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== Présentation générale ==
== Présentation générale ==
Le ''dallia pectoralis'' est un [[poisson]] du genre ''[[Dallia]]'' ([[Famille (biologie)|famille]] [[Umbridae]])<ref name="FishBase">{{FishBase espèce|2705|''Dallia pectoralis''}}</ref>. C'est un poisson d'[[eau douce]] [[démersal]].
Le ''dallia pectoralis'' est un [[poisson]] du genre ''[[Dallia]]'' ([[Famille (biologie)|famille]] [[Umbridae]])<ref name="FishBase">{{FishBase espèce|2705|''Dallia pectoralis''}}</ref>. C'est un poisson d'[[eau douce]] [[démersal]]. En anglais, l'espèce porte comme [[nom vernaculaire]] « Alaska blackfish ».


Le ''dallia pectoralis'' mesure environ {{Nombre|11|centimètres}} pour un poids d'environ {{Nombre|350|grammes}}<ref name="FishBase" />.
Les individus de l'espèce vivent en général environ {{Nombre|8|ans}}<ref name="FishBase" />.


== Morphologie ==
En anglais, l'espèce porte comme [[nom vernaculaire]] « Alaska blackfish »<ref name="FishBase" />.
Le ''dallia pectoralis'' mesure environ {{Nombre|11|centimètres}}{{Note|texte=Les individus les plus grands peuvent atteindre {{Nombre|33|centimètres}}.|groupe=Note}} pour un poids d'environ {{Nombre|350|grammes}}<ref name="FishBase" />. Lorsque les femelles atteignent leur [[maturité sexuelle]], elles mesurent environ {{Nombre|8|centimètres}}.


La morphologie du ''dallia pectoralis'' présente quelques caractéristiques typiques<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="Armstrong1994">{{Lien web |langue=en |auteur=Robert H. Armstrong |titre=Alaska Blackfish |url=http://www.adfg.alaska.gov/static/education/wns/alaska_blackfish.pdf |format=pdf |accès url=libre |site=Alaskian government |date=1994}}</ref>. Le poisson à une [[Nageoire dorsale|nageoire dorsale postérieure]] et des [[Nageoire anale|nageoire anales]] relativement larges, des [[Nageoire pectorale|nageoires pectorales]] lobées et situées sous l'[[Opercule (poisson)|opercule]], une [[nageoire caudale]] diphycerque (présentant une symétrie) ainsi que de petites [[Nageoire pelvienne|nageoires pelviennes]] en forme de pointe.
L'[[espèce]] ''dallia pectoralis'' présente un [[Statut de conservation|risque d’extinction]] faible (LC selon l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]])<ref name="IUCN">{{UICN|202400|''Dallia pectoralis''}}</ref>.

La tête du ''dallia pectoralis'' est large et plate tandis que son corps est long et mince<ref name="Armstrong1994" />. La couleur de sa partie dorsale va du vert foncé au marron tandis que sa partie ventrale est plus pâle. Des tâches de couleurs claires apparaissent sur ses parties latérales.

L'espèce présente un [[dimorphisme sexuel]]<ref name="Armstrong1994" />. Les [[Mâle|mâles]] ont une frange de teinte rouge sur les nageoires dorsale, caudale et anales. L’extimité de leurs nageoires pelviennes vient également touchée leurs nageoires anales.

== Physiologie ==
Le ''dallia pectoralis'' a la particularité de pouvoir [[Respiration|respirer]] l'[[oxygène]] [[Atmosphère terrestre|atmosphérique]]<ref name="Crawford1974">{{article|language=en|auteur1=R. H. Crawford|title=Structure of an air-breathing organ and the swim bladder in the Alaska blackfish, Dallia pectoralis Bean|journal=Canadian Journal of Zoology|volume=52|issue=10|date=10.1974|doi=10.1139/z74-162|url=https://cdnsciencepub.com/doi/10.1139/z74-162|accès url=payant|pages=1221-1225}}</ref>. Il doit cette capacité à une évolution de son [[œsophage]] : celui-ci peut se diviser en deux sections, la première non-spécifique aux activités respiratoires et la seconde dédiée à cette activité. La section dévolue à la respiration est caractérisée par d'important plissements de la [[muqueuse]] et une forte [[Appareil cardiovasculaire|vascularisation]] de l'organe. Les [[Capillaire (anatomie)|capillaires]] parcourant l'[[épithélium]] sont également répandus.

