Jacques-Philippe Mérigon de Montgéry

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Jacques-Philippe Mérigon de Montgéry, né le à Paris[1] et mort dans la même ville le [1], est un officier de marine et théoricien naval français qui participa à l'expédition Baudin.

Biographie[modifier | modifier le code]

Embarqué en qualité d'aspirant de 2e classe sur Le Géographe pour l'expédition vers les Terres australes que conduit Nicolas Baudin au départ du Havre à compter du , Montgéry est débarqué malade à l'Île-de-France le [2].

Il combat ensuite à Trafalgar en qualité d'enseigne de vaisseau à bord de la corvette Hermione[3].

Sa carrière prend un élan décisif sous la Seconde Restauration. Il s'affirme alors comme un penseur de la modernité technique et de l'innovation navale[4].

Promu capitaine de frégate le [5], il est envoyé en mission en 1820 dans les ports des États-Unis « pour y faire des recherches sur la navigation par la vapeur et […] en a rapporté beaucoup de documents intéressants sur la marine et l’artillerie »[6].

Spécialiste de l’artillerie navale, Mérigon de Montgéry publie un manuel des Règles de pointage à bord des vaisseaux (1816) et un Traité des fusées de guerre (1826), et invente un nouveau modèle d’étoupilles de canons[7].

Élargissant ensuite ses horizon de pensée, Montgéry énonce des intuitions sur l'avenir de la guerre maritime qui en font un précurseur visionnaire[8]. C'est ainsi qu'il préconise dans ses différentes publications la construction de navires à coque métallique[9], l’emploi des mines flottantes et le développement des sous-marins d’attaque, qu’il imagine même d’équiper de siphons permettant de projeter sous l’eau « des matières incendiaires liquides »[10],

Il fait valoir ses théories navales anticipatrices et ses connaissances et curiosités scientifiques, concernant notamment les machines à vapeur, dans différentes revues savantes. Ses études plus marquantes sont rééditées en brochures. Il est par ailleurs le premier biographe français de Robert Fulton. Enfin, il fait partie des contributeurs réguliers du Journal des Sciences Militaires des armées de Terre et de Mer.

Son goût du progrès industriel pousse Mérigon de Montgéry à faire partie des 23 investisseurs fondateurs de la Compagnie du chemin de fer de la Loire. Il souscrit 14 action de la société lors de sa création en 1829[11].

Il est par ailleurs un ami personnel d’Auguste Comte, dont le rapproche leur commune croyance aux vertus du progrès scientifique[12].

