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Archivage de l’article Lacan / relecture[modifier | modifier le code]

  • « L'analyste ne s'autorise que de lui-même. » in J. Lacan, La proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste à l’École, in Scilicet no 1, p. 14, collect° Champ Freudien, Le Seuil, Paris, mars 1968, réed. Proposition de 67, in Autres écrits, p. 247, Le Seuil, Paris, 2001.

Vers 1953-1954, Lacan opère un virage qui le fait abandonner momentanément ses références à Hegel (hégélianisme à la mode de Kojève) pour le structuralisme[1]. Quand Lacan a abordé la fonction du symbolique et la nécessité d'un pacte entre le moi et le petit autre, c'est là qu'il a pris ses appuis dans la notion de structure, qui est strictement équivalente à celle de langage. C'est dans son grand texte inaugural « Fonction et champ de la parole et du langage », qu'il se réfère aux études de Claude Lévi-Strauss, pour y énoncer, à sa suite, cette grande loi primordiale des échanges et de la parenté.

Il introduit par ailleurs en 1953 des concepts qui deviendront fondamentaux dans son œuvre, les trois registres : Réel, Symbolique, Imaginaire. Il commence à travailler à une théorie du signifiant en redécouvrant Ferdinand de Saussure et en s'appuyant sur Roman Jakobson. C'est aussi là qu'il commence à citer régulièrement la thèse de Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté.

Point de vue de Costas Lapavistas[modifier | modifier le code]

L’économiste et député de Syriza, Costas Lapavitsas (en), rappelle que dès 2010, la double perspective d'un défaut de payement de la dette et d'une sortie de l’union économique et monétaire était apparue. D'un point de vue économique le problème se pose en ces termes une économie faible a rejoint une union monétaire structurellement dysfonctionnelle doté d'une devise forte et problématique. Deux issues à ce contexte une réforme de l’UEM en profondeur soit une sortie et un défaut grecs.

Le dysfonctionnement de l’euro est lié selon lui par la politique allemande de compression des salaires, d'amputation de la demande intérieure et de principal prêteur d'Europe, Modèle:Pour mieux capter des richesses en provenance de l’étranger, impliquant pour les autres membres hausse des déficits et des emprunts, « déséquilibre fondamental » que la crise de 2008 a mis au grand jour

Sur la qualité d'une source[modifier | modifier le code]

Bonjour, suite à des dissensions avec un contributeur, j'adresse ma question ici. La source suivante, Élisabeth Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, Paris, Fayard, 1994, peut-elle être considérée comme une source de qualité sur Wikipédia ? A titre indicatif, je donne quelques éléments pour en juger :

  • Une recherche Scholar montre que l'ouvrage est cité plus de 600 fois dans ses éditions françaises [1]
  • Une recherche sur Revues.org donne 105 résultats (le lien vers la recherche ne fonctionne pas mais c'est aisément vérifiable)
  • Une recherche sur JSTOR donne 69 résultats [2]
  • Sur Cairn, 197 fois

A cela s'ajoutent diverses critiques élogieuses de l'ouvrage :