Cette spécificité du ''dallia pectoralis'' implique des [[Pression de sélection|pressions sélectives]] particulières sur l'espèce, en particulier sur le développement des organes respiratoires et [[Hydrostatique|hydrostatiques]]<ref name="Crawford1974" />. La [[vessie natatoire]] est particulièrement concernée puisque les experts estiment que cet organe est d'apparence inutile pour l'espèce mais pourrait en réalité permettre une [[flottabilité neutre]] pendant les périodes hivernales, caractérisées par des eaux froides et sous une couverture de [[glace]].


== Habitat ==
== Habitat ==
Le ''dallia pectoralis'' vit dans des eaux [[Climat subarctique|boréales]]<ref name="FishBase" />. Il supporte bien les eaux froides voire très froides. Il est ainsi capable de survivre pendant environ {{Nombre|40|minutes}} à une température de {{Nombre|-20|°C}}. Il est toutefois fréquent que la [[Taux de mortalité|mortalité]] hivernale de cette espèce soit élevée<ref name="CampbellLarsenCollinsCollins2014">{{article|language=en|auteur1=Matthew A. Campbell|auteur2=Amy Larsen|auteur3=Julie Collins|auteur4=Miki Collins|title=Winterkill of Alaska Blackfish (Dallia pectoralis) in Methane Discharging Lakes of Denali National Park's Minchumina Lake Basin|journal=Northwestern Naturalist|volume=95|issue=2|date=2014|issn=1051-1733|doi=10.1898/nwn13-27.1|s2cid=83877796|pages=119–125}}</ref>.
Le ''dallia pectoralis'' vit dans des eaux [[Climat subarctique|boréales]]<ref name="FishBase" />.

L'espèce occupe une large aire de l'[[Amérique du Nord]], en [[Alaska]] et dans le [[Yukon]]<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="CatalogueOfLife">{{CatalogueofLife|3427L|''Dallia pectoralis''}}</ref>. Les zones du [[delta de Colville]] (aire du sud de la [[péninsule d'Alaska]]{{Note|texte=La localité principale de la région est la ville de [[Chignik (Alaska)|Chignik]].|groupe=Note}}) ainsi que le [[Bassin versant|bassin de la rivière]] [[Tanana (rivière)|Tanana]]{{Note|texte=La localité principale de la région est la ville de [[Fairbanks (Alaska)|Fairbanks]].|groupe=Note}} sont principalement concernées par cette occupation. Le ''dallia pectoralis'' habite également la [[péninsule Tchouktche]] (est de la [[Russie]]). Enfin, l'espèce vit également sur certaines îles du [[détroit de Béring]].

En [[Été|période estivale]], le ''dallia pectoralis'' apprécie les [[Environnement|environnements]] caractérisés par une importante [[végétation]] et des [[Eau stagnante|eaux stagnantes]]<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="Armstrong1994" />{{,}}<ref name="Crawford1974" />. Il fréquente donc principalement les [[marais]] et les [[Étang|étangs]] mais peut occasionnellement occuper des [[Rivière|rivières]] ou des [[Lac|lacs]] où le brassage des eaux est faible.

L'[[hiver]], l'espèce occupe principalement les zones [[Benthos|benthiques]] (fond) des lacs<ref name="ARLIS">{{Lien web |langue=en |auteur=David B. Andersen |auteur2=Caroline L. Brown |auteur3=Robert J. Walker |auteur4=Kimberly Elkin |titre=Traditional Ecological Knowledge and Contemporary Subsistence Harvest of Non-Salmon Fish in the Koyukuk River Drainage, Alaska |url=https://www.arlis.org/docs/vol1/A/55703101.pdf |format=pdf |accès url=libre |site=Alaskian Ressources Library and Information Services (ARLIS) |lieu=Anchorage (Alaska) |éditeur=ARLIS |date=05.2004 |nature document=Technical note - 282}}</ref>. Ce comportement est conditionné notamment par les niveaux d'oxygène disponibles. Lorsque ces niveaux le permettent, les individus peuvent remonter dans des eaux de surface. Il est possible dans ces situations d'observer des groupes respirer aux abords des trous dans la couverture de glace{{Note|texte=Ces trous sont créé par d'autres espèces, comme les castors.|groupe=Note}}.

