Meurtres et disparitions de femmes autochtones au Canada

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Les meurtres et disparitions de femmes autochtones au Canada constituent un phénomène sociétal qui renvoie à la surreprésentation de femmes autochtones victimes de violences dans la population féminine au Canada[1] ; ce phénomène ancien[2] retient l'attention des médias et du gouvernement canadiens depuis les années 2000[3]. Le nombre exact de femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada depuis 30 à 40 ans est discuté, mais serait compris selon les estimations entre 500[4] et 1 100 personnes[5]. Les informations sur 582 cas ont été recueillies par l'Association des femmes autochtones du Canada, mais celle-ci estime que du fait de la sous-déclaration des violences le nombre réel de femmes disparues ou assassinées est très supérieur[6].

Selon une enquête fédérale de 2015, cette situation est le résultat de la marginalisation des populations indigènes qui sont exposées à un chômage élevé, à l'absence de sécurité alimentaire, l'absence de domicile fixe, la pauvreté et les obstacles à l'éducation.

Données chiffrées[modifier | modifier le code]

Les femmes autochtones au Canada, qui forment 4 % de la population féminine du pays, représentent 24 % des victimes d'homicides (en 2019)[7]. Elles ont un risque d'être tuées 12 fois plus élevé que les autres femmes au Canada, et 16 fois plus élevé que les femmes blanches de ce pays (chiffres de 2019)[7].

En 2013, une étude est lancée par le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada sur le sujet dans tous les services de police du Canada. Il indique l'existence de 1 181 cas d'homicides de femmes autochtones, dont 1 017 rapportés entre 1980 et 2012, auxquels s'ajoutent 164 femmes considérées comme disparues au moment du rapport. Sur l'ensemble des cas, 225 demeuraient non résolus[8]. Il y a peu de différence entre le taux d'homicides élucidés entre les femmes autochtones et les femmes non-autochtones. Il n'existe cependant pas de critère clair permettant de déterminer si un cas est inclus ou exclu de ces statistiques[9].

Concernant les disparitions, il est difficile de faire une comparaison de la proportion entre les femmes autochtones touchées et la population féminine globale car il n'existe pas de base de données nationale recensant les personnes disparues[4]. Cependant, un certain nombre de bases de données ont été créées pour suivre les cas de disparitions et de meurtres de femmes autochtones. Ainsi, selon les données rassemblées sur 582 cas par l'Association des femmes autochtones du Canada, 67 % sont des cas de meurtre par homicide ou négligence, 20 % des disparitions, 4 % des cas de mort suspecte et 9 % des cas dont la nature est inconnue[4]. De même, 55 % concernaient des femmes de moins de 31 ans, de moins de 18 ans dans 17 % des cas, et de plus de 45 ans dans 8 % des cas[4]

Enquête nationale sur les disparitions et les meurtres de femmes autochtones[modifier | modifier le code]

Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lors d'un discours sur les disparitions et les meurtres de femmes autochtones, face du parlement, à Ottawa en octobre 2016.

Le gouvernement canadien a longtemps sous-estimé la gravité de la situation, sur laquelle Amnesty International avait attiré l'attention dès 2004, avec d'autres organismes de défense des droits humains[10].

Après les élections fédérales canadiennes de 2015, le gouvernement libéral confirme sa promesse de campagne et annonce l'ouverture d'une enquête nationale le [11]. Le gouvernement canadien réalise des réunions de pré-enquête avec diverses personnes, y compris les familles, les travailleurs de première ligne, les provinces et les organisations autochtones de à , afin de déterminer la manière dont l'enquête sera structurée. Le mandat de l'ENFFADA (Enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues ou assassinées), menée en anglais sous le nom MMIWG (National Inquiry into Missing and Murdered Indigenous Women and Girls), ainsi que les noms des commissaires, dont fait partie Michèle Audette, sont publiés le . Les différentes étapes de l'enquête nationale (incluant un important partage de témoignages et quinze audiences communautaires) sont menées jusqu'en juin 2019. Un guide pédagogique accompagne le rapport final.

