Dawda Jawara

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Dawda Jawara
Illustration.
Dawda Jawara en 1979.
Fonctions
Président de la République de Gambie
[N 1]
(24 ans, 2 mois et 28 jours)
Élection
(par l'Assemblée nationale)
Réélection


(au suffrage universel direct)

Vice-président Sheriff Mustapha Dibba
Assan Musa Camara
Alhajie Alieu Badara Njie
Assan Musa Camara
Bakary Bunja Darbo
Saihou Sabally
Prédécesseur Élisabeth II (reine de Gambie)
Successeur Yahya Jammeh (président du Conseil des Forces armées)
Président de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest

(1 an)
Prédécesseur Blaise Compaoré
Successeur Abdou Diouf

(1 an)
Prédécesseur Ibrahim Babangida
Successeur Blaise Compaoré
Premier ministre de Gambie

(7 ans, 10 mois et 12 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouverneur John Paul
Farimang Mamadi Singateh
Prédécesseur Pierre Sarr N'Jie (en)
Successeur Poste supprimé
Biographie
Nom de naissance Dawda Kairaba Jawara
Date de naissance
Lieu de naissance Barajally (colonie et protectorat de Gambie)
Date de décès (à 95 ans)
Lieu de décès Fajara, Bakau (Gambie)
Nationalité Gambienne
Parti politique Parti populaire progressiste (en)
Conjoint Augusta Jawara
Chilel Jawara
Aja Asombie Bojang
Entourage Yahya Jammeh (beau-fils)
Diplômé de Achimota School
Profession Vétérinaire
Religion Islam

Dawda Jawara
Premiers ministres de Gambie
Présidents de la République de Gambie

Sir Dawda Kairaba Jawara, né le à Barajally (colonie et protectorat de Gambie) et mort le à Fajara, dans la commune de Bakau (Gambie), est un homme d'État gambien, membre du Parti populaire progressiste (en).

Il a été le premier Premier ministre de Gambie (1962-1970) puis le premier président de la République (1970-1994).

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Dawda Jawara est né le 28 avril 1924 dans une famille mandingue musulmane à Barajally dans le centre du pays où son père tient un commerce. Il étudie au Ghana puis en Grande-Bretagne à Glasgow[1].

C'est en Écosse, pendant ses études, qu'il commence à s'intéresser à la politique, en côtoyant le mouvement des jeunes du parti travailliste britannique, ainsi que de futurs responsables politiques d'État du Commonwealth, comme Cheddi Jagan. Il termine ses études en 1953. Revenu en Gambie, il y est vétérinaire. Il se convertit au christianisme pour épouser en février 1955 Augusta Mahoney, dont le père est un homme politique important, d'origine aku et de religion chrétienne[2],[3].

Ministre de l'Éducation[modifier | modifier le code]

Il entre en politique en 1960, en devenant le dirigeant du membre du Parti populaire progressiste (en) (PPP), et ministre de l'Éducation au sein du gouvernement autonome gambien, sous la tutelle de la Couronne britannique.

Premier ministre[modifier | modifier le code]

En 1962, il devient chef de ce gouvernement autonome gambien. En février 1965, la Gambie devient indépendante, dernière colonie britannique à acquérir cette indépendance[1]. En 1965, il divorce également de sa première épouse, se reconvertit à l'Islam et se remarie, en 1967, avec la fille de Momodu Musa N'Jie, d'origine peul, un des principaux bailleurs de fonds d'un autre parti gambien, l'United Party (en)[2].

En , le Parlement adopte une motion visant à transformer le pays en république un an après l'indépendance (comme l'ont fait d'autres pays africains membres du Commonwealth des Nations, tels que le Kenya et l'Ouganda). Cette décision de Jawara entraîne la rupture de la coalition entre le PPP et le Parti unifié, qui dirigeait le pays depuis l'indépendance. Le sujet est soumis à un référendum entre le et le , avec un résultat de 61 568 voix contre et 31 921 voix pour, et la Gambie reste une monarchie dans les premières années de son indépendance[4].

