Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires

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Le Rappel à l'ordre :
Enquête sur les nouveaux réactionnaires
Auteur Daniel Lindenberg
Pays Drapeau de la France France
Genre Pamphlet, essai
Éditeur Éditions du Seuil
Collection La république des idées
Date de parution 2002
Nombre de pages 94
ISBN 2-02-055816-5

Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires est un pamphlet de l'historien et essayiste français Daniel Lindenberg, publié en 2002. Cet ouvrage très médiatisé met en cause de nombreux intellectuels français et crée la polémique dans le milieu culturel français.

Présentation

C'est un ouvrage assez court (94 pages).

Plan

Introduction
Chapitre 1 La levée des tabous
  • Le procès de la culture de masse
  • Le procès de la liberté des mœurs
  • Le procès des intellectuels
  • Le procès de Mai 68
  • Le procès du « droit-de-l’hommisme »
  • Le procès de la société « métissée »
  • Le procès de l’islam
  • Le procès de l’égalité
Chapitre 2 Chemins de traverse
  • L’éternelle « trahison des clercs »
  • Les illusions perdues de la posthistoire
  • La décomposition du marxisme
  • Des années trente aux années « rock »
  • De Tocqueville à Schmitt
  • Les passerelles de l’illibéralisme
  • When Jews turn Right ("Quand des Juifs virent à droite")
Chapitre 3 Pauvre démocratie
  • Dépasser la démocratie
  • L’âge d’or perdu
  • La démocratie désarmée
Conclusion
Annexe
Deux portraits

Les cibles de Daniel Lindenberg

Dans ce livre, l'appellation de « nouveaux réactionnaires » désigne des intellectuels dont Daniel Lindenberg juge les idées conservatrices ou réactionnaires, voire racistes ou sexistes. Certains médias[réf. nécessaire] opposent couramment les « nouveaux réactionnaires » aux intellectuels « progressistes » ou « de gauche ».

Les arguments de Daniel Lindenberg concernent notamment[1] :

Réception

Il a été reproché à Daniel Lindenberg de brouiller les familles intellectuelles et d'associer trop facilement la notion de conservateur à celle de réactionnaire[2].

Réaction de personnalités concernées

Certaines personnalités dont parle le livre jugent très sévèrement le travail de leur critique.

Ainsi l'écrivain Michel Houellebecq écrit dans Le Figaro : « L'épisode le plus significatif, et sans doute le plus lourd de conséquences, de la période qui s'ouvre, est sans doute l'affaire des nouveaux réactionnaires, déjà abondamment relatée par les gazettes. L'ouvrage, c'est le moins qu'on puisse dire, n'a guère été loué. »[3].

C'est également le cas de Pierre-André Taguieff qui écrit : « [...] Le « conseiller » Lindenberg ne prend pas la peine de discuter les thèses de penseurs tels que Pierre Manent, Marcel Gauchet, Alain Finkielkraut, Alain Besançon, Shmuel Trigano, Jean-Claude Milner ou Alain Badiou, il se contente d'épingler leurs noms sur sa liste noire »[4]. En 2007, Pierre-André Taguieff poursuit sa contre-attaque dans un ouvrage intitulé Les Contre-réactionnaires[5] où il passe au crible ce qu'il nomme la « fabrication de la légende des nouveaux réactionnaires »[6], inscrivant cette entreprise dans l'histoire des dérives du progressisme, proche du terrorisme intellectuel[7] voire de l'inquisition[8]. Il reprend également les idées qu'il avait développées en 2002 et écrit ainsi : « L'objectif du libelle est insaisissable, parce que le portrait-type de l'infréquentable dénoncé est irréalisable. Cette multitude bariolée offerte à la détestation publique n'illustre en aucune manière une catégorie définie, ni même définissable. Cette première faiblesse du libelle suffit à en détruire la portée. »[8].