L'enquête a conclu :

« Comme l'indique le rapport final, les témoignages des membres des familles et des survivants de la violence ont fait état d'un contexte environnant marqué par des traumatismes et une marginalisation multigénérationnels et intergénérationnels sous la forme de pauvreté, de logement précaire ou d'absence de domicile fixe et d'obstacles à l'éducation, à l'emploi, aux soins de santé et au soutien culturel. Les experts ont parlé des politiques coloniales et patriarcales spécifiques qui ont déplacé les femmes de leurs rôles traditionnels dans les communautés et la gouvernance et ont diminué leur statut dans la société, les laissant vulnérables à la violence[12]. »

Le coût estimé de l'enquête est de 53,8 millions de dollars. En outre, le gouvernement a annoncé l'investissement de 16,17 millions de dollars sur quatre ans afin de créer des unités de liaison et d'information avec les familles dans chaque province et territoire[13].

Par contre, lorsqu’il est question de disparition des femmes et des filles autochtones, il n’y a aucune donnée exacte ce qui rend bien difficile d’évaluer l’ampleur de la situation[14]. Plusieurs familles d’origines autochtones se plaignent de ne pas se faire prendre au sérieux ce qui entraîne des doutes vis-à-vis les résultats de certaines enquêtes : « Les familles sont peu prises en compte et font face à une absence de communication, aux remarques désagréables et aux préjugés et n’ont pas d’accès au dossier. »[15] Selon ces mêmes familles, les préjugés racistes et sexistes font en sorte que la qualité des accusations est moins grande.

Par ailleurs, l’État canadien semble adopter une « attitude passive » face aux disparitions des femmes et des filles autochtones puisqu’il y a une absence de recherche pour les corps de certaines disparues[16]. Le manque d’enquête fait en sorte qu’il y a de l’impunité face aux crimes commis envers les femmes et les filles autochtones. Il s’agit presque d’une forme d’encouragement à commettre un crime envers celles-ci puisqu’il y a une moins grande probabilité d’entraîner des répercussions graves. Lorsqu’un cas est amené devant les tribunaux, il y a moins de chances que les accusations résultent à un meurtre au premier degré si la victime est une femme ou une fille autochtone[17]. De plus, une personne condamnée pour un homicide envers une femme ou une fille autochtone aura une peine d’environ 11 ans tandis qu’une personne étant accusée pour l’homicide d’une femme ou d’une fille non autochtone obtiendra une peine d’environ 14 ans[17].

Causes[modifier | modifier le code]

Selon l'enquête fédérale évoquée plus haut, les causes profondes, notamment le colonialisme, le racisme et le sexisme, ont toutes contribué à la crise actuelle mais fait également partie d'un défi sociétal plus vaste. L'Encyclopédie canadienne rappelle de nombreuses mesures «ciblant les femmes et les familles autochtones» au cours de l'histoire canadienne, comme la Loi sur les Indiens, la stérilisation forcée des femmes autochtones, les placements nombreux d'enfants autochtones dans des services de l'État (placements parfois assimilés à des «rafles»)[10]. Les taux de chômage élevés, l'absence de sécurité alimentaire, l'absence de domicile fixe, la pauvreté et les obstacles à l'éducation ont tous conduit à la marginalisation des populations indigènes, ce qui les a intrinsèquement exposées à un risque de violence élevé[18].

