Adélaïde de Bourgogne (née vers 870)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Adélaïde de Bourgogne
Illustration.
Représentation d’Adélaïde de Bourgogne, d'après une gravure de son tombeau, 1641.
Fonctions
Comtesse d'Auxerre

(33 ans)
Prédécesseur Adélaïde d'Alsace
Successeur Emma
Comtesse d'Autun, Comtesse de Sens

(33 ans)
Prédécesseur Ermengarde
Successeur Emma
Comtesse de Nevers
v.890
Prédécesseur Engelberge de Provence
Successeur Emma

(26 ans)
Prédécesseur Teutberge d'Arles
Successeur Emma
Comtesse de Troyes

(27 ans)
Prédécesseur Ermangarde
Successeur Emma
Marquise de Bourgogne

(20 ans)
Prédécesseur aucune (fondation du marquisat de Bourgogne)
Successeur aucune (dissolution)
Duchesse de Bourgogne

(3 ans)
Prédécesseur aucune (fondation du duché de Bourgogne)
Successeur Emma
Biographie
Dynastie Welf
Date de décès v. 929
Père Conrad II de Bourgogne
Mère Waltrade de Wormsgau
Conjoint Richard de Bourgogne
Enfants Raoul
Hugues
Boson
Ermangarde
Alix

Adélaïde de Bourgogne, née vers 870 et morte entre 928 et 929, est une princesse bourguignonne issue de la maison bavaroise des Welf, qui, par mariage, vers 888, avec Richard de Bourgogne, dit le Justicier, devient la première duchesse de Bourgogne. Dans la plupart des actes, elle ne porte cependant que le titre de comtesse (comitissa).

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et ascendance[modifier | modifier le code]

Adélaïde (Adele, Adeleydis) est la fille de Conrad II de Bourgogne (v.835-876), comte de Paris, d'Auxerre et marquis de Bourgogne Transjurane[1], et de Waltrade[2], probablement Waltrade de Wormsgau. Elle porte le nom de sa grand-mère paternelle, Adélaïde de Tours. L'année de sa naissance est inconnue. L'année 870 est donnée communément comme point de repère, Christian Settipani donnant vers 865[3].

Elle est la sœur de Rodolphe Ier (v.860-912)[1], roi de Bourgogne, et la demi-sœur par son père d'Adelgunde de Bourgogne (872-902), mariée en 890 à Erenfried Ier de Maasgau (866-904) comte de Bliesgau, de Keldachgau, de Bonngau et de Charmois[4].

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Aux alentours de l'année 888, elle reçoit de son frère, Rodolphe Ier, l'abbaye de Romainmôtier, probablement en dot, selon le Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny[5]. L'année 888 est en effet retenue par l'historien Maurice Chaume (1888-1946) comme l'année de son mariage avec Richard de Bourgogne, alors comte d'Autun, à qui elle apporte, en dot, le comté d'Auxerre[1],[3]. Toutefois une charte de l'année 900 issue du Recueil des actes des rois de Provence, publié par René Poupardin, semble contredire cette possession par la comtesse mais l'attribue à Hugues, très probablement son fils[6]. L'analyse de ces documents permettrait d'indiquer que le mariage s'est déroulé quelques années avant l'année 888, comme le suppose entre autres le médiéviste Steven Robbie dans sa thèse The emergence of regional polities in Burgundy and Alemannia, c. 888-940 (2012)[7].

Elle devient ainsi, outre comtesse d'Auxerre et comtesse consort d'Autun, au gré des acquisitions de son mari, comtesse de Nevers, de Troyes et de Sens[8], puis, par la fusion des comtés de 898, la première marquise, puis, en 921, la première duchesse de Bourgogne[9].

De son union avec Richard de Bourgogne naissent[10] :

Mort et testament[modifier | modifier le code]

Richard le Justicier semble mourir en 921. Leur fils, Hugues, donne à sa mère l'année suivante — charte datée à Autun du 7 des calendes de mai 922 (24 avril 922) — le domaine de Poligny (Villam Poligniacum , sitam in Comitatu Varasco), dans le Jura[12],[13],[14]. Elle souhaite en faire donation au chapitre de Saint-Nazaire d'Autun à sa mort. En attendant, elle donne l'édifice de Saint-Hippolyte et ses dépendances[15],[16].