  • Phillipe Julien, « Note de lecture » in Études, 06/1987, 366/6, pp. 835-836, [3] : « Voici enfin pour la première fois l'histoire exhaustive de ce que fut l'implantation de la psychanalyse freudienne en France. [...] Mais, en historienne impartiale, E. Roudinesco ne cache pas quel en fut le prix à payer en 1953 et en 1963 aux scissions institutionnelles, et en 1980, peu avant sa mort, une dissolution par Lacan lui-même de l'Ecole qu'il avait fondée. [...] En effet, tous les ouï-dire et toutes les histoires, au sens d'Hérodote, que E. Roudinesco excelle à nous raconter, ont pour enjeu l'avenir d'une praxis dont l'efficace et la logique reposent sur la reconnaissance de sa juste limite et de sa propre finitude ».
  • Julia Saville, Comparative Literature, 12/1995, 116/5, pp. 1066-1069, [4] : « The translation into English of Elisabeth Roudinesco's monolithic history is thus remarkable timely, for it makes accessible a rich body of hitherto unpublished material that clarifies the intellectual genealogy of French Freudian psychonalytic discourse and also provides a fascinating documentation of psychoanalytic theory's engagement with cultural questions of particular interest to the American literary academy today [...]. A clearly documented chronicle [...]. An extraordinary range of testimony about events [...]. She gains access to so many private archives, collections of personnal letters, interviews, and previously unpublished documents [...]. This long-awaited work will be invaluable resource for both teachers and Scholars of Lacanian theory ».
  • H. W. Paul, « Jacques Lacan & Co.: A History of Psychoanalysis in France, 1925-1985 by Elisabeth Roudinesco; Jeffrey Mehlman », Isis, 9/1992, 83/3, pp. 522-523, [5] : « This is a fascinating, powerful book from the inner circle, with all the unique virtues [...] and flaws found in works whose originality is strongly based on private sources. [...] Roudinesco has successfully combined institutionnal and intellectual history with biography. ».
  • John Forrester (en), directeur du département d'histoire et de philosophie des sciences de l'Université de Cambridge indique dans son ouvrage Dispatches from Freud's war (Harvard Uni. Press, 1998) et repris dans la revue Esprit sous le titre « Freud, barometre du XXe siècle », 11/2004, que « l'histoire d'Élisabeth Roudinesco est de loin l'histoire générale d'une culture psychanalytique la plus complète et subtile faite à ce jour. Seule la somme des recherches portant sur les débuts de l'enthousiasme américain pour Freud […] supporte la comparaison » (à savoir, le premier volume de Nathan Hale sur l'histoire de la psychanalyse aux États-Unis) ».

Au vu de ces éléments, il me semble qu'il s'agit là d'une source de référence et de qualité en ce qui concerne l’histoire de la psychanalyse. Merci de bien vouloir partager vos avis. Cordialement, — JoleK (discuter) 22 novembre 2013 à 17:46 (CET)

Article Lacan[modifier | modifier le code]

- On a l'habitude de dire que Lacan a été le protagoniste d'une « révolution de la psychanalyse ». Pensez-vous que cette définition de « révolutionnaire » soit exacte et acceptable ?

- Je crois que Lacan aurait refusé ce terme de « révolutionnaire » et l'idée même d'une « révolution en psychanalyse ». Il voulait simplement être « psychanalyste ». Ce qui supposait à ses yeux une rupture violente avec tout ce qui tendait à faire dépendre la psychanalyse de la psychiatrie ou à en faire un chapitre un peu sophistiqué de la psychologie. Il voulait soustraire la psychanalyse à la proximité, qu'il considérait comme dangereuse, de la médecine et des institutions médicales. Il cherchait en elle non pas un processus de normalisation des comportements, mais une théorie du sujet. C'est pourquoi, malgré une apparence de discours extrêmement spéculatif, sa pensée n'est pas étrangère à tous les efforts qui ont été faits pour remettre en question les pratiques de la médecine mentale.

- Si Lacan, comme vous le dites, n'a pas été un « révolutionnaire », il est, toutefois, certain que ses oeuvres ont eu une très grande influence sur la culture des dernières décennies. Qu'est-ce qui a changé après Lacan, également dans la façon de « faire » de la culture ?

- Qu'est-ce qui a changé ? Si je remonte aux années cinquante, à l'époque où l'étudiant que j'étais lisait les oeuvres de Lévi-Strauss et les premiers textes de Lacan, il me semble que la nouveauté était la suivante : nous découvrions que la philosophie et les sciences humaines vivaient sur une conception très traditionnelle du sujet humain, et qu'il ne suffisait pas de dire, tantôt avec les uns, que le sujet était radicalement libre et, tantôt avec les autres, qu'il était déterminé par des conditions sociales. Nous découvrions qu'il fallait chercher à libérer tout ce qui se cache derrière l'emploi apparemment simple du pronom « je ». Le sujet : une chose complexe, fragile, dont il est si difficile de parler, et sans laquelle nous ne pouvons pas parler.

- Lacan eut beaucoup d'adversaires. Il fut accusé d'hermétisme et de « terrorisme intellectuel ». Que pensez-vous de ces accusations ?