S'interroger sur les circonstances de la violence autochtone chez les femmes nous amène donc à percevoir que celles-ci font les manchettes des grands médias québécois depuis plus d'un an maintenant. Les disparitions et meurtres de femmes/filles au Canada peuvent avoir diverses causes, dont la violence conjugale, la marginalisation sociale, la discrimination systémique, le crime organisé, la traite des personnes, la toxicomanie, les problèmes de santé mentale, et parfois des facteurs socioculturels. Ces questions sont complexes et nécessitent une approche multidimensionnelle pour être comprises et résolues. Sur les ondes de Radio-Canada, l'émission enquête a diffusé le témoignage de plusieurs jeunes femmes de la région de Val-d'or, sur les cas de violences sexuelles et d'abus de pouvoir commis par des policiers de la Sûreté du Québec[19]. Ce n'est pas la première fois qu'une nouvelle de ce genre fait la Une des journaux au Québec. Bien qu'aucune plainte n'ait été encore portée auprès de corps policiers, nous parlons ici bien évidemment de vraies et légitimes plaintes, dit le DPCP. Dans un interview réalisé avec la conseillère des Premières Nations, Françoise Ruperthouse, elle expliquait que depuis longtemps le système ne fonctionne pas en leur faveur mais bien contre eux. Que le système soit contre les femmes ou leur voix, leur droit et leur liberté sont remis en question par les autorités judiciaires et policières, qui en bout de ligne mettrait leur vie en danger. Ce problème qui provient à la racine de très loin, viendrait du fait que le Canada et le Québec qui ne font malheureusement pas exception, en érigeant un système et excluant les Premières Nations et les premiers habitants de la société coloniale. Cette exclusion coloniale et cette domination coloniale a été mise en couleur par plusieurs militants et activistes autochtones au Canada, qui mettent en lumière la position charnière des femmes indigènes dans le système colonial. Ils mettent aussi en couleur l'abus qu'elles subissent et les formes d'abus. Après l'histoire des pensionnats et de la violence présentes dans ceux-ci, nous sommes rendus à la violence policière et judiciaire disent-elles. Selon plusieurs, la violence envers les femmes est un phénomène grave récurrent depuis des milliers d'années qui serait en fait l'épine dorsale de la colonisation. D'autre part, la domination coloniale exercée sur les femmes dans notre société pousse la violence et le sexisme à être plus facilement acceptés, sinon normalisés. La violence envers les femmes autochtones s'inscrit ainsi dans la continuité des relations de subordination qui caractérise les rapports entre les hommes et les femmes dans les sociétés coloniales. C'est ce que la féministe Julia Emberley nous explique, que l'Église, la communauté, la façon de penser et la normalisation seraient en cause de toute cette violence et que l'œil est beaucoup trop tourné quand ce sujet fait surface. Ce sujet qui est déjà tabou, et qui remonte à la surface à toutes les quelques années, crée une certaine internalisation progressive, ce qui consiste à la création d'une nouvelle division sexuelle au sein des communautés. Cette division contribue à normaliser une certaine violence à l'égard des femmes autochtones dans l'ensemble de la population. Une politique comme la Loi sur les Indiens poursuit et intensifie en ce sens un mouvement de restructuration idéologique déjà amorcé dès les premiers échanges avec les sociétés européennes[20].

Un des problèmes dans les communautés autochtones de nos jours serait la disparition et le meurtre des femmes autochtones. Cette problématique s’explique par la fréquentation des pensionnats. Avec les années, les autochtones ont développé des dépendances aux drogues ou alcools pour échapper à leur passé traumatique. Leurs dépendances sont le résultat des expériences qu’ils ont subies lorsqu’ils étaient jeunes. Pour ce fait, une recherche démontre que les jeunes enfants ayant fréquenté un pensionnat ont été victimes de maltraitance et de négligence durant leurs fréquentations des pensionnats. Ils étaient donc exposés à des agressions physiques ou mentales, de la violence verbale et des agressions sexuelles. Ce n’est qu’après avoir ingéré de l’alcool ou de la drogue que les personnes de Première Nation deviennent plus violentes, agressives et perdent patience plus facilement. Cela s’explique par le fait que leur système immunitaire n’est pas totalement habitué à l’ingression de dépresseurs dont l’alcool et la drogue. Il devient donc vite dépendant à ces substances et les effets des consommations se manifestent assez rapidement. Selon les données qui ont été récoltées, 58,1 % des hommes dans la communauté autochtone ont des problèmes d’alcool et 37,7 % de ce problème est lié avec la fréquentation de pensionnat dans leur jeunesse. La consommation de drogue est aussi un grand problème dans les communautés autochtones, 52,1 % des hommes consomment de la drogue et 27,4 % de ces consommations sont en rapport avec la fréquentation de pensionnat durant leur jeunesse[21]. La prise d’alcool et de drogue est la conséquence des années de ces mauvais traitements, qui se reflètent aussi aujourd’hui par la maltraitance des femmes. Que cela soit de la violence verbale ou physique, conjugale, sexuelle et allant même au meurtre de ces femmes[22].

Pensionnats autochtones[modifier | modifier le code]

Selon les spécialistes, les femmes autochtones subissent les conséquences de politiques discriminatoires à l'égard des Autochtones du Canada qui ont perduré durant de longues périodes. Ainsi par exemple depuis le XIXe siècle et jusqu'au milieu des années 1990 des dizaines de milliers d'enfants autochtones ont été enlevés de force à leurs familles et placés dans des écoles résidentielles (des pensionnats) pour y être instruits dans la religion chrétienne ; là, ils ont subi diverses formes de maltraitance comme le fait d'être lavés à l'eau de Javel pour leur donner un teint plus clair, et ils pouvaient être victimes d'abus sexuels[7]. Ils n'avaient plus le droit de communiquer dans leur langue maternelle[7]. «Ces traumatismes peuvent expliquer que des autochtones en arrivent à reproduire les violences qu'ils ont subies» selon le site Slate[7]. Des violences d'hommes autochtones à l'égard de femmes de leur communauté sont, d'après l'Institut national de santé du Canada, «le reflet de bouleversements identitaires engendrés notamment par les pensionnats»[7].