Lors des périodes de [[Frayère|frai]] ([[printemps]] et [[automne]]), les individus migrent<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="Armstrong1994" />. Au printemps, le déplacement se fait vers des zones plus en [[Cours d'eau|amont]] et où la profondeur des eaux est faible. Le mouvement inverse est observé à l'automne.

== Alimentation ==
Le ''dallia pectoralis'' se nourrit principalement d'insectes aquatiques et d'invertébrés<ref name="Armstrong1994" />. Certaines observations montrent que les individus les plus imposants pourraient avoir des pratiques de [[chasse]]{{Note|texte=Leurs proies seraient notamment de jeune [[brochet|brochets]].|groupe=Note}} voire du [[cannibalisme]]{{Note|texte=Ce comportement a été observé dans la [[baie de Bristol]].|groupe=Note}}. Son [[régime alimentaire]] est varié<ref name="OstdiekNardone1959">{{article|language=en|auteur1=John L. Ostdiek|auteur2=Roland M. Nardone|title=Studies on the Alaskan Blackfish Dallia pectoralis I. Habitat, Size and Stomach Analyses|journal=The American Midland Naturalist|volume=61|issue=1|date=1959|doi=10.2307/2422353|url=https://www.jstor.org/stable/2422353|accès url=libre|pages=218-229}}</ref>. Des analyses de leurs contenu [[Estomac|stomacal]] montrent la présence d'[[Algue|algues]], de [[Larve|larves]] de [[Diptera|diptères]], d'[[Escargot|escargots]], d'[[Ostracode|ostracodes]], de [[Copepoda|copépodes]] et de [[Phrygane|phryganes]].

== Reproduction et développement ==
Le ''dallia pectoralis'' a un [[Comportement de reproduction|comportement reproductif]] [[Migration des poissons|anadromique]]<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="Armstrong1994" />. La période de migration se déroule entre mai et août. Les individus sont capables d'effectuer plusieurs épisodes de migration. Les [[Femelle|femelles]] n'expulsent donc pas l'intégralité de leurs [[Rogue (anatomie)|œufs]] en même temps.

Lors d'un évènement, les femelles rejettent en moyennes {{Nombre|40|–=300|œufs}}<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="Armstrong1994" />. Ces œufs, d'environ {{Nombre|6|millimètres}}, s'accrochent à la végétation environnante et survivent à l'aide du [[Vésicule vitelline|sac vitelin]]. L'[[éclosion]] à lieu rapidement, après environ 9 jours{{Note|texte=Pour que l'éclosion ait lieu et se déroule dans de bonnes conditions, la températeur de l'eau doit être aux alentours de {{nombre|12|°C}}.|groupe=Note}}.

La vitesse de développement des [[Alevin|alevins]] varient selon les régions<ref name="Armstrong1994" />. Les individus occupant les régions d'[[Anchorage]] et de l'intérieur de l'Alaska grandissent rapidement{{Note|texte={{Nombre|108|millimètres}} à l'âge de {{Nombre|2|ans}} ; {{Nombre|138|millimètres}} à l'âge de {{Nombre|3|ans}} ; {{Nombre|178|millimètres}} à l'âge de {{Nombre|4|ans}}|groupe=Note}}, à l'opposé de ceux habitant la [[baie de Bristol]]{{Note|texte= Les individus âgés de {{Nombre|4|ans}} mesurent environ {{Nombre|64|millimètres}}.|groupe=Note}}{{,}}{{Note|texte=En revanche, les ''dallia pectoralis'' de la baie de Bristol ont une durée de vie plus longue.|groupe=Note}}.

