Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly

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Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly
Portrait du duc de Chaulnes en Hercule (Nattier, 1746)
Fonction
Président
Académie des sciences
Titre de noblesse
Duc de Chaulnes
-
Prédécesseur
Charles François d'Albert d'Ailly (d)
Successeur
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 54 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Michel Ferdinand d’Albert d’AillyVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Famille
Père
Conjoint
Anne-Josèphe Bonnier de La Mosson (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
Propriétaire de
Hôtel de Gasville (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly, 5e duc de Chaulnes (1744), est un officier, astronome et physicien français, né à Versailles, paroisse Notre-Dame, le et mort à Paris, paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas, le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Un officier au service du Roi[modifier | modifier le code]

Fils de Louis Auguste d'Albert d'Ailly (1676-1744), 4e duc de Chaulnes, maréchal de France, et de Marie Anne Romaine de Beaumanoir Lavardin, Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly est, dans sa jeunesse, destiné à l'état ecclésiastique. La mort successive de ses deux frères aînés fait de lui, en 1731, l'héritier de sa branche de la Maison d'Albert. Il reçoit alors le titre d'attente de duc de Picquigny, avant d'être investi, à la mort de son père en 1744, de celui de duc de Chaulnes.

Il entre en 1731 aux mousquetaires, puis, en 1733, aux chevau-légers de la Garde. En 1733, il sert au siège de Kehl, en 1734 à celui de Philipsbourg, en 1735, il commande à l'Armée du Rhin. Il est promu en 1740 brigadier des armées du Roi, puis en 1743 maréchal de camp. En 1742, il participe à la campagne de Bohème, en 1743 il sert à l'Armée des Flandres. En cette même année, il est blessé à la bataille de Dettingen et reçoit la croix de chevalier de Saint Louis.

Durant l'année 1744, il perd son beau-frère et son père, en et . En , c'est sa mère qui meurt.

Il sert aux sièges de Menin, Ypres, Furnes, se trouve à l'affaire d'Augenheim et au siège de Fribourg [1].

En 1745, il sert à la bataille de Fontenoy, en 1746 au siège de Namur, aux batailles de Raucoux et de Lawfeld.

Il est ami de la marquise de Pompadour, qui le reçoit à Versailles avec le roi Louis XV et favorise sa carrière.

Lieutenant général en Bretagne de 1747 à 1753, il dépense sans compter sur sa bourse personnelle pour représenter la Couronne.

Commissaire du Roi aux États de Bretagne en 1750, il parvient à faire accepter un nouvel impôt, le vingtième, par cette assemblée.

Il commande les chevau-légers de la Maison du Roi. Il est lieutenant général des Armées du Roi Louis XV (1748), pair de France, chevalier des Ordres du Roi (1751).

En 1752, il devient gouverneur et lieutenant général pour le roi en la province de Picardie, Artois et pays reconquis, gouverneur des ville et citadelle d'Amiens et de Corbie[2] jusqu'en 1764.

Depuis la mort de son frère aîné, en 1731, il est en outre Vidame d'Amiens.

Un scientifique[modifier | modifier le code]

Astronome et physicien, il s'intéresse particulièrement aux instruments scientifiques. Il emploie une grande partie de son revenu à faire construire des instruments et à former des collections. Il partage cette passion avec son beau-frère, Joseph Bonnier de La Mosson, jusqu'à la mort de celui-ci, en 1744.

Son cabinet renferme une prodigieuse quantité d'objets rares et curieux recueillis en Égypte, Grèce ou Chine, des vases étrusques de toutes les formes, des bronzes antiques et des échantillons d'histoire naturelle.

Il fait installer dans son château de Chaulnes un observatoire, qu'il fait visiter à ses amis[3].

Lorsque les physiciens abandonnent les machines électrostatiques à globe de verre, de soufre ou de résine, pour adopter les plateaux de verre, le duc de Chaulnes fait construire la plus grande machine qu'on ait encore vue. Il l'utilise à reproduire, pour la première fois en France, tous les effets de la foudre.