Un exemple concret des abus de pouvoir des institutions religieuses face aux membres des Premières Nations au Canada est la découverte des multiples restes de corps d’enfants autochtones enterrés sur le site d’un ancien pensionnat. En effet, en 2021, 215 corps de jeunes enfants autochtones ont été trouvés à Kamloops en Colombie-Britannique. Cette découverte a rapidement fait la une de tous les journaux les plus côtés du Canada[23]. Les instituts religieuses ont rapidement été considérées coupables pour ces négligences puisque de 1883 à 1996, les Églises catholiques, anglicanes, unies, méthodistes et presbytérienne étaient celles ayant le contrôle et gérant les pensionnats[24]. Selon la chef de la Première Nation Tk'emlups te Secwépemc, Rosanne Casimir, ce pensionnat, qui a été actif de 1890 à 1969, aurait accueilli environ 500 élèves par année. Selon certains spécialistes, ces mauvais traitements affligées aux membres de la communauté autochtone pourraient expliquer le climat violent et le niveau de criminalité qui règnent au sein des réserves autochtones[23].  

Conditions économiques[modifier | modifier le code]

Au Canada, les femmes autochtones se retrouvent souvent dans des conditions économiques précaires qui aggravent leur situation. La pauvreté, l'itinérance, le bas taux de diplômées, le taux de chômage et la qualité des logements dans lesquels elles vivent sont tous des facteurs de risque pouvant amplifier leur vulnérabilité[25].

Le taux d'emploi entre les personnes non autochtones et les personnes autochtones est marqué d'une importante différence. En date de 2016, ce taux atteint 76% pour l'ensemble de la population canadienne âgée de 25 à 65 ans, alors que pour les peuples des Premières Nations il est de 46,9% pour les résidents des réserves et de 60,2% pour ceux qui résident hors réserve. Pour les femmes, le taux est de 48,2% pour celles qui vivent dans une réserve et de 57,3% à l'extérieur de celles-ci. Les hommes se situent respectivement à 45,5% et à 63,8%[26].

Les revenus générés par les populations autochtones sont plus bas que ceux générés par les populations non autochtones. En 2016, le revenu médian des habitants des réserves était de 20 357 $ CAD versus 40 814 $ chez les populations non autochtones[26].

Plusieurs facteurs peuvent être considérés comme des obstacles à l'emploi: la pauvreté, l'accès à l'éducation, l'isolement géographique et les conditions des logements. Les peuples des Premières Nations sont plus susceptibles de dépenser leurs revenus sur les besoins de base qu'une personne ne faisant pas partie de ce groupe social. Le coût de la vie est plus élevé dans les communautés se situant plus au Nord et les services publics moins disponibles[26].

Racisme systémique[modifier | modifier le code]

À la violence intrafamiliale ou intracommunautaire s'ajoute la violence de la société blanche à leur égard. Les préjugés racistes de la police concernant les femmes autochtones peuvent expliquer que nombre d'entre elles renoncent à porter plainte[7]. Des stéréotypes représentent en effet ces femmes comme des prostituées ou des toxicomanes. Le risque qu'elles ont de se voir enlever leur enfant est élevé ; or selon Catherine Flynn, professeure à l'Université du Québec, «les traumatismes que vivent aujourd'hui les autochtones en lien avec les services de la protection de la jeunesse seraient pour certains "la forme moderne des écoles résidentielles"» (ou pensionnats)[7]. N'étant pas suffisamment protégées par la police et les institutions, les femmes autochtones subissent les effets cumulés du sexisme, du racisme et de la pauvreté[7].