« Je pense que l'hermétisme de Lacan est dû au fait qu'il voulait que la lecture de ses textes ne soit pas simplement une « prise de conscience » de ses idées. Il voulait que le lecteur se découvre lui-même, comme sujet de désir, à travers cette lecture. Lacan voulait que l'obscurité de ses Écrits fût la complexité même du sujet, et que le travail nécessaire pour le comprendre fût un travail à réaliser sur soi-même. Quant au « terrorisme », je ferai simplement remarquer une chose : Lacan n'exerçait aucun pouvoir institutionnel. Ceux qui l'écoutaient voulaient précisément l'écouter. Il ne terrorisait que ceux qui avaient peur. L'influence que l'on exerce ne peut jamais être un pouvoir que l'on impose. »

— Michel Foucault, « Lacan, le « libérateur » de la psychanalyse »[2].

Lacan signifiant[modifier | modifier le code]

Lacan et la lettre volée « Séminaire sur la lettre volée » les Ecrits Agnès Sofiyana « Tuchê et Automaton. Introduction à l'Introduction au séminaire sur La Lettre volée », La clinique lacanienne 1/2005 (no 8), p. 199-220. URL : www.cairn.info/revue-la-clinique-lacanienne-2005-1-page-199.htm. DOI : 10.3917/cla.008.0199.

Oedipe[modifier | modifier le code]

Métamorphoses d'Œdipe: Un conflit d'interprétations Oxalis (Bruxelles) Dominique Giovannangeli De Boeck Supérieur, 2002

Du temps de Freud[modifier | modifier le code]

  • Dans la mesure où la psychanalyse est l'objet d'une découverte et d’une théorisation progressive de la part de Freud, il est difficile d'en dater précisément sa naissance[3]. (Période 1880 - 1905/1915/1920) Freud commence par des études de médecine, et s'intéresse à toutes les avancées et les découvertes biologiques de son temps (le darwinisme, la zoologie, la physiologie, la neurologie — il est l’un des premiers découvreurs et praticien de l’anesthésie locale) et s'intéresse ensuite à la psychiatrie, en particulier à Charcot (auprès duquel il fera un stage) et à Bernheim, et devient médecin privé spécialiste de ce qu'on appelle alors « les maladies nerveuses ». C'est dans ce cadre qu'il reprend à Breuer sa méthode cathartique, mais dont il abandonne l'hypnose pour se concentrer sur l’association libre. Freud élabore au cours de cette période différentes théories (l'origine sexuelle des névroses, le fantasme, le refoulement, la sexualité infantile, le transfert) qui mèneront progressivement à l'élaboration d'une première théorie du psychisme, la première topique, qui propose une organisation de l’appareil psychique en trois instances : l’inconscient, le préconscient et le conscient.
  • Pendant cette même période la psychanalyse s'institutionnalise, en se dotant de collections bibliographiques, de revues, propose des congrès internationaux et surtout se dote d'une organisation internationale : l'Association psychanalytique internationale. + Jung + Fliess
  • Peter Kutter, Psychoanalysis International, A Guide to Psychoanalysis Throughout the World, The Analytic Press, 1992 : la psychanalyse a eu un impact, (qu'il soit important ou moindre) dans quarante et un pays. L'IPA dit être implantée dans trente-deux pays. (R&P, p. 652)

Complexe d'Oedipe, grand absent de l'article psychanalyse

  1. P. Macherey, Le Leurre hégélien, in Le Bloc-note de la psychanalyse, vol. 5, p. 27-50, 1985.
  2. M. Foucault, « Lacan, le « libérateur » de la psychanalyse », Dits et Écrits II, 1976 -1988, Gallimard, Paris, 2001
  3. « Sa date de naissance est cependant fort imprécise » Roger Perron, Histoire de la psychanalyse, P.U.F. « Que sais-je ? », 2009 (4e éd.), p. 3-9, [www.cairn.info/histoire-de-la-psychanalyse--9782130575016-page-3.htm]

Critique psy[modifier | modifier le code]

Version du 18 novembre 2014 à 23:19 (modifier) (annuler) 90.20.98.217 (discuter) (suppressions massives de contenu non justifiées, page de discussion) Modification suivante → Ligne 262 :

Au cours du XXe siècle, la psychanalyse imprègne peu à peu les différents domaines des sciences humaines, de la médecine, de la pédagogie, etc.

Source[modifier | modifier le code]

Névrose de guerre/analyse profane[modifier | modifier le code]

  • Gilles Tréhel (2013). Sigmund Freud, Julius Wagner von Jauregg, Arnold Durig, L'information psychiatrique Volume 89, 2013/7, p. 587-598.

