Xi Ursae Majoris

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ξ Ursae Majoris A/B
Alula Australis
Description de cette image, également commentée ci-après
Image de la binaire visuelle Xi Ursae Majoris A/B.
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 11h 18m 10,83601s[1]
Déclinaison +31° 31′ 44,8217″[1]
Constellation Grande Ourse
Magnitude apparente 3,79 (4,32 / 4,79)[2]

Localisation dans la constellation : Grande Ourse

(Voir situation dans la constellation : Grande Ourse)
Caractéristiques
Type spectral F8.5:V / G2V[3]
Indice U-B +0,04[2]
Indice B-V +0,59[2]
Indice R-I +0,34[2]
Variabilité RS Canum Venaticorum[4]
Astrométrie
Vitesse radiale −18,2 ± 2,7 km/s[5]
Mouvement propre μα = −339,398 mas/a[1]
μδ = −607,892 mas/a[1]
Parallaxe 114,486 7 ± 0,431 6 mas[1]
Distance 8,734 6 ± 0,032 9 pc (∼28,5 al)[6]
Magnitude absolue 4,71 / 5,23
Caractéristiques physiques
Masse 1,05 / 0,90 M
Rayon 1,01 / 0,78 R
Luminosité 1,1 / 0,67 L
Température 5 900 / 5 900 K
Métallicité 98 / 76 % du Soleil
Rotation 3 km/s
Âge 6 × 109 a
Composants stellaires
Composants stellaires ξ UMa Aa/Ab, ξ UMa Ba/Bb, ξ UMa D[7]
Orbite
Compagnon ξ UMa B[8]
Demi-grand axe (a) 2,536
Excentricité (e) 0,398
Période (P) 59,878 a
Inclinaison (i) 127,94°
Longitude du nœud ascendant (Ω) 101,85°
Époque du périastre (τ) 1 935,195 a

Désignations

Alula Australis, ξ UMa, 53 UMa, BD+32°2132, GJ 423, HIP 55203, SAO 62484, WDS J11182 +3132[9]

ξ UMa A : HD 98231, HR 4375, LFT 790, LHS 2390, LTT 13045[10]

ξ UMa B : HD 98230, HR 4374, LFT 791, LHS 2391, LTT 13046[6]

Xi Ursae Majoris (en abrégé ξ UMa), également nommé Alula Australis, est un système quintuple d'étoiles[7] situé à 28,5 années-lumière de la Terre dans la constellation de la Grande Ourse. Sa magnitude apparente combinée est de 3,79[2].

Nomenclature, histoire et mythologie[modifier | modifier le code]

La figure de la série desالظباء قفزات Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », dans le ciel arabe traditionnel, tel que la décrit ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī, 964.

ξ Ursae Majoris, latinisé Xi Ursae Majoris, est la désignation de Bayer du système. Il porte également la désignation de Flamsteed de 53 Ursae Majoris[9].

Alula Australis est aujourd’hui le nom approuvé pour ξ UMa par l’Union astronomique internationale (UAI) ; formellement, il se réfère uniquement à la composante ξ UMa Aa[11]. Il vient de l’arabe الثانية al-Ūlā, résultant de la troncation du nom complet, soit القفزة الألى al-Qafzat al-Ūlā, « le Premier Saut »[12],[13].

Pour comprendre ce nom, il faut se référer à la série des قفزات الظباء Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », qui figurent dans le ciel arabe traditionnel tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964). Selon lui, il s’agit des six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol, à savoir ν et ξ UMa formant al-Ūla, soit « le Premier [Saut] », λ et μ UMa al-Ṯāniyya, « le Second », et ι et κ UMa al-Ṯāliṯa, « le Troisième ». Chaque « Saut » ressemble à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[14],[15]:

« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »

.

Plus tard, dans le Catalogue d’al-Tīzīnī[16], édité en complément des زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), est donné la transcription ‘AlKáphza’ Prima pour ξ UMa[17]. Giuseppe Piazzi s’en saisit pour donner à ξ UMa le nom de Al-ula australis et, par symétrie, à ν UMa, celui de Al-ula Borealis[18]. Ils sont ignorés par Richard Hinckley Allen (1899), mais repris dans plusieurs catalogues du XXe siècle[19],[20],[21], et finalement consacrés par l’UAI.