Il est reçu, en 1743, membre honoraire de l'Académie des sciences. Deux ans après, il publie un mémoire contenant des expériences relatives à un article, qui fait le commencement du 4e livre de l'Optique d'Isaac Newton, et qui lui font découvrir les particularités de la diffraction des rayons lumineux réfléchis par un miroir concave et interceptés par un carton percé au milieu. Il présente en 1765 un demi-cercle astronomique muni de deux lunettes achromatiques.

Vers 1751, il invente un nouveau modèle de microscope qu'il fait construire en Angleterre et dont il fait publier la description, illustrée de plusieurs planches. Le nom de Chaulnes est donné à ce microscope, dont une dizaine d'exemplaires sont actuellement connus. L'exemplaire personnel du duc de Chaulnes se trouve aujourd'hui au Musée des Arts et Métiers, à Paris [4]. Ce modèle de microscope se caractérise tant par son perfectionnement mécanique, que par l'élégance de son armature en bronze ciselé et doré.

Vers 1756, le duc de Chaulnes contribue à concevoir l'aménagement du cabinet royal de curiosités que le roi Louis XV fait aménager aux abords de son château de La Muette, près de Paris[5]. A cet effet, il présente à Louis XV dom Nicolas Noël, moine bénédictin de l'Abbaye Saint Germain des Prés et concepteur en particulier, d'un télescope monumental, que Louis XV charge de diriger ce cabinet de curiosités, jusqu'à sa mort (1774)[6].

Il a, le premier, l'idée de la fabrication des eaux minérales factices.

Il est parmi les actionnaires de la compagnie des mines de Montrelais, l'une des premières de France pour l'extraction du charbon et la deuxième à utiliser, dès 1752, les machines à feu de Thomas Newcomen.

Il constitue une importante bibliothèque, répartie entre Paris et Chaulnes, qui sera dispersée aux enchères après sa mort [7] et dont la vente donne lieu à l'impression d'un catalogue [8]. Le catalogue de la partie parisienne de la bibliothèque compte 276 pages pour 3 943 numéros, celui de la bibliothèque de Chaulnes, 52 pages pour 1 105 numéros [9].

L'éloge du duc de Chaulnes est dans le volume de 1769 du recueil de l'Académie des Sciences [10].

Entre Paris et la Picardie[modifier | modifier le code]

A Paris, le duc de Chaulnes et son épouse habitent l'hôtel de Vendôme, rue d'Enfer, aujourd'hui 60-64 boulevard Saint-Michel, à côté des jardins du Luxembourg, où ils sont locataires, par bail emphytéotique [11], dans un ensemble immobilier de rapport appartenant aux chartreux [12].

C'est là qu'est conservée la plus grande partie de la bibliothèque et des instruments scientifiques du duc, le reste se trouvant à Chaulnes. C'est là aussi que sont menées nombre de ses expériences scientifiques.

Avant même de devenir gouverneur de Picardie et d'Artois, le duc de Chaulnes tire parti de son influence à la Cour pour favoriser les institutions qu'il juge utiles à sa province. C'est ainsi qu'il obtient du roi Louis XV, en 1750, des lettres patentes fondant officiellement l'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens. À cet effet, cette Académie, toujours existante, le choisit pour protecteur.

Il est aussi, notamment, le protecteur de la Société de Musique d'Amiens et celui de l'Almanach de Picardie, publié par le Père Daire, dont la page de titre de chacune des éditions parues jusqu'en 1769 comporte une dédicace à son endroit.

En Picardie, il réside principalement à Chaulnes, où, après la mort de son père, il fait procéder à des embellissements. Un grand commun est édifié en brique et pierre sur la gauche de l'avant-cour du château. Il fait reconstruire l'église paroissiale de Chaulnes, dans un élégant style néo-classique, aussi en brique et pierre.

Au début des années 1760, il fait redessiner à l'anglaise, une partie du parc français de Chaulnes et y fait construire une fabrique en forme de temple à l'imitation de l'antique [13],[14].

