaient 9,6 tonnes, supérieures de 120 % à la moyenne mondiale : 4,37 tonnes, de 111 % à celle de la France : 4,56 tonnes et de 10 % à celle de l'Allemagne : 8,70 tonnes[17].

Notes et références

  1. a b c d et e (en) BP Statistical Review of World Energy 2020 - 69th edition, BP, [PDF].
  2. (en)Data and statistics - Czech Republic : Coal 2018, Agence internationale de l’énergie, 24 septembre 2019.
  3. (en) International Business Publications USA, Czech Republic Mining Laws and Regulations Handbook : Strategic Information and Basic Laws, , 300 p. (ISBN 978-1-4330-7727-2 et 1-4330-7727-2, lire en ligne)
  4. « Charbon: des ONG appellent à cesser de financer la société tchèque EPH », sur Connaissance des Énergies (consulté le )
  5. a b c d et e (en) collégial, Energy Policies of IEA Countries : Czech Republic, Paris, international energy agency, , 152 p. (ISBN 978-92-64-09470-3, lire en ligne)
  6. (en) Data and statistics - Czech Republic : Balances 2018, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
  7. a et b « ENERGY SUPPLY SECURITY 2014 » [PDF] (consulté le )
  8. (en)Data and statistics : Czech Republic Electricity 2018, Agence internationale de l'énergie, 24 septembre 2019.
  9. a et b (en) Statistical Review of world energy - all data, BP, [xls].
  10. Données sur l’énergie nucléaire 2017 (pages 27 et 28), OCDE-NEA (Agence pour l'énergie nucléaire), 2017.
  11. L'État tchèque soutient de nouvelles unités nucléaires, SFEN, Revue générale nucléaire, 11 juillet 2019.
  12. République tchèque, le financement assuré pour l’extension de la centrale nucléaire de Dukovany, SFEN, 2 juin 2020.
  13. Un EPR-1200 en République tchèque ?, SFEN, 1er décembre 2020.
  14. Tchéquie : report en vue pour l’appel d’offres de la centrale nucléaire de Dukovany, l'EnerGeek, 25 novembre 2020.
  15. (en) 2020 Hydropower Status Report (pages 29 et 45), International Hydropower Association (IHA), 2020.
  16. Selon les statistiques de l'AWEA
  17. (en) Agence internationale de l'énergie (AIE - en anglais : International Energy Agency - IEA), Key World Energy Statistics 2019, 26 septembre 2019 [PDF].

Articles connexes