Autres réactions

Sandra Laugier, en revanche, s'inscrit en faux contre ces critiques[9] : si, selon elle, le livre de Lindenberg présente de grandes faiblesses, elle estime que le fond n'en reste pas moins pertinent et juste. Elle s'étonne en outre de la virulence des critiques[10] :

« [...] comment un tel livre a pu susciter une controverse violente, et un déversement d'anathèmes, que des ouvrages bien plus contestables ou absurdes (sans parler de la production journalistique, culturelle ou intellectuelle standard) n'ont que rarement provoqués. Comment surtout - c'est peut-être là une nouveauté qu'on n'a pas tellement remarquée sur le moment - a-t-on pu attaquer cet ouvrage avec des arguments d'autorité intellectuelle, du genre : c'est mal écrit, c'est nul, c'est mauvais - un vocabulaire méprisant, en général réservé aux discussions privées ou aux ragots universitaires ? C'est certainement que le livre de Lindenberg, malgré ses fragilités, a heurté un point essentiel, là où ça fait mal [...]. »

De son côté, Jacques-Alain Miller règle lui-aussi ses comptes avec Lindenberg par la publication d'un volumineux ouvrage, Le Neveu de Lacan[11]. Le débat continue si l'on lit "un cerbère de l’ordre nouveau aboyant dès qu’il le pourra un « rappel à l’ordre » contre les « nouveaux réactionnaires »"[12].

Didier Eribon donne une piste sur l'utilité du pamphlet comme aide à Pierre Rosanvallon dans sa tentative de succéder à Pierre Bourdieu. Pour lui, « l’objectif du livre de Lindenberg, petit soldat zélé d'Esprit et de La République des idées, était en effet d'afficher le prétendu repositionnement à « gauche » de Rosanvallon »[13]. Il décrit l'appui réitéré d'Edwy Plenel[13] à ce « pauvre factum » qui lui consacre la « Une » du Monde, ainsi que deux pleines pages intérieures[13].

Pour le philosophe Jean-Claude Michéa, qui mentionne le fait que l'ouvrage a été commandé par Pierre Rosanvallon membre du club Le Siècle, l'essai est symbolique d'une nouvelle posture intellectuelle associant tout refus « d'acquiescer à l'économie de marché » à un retour aux idées de Charles Maurras[14].

Édition

Dossier de presse sur l'affaire

Notes et références

  1. Cités par Lindenberg : Dantec, Houellebecq, Muray, Badiou, Manent, Gauchet, Taguieff, le journaliste Algamondo.
  2. Voir à ce sujet le dossier : « Les « nouveaux » réactionnaires : Le Monde, pondéré comme d'habitude ».
  3. Michel Houellebecq, « L'homme de gauche est mal parti », Le Figaro,‎ .
  4. Pierre-André Taguieff, « Le nouvel opium des intellectuels », Le Figaro,‎ .
  5. Pierre-André Taguieff, Les Contre-réactionnaires, Denoël, coll. « Bibliothèque Médiations », , 620 p. (ISBN 978-2-20725321-2).
  6. C'est le titre de la première partie de son ouvrage : Fabrication d'une légende : les « nouveaux réactionnaires ».
  7. Taguieff, ibid, p. 485.
  8. a et b Taguieff, ibid, p. 62.
  9. Sandra Laugier, Faut-il encore écouter les intellectuels ?, Paris, Bayard, coll. « Le temps d'une question », , 141 p. (ISBN 2-227-47162-X), p. 7–11.
  10. Laugier, ibid, p. 9.
  11. Jacques-Alain Miller, Le Neveu de Lacan : Satire, Lagrasse, Verdier, , 375 p. (ISBN 2-86432-390-7).
  12. Mathieu Bock-Côté, « Peut-on sortir de la société des identités? », Association québécoise d'histoire politique,
  13. a b et c « Pour mémoire : Plenel tel quel », Didier Eribon (consulté le )
  14. Michéa face à la stratégie Godwin, Jean-Claude Michéa, marianne.net, 4 janvier 2014