À cette époque, le château de Picquigny reçoit, de temps à autre, la visite de ses maîtres, mais apparaît comme relativement délaissé [15].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Portrait d'Anne-Josèphe Bonnier de La Mosson,
duchesse de Chaulnes en Hébé

1744 par Jean-Marc Nattier
Paris, musée du Louvre

Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly épouse à Asnières-sur-Seine le , Anne Josephe Bonnier [16], dame du palais de la reine Marie Leczynska.

Veuve, elle se remarie avec Martial de Giac[17] et meurt à Paris, paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas, le , âgée de 64 ans et 8 mois[18].

Elle est la fille de Joseph Bonnier de la Mosson, trésorier des États de Languedoc, et d'Anne de Melon.

Héritière d'une des plus grosses fortunes de l'époque, elle est la sœur de Joseph II Bonnier de la Mosson, dont le cabinet de curiosités scientifiques était renommé.

Dans les années 1750, elle est la protectrice de l'abbé de Boismont, prédicateur ordinaire du Roi, dont elle favorise en particulier l'élection à l'Académie Française en 1755.

De 1758 à 1769, la duchesse de Chaulnes possède, à Paris, l'hôtel de Clermont, 69 rue de Varenne [19],[20]. De 1755 à 1767, elle possède aussi en Normandie le château et le marquisat de La Mailleraye [21].

Le portrait du duc de Chaulnes et celui de son épouse ont, l'un et l'autre, été peints par Nattier et se trouvent aujourd'hui au musée du Louvre. Le duc est représenté en Hercule [22], la duchesse en Hébé [23]. Ces deux portraits furent exposés au Salon, respectivement en 1747 et 1745. Joseph Bonnier de La Mosson, frère de la duchesse, et son épouse, furent également portraiturés par Nattier, tout comme Marie Sophie de Courcillon, veuve en premières noces de Charles François d'Albert d'Ailly, belle-sœur du duc de Chaulnes, alors remariée au duc de Rohan-Rohan, prince de Soubise. Ces cinq effigies, peintes à l'huile sur toile, firent partie de la rétrospective Nattier, présentée à Versailles fin 1999-début 2000 [24].

Tous deux ont un fils :

Publications[modifier | modifier le code]

On a aussi de lui :