Revue H de la psycha[modifier | modifier le code]

  • LUZIFER-AMOR. Zeitschrift zur Geschichte der Psychoanalyse
  • Revue Internationale d'Histoire de la Psychanalyse [6]




Mathème[modifier | modifier le code]

Lacan opère un parallèle entre l’incompréhension à laquelle se heurte son enseignement et la folie du mathématicien Georg Cantor face au fondement de mathématiques : la résistance suscitée par un savoir jugé incompréhensible est-elle un symptôme ?

Cours de psychopathologie générale sur Geopsy[modifier | modifier le code]

Phantasme[modifier | modifier le code]

Le nom phantasme vient du grec phantasma qui signifie apparition, fantôme, hallucination visuelle et qui est dérivé de phainein signifiant rendre visible, faire briller. Les dictionnaires français actuels, renvoient pour sa définition au mot Fantasme avec un F, car cette orthographe plus moderne est plus utilisée que Phantasme. [1].

Dans le sens courant, le phantasme (ou fantasme) est une fixation mentale ou une croyance irraisonnée pouvant, dans certains cas, conduire à des actes excessifs. Une forme atténuée, en principe moins dangereuse, est la lubie.

Dans le domaine de la sexualité, le phantasme (ou fantasme) est un scénario érotique, imaginaire ou non, provoquant une pulsion ou une excitation sexuelle au point d'être assouvie mais pas nécessairement, du fait de l'auto-censure sociale ou religieuse.

L'orthographe de Phantasme (inconscient) plutôt que de Fantasme (conscient) est proposée par Susan Sutherland Isaacs pour distinguer le phantasme inconscient du fantasme conscient [2]. Cette distinction de sens en fonction de l'orthographe du mot est propre à cet auteur. Elle n'est absolument pas retenue ni par l'Académie française, ni par le monde de la psychanalyse en général.

En français avant les découvertes de la psychanalyse deux mots existaient : phantasme, synonyme d'hallucinations, et fantaisie, qui signifiaient entre autres la capacité à imaginer. Les premiers traducteurs des textes de Sigmund Freud ont choisi de traduire le mot allemand « phantasie » par un mélange de ces deux termes : fantasme.

Exemples[modifier | modifier le code]

  • Pour un sujet, phantasmer son Œdipe, voir inconsciemment un rival dans l'homme auquel il est confronté, dans sa propre relation avec sa mère ou son substitut, est de l'ordre de l'inconscient.
  • En revanche, fantasmer sur quelqu'un (vu comme objet sexuel) est de l'ordre de la pensée agie consciemment.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. http://www.academie-francaise.fr/dictionnaire/ puis rechercher "phantasme"
  2. J. Laplanche et J.B. Pontalis, Vocabulaire de la Psychanalyse, V° Phantasme, P.U.F., Paris, 1971, 3e édition

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Mettens / scientificité psycha[modifier | modifier le code]

Dès lors, l’objet – ou mieux, l’objectivité de la psychanalyse, soit, au risque de choquer, l’explication scientifique du comportement [81] [81]Hebb [1949] ne s’y est pas trompé. – est peutêtre bien moins en cause que son sujet (nommons-le pour faire bref la spécificité culturelle de l’homme) dans le caractère non pas romanesque de la psychanalyse – car son fondateur se méfiait autant de la spéculation philosophique que de la fiction – mais romantique du thème freudien, au sens d’une prise en compte de la destinée humaine qui culmine dans l’évocation lancinante d’un mythe œdipien [82] [82]Cf. les commentaires de Serres [1961 : 22-23] ainsi que les… teinté d’hamlétisme. Nous verrons plus loin que les constructions et interprétations qui émaillent les quelques grandes études de cas que Freud nous a laissées participent au contraire d’une recherche éperdue de la vérité matérielle, assortie d’un indéniable souci de scientificité. Et si certains ont quelquefois cru devoir dénoncer le caractère frauduleux du récit clinique freudien [83] [83]Sulloway [1991]. – j’en suis, quant à moi, bien moins convaincu –, il ne faut pas pour autant mettre en doute la rigueur de l’exposé mais seulement la flexibilité inhérente à son contenu discursif. Pascal Mettens (dir.), « 3. Freud cognitiviste ? », dans Psychanalyse et sciences cognitives. Un même paradigme, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, (ISBN 9782804149505, lire en ligne), p. 111-166

