Patrick Artus

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Patrick Artus (né le 14 octobre 1951) est un économiste français, directeur de la recherche et des études de Natixis[1] qui a en particulier travaillé sur les nouvelles stratégies boursières des entreprises.

Biographie

Patrick Artus est né à Lille le 14 octobre 1951[2]. Il est marié et père de 3 enfants.

Formation

Carrière

Il est professeur associé à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, membre du Conseil d’analyse économique, du Cercle des économistes[3] et membre de la Commission économique de la Nation. Il est ancien administrateur de l'INSEE. Il est membre du conseil d'administration de Total[4]. De 1996 à 2011 il est professeur de sciences économiques à l'École polytechnique.

Patrick Artus est un des spécialistes français en économie internationale et en politique monétaire.

Il écrit régulièrement des chroniques et points de vue dans Le Monde, Alternatives économiques, Challenges, Les Échos et Revue Banque. Il intervient également dans l'émission "L'Économie en questions" sur France Culture. Il est actuellement directeur des études à la banque Natixis, où il publie notamment plusieurs « Flash économie » par jour, parfois critiquées pour leurs erreurs factuelles (voir la section controverses).

Mandats sociaux

  • Membre du conseil d'administration de Total SA
  • Membre du conseil d'administration d'IPSOS

Citations et prévisions

Le 22 mars 2007, Patrick Artus rédige une note « Flash Marchés »[5] publiée par Natixis où il explique pourquoi il n'y a pas lieu de craindre une crise financière prochaine :

« Les marchés financiers croient n'importe quoi. Les corrections successives des marchés d'actions en février-mars 2007 sont liées à une série de craintes des marchés : […] il peut y avoir une récession aux États-Unis ; […] la crise du crédit immobilier « subprime » […] aux États-Unis va déclencher une crise bancaire et financière. Or, toutes ces affirmations sont fausses. La crédulité et l'absence de sang froid des marchés financiers sont donc remarquables. »

Cette thèse est reprise le 24 mai 2007 dans un éditorial publié dans le magazine Challenges :

« Le potentiel des Bourses européennes est gigantesque. […] Dans une économie mondiale qui peut fonctionner avec des États-Unis en croissance faible et où l'inflation semble vaincue, il est possible de croire que le seul CAC 40, par exemple, puisse atteindre 7 000 points au premier semestre 2008[6]. »

Ses prévisions seront cependant contredites par la crise financière mondiale débutant en 2007.

Il estime dans une nouvelle note en mai 2008 que la crise financière est « finie »[7], et que « On peut considérer que le pire de la crise financière qui débute à l’été 2007 est derrière nous : le provisionnement des banques est suffisant, la confiance revient sur la plupart des marchés financiers, les banques consolident leurs bilans. »[8] Ceci est à nouveau contredit par les nombreuses faillites et sauvetages bancaires de septembre 2008, en particulier Fannie Mae, Freddy Mac, Lehman Brothers, Merrill Lynch et AIG.

Le 3 février 2009, Patrick Artus publie une nouvelle note « Flash Marchés »[9] pour expliquer en quoi ses analyses étaient erronées (« Quand nous sommes-nous trompés sur nos prévisions, et comment l'expliquer ? »).

Dans une conférence à la Coface en janvier 2012[10], il indique qu'une réduction simultanée et trop brutale des dépenses publiques en zone Euro accroitrait globalement les dettes publiques au lieu de les réduire (principe du multiplicateur budgétaire [11],[12],[13],[14]). Selon lui, si tous les pays de la zone Euro font en même temps des plans de réduction de leur déficit budgétaire (principe du pacte de stabilité et de croissance), à la différence d'une politique conjoncturelle, pour 1 % de réduction des déficits on obtient en proportion une réduction comprise entre 0,6 % et 1 % de la croissance, ou plus. Ceci est particulièrement vrai dans les pays où le PIB est majoritairement assis sur la dépense publique (en France plus de 56 % du PIB est créé par de la dépense publique[15],[16]). Il résulte de la dynamique économique de l'endettement public[17] que l'écart entre les taux de croissance et les taux de financement s'accroît d'autant plus que dans le même temps les taux de financement augmentent, car les agences de notation dégradent les États au vu des baisses de croissance constatées.

Patrick Artus est présenté dans l'hebdomadaire Le Point comme un « éconoclaste » ayant son franc-parler comme en témoignent les citations suivantes[18] :

  • Sur les politiques : « L'économie ne les intéresse pas et ils n'y comprennent pas grand-chose. » ;
  • Sur les journalistes : « Beaucoup d'entre eux sont d'une paresse étonnante. » ;
  • Sur les autres économistes : « Si la profession d'économiste était aussi réglementée que celle des cardiologues, nous ne serions pas très nombreux à exercer. » ; « Soyons clairs, il y a effectivement une dizaine de types nobélisables et brillantissimes. Mais, pour le reste, 95 % de la recherche économique académique ne sert à rien et n'a pas grand intérêt. »

Prix et décorations

  • « Meilleur Économiste de l’année », 1996, décerné par Le Nouvel économiste[19];
  • « Prix des Lecteurs du Livre d'Économie 2006 » avec Marie-Paule Virard pour leur livre Comment nous avons ruiné nos enfants.

Controverses

Certains analystes lui reprochent de faire des erreurs grossières dans ses analyses, afin de pousser aux politiques d'austérité[20].