Services policiers[modifier | modifier le code]

En 2015, à la suite du reportage de Radio-Canada sur la disparition de Sindy Ruperthouse une vague de dénonciation[27] a mené à la suspension de huit officiers de la Sureté du Québec à Val-d'Or. Ces derniers ont entre autres été accusés d'abus de pouvoir et d'agression sexuelle[28]. Cette affaire a occupé une place importante dans les médias et a incité de nombreuses autres femmes à dénoncer les violences sexuelles que des agents de la paix auraient commises. Les femmes autochtones seraient 3,5 fois plus susceptibles de vivre des violences que celles non autochtones en raison de leur marginalisation, du racisme et de la pauvreté[25].

Initiatives militantes[modifier | modifier le code]

Plusieurs projets ont été élaborés afin d'améliorer la visibilité de la disparition et des meurtres perpétrés contre les femmes autochtones.

Édification d'inukshuks[modifier | modifier le code]

Paysage montagneux avec de la neige. Au premier plan à gauche, un construction de pierres rectangulaires assemblées pour avoir une forme humaine.
Un inukshuk.

À la suite d'un projet initié par Kristen Villebrun, militante locale d'Hamilton (Ontario, Canada) et une dizaine d'autres femmes autochtones, des inukshuks ont été édifiés sur la Chedoke Rail Trail[29], sentier qui relie à un cours d'eau nommé Chedoke Creek. Un inukshuk, qui se traduit par « à l'image d'un homme », est une structure en pierre qui rappelle la forme humaine, couramment utilisée pour la navigation ou le marquage de pistes[30].

La construction d'inukshuks a été choisie car leur ombre semble réaliste et peut ainsi évoquer le souvenir des femmes disparues. Destinés à attirer l'attention sur ce phénomène sociétal, 1 181 inukshuks ont été construits, en travaillant six heures par jour et quatre jours par semaine.

Le projet a suscité de nombreuses questions de la part de passants. La poursuite de construction d'inukshuk est prévue jusqu'à ce qu'une enquête officielle du gouvernement soit réalisée sur la disparition des femmes autochtones[31].

Walking With Our Sisters[modifier | modifier le code]

Un auditorium présentant Walking With Our Sisters.

Walking With Our Sisters est une création artistique permanente débutée en 2012, commémorant les femmes et les enfants autochtones disparus ou assassinés. Dirigé par les communautés autochtones, l'objectif est de sensibiliser à cette question et de créer un espace de dialogue sur le phénomène, basé sur les discussions avec la communauté.

Le projet d'art consiste en une collection de paires de claques (partie supérieure d'une chaussure, entre le bout et la languette) de mocassins, comportant plus de 1 763 paires de claques adulte et 108 paires d'enfants, chaque paire étant authentique et personnalisée pour chaque victime. Les claques représentent l'inachevé de la vie des personnes disparues ou assassinées.

Le projet a commencé en 2012, avec un appel lancé sur le réseau social Facebook, où les personnes étaient invitées à concevoir des parties de mocassins. En , 1 600 claques étaient recueillies, soit plus de trois fois l'objectif initial de 600.

Cette installation itinérante s'expose dans des galeries et des salles d'exposition. Les personnes qui y pénètrent sont invitées à ôter leurs chaussures et à marcher à côté des vamps pour montrer leur solidarité avec ces femmes. L'installation est prévue dans 25 lieux d'Amérique du Nord jusqu'en 2019[32].

Le projet REDress[modifier | modifier le code]

Le projet REDress, mené par Jaime Black, artiste et enseignante en art, a été conçu pour faire connaître le phénomène des femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada[33]. Le projet est basé sur l'installation d'une importante collection de robes rouges dans les espaces publics. Le but du projet est de représenter et de donner une représentation visuelle à la mémoire des victimes[34].

Le projet REDress a été présenté à l'Université de Winnipeg, au campus de l'Université de Saskatchewan, à l'Assemblée législative du Manitoba, à l'Université de Kamloops, et à l'Université de l'Alberta[35].

Marche annuelle du 14 février[modifier | modifier le code]

La première marche en mémoire des femmes a eu lieu le à Vancouver, à la suite de l'assassinat d'une femme salishe, et a lieu chaque année à la Saint Valentin dans plus de vingt-deux communautés[36]. Le but de l'événement est d'honorer les femmes autochtones assassinées ou portées disparues, dans le but d'obtenir une enquête nationale et des réponses. Au cours de la marche à Vancouver, le défilé s'arrête sur les lieux où les femmes ont été vues pour la dernière fois ou assassinées, pour un moment de silence[37]. Le comité attire l'attention sur le problème au niveau local, national et international afin de sensibiliser les gens à la violence contre les femmes autochtones[38]. Le comité est composé de membres de familles, de travailleurs de première ligne, d'amis proches et de proches qui ont subi la perte de femmes autochtones depuis plusieurs années[36].