Crise de la psychanalyse orthodoxe américaine[modifier | modifier le code]

Selon Nathan G. Hale[N 1], la psychanalyse américaine a été la première à s’institutionnaliser en tant que psychothérapie[1]. Bien plus qu’en Grande-Bretagne ou en France, elle a cherché à se rapprocher de la médecine et de la psychiatrie[1], s’inféodant à son savoir[4]. L’American Psychoanalytic Association (APA) a longtemps réduit la formation et la pratique de la psychanalyse aux seuls médecins et psychiatres, se coupant ainsi de la psychologie[1],[5]. Hale rappelle les réserves de Freud lui-même à l'égard de la dilution, en Amérique, de son travail dans la psychiatrie[2].

Au début du XXe siècle, la psychanalyse américaine devient une sous-spécialité médicale et influence la psychiatrie par opposition au style somatique du XIXe siècle où l’hérédité et les fonctions neurologiques expliquent chacune de leur côté les troubles nerveux et mentaux alors que l’approche psychanalytique insiste sur la psychologie et les facteurs sociaux, par le truchement de l’anxiété, dans l’étiologie des névroses et psychoses[6].

Elle s’est progressivement développée au sein de la psychiatrie, suite à la première Guerre mondiale d’abord, puis davantage encore avec la seconde, en intervenant auprès de l’armée — mal préparée pour faire face aux traumatismes de guerre[7] — en développant une méthode spécifique, la narcosynthèse, mélange de médicamentation et de méthodes psychanalytiques[1]. Le premier Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM I) est le résultat de cette coopération[1].

Pour la jeune génération de psychiatres de ce temps, la cause principale de affections nerveuses et possiblement mentale était psychologique et interpersonnelle, la psychothérapie psychanalytique en était le traitement de choix[8]. Les psychiatres pratiquaient alors bien plus en cabinet privé qu'en hôpital psychiatrique[8] dont la psychanalyse contribua à la réforme dans son versant public[9].

La psychiatrie dynamique, dont la psychanalyse était la science et la technologie centrale, fait donc son apparition après-guerre[10], sans que l’American Psychiatric Association ne reconnaisse pour autant la nécessité d’une formation psychanalytique pour la psychiatrie[11], tandis que le National Institute of Mental Health proposait une approche éclectique en santé mentale faite de biologie, de psychanalyse et de sciences sociales[12]. Sándor Radó, par exemple, voit en la psychanalyse une part fondamentale de la psychiatrie et de la biologie humaine en général, en se référant notamment au cortex[13].

Entre 1947 à 1963, cette psychiatrie dynamique devient une majeure de la formation, de l’enseignement et des textes psychiatriques et médicaux [14], elle est dominante en 1965 [11]. Dans le même temps, apparaissent les psychothérapies psychanalytiques de courte durée[15].

La psychanalyse connaît alors un âge d'or aux États-Unis, celui d'une grande popularisation thérapeutique, sociale et culturelle tout en se confondant avec la psychiatrie[16].

Ce succès a résulté en une vision conservatrice de la psychanalyse, résultat des expériences d'entre deux-guerres, de la montée du nazisme et d'une remise en cause de la libéralisation des années vingt, où la thérapie était vue comme un facteur de réussite sociale[17], incarnée par l’Ego psychology qui est caractérisée par une insistance sur la scientificité et le positivisme, qui correspond tout autant l'orientation des psychanalystes américains de le deuxième génération que celle d'émigrés européens comme Franz Alexander, Heinz Hartmann ou David Rapaport (en)[N 2], des rapprochements sont même proposés avec la neurologie ou le behaviorisme de Pavlov[19]. L'un des théoriciens le plus populaire et solide de l'ego-psychology est Charles Brenner (en) Brenner dont l'approche se concentre sur la valeur scientifiques de l'observation clinique[20].

Au tournant des années soixante, la psychiatrie américaine devient plus biologique et pharmacologique[1]avec un retour de l’organicisme[21].