== Phylogéographie et génétique des populations ==
Les études scientifiques ont identifié plusieurs aires de répartition du ''dallia pectoralis<ref name="CampbellLopez2014">{{article|language=en|auteur1=M. A. Campbell|auteur2=J. A. Lopéz|title=Mitochondrial phylogeography of a Beringian relict: the endemic freshwater genus of blackfish Dallia (Esociformes)|journal=Journal of Fish Biology|volume=84|issue=2|date=2014|issn=0022-1112|pmid=24490938|doi=10.1111/jfb.12314|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jfb.12314|accès url=payant|pages=523–538}}</ref>''{{,}}''<ref name="CampbellTakebayashiLopez2015">{{article|language=en|auteur1=Matthew A. Campbell|auteur2=Naoki Takebayashi|auteur3=J. Andrés López|title=Beringian sub-refugia revealed in blackfish (Dallia): implications for understanding the effects of Pleistocene glaciations on Beringian taxa and other Arctic aquatic fauna|journal=BMC Evolutionary Biology|volume=15|issue=1|numéro article=144|date=07.2015|issn=1471-2148|pmid=26187279|pmc=4506597|doi=10.1186/s12862-015-0413-2|lire en ligne=https://bmcecolevol.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12862-015-0413-2|accès url=libre|pages=1-16}}</ref>''. La proximité génétique au sein des groupes est élevée{{Note|texte=Pour des poissons vivant à ces latitudes très au nord.|groupe=Note}}, signe d'une faible dispersion géographique des individus et d'un important taux de mortalité hivernal<ref name="CampbellLopez2014" />{{,}}<ref name="CampbellTakebayashiLopez2015" />{{,}}<ref name="CampbellSageDeWildeLopezTalbot2013">{{article|language=en|auteur1=Matthew A. Campbell|auteur2=George K. Sage|auteur3=Rachel L. DeWilde|auteur4=J. Andrés López|auteur5=Sandra L. Talbot|title=Development and characterization of 16 polymorphic microsatellite loci for the Alaska blackfish (Esociformes: Dallia pectoralis)|journal=Conservation Genetics Resources|volume=6|issue=2|date=2014|issn=1877-7252|doi=10.1007/s12686-013-0091-6|s2cid=255783475|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s12686-013-0091-6|accès url=libre|pages=349–351}}</ref>.

== Interaction avec l'humanité ==
Les ''dallia pectoralis'' sont une ressources de [[nourriture]] importantes pour les [[Autochtones d'Alaska|communautés autochtones d'Alaska]] ou de la péninsule Tchouktche<ref name="ARLIS" />. Bien que ces poissons soient d'une petite taille, leur [[Information nutritionnelle|valeur nutritive]] et les importantes concentrations d'individus, spécialement l'hiver, explique l'intérêt des populations humaines à pêcher cet espèce.

Les autochtones nourrissent également leurs chiens avec des ''dallia pectoralis<ref name="ARLIS" />''.

En hiver, la présence de ces poissons proches des trous dans la glace rend leur pêche pratique et simple<ref name="ARLIS" />. Les populations locales conservent les poissons pêchés, souvent en les congelant.

Des récits et des contes des populations d'Alaska évoquent des cas de ''dallia pectoralis'' morts puis ressuscités<ref name="ARLIS" />. Toutefois, aucune étude scientifique n'a observé ce type de phénomène [[Métabolisme|métabolique]].

== Risque d'extinction et préservation ==
L'[[espèce]] ''dallia pectoralis'' présente un [[Statut de conservation|risque d’extinction]] faible (LC selon l'[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]])<ref name="IUCN">{{UICN|202400|''Dallia pectoralis''}}</ref>.


Dans les années 1950, les autorités ont lancé une campagne d'introduction du ''dallia pectoralis'' dans la région du [[golfe de Cook]]<ref name="EidamHippelCarlsonLassuyLopez2016">{{article|language=en|auteur1=Dona M. Eidam|auteur2=Frank A. von Hippel|auteur3=Matthew L. Carlson|auteur4=Dennis R. Lassuy|auteur5=J. Andrés López|title=Trophic ecology of introduced populations of Alaska blackfish (Dallia pectoralis) in the Cook Inlet Basin, Alaska|journal=Environmental Biology of Fishes|volume=99|issue=6-7|date=2016|doi=10.1007/s10641-016-0497-6|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s10641-016-0497-6|accès url=libre|pages=557-569}}</ref>. Depuis, le nombre d'individus dans cette zone a augmenté et leur aire de répartition s'est étendue. Une étude de 2016 a montré que les populations locales consommaient peu de poissons, expliquant ainsi la croissance de cette espèce dans la zone.
L'espèce occupe une large aire de l'[[Amérique du Nord]], en [[Alaska]] et dans le [[Yukon]]<ref name="FishBase" />{{,}}<ref name="CatalogueOfLife">{{CatalogueofLife|3427L|''Dallia pectoralis''}}</ref>. Le ''dallia pectoralis'' habite également la [[péninsule Tchouktche]] (est de la [[Russie]]). Enfin, elle vit également sur certaines îles du [[détroit de Béring]].