Autres organisations et initiatives[modifier | modifier le code]

D'autres initiatives ont été lancées, comme par Amnesty international[39], It Starts With Us[40], Sacred Turtles Women[41], ou l'Association des femmes autochtones du Canada[42].

L'artiste anishinabée Rebecca Belmore aborde pour sa part la question dans des œuvres telles que Vigil[43] (performance réalisée en 2002).

L'autoroute des larmes[modifier | modifier le code]

La route des larmes (highway of tears) est le surnom donné à une portion de 724 km de l'autoroute « Yellowhead » numéro 16 en Colombie-Britannique. Cette route est à proximité de 23 Premières Nations, qui l'emprunte régulièrement. Jusqu'en 2017, les conditions de vie précaires de cette région rendait l'accès aux transports difficile. Les Autochtones devaient donc régulièrement faire de l'auto-stop pour se déplacer. Cette portion de route est connue pour les nombreux meurtres et les disparitions qui y ont eu lieu. Au total, 18 victimes sont recensées dont 10 femmes autochtones entre 1969 et 2006. Il est estimé qu'il y aurait plutôt 40 cas de meurtres ou disparitions[44]. Le réseau de téléphonie cellulaire inexistant ou instable à cette époque augmentait le risque de danger pour les femmes autochtones[45].

Un panneau de signalisation de destination vers Yellowhead.

La majorité des proches restent sans réponses car avant 1981, aucune enquête sérieuse n’avait été entamée. En 1981, la GRC organise une conférence et rassemble une quarantaine d'enquêteurs chargés d'élucider ces meurtres de femmes, qualifiés de « meurtres routiers ». Les enquêteurs parviennent à établir des points communs entre certains meurtres et constituer une liste de suspects. À la suite de cette enquête, aucun suspect ne fût condamné. Les crimes n'ayant pas diminués après la première enquête, une seconde opération de la GRC est mise en place en 2005, le projet E-PANA[46].

Base de données[modifier | modifier le code]

Une base de données sur les femmes disparues et assassinées a été compilée par CBC News[47].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes de bas de page[modifier | modifier le code]

  1. C. Michalke, « Violence against Aboriginal women, a social phenomenon. », Vancouver Island University Library.
  2. «La question des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées au Canada est aussi ancienne que la construction du pays», « Femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  3. C'est une enquête d'Amnesty International en 2004 qui attire l'attention sur ce drame ; le rapport est intitulé Stolen Sisters : A Human Rights Response to Discrimination and Violence against Indigenous Women in Canada, « Femmes et filles autochtones disparues et assassinées au Canada | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  4. a b c et d « Fiche d’information - Femmes et filles autochtones disparues et assassinées » [PDF] (consulté le )
  5. A 2014 report by the RCMP found that 1,181 indigenous women were killed or went missing across the country between 1980 and 2012.
  6. (en) « Canada unsure of number of missing women », sur Bbc.com, BBC News, (consulté le ).
  7. a b c d e f g h et i Diane Poupeau, « Au Canada, des femmes autochtones sont tuées dans l'indifférence quasi générale », sur Slate.fr, (consulté le )
  8. (en) Gendarmerie royale du Canada, « Missing and Murdered Aboriginal Women: A National Operational Overview », (consulté le ).
  9. (en) Connie Walker, « Missing and murdered women: A look at 5 cases not included in official RCMP tally », sur www.cbc.ca, .
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  13. National Inquiry into Missing and Murdered Indigenous Women and Girls - Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées and CBC
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  16. Lea Serier, « LES DISPARITIONS ET MEURTRES DES FEMMES ET FILLES AUTOCHTONES AU CANADA: LA RESPONSABILITÉ INTERNATIONALE DU CANADA FACE À CES VIOLATIONS GRAVES DE DROITS HUMAINS », (consulté le ), p. 124
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Références[modifier | modifier le code]

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  • « Walking With Our Sisters », sur Walking With Our Sisters (consulté le )
  • (en-US) Delaney Windigo, Aboriginal Peoples Television Network, « Inuksuks along Hamilton hiking trail created to remember missing, murdered Indigenous women », Aboriginal Peoples Television Network,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Droit international[modifier | modifier le code]