Entre 1960 et 1985, presque tous les facteurs qui avaient contribué au succès de la psychiatrie psychanalytique se retournèrent contre elle : doutes à l’égard de la validité scientifique et l’effectivité (discussions qui existaient entre psychanalystes même depuis les années vingt), perte de l’identification avec la réforme de la psychiatrie dont la psychanalyse était originaire, changement des conditions sociales de la pratique psychanalytique par l’accent mis sur la reproductibilité des résultats, retrait de certains psychanalystes, de la médecine psychosomatique et du traitement de la schizophrénie[22].

L'Ego psychology n'est désormais plus dominante dans le paysage psychiatrique[23]. En cause, les effets des critiques de la figure de Freud, les Freud Wars, « effort organisé et orchestré pour déstabiliser la psychanalyse », selon Samuel Lézé[24], la contestation à partir d’autres théories[23] mais également l’opposition de psychologues pratiquant des psychothérapies, le tout contribuant à casser la caste médicale et psychiatrique de l’APA[23].

Elle s'est également retrouvée en tension avec la libéralisation des mœurs de l’après 68, avec le succès d'une nouvelle psychiatrie somatique, et le développement de nouvelles psychothérapies[17]. La disparition de l’étude de cas lui a beaucoup nuit[25].

Si la psychanalyse a continué à s’étendre dans les années soixante-dix et quatre-vingt, l’expansion dans la psychiatrie a cessé et a reculé comme en témoigne le DSM III[5]. L’usage de médicaments a augmenté[26]. Les psychiatres pratiquent de moins en moins une psychanalyse classique, et utilisent différentes formes de traitements[27], Hale note cependant que si, en 1982, 2 % des psychiatres traitent les patients avec la psychanalyse, ils n’en traitaient qu’1 % avec le béhaviorisme[27].

Selon Hale, les analystes orthodoxes se sont alors éloignés de Freud et ont cherché à justifier et renforcer leur propre position dans le cadre des débats sur l’orthodoxie[1] et ils en payent le prix : l’APA est conservatrice et change à un rythme glaciaire[28]. Un sens envahissant de la crise s'est développé parmi la profession à partir de la fin des années soixante[29], ainsi selon le psychologue clinicien Robert F. Bornstein, celle-ci est surtout la faute des psychanalystes eux-mêmes[30]. La psychanalyse orthodoxe américaine est divisée en différents courants et certains freudiens se distancent même de Freud[31].

La tension autour de l’orthodoxie freudienne a résulté en deux directions opposées : conservatrice et privilégiant le contrôle social au service d’un moralisme américain ; radicale avec divers degrés de libération sexuelle[2].

D'après Hale, la psychanalyse demeure la plus élaborée des psychologies médicales et des départements de psychiatrie d'écoles médicales de premier ordre ont des psychanalystes qui y tiennent des chaires[31]. Plus de candidats et plus de patients ont été traités qu’avant la crise bien que l’augmentation ait ralenti[31]. En dehors de États-Unis où la vision positiviste de la science est moins prégnante, la psychanalyse se développe, comme en Europe où en Amérique Latine[31].

Le déclin n’est cependant pas général mais concerne uniquement la psychiatrie[25], bien que son influence reste importante dans la celle-ci, à travers notamment une formation rigoureuse et des textes d'importance[32]. D’après, le psychiatre Joel Paris, si la psychanalyse semble moins pertinente à l’égard de la psychiatrie aujourd’hui ses apports ont été importants et ne devraient pas être abandonnés[33].

Selon Hale, « la crise est en bonne part l’effet d’un succès trop grand, trop gênant »[34].

Par son attachement à la médecine destiné à asseoir une autorité scientifique et à s’assurer un monopole de la pratique en excluant les analystes profanes[35], la psychanalyse orthodoxe a provoqué des réactions telles que le behaviorisme, un mélange avec d’autres techniques, la médicamentation (pratiquée par des psychanalystes mêmes), ce qui a entraîné une forme de dilution[9]. Elle a ainsi été défaite par ses propres succès[9].

La psychanalyse orthodoxe américaine est restée éminemment conservatrice, plus rigidement freudienne que Freud ne l’a jamais été et elle est vue par les lacaniens comme induisant le conformisme social[36]. Selon Hale, il n’est pas sûr que Freud reconnaîtrait cette psychanalyse[36], très orientée vers la normativité[37]. Selon Hale sa spécificité réside dans l'augmentation des potentialités personnelles et le renforcement du moi, dans l'insistance sur l'autonomie et l'expression individuelle, dans la plus pure tradition américaine de l’individualisme[38].