== Description scientifique ==
== Description scientifique ==
[[Tarleton Hoffman Bean]] a publié la première description de l'espèce en 1880<ref name="FishBase" />.
[[Tarleton Hoffman Bean]] a publié la première description de l'espèce en 1880<ref name="FishBase" />.

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Version du 28 octobre 2023 à 14:13

Le dallia pectoralis (nom vernaculaire en anglais : Alaska blackfish) est une espèce de poissons d'eau douce du genre Dallia. Le dallia pectoralis vit dans un large espace des zones continentales arctiques : sur le continent nord-américain, notamment en Alaska et dans certaines parties du Yukon, dans plusieurs îles du détroit de Béring ainsi que dans la région russe de Tchoukotka, notamment la péninsule Tchouktche (Sibérie extrême orientale).

Présentation générale

Le dallia pectoralis est un poisson du genre Dallia (famille Umbridae)[1]. C'est un poisson d'eau douce démersal. En anglais, l'espèce porte comme nom vernaculaire « Alaska blackfish ».

Les individus de l'espèce vivent en général environ 8 ans[1].

Morphologie

Le dallia pectoralis mesure environ 11 centimètres[Note 1] pour un poids d'environ 350 grammes[1]. Lorsque les femelles atteignent leur maturité sexuelle, elles mesurent environ 8 centimètres.

La morphologie du dallia pectoralis présente quelques caractéristiques typiques[1],[2]. Le poisson à une nageoire dorsale postérieure et des nageoire anales relativement larges, des nageoires pectorales lobées et situées sous l'opercule, une nageoire caudale diphycerque (présentant une symétrie) ainsi que de petites nageoires pelviennes en forme de pointe.

La tête du dallia pectoralis est large et plate tandis que son corps est long et mince[2]. La couleur de sa partie dorsale va du vert foncé au marron tandis que sa partie ventrale est plus pâle. Des tâches de couleurs claires apparaissent sur ses parties latérales.

L'espèce présente un dimorphisme sexuel[2]. Les mâles ont une frange de teinte rouge sur les nageoires dorsale, caudale et anales. L’extimité de leurs nageoires pelviennes vient également touchée leurs nageoires anales.

Physiologie

Le dallia pectoralis a la particularité de pouvoir respirer l'oxygène atmosphérique[3]. Il doit cette capacité à une évolution de son œsophage : celui-ci peut se diviser en deux sections, la première non-spécifique aux activités respiratoires et la seconde dédiée à cette activité. La section dévolue à la respiration est caractérisée par d'important plissements de la muqueuse et une forte vascularisation de l'organe. Les capillaires parcourant l'épithélium sont également répandus.

Cette spécificité du dallia pectoralis implique des pressions sélectives particulières sur l'espèce, en particulier sur le développement des organes respiratoires et hydrostatiques[3]. La vessie natatoire est particulièrement concernée puisque les experts estiment que cet organe est d'apparence inutile pour l'espèce mais pourrait en réalité permettre une flottabilité neutre pendant les périodes hivernales, caractérisées par des eaux froides et sous une couverture de glace.

Habitat

Le dallia pectoralis vit dans des eaux boréales[1]. Il supporte bien les eaux froides voire très froides. Il est ainsi capable de survivre pendant environ 40 minutes à une température de −20 °C. Il est toutefois fréquent que la mortalité hivernale de cette espèce soit élevée[4].

L'espèce occupe une large aire de l'Amérique du Nord, en Alaska et dans le Yukon[1],[5]. Les zones du delta de Colville (aire du sud de la péninsule d'Alaska[Note 2]) ainsi que le bassin de la rivière Tanana[Note 3] sont principalement concernées par cette occupation. Le dallia pectoralis habite également la péninsule Tchouktche (est de la Russie). Enfin, l'espèce vit également sur certaines îles du détroit de Béring.