Description[modifier | modifier le code]

Orbite de Xi Ursae Majoris A et B.

Xi Ursae Majoris A et B constituent une étoile binaire visuelle, et il leur faut 59,88 ans pour compléter une orbite, avec une excentricité de 0,40 et un demi-grand axe de 2,54 secondes d'arc[8]. Ce sont toutes deux des binaires spectroscopiques, dont les étoiles principales, Xi Ursae Majoris Aa et Ba possèdent chacune un compagnon stellaire de faible masse, désignés Xi Ursae Majoris Ab et Bb respectivement.

Xi Ursae Majoris Aa et Ba sont deux étoiles sur la séquence principale similaires au Soleil. Le première est ainsi une naine jaune-blanche de type spectral F8,5:V, tandis que la seconde est une naine jaune de type spectral G2V[3]. La taille de la première étoile est d'environ 101 % de celle du Soleil et sa luminosité de 110 %. La taille de la deuxième étoile est d'environ 78 % de celle du Soleil et sa luminosité de 67 %. Xi Ursae Majoris Ab est une naine rouge, tandis que Xi Ursae Majoris Bb pourrait être une naine blanche. Ce système est complété par un dernier objet, qui est une naine brune de type T située à plus de 500 secondes d'arc des autres étoiles et désignée Xi Ursae Majoris D[7].

Le , William Herschel a découvert ce système comme étant une étoile binaire le premier. Il a joué un rôle important dans l'histoire de l'astronomie : c'est en effet le premier système stellaire dont l'orbite put être déterminée, par observation visuelle, en 1830, par l'astronome français Félix Savary.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) A. G. A. Brown et al. (Gaia collaboration), « Gaia Data Release 2 : Summary of the contents and survey properties », Astronomy & Astrophysics, vol. 616,‎ , article no A1 (DOI 10.1051/0004-6361/201833051, Bibcode 2018A&A...616A...1G, arXiv 1804.09365). Notice Gaia DR2 pour cette source sur VizieR.
  2. a b c d et e (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. a et b (en) Philip C. Keenan et Raymond C. McNeil, « The Perkins catalog of revised MK types for the cooler stars », The Astrophysical Journal Supplement Series, vol. 71,‎ , p. 245 (DOI 10.1086/191373, Bibcode 1989ApJS...71..245K)
  4. (en) N. N. Samus', E. V. Kazarovets et al., « General Catalogue of Variable Stars: Version GCVS 5.1 », Astronomy Reports, vol. 61, no 1,‎ , p. 80-88 (DOI 10.1134/S1063772917010085, Bibcode 2017ARep...61...80S, lire en ligne)
  5. (en) B. Nordström et al., « The Geneva-Copenhagen survey of the Solar neighbourhood. Ages, metallicities, and kinematic properties of ~14000 F and G dwarfs », Astronomy & Astrophysics, vol. 418, no 3,‎ , p. 989–1019 (DOI 10.1051/0004-6361:20035959, Bibcode 2004A&A...418..989N, arXiv astro-ph/0405198)
  6. a et b (en) * ksi UMa B -- Spectroscopic binary sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  7. a b et c (en) Andrei Tokovinin, « HR 4375 », sur Multiple Star Catalog (MSC) (consulté le )
  8. a et b (en) Brian D. Mason et al., « Binary star orbits from speckle interferometry. 7: The multiple system Xi Ursae Majoris », The Astronomical Journal, vol. 109, no 1669,‎ , p. 332–340 (DOI 10.1086/117277 Accès libre, Bibcode 1995AJ....109..332M)
  9. a et b (en) * ksi UMa -- Variable of RS CVn type sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  10. (en) * ksi UMa A -- Spectroscopic binary sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  11. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  12. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961, pp. 90-91.
  13. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 112-113.
  14. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 27r. »
  15. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
  16. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p.180.
  17. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Gadwal… (1533), p. 82. »
  18. (la) Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 75.
  19. (de) Paul Kunitzszch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 140-141.
  20. (en) Paul Kunitzszch & Tim Smart, A Dictionary of Modern Star Names : Cambridge (Ma) : Sky & Telescope, 1986, pp. 57-58.
  21. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 149.

Liens externes[modifier | modifier le code]