En 1969, le comité exécutif du PPP présente de nouveau au Parlement un projet de Constitution républicaine. Le projet est approuvé par le Parlement (88 voix pour et 8 contre) et soumis à un référendum en . Le résultat est de 84 068 voix pour et 35 683 contre[5]. La république est officiellement proclamée quelques jours plus tard, le [6]. Dawda Jawara, devenu président de la République de Gambie, remplace Élisabeth II comme chef d'État tandis que le poste de Premier ministre est supprimé, faisant passer le pays d'un régime parlementaire à un régime présidentiel. La Gambie reste membre du Commonwealth des Nations en tant que république du Commonwealth.

Président de la République[modifier | modifier le code]

Le manque de ressources économiques et la taille réduite du pays rendent l'avenir de cette nouvelle nation incertain, d'autant que le voisin sénégalais pousse à la fusion, non souhaitée par la population. Dawda Jawara trouve un accord avec Léopold Sédar Senghor, pour une coexistence des deux pays, et, en 1970, proclame la République dont il devient le premier président[1]. Il est ensuite réélu tous les cinq ans, de façon démocratique et avec une majorité nette, par l'Assemblée nationale jusqu'en 1982[7], puis au suffrage universel après la réforme constitutionnelle de 1982[1],[8]. En 1981, une tentative de coup d’État tente de renverser ce régime démocratique, mais échoue : la démocratie est sauvée grâce à l'intervention de troupes sénégalaises. À la suite de cet épisode, les présidents sénégalais et gambien, Abdou Diouf et Dawda Jawara, mettent en place une confédération sénégambienne, qui est dissoute en 1989 à la suite de divergences[9]. Le 22 juillet 1994, un nouveau coup d'État militaire, mené par Yahya Jammeh, réussit et renverse le régime démocratique présidé par Dawda Jawara[1]. Celui-ci embarque avec sa famille et ses proches sur un navire de guerre américain, en escale technique à Banjul, pour ensuite s'installer à Dakar[9].

Retour en grâce et mort[modifier | modifier le code]

Dawda Jawara sera amnistié par son successeur en 2010, et ce dernier n'épargnera rien pour fêter le retour du père de la nation le . Et pour l'assurer qu'il est et sera toujours chez lui, Yahya Jammeh lui donnera la main de sa mère Aja Asombie Bojang[10], que certains qualifient de « mariage forcé », attribuant à Jammeh le désir de tuer la démocratie. Jammeh quitte le pouvoir en 2017 et celle-ci meurt le 28 juillet 2018 en Guinée équatoriale[11].

Il meurt le à l’âge de 95 ans[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Mandat suspendu du 30 juillet au durant le coup d'État de Kukoi Samba Sanyang.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Gambie : Sir Dawda Jawara, le plus ancien dirigeant du continent », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. a et b Vincent Foucher, « Comptes rendus de lectures. Hugues (Arnold) et Perfect (David). A Political History of the Gambia, 1816-1994. Rochester, University of Rochester. Press, 2006 », Politique africaine, no 108,‎ , p. 210-212 (lire en ligne).
  3. (en) David Perfect, Historical Dictionary of The Gambia, Rowman & Littlefield, (lire en ligne), « Jawara, Hannah Augusta », p. 241.
  4. (it) « Repubblica del Gambia », sur transafrica.biz, (consulté le ).
  5. (en) « Elections in The Gambia : 24 April 1970 Plebiscite », sur africanelections.tripod.com (consulté le ).
  6. (en) « Gambia becomes a republic », sur sahistory.org.za, (consulté le ).
  7. Pierre Biarnès, « Sir Dawda Jawara est réélu chef de l'État », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. « Gambie : nouveau mandat pour le président Jawara », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  9. a et b Matthieu Kairouz, « Ce jour-là : le 22 juillet 1994, Yahya Jammeh s’empare du pouvoir en Gambie », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne).
  10. « L’ancien président gambien Daouda Diawara épouse la mère de Yaya Jammeh », seneweb.com, 31 décembre 2010.
  11. AfricaNews, « En exil, Yahya Jammeh perd sa mère en Guinée Équatoriale », sur Africanews (consulté le )
  12. « Le premier président gambien est mort (officiel) », sur africanews.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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