En 928 ou 929, la comtesse (mentionnée sous la forme « dono Dei comitissa ») effectue une donation à l'abbaye de Cluny du monastère de Romainmôtier[5]. La charte, considérée comme son testament, se trouve répertoriée dans le Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny[5] et intégrée au cartulaire de Romainmôtier[17]. Cependant, il semble que cette donation n'ait pas eu d'effet avant la fin du Xe siècle, où elle fut réitérée avec succès, enclenchant la construction de l'abbatiale de Romainmôtier.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Louis Moreri, Le Grand dictionnaire historique, t. 2, Amsterdam, Brunel, (lire en ligne).
  2. Patrick Corbet, Adélaïde de Bourgogne: genèse et représentations d'une sainteté impériale. Actes du colloque international du centre d'études médiévales-UMR 5594, Auxerre, 10 et 11 décembre 1999, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2002, 230 pages, p. 32.
  3. a et b Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Occasional Publications / 5 », , 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p. 27 (lire en ligne).
  4. (de) Thiele Andreas, Erzählende genealogische Stammtafeln zur europäischen Geschichte, Deutsche Kaiser-, Königs-, Herzogs- und Grafenhäuser : 2e partie, Francfort-sur-le-Main, Fischer, .
  5. a b et c Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, p. 358, document 379 - « Charta qua Adeleydis comitissa.. » (lire en ligne).
  6. Recueil des actes des rois de Provence, document 37.
  7. (en) Steven Robbie, The emergence of regional polities in Burgundy and Alemannia, c. 888-940: a comparative assessment, PhD thesis, Université de St Andrews, (2012), p. 42, note 78 ([PDF] lire en ligne).
  8. Chasot de Nantigny Louis, Les généalogies historiques des rois, ducs, comtes, etc. de Bourgogne, Le Gras, Paris, 1738.
  9. Richard Jean (dir.), Histoire de la Bourgogne, Privat, 1988.
  10. Settipani Christian, La Préhistoire des Capétiens (481-987). Première partie : Mérovingiens, Carolingiens et Robertiens, Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1, Patrick van Kerrebrouck, Villeneuve d'Ascq, 1993.
  11. [PDF] Dynasite Bosonide d'après Marie d'Eschallard.
  12. François Ignace Dunod de Charnage (1679-1752), Histoire des Séquanois et de la province séquanoise, des Bourguignons et du premier royaume de Bourgogne, de l'église de Besançon jusque dans le sixième siècle, et des abbayes nobles du comté de Bourgogne... depuis leur fondation jusqu'à présent, 1735, II, 207 (lire en ligne).
  13. Jean-Marie Croizat, Les Jurenses, les Nibelungen : étude sur le royaume, le duché, le comté de Bourgogne aux Xe et XIe siècles, éditions du 47, 2004, 167 pages, p. 26.
  14. (en) Steven Robbie, The emergence of regional polities in Burgundy and Alemannia, c. 888-940: a comparative assessment, PhD thesis, Université de St Andrews, (2012), p. 77.
  15. Pierre Lacroix, Eglises jurassiennes, romanes & gothiques. Histoire et architecture, Éditions Cêtre, , 315 p., p. 21à.
  16. Suzanne Braun, Le Jura Roman. Architecture et sculpture, Éditions Cêtre, , 207 p. (ISBN 978-2-87823-132-8), p. 123.
  17. Dominique Iogna-Prat, Études clunisiennes, Paris, Picard, 2002, p. 151-160.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

sur Adélaïde et la fondation de Romainmôtier
  • Alexandre Pahud, « Le testament d'Adélaïde », dans Jean-Daniel Morerod (dir.) et al., Romainmôtier. Histoire de l’abbaye, Lausanne, coll. « Bibliothèque historique vaudoise » (no 120), (ISBN 2-88454-120-9), p. 65-73.

Articles connexes[modifier | modifier le code]