Promu capitaine de vaisseau le [13] et officier de la Légion d'honneur le [14], Jacques-Philippe Mérigon de Montgéry siège comme membre du conseil des travaux de la Marine sous la monarchie de Juillet[15].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Règles de pointage à bord des vaisseaux, ou Remarques sur ce qui est prescrit à cet égard dans les exercices de 1808 et 1811, suivies de notes sur diverses branches de l'artillerie en général et en particulier de l'artillerie de la marine, Paris, Bachelier, 1816, 317 pages (2e éd. en 1828).
  • Mémoire sur les mines flottantes et les pétards flottans, ou Machines infernales maritimes, Paris, Bachelier, 1819, 78 pages.
  • « Mémoire sur les Flûtes et les Gabares », Annales maritimes et coloniales, IIe partie, 1820, p. 129-141.
  • « Notice sur la vie et les travaux de Robert Fulton », suivi en appendice d'une « Histoire des navires à vapeur », Annales de l'industrie nationale et étrangère, 1822, p. 225-308. La partie principale a été rééditée en brochure séparée sous le même titre : Notice sur la vie et les travaux de Robert Fulton, Paris, Bachelier, 1825, 70 pages.
  • « Mémoire sur les projectiles creux », Annales maritimes et coloniales, tome I, 2e partie, p. 26-41.
  • Mémoire sur les moyens de rendre Paris port de mer, Paris, Bachelier, 1824, 27 pages. (extrait des Annales de l'industrie nationale et étrangère).
  • Mémoire sur les navires en fer, Paris, Bachelier, 1824, 31 pages (extrait des Annales de l'industrie nationale et étrangère). Publication ayant fait l'objet d'une traduction partielle en anglais dans Thomas Gill, The Technical repository, volume V, 1824, p. 407-411.
  • « Notice sur la navigation et la guerre sous-marines », 20 pages, Revue encyclopédique, 66e cahier, tome 22, 6e année, 2e série, .
  • « Des Armes à vapeur », 15 pages, Revue encyclopédique, 69e cahier, tome 23, 6e année, 2e série, .
  • Traité des fusées de guerre, nommées autrefois rochettes et maintenant fusées à la Congrève, Paris, Bachelier, 1825, 296 pages. Cet ouvrage a fait l'objet d'une recension en anglais dans The British Indian Military Repository, Volume 4, 1826, p. 555-558.
  • « Observations relatives aux ouvrages de M. Paixhans sur une nouvelle force maritime », 16 pages, Bulletin universel des sciences et de l'industrie, 8e section, .
  • « Réflexions sur quelques institutions et sur quelques moyens propres à favoriser les progrès de l'industrie, et particulièrement sur la nouvelle Société commanditaire de l'industrie qui vient d'être fondée à Paris », 23 pages, Revue encyclopédique, 81e cahier, tome XVII, .
  • « Traité historique et pratique des machines à vapeur et autres machines à feu », Recueil industriel, manufacturier, agricole et commercial, de la salubrité publique et des beaux-arts, 1828.
  • « Recherches sur les fusées de guerre », texte compilé par Joseph Corréard, Histoire des fusées de guerre, ou Recueil de tout ce qui a été publié ou écrit sur ce projectile, tome 1, Paris, J. Corréard, 1841.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Archives de Paris, fichier de l’état-civil reconstitué.
  2. Muriel Proust de La Gironière, Nicolas Baudin, marin et explorateur, ou Le mirage de l'Australie, 2002, p. 232.
  3. Amiral Edmond Jurien de La Gravière, Guerres maritimes sous la République et l'Empire, tome second, 1860, p. 419.
  4. Edmond Jurien de La Gravière, « Souvenirs d’un Amiral », Revue des Deux Mondes, 1860, p. 596 : « Dès l'année 1824, un officier qui posa le premier dans notre marine les vrais principes de l'artillerie navale et eut le pressentiment de la plupart des progrès que notre époque devait réaliser, M. le capitaine de frégate de Montgery, n'hésitait pas à prédire que les navires à vapeur, les projectiles creux, les vaisseaux couverts de métal, les navires sous-marins, “opéreraient des changements analogues à ceux produits dans les XIVe et XVe siècles par la boussole, la poudre à canon, l'imprimerie et la découverte du Nouveau-Monde”. Cette prophétie, remarquable surtout par le temps où elle fut faite, s’est déjà vérifiée en partie ».
  5. Annales maritimes et coloniales, 1820, p. 27.
  6. Annales maritimes et coloniales, 1822, p. 3.
  7. Travaux de la commission française sur l'industrie des nations, 1855, Volume 3, 2e partie, « architecture navale », p. 25.
  8. Hervé Coutau-Bégarie, « Réflexions sur l’École française de stratégie navale », L’évolution de la pensée navale, tome premier, Fondation pour les études de défense nationale, 1990, p. 40 : « Dans le même temps, un officier de marine aujourd'hui complètement oublié, de Montgéry, publie dans le Journal des sciences militaires une série d'articles d'une prescience remarquable dans lesquels il prône l'abandon du bois et la construction de navires en fer munis de cloisons étanches. Il prédit également, dès 1826, la future importance de la torpille, de la mine, et du sous-marin. Mais ses vues sont trop en avance sur son temps pour être immédiatement réalisables. ».
  9. Andrée Corvol (dir), Forêt et marine, L’Harmattan, 1999, page 139 : « Ces nouveautés n'échappèrent pas à l'œil de l'officier de marine Jacques-Philippe Mérigon de Montgéry (1781-1839), apôtre de la construction métallique ».
  10. H. De Sarrepont, « Les Torpilles », Journal des sciences militaires, 1872, p. 509.
  11. « Ordonnance du roi du 26 avril 1829 portant autorisation de la société anonyme formée à Paris, sous la dénomination de Compagnie du chemin de fer de la Loire et approbation de ses statuts », Bulletin des lois no 301 bis du , p. 3.
  12. Auguste Comte, Cours de philosophie positive, 2e édition, tome 5, 1864, p. 120 : « J’ai souvent entendu un marin distingué (mon malheureux ami feu le capitaine Montgéry) qui avait embrassé avec une éminente rationalité relative, le système entier de l’art de la guerre, à la fois terrestre et maritime […] ».
  13. Annales maritimes et coloniales, 1833, p. 43.
  14. Almanach royal et national, 1838, p. 283.
  15. Almanach royal et national, 1831 p. 119 et 1838, p. 138.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]