9e armée (Empire russe)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La neuvième armée est une grande unité de l'armée impériale russe engagée sur le front de l'Est pendant la Première Guerre mondiale. Elle participe à plusieurs batailles contre les armées impériales austro-hongroise et allemande. Pendant la plus grande partie de son existence, elle a eu pour chef Platon Letchitski. Elle est dissoute en .

Historique[modifier | modifier le code]

1914[modifier | modifier le code]

Lever du drapeau dans l'armée russe, août 1914.
Front de l'Est au 26 septembre 1914.
Cosaques de l'Oural, vers 1900.

La 9e armée est créée en août 1914 sous le commandement de Platon Letchitski. Elle est rattachée au front du Sud-Ouest qui est commandé par le général Nikolaï Ivanov. Elle est engagée dans le sud de la Pologne russe, autour d'Ivangorod (Dęblin) et Sandomierz, en appui de la 4e armée, et fait face au groupe austro-hongrois du général Heinrich Kummer von Falkenfeld. Elle compte alors 8 divisions d'infanterie et 4 de cavalerie :

  • XVIIIe corps d'armée
    • 23e et 37e divisions d'infanterie
  • Corps de la Garde (rattaché à la 4e armée fin août)
    • 1re et 2e divisions de la Garde
  • Groupe de réserve Delsalle
    • 73e, 75e, 77e, et 80e divisions de réserve
  • Corps de cavalerie Novikov (ru)
    • 5e et 8e divisions de cavalerie

La première bataille de la Vistule tourne au désavantage des Russes qui n'arrivent plus à approvisionner leurs troupes. Le , le corps de la Garde est de nouveau transféré de la 4e à la 9e armée. Le , l'état-major ordonne aux 9e et 5e armées de battre en retraite au nord de la Vistule pour suivre le mouvement de recul de la 4e armée. Cependant, Letchitski tente de maintenir une tête de pont au sud de la Vistule face à la 1re armée austro-hongroise, avec la 2e brigade de tirailleurs et la brigade de tirailleurs de la Garde. Le , la 80e division, qui couvre l'aile gauche du corps Delsalle, se retire de Sandomierz, tandis que la 14e division, à l'aile droite, évacue Ostrowiec, les tirailleurs restant en position défensive à Opatów. Le , ils sont attaqués par des forces ennemies très supérieures en nombre et, malgré le renfort de la brigade indépendante de cavalerie de la Garde, doivent se replier avec de lourdes pertes : 100 officiers, 8 000 soldats, 9 canons et 21 mitrailleuses[1].

Le , le XXVe corps est transféré de la 5e à la 9e armée. La retraite russe se déroule dans des conditions très difficiles, sur des routes défoncées et sous des pluies continuelles. La 9e armée bénéficie cependant de dépôts de provision à Kraśnik et Sandomierz alors que la 5e armée est à bout de ressources[2].

Le , la 9e armée reçoit l'ordre de mener une contre-offensive au sud de la Vistule. Basée sur la forteresse d'Ivangorod et disposant de 6 corps au total (les XVIIe, XVIIIe, XXVe et Garde renforcés par les IIIe corps caucasien et XIVe corps empruntés à la 4e armée), elle doit attaquer 3 corps austro-hongrois pour obliger les Allemands, plus au nord, à renoncer à leur offensive contre Varsovie. Les Russes reprennent Novo Aleksandriya le [3] tandis que la 1re armée austro-hongroise bat en retraite jusqu'à l'Opatówka (de)

En novembre, la 9e armée participe à une offensive avortée en direction de Cracovie, forteresse de la Galicie austro-hongroise. La bataille de Cracovie (de) (16-) se termine sans résultat décisif. L'armée comprend alors les unités suivantes :

À la fin de , la 9e armée s'établit en position défensive au nord de la Vistule, sur une ligne Jędrzejów - Pińczów - Busko-Zdrój, face à la 1re armée austro-hongroise.

1915[modifier | modifier le code]

Terebovlia (Trembowla), début du XXe s.
Régiment de cavalerie tekké (turkmène), 1916.