C’est seulement en 1986 que la formation s’est ouverte aux non-médecins, suite à des procès contre l'APA et l'International Psychoanalytic Association(IPA)[1]. Si des responsables de ces institutions, tels Otto F. Kernberg, s’inquiètent de l’avenir de leur institution[39], de nouveaux instituts ont été fondés, non-affiliés à l’APA ou à l’IPA[1] et la Division 39 de l’American Psychological Association compte plus de membres que l’APA[1]. La psychanalyse aux États-Unis est donc également pratiquée par des psychologues, mais également des travailleurs sociaux, des conseillers et des guidance workers[9].

La psychanalyse n'a donc pas disparu pour autant, soit qu'elle « collabor[e] avec le scientisme », en s’alliant avec les neurosciences, comme cela est beaucoup pratiqué à l'IPA, soit qu'elle opère une refonte de sa pratique clinique[40]. D'un point de vue culturel, elle « fait une entrée massive dans les départements de littérature (cultural studies) et d'études de genre (gender studies »)[41]

Elle a contribué à asseoir la figure de l’expert scientifique, du psychologue ou du conseiller psychothérapeutique dans le champ social, déboulonnant une place que seule la religion occupait, comme dans l’éducation des enfants, la famille, les relations maritales et parentales, mais aussi le travail social et encore la criminologie[42]. Elle a permis l'émergence de psychothérapies qui se sont développées ensuite en une variété de systèmes théoriques et pratiques[34], elle représente le « soin des âmes à l'ère scientifique »[38].

De manière générale, il note combien la psychanalyse sait faire preuve d'adaptation : par le fait qu'elle n'ait pas de définition finale ou définitive, elle est capable de générer des hypothèses, est applicable à une variété de domaines ; cette flexibilité lui permet de renouveler constamment l’observation systématique des faits et de la théorie en réponse aux changements sociaux et aux besoins des patients[43].

Enfin, si les psychanalystes américains ont pêché par excès d'optimisme scientifique et thérapeutique, la psychiatrie biologique contemporaine se montre encore plus exagérément optimiste, selon Nathan G. Hale[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. (en) Nathan G. Hale, The rise and crisis of psychoanalysis in the United States : Freud and the Americans, 1917-1985, New York, Oxford University Press, (ISBN 0-19-504637-4) est un ouvrage de référence sur l'histoire de la psychanalyse aux Etats-Unis, et de la crise afférente[1],[2],[3]
  2. Bien que formé en tant que psychanalyste, il ne se considérait pas lui-même comme tel[18])

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k (en) G. W. Pigman, « The rise and crisis of psychoanalysis in the United States: Freud and the Americans, 1917–1985 », Journal of the History of the Behavioral Sciences, vol. 34, no 1,‎ , p. 100–105 (DOI 10.1002/(SICI)1520-6696(199824)34:13.0.CO;2-T)
  2. a b et c (en) Martin Halliwell, « Nathan G. Hale, Jr., The Rise and Crisis of Psychoanalysis in the United States: Freud and the Americans, 1917–1985 (New York & Oxford, Oxford University Press, 1995, £22.50). Pp. 476. (ISBN 0 19 504637 4). », Journal of American Studies, vol. 32, no 1,‎ , p. 125–200 (DOI 10.1017/S002187589860582X)
  3. Plon et Roudinesco 2011, p. 398.
  4. Plon et Roudinesco 2011, p. 407.
  5. a et b Hale 1995, p. 303.
  6. Hale 1995, p. 157.
  7. Hale 1995, p. 187.
  8. a et b Hale 1995, p. 245.
  9. a b c d et e Hale 1995, p. 382.
  10. Hale 1995, p. 250-251.
  11. a et b Hale 1995, p. 251.
  12. Hale 1995, p. 252.
  13. Hale 1995, p. 250.
  14. Hale 1995, p. 253.
  15. Hale 1995, p. 256.
  16. Hale 1995, p. 276-299.
  17. a et b Hale 1995, p. 299.
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Biblio[modifier | modifier le code]