En septembre 2013, tentant de démontrer que les pays ayant le plus de dépenses publiques sont les pays à la plus faible croissance, il décrit dans un document que la Suède est un mauvais exemple. Pour cela il utilise un graphique où la Suède est noté SD (plus forte croissance) et la Suisse SW (plus faible croissance) et explique dans le document que la Suède, noté SW à la plus faible croissance. Or, la Suède et la Finlande, qui ont les plus fortes croissances cette année là, sont également celles qui font le plus de dépenses publiques[21].

Dans un autre document, également appelé « Flash économie », il tente cette fois de faire une corrélation entre salaire minimum élevé et l'augmentation du chiffre du chômage chez les jeunes. Il se fonde pour cela sur un chiffre erroné concernant l'Australie, qui a le plus haut salaire minimum des pays de l'exemple : le rapport entre chômage des jeunes et chômage de l'ensemble de la population y est de 4,2, contre un nuage oscillant entre 1,5 et 3 pour l'ensemble des autres pays cités[22]. Or, en se basant sur les chiffres de l'OCDE du taux de chômage des jeunes (15-24)[23] le rapport était de 2,1 cette année, plaçant l'Australie dans la moitié des pays ayant le plus faible rapport de chômage entre jeune et ensemble de la population active[24]. L'Australie est d'ailleurs également un des pays ayant le plus faible taux de chômage des jeunes, avec 11,3 % de chômage en 2012, contre un ensemble allant de 7,7 % à 46,4 % et une moyenne de 16,2 % [23], mais également de la population active, avec 5,4 % contre une moyenne de 8,2 % et un ensemble oscillant entre 3,3 et 25,2 %[25] .

Bibliographie

  • avec F. Legros, Le choix du Système de retraites, Economica, 1999
  • Crises des pays émergents, Economica, 2000
  • L’Euro et la Banque Centrale Européenne, Economica, 2001
  • La nouvelle économie, La Découverte, 2001
  • Politique monétaire, Economica, 2001
  • La France peut se ressaisir, Economica 2004
  • Macroéconomie, Economica 2005
  • avec Marie-Paule Virard, Le Capitalisme est en train de s'autodétruire, La Découverte, 2005
  • avec Marie-Paule Virard, Comment nous avons ruiné nos enfants, La Découverte, 2006
  • Les incendiaires - Les banques centrales dépassées par la globalisation, Perrin, 2007
  • avec Marie-Paule Virard, Globalisation, le pire est à venir, La Découverte, 2008
  • avec Marie-Paule Virard, On comprend mieux le monde à travers l'économie, Pearson Education, 2008
  • avec Marie-Paule Virard, Est-il trop tard pour sauver l'Amérique ?, La Découverte, 2009
  • avec Olivier Pastré, Sorties de crise. Ce qu'on ne nous dit pas. Ce qui nous attend., Éditions Perrin, 2009
  • avec Marie-Paule Virard, La France sans ses usines, éditions Fayard, 2011
  • avec Marie-Paule Virard, Les apprentis sorciers, 40 ans d'échecs la politique économique française, Éditions Fayard, 2013
  • avec Marie-Paule Virard, Croissance zéro, comment éviter le chaos?, Éditions Fayard, 2015

Références

  1. « CV de Patrick Artus », Conseil d'analyse économique (consulté le )
  2. Source : Wikipol sur slate.fr
  3. « Patrick ARTUS », Le Cercle des économistes, (consulté le )
  4. Site web de Total, présentation du conseil d'administration.
  5. Natixis, Flash Marchés, 22 mars 2007, nº 110
  6. Challenges nº 81, 24 mai 2007
  7. interview pour Challenges, 02 avril 2008, bourse.blogs.challenges.fr/archive/2008/04/02/la-crise-est-finie.html
  8. Flash marché Natixis nº 181, 7 mai 2008, http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=38417
  9. Natixis, Flash Marchés, 3 février 2009, nº 62
  10. « Conférence de la Coface, janvier 2012 »
  11. « P Artus, octobre 2010, Natixis, peut on estimer empiriquement le multiplicateur budgétaire »
  12. « Septembre 2011, à propos du multiplicateur budgétaire »
  13. « Rapport du sénat: Projet de loi de finances pour 2010 »
  14. « Ofce, page 5, Multiplicateurs budgétaires.Tableau 6, page 17. Xavier Timbeau, Qui sème la restriction récolte la recession »
  15. http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/02/retrouver-l-equilibre-des-finances-publiques_1514840_3232.html
  16. http://www.ifrap.org/La-croissance-du-PIB-face-aux-depenses-publiques,1124.html
  17. Wikipedia : dynamique économique de l'endettement public
  18. Le Point, Artus l'éconoclaste, 22/05/2008
  19. « Patrick Artus », http://www.journeeseconomie.org (consulté le )
  20. La dernière (grosse) boulette de l’économiste Patrick Artus
  21. http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=72699
  22. http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=72702
  23. a et b (en) Youth unemployment rate % of youth labour force (15-24) sur le site de l'OCDE
  24. Comment Patrick Artus a compris l’origine du chômage des kangourous – note hussonet n°60, 12 septembre 2013, par l'économiste Michel Husson,
  25. (en) Unemployment rate % of labour force sur le site de l'OCDE

Voir aussi

Liens externes