À la fin de , la 9e armée est déplacée du sud-ouest de la Pologne vers le front du Dniestr pour couvrir le flanc sud-est de la 8e armée dans la bataille des Carpates. Elle fait face à l'offensive du groupe Pflanzer-Baltin (devenu en la 7e armée austro-hongroise) en direction de la Bucovine. La 9e armée comprend alors les unités suivantes :

Le , la 9e armée opère une offensive de rupture entre les têtes de pont du Dniestr et du Prout contre le corps Marschall, partie de l'Armée du Sud allemande, et le corps Czibulka (de) austro-hongrois. Les Russes reprennent Zalichtchyky et, le , obligent la 7e armée austro-hongroise à évacuer Stanislav (Ivano-Frankivsk) et Kalouch et à se replier sur une ligne Tchernivtsi-Kolomya-Nadvirna.

En , la Grande Retraite de l'armée russe en Pologne oblige la 9e armée à interrompre son avance, se replier sur une ligne Zalichtchyky-Terebovlia et se cantonner à une guerre de position.

La 9e armée au nord du front roumain, septembre 1916-janvier 1917

1916[modifier | modifier le code]

Soldats russes sur le front de Roumanie, 1918.

Au printemps 1916, la 9e armée est réorganisée pour accompagner le flanc sud de l'offensive Broussilov contre les Austro-Hongrois. Entre le 4 et le , le IIe corps russe enfonce les lignes du XIIIe corps austro-hongrois, suivi par les XXXIIIe et XLIe corps qui traversent la ligne du Dniestr. La 7e armée austro-hongroise doit se replier sur Sniatyn et Horodenka en perdant environ 100 000 hommes dans une retraite de 50 km. Le XIIe corps russe franchit le Prout et reprend Tchernivtsi le , le XXXIIIe corps prend Horodenka et Kolomya le . Le IIIe corps de cavalerie atteint le sud de la Bucovine et les hauteurs de Vatra Dornei, suivi par les XIe et XIIe corps. Au début d'août, les Austro-Hongrois se replient sur une ligne Otynia (en)-Tysmenytsia, sur la Bystritsa. Le , les Russes prennent Stanislaw (Ivano-Frankivsk). Le front s'établit sur le cours supérieur du Siret entre Mariampil et Nadvirna.

L'entrée en guerre de la Roumanie dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Entente, le , arrive trop tard pour se coordonner avec l'offensive russe[4]. Alors que les Austro-Hongrois n'ont plus qu'un mince rideau de troupes, Landwehr, gendarmes et douaniers, le long de la frontière roumaine, l'armée roumaine engagée dans la bataille de Transylvanie (en) ne parvient pas à faire la jonction avec les forces russes en Bucovine[5].

La 9e armée doit accomplir une marche difficile à travers les Carpates ukrainiennes pour se joindre à l'armée roumaine menacée d'écrasement par l'offensive austro-allemande. Le front roumain connaît de nombreuses péripéties sans qu'aucun camp ne remporte d'avantage décisif.

1917-1918[modifier | modifier le code]

Bataille de Mărăști, juillet-août 1917 : 1re armée austro-hongroise (ouest), 9e armée allemande (sud), 2e armée roumaine (est) et 9e armée russe (nord).

Après la révolution de février-, le général Platon Letchitski n'accepte pas d'être soumis aux soviets de soldats. Il est placé en disponibilité le 1er mai et remet sa démission trois semaines plus tard.

La 9e armée ne joue qu'un rôle secondaire dans la bataille de Mărăști ( - 1er août) qui oppose les Roumains aux Germano-Austro-Hongrois. En 1917, minée par les désertions et mutineries, elle comprend théoriquement les unités suivantes :

  • Xe corps
  • XVIIIe corps
  • XXVIe corps
  • XXIXe corps
  • XLe corps
  • IIe corps
  • VIe corps de cavalerie

Commandants[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alfred Knox, With the Russian army, 1914-1921, Hutchinson, London, 1921, vol.1, p.140-141.
  2. Alfred Knox, With the Russian army, 1914-1921, Hutchinson, London, 1921, vol.1, p.142-143.
  3. Alfred Knox, With the Russian army, 1914-1921, Hutchinson, London, 1921, vol.1, p.151-156.
  4. Traian Sandu, « La Roumanie, une victoire à la Pyrrhus », Les cahiers Irice, vol. 1, no 13, 2015, p. 155-170.
  5. Michael B. Barrett, Prelude to Blitzkrieg: The 1916 Austro-German Campaign in Romania, Indiana University Press, 2013, p. 26-29.