  • quelques pièces dans le Journal de Physique ;
  • six mémoires dans le recueil de l'Académie des sciences ;
  • un mémoire, qui est son dernier ouvrage, sur une nouvelle machine parallactique, plus solide et plus commode que celles dont on s'était servi jusqu'alors.
  • Catalogue des plantes usuelles avec une explication des principaux termes de Botanique, pour servir d'introduction aux démonstrations commencées dans le Jardin de Botanique le , sous les auspices de Mgr le duc de Chaulnes, gouverneur général de Picardie, Artois etc & Protecteur de l'Académie des Sciences d'Amiens, MDCCLIV (1754), Amiens, chez la Veuve Godard, imprimeur du Roi, de Mgr le Duc de Chaulnes & de l'Académie.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gilbert Bodinier, Dictionnaire des officiers généraux de l'Armée royale, t. 1, Paris, Archives & Culture, , p. 37-39
  2. M. Prévost & Roman d'Amat, Dictionnaire de Biographie Française, t. 8, Paris, Letouzey, , col. 850-851
  3. Journal inédit du duc de Cröy, 1718-1784, publié (…) par le Vte de Grouchy et Paul Cottin, t. 2, Paris, Flammarion, , p. 79-81
  4. « Microscope du modèle du duc de Chaulnes », sur Cabinet d'expertise Pierre-François Dayot (consulté le )
  5. Hélène Delalex - Elvire Keller, Cabinet de Physique et d'optique de Louis XV au château de La Muette, in Louis XV, Passions d'un Roi 1710-1774 (catalogue de l'exposition sur Louis XV, présentée à Versailles en 2022), Versailles, Château de Versailles, , 491 p. (ISBN 978-2-38203-076-9), p. 222-239
  6. Dom Noël, Suite de XXI planches représentant les Elévations et coupes de plusieurs télescopes et microscopes qui se voient audit cabinet, à Passy, près la Muette (lire en ligne)
  7. « Le Duc de Chaulnes, entre la guerre et les sciences », sur Histoire de la bibliophilie, (consulté le )
  8. Catalogue des livres manuscrits et imprimés et des estampes de la bibliothèque de M. le duc de Chaulnes, dont la vente se fera en son hôtel, rue d'Enfer, le et jours suivants, Paris, Le Clerc, , 276 p. (lire en ligne)
  9. « Catalogue des livres de la bibliothèque du château de Chaulnes, vente », sur Google livres (consulté le )
  10. « Histoire de l'Académie royales des Sciences », sur Gallica, (consulté le )
  11. Yvan Christ, Philippe Siguret, Jacques Silvestre de Sacy, L'Ile Saint Louis, L'Ile de la Cité, Le Quartier de l'ancienne université, Paris, Henri Veyrier, , 396 p., p. 380-383
  12. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les Editions de Minuit, , 740 p., p. 473-474
  13. Journal inédit du duc de Croy, 1718-1784, publié (…) par le Vte de Grouchy et Paul Cottin, t. 2, Paris, Flammarion, (lire en ligne), p. 79-81
  14. Christian du Passage, Châteaux disparus dans la Somme, Amiens, CRDP, , 150 p., p. 89-91 & 139
  15. Marcel Evrard & Roselyne Bulan, « Quelques documents sur Picquigny aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le château », Bulletin de la Société d’Émulation d'Abbeville, tome XXVIII,‎ , p. 143-165
  16. Louis Grasset-Morel, Les Bonnier ou une famille de financiers au XVIIIe siècle, Paris, E. Dentu, , 326 p. (lire en ligne), p. 156-222
  17. J. Larouvière, Nouveau système des Eaux minérales de Forges suivi du portrait littéraire de la duchesse de Chaulnes par Ed. et J. de Goncourt, Paris, O. Doin libraire éditeur, , 230 p. (lire en ligne), p. 213-230
  18. Comte de Chastellux, Notes prises aux archives de l'état-civil de Paris, Paris, J.-B. Dumoulin, , 634 p. (lire en ligne), p. 76
  19. Xavier Salmon, Jean Marc Nattier, 1685-1766, Paris, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, , 352 p., p. 165
  20. Yvan Christ, Jacques Silvestre de Sacy, Philippe Siguret, Le Faubourg Saint Germain, Paris, Henri Veyrier, , 416 p., p. 301
  21. Pierre Jamme & Jean-François Dupont-Danican, Gentilshommes et gentilhommières en Pays de Caux, Paris, Editions de La Morande, , 352 p., p. 290-293
  22. « Portrait du duc de Chaulnes (1714-1769), lieutenant-général de Picardie, représenté en Hercule », sur Site officiel du Musée du Louvre (consulté le )
  23. « La duchesse de Chaulnes, représentée en Hébé 1744 », sur pop.culture.gouv.fr (consulté le )
  24. Xavier Salmon, Jean-Marc Nattier, 1685-1766, Paris, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, , 352 p., p. 135-137, 151-153, 165-168, 174-177, 185-188

Biographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Grandjean de Fouchy, Éloge de M. le duc de Chaulnes, dans Histoire de l'Académie royale des sciences - Année 1769, Imprimerie royale, Paris, 1772, p. 180-188 (lire en ligne)
  • Christophe Levantal, Ducs et pairs et Duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), 1996, Paris, Maisonneuve & Larose, p. 511-519 et 841-842. ( (ISBN 2-7068-1219-2))
  • « Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
  • Louis Grasset-Morel, Les Bonnier, ou Une famille de financiers au XVIIIe siècle, 1886, Paris, E. Dentu, 326 p., p. 156 à 222, lire en ligne

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]