En période estivale, le dallia pectoralis apprécie les environnements caractérisés par une importante végétation et des eaux stagnantes[1],[2],[3]. Il fréquente donc principalement les marais et les étangs mais peut occasionnellement occuper des rivières ou des lacs où le brassage des eaux est faible.

L'hiver, l'espèce occupe principalement les zones benthiques (fond) des lacs[6]. Ce comportement est conditionné notamment par les niveaux d'oxygène disponibles. Lorsque ces niveaux le permettent, les individus peuvent remonter dans des eaux de surface. Il est possible dans ces situations d'observer des groupes respirer aux abords des trous dans la couverture de glace[Note 4].

Lors des périodes de frai (printemps et automne), les individus migrent[1],[2]. Au printemps, le déplacement se fait vers des zones plus en amont et où la profondeur des eaux est faible. Le mouvement inverse est observé à l'automne.

Alimentation

Le dallia pectoralis se nourrit principalement d'insectes aquatiques et d'invertébrés[2]. Certaines observations montrent que les individus les plus imposants pourraient avoir des pratiques de chasse[Note 5] voire du cannibalisme[Note 6]. Son régime alimentaire est varié[7]. Des analyses de leurs contenu stomacal montrent la présence d'algues, de larves de diptères, d'escargots, d'ostracodes, de copépodes et de phryganes.

Reproduction et développement

Le dallia pectoralis a un comportement reproductif anadromique[1],[2]. La période de migration se déroule entre mai et août. Les individus sont capables d'effectuer plusieurs épisodes de migration. Les femelles n'expulsent donc pas l'intégralité de leurs œufs en même temps.

Lors d'un évènement, les femelles rejettent en moyennes 40–300 œufs[1],[2]. Ces œufs, d'environ 6 millimètres, s'accrochent à la végétation environnante et survivent à l'aide du sac vitelin. L'éclosion à lieu rapidement, après environ 9 jours[Note 7].

La vitesse de développement des alevins varient selon les régions[2]. Les individus occupant les régions d'Anchorage et de l'intérieur de l'Alaska grandissent rapidement[Note 8], à l'opposé de ceux habitant la baie de Bristol[Note 9],[Note 10].

Phylogéographie et génétique des populations

Les études scientifiques ont identifié plusieurs aires de répartition du dallia pectoralis[8],[9]. La proximité génétique au sein des groupes est élevée[Note 11], signe d'une faible dispersion géographique des individus et d'un important taux de mortalité hivernal[8],[9],[10].

Interaction avec l'humanité

Les dallia pectoralis sont une ressources de nourriture importantes pour les communautés autochtones d'Alaska ou de la péninsule Tchouktche[6]. Bien que ces poissons soient d'une petite taille, leur valeur nutritive et les importantes concentrations d'individus, spécialement l'hiver, explique l'intérêt des populations humaines à pêcher cet espèce.

Les autochtones nourrissent également leurs chiens avec des dallia pectoralis[6].

En hiver, la présence de ces poissons proches des trous dans la glace rend leur pêche pratique et simple[6]. Les populations locales conservent les poissons pêchés, souvent en les congelant.

Des récits et des contes des populations d'Alaska évoquent des cas de dallia pectoralis morts puis ressuscités[6]. Toutefois, aucune étude scientifique n'a observé ce type de phénomène métabolique.

Risque d'extinction et préservation

L'espèce dallia pectoralis présente un risque d’extinction faible (LC selon l'UICN)[11].

Dans les années 1950, les autorités ont lancé une campagne d'introduction du dallia pectoralis dans la région du golfe de Cook[12]. Depuis, le nombre d'individus dans cette zone a augmenté et leur aire de répartition s'est étendue. Une étude de 2016 a montré que les populations locales consommaient peu de poissons, expliquant ainsi la croissance de cette espèce dans la zone.

Description scientifique

Tarleton Hoffman Bean a publié la première description de l'espèce en 1880[1].

Références

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Notes

  1. Les individus les plus grands peuvent atteindre 33 centimètres.
  2. La localité principale de la région est la ville de Chignik.
  3. La localité principale de la région est la ville de Fairbanks.
  4. Ces trous sont créé par d'autres espèces, comme les castors.
  5. Leurs proies seraient notamment de jeune brochets.
  6. Ce comportement a été observé dans la baie de Bristol.
  7. Pour que l'éclosion ait lieu et se déroule dans de bonnes conditions, la températeur de l'eau doit être aux alentours de 12 °C.
  8. 108 millimètres à l'âge de 2 ans ; 138 millimètres à l'âge de 3 ans ; 178 millimètres à l'âge de 4 ans
  9. Les individus âgés de 4 ans mesurent environ 64 millimètres.
  10. En revanche, les dallia pectoralis de la baie de Bristol ont une durée de vie plus longue.
  11. Pour des poissons vivant à ces latitudes très au nord.

Références

  1. a b c d e f g h i j et k (en + fr) Référence FishBase : espèce Dallia pectoralis (+ traduction) (+ noms vernaculaires 1 & 2)
  2. a b c d e f g h et i (en) Robert H. Armstrong, « Alaska Blackfish » Accès libre [PDF], sur Alaskian government,
  3. a b et c (en) R. H. Crawford, « Structure of an air-breathing organ and the swim bladder in the Alaska blackfish, Dallia pectoralis Bean », Canadian Journal of Zoology, vol. 52, no 10,‎ , p. 1221-1225 (DOI 10.1139/z74-162, lire en ligne Accès payant)
  4. (en) Matthew A. Campbell, Amy Larsen, Julie Collins et Miki Collins, « Winterkill of Alaska Blackfish (Dallia pectoralis) in Methane Discharging Lakes of Denali National Park's Minchumina Lake Basin », Northwestern Naturalist, vol. 95, no 2,‎ , p. 119–125 (ISSN 1051-1733, DOI 10.1898/nwn13-27.1, S2CID 83877796)
  5. (en) Référence Catalogue of Life : Dallia pectoralis
  6. a b c d et e (en) David B. Andersen, Caroline L. Brown, Robert J. Walker et Kimberly Elkin, « Traditional Ecological Knowledge and Contemporary Subsistence Harvest of Non-Salmon Fish in the Koyukuk River Drainage, Alaska » Accès libre [PDF] (Technical note - 282), sur Alaskian Ressources Library and Information Services (ARLIS), Anchorage (Alaska), ARLIS,
  7. (en) John L. Ostdiek et Roland M. Nardone, « Studies on the Alaskan Blackfish Dallia pectoralis I. Habitat, Size and Stomach Analyses », The American Midland Naturalist, vol. 61, no 1,‎ , p. 218-229 (DOI 10.2307/2422353, lire en ligne Accès libre)
  8. a et b (en) M. A. Campbell et J. A. Lopéz, « Mitochondrial phylogeography of a Beringian relict: the endemic freshwater genus of blackfish Dallia (Esociformes) », Journal of Fish Biology, vol. 84, no 2,‎ , p. 523–538 (ISSN 0022-1112, PMID 24490938, DOI 10.1111/jfb.12314, lire en ligne Accès payant)
  9. a et b (en) Matthew A. Campbell, Naoki Takebayashi et J. Andrés López, « Beringian sub-refugia revealed in blackfish (Dallia): implications for understanding the effects of Pleistocene glaciations on Beringian taxa and other Arctic aquatic fauna », BMC Evolutionary Biology, vol. 15, no 1,‎ , p. 1-16, article no 144 (ISSN 1471-2148, PMID 26187279, PMCID 4506597, DOI 10.1186/s12862-015-0413-2, lire en ligne Accès libre)
  10. (en) Matthew A. Campbell, George K. Sage, Rachel L. DeWilde, J. Andrés López et Sandra L. Talbot, « Development and characterization of 16 polymorphic microsatellite loci for the Alaska blackfish (Esociformes: Dallia pectoralis) », Conservation Genetics Resources, vol. 6, no 2,‎ , p. 349–351 (ISSN 1877-7252, DOI 10.1007/s12686-013-0091-6, S2CID 255783475, lire en ligne Accès libre)
  11. (en) Référence UICN : espèce Dallia pectoralis
  12. (en) Dona M. Eidam, Frank A. von Hippel, Matthew L. Carlson, Dennis R. Lassuy et J. Andrés López, « Trophic ecology of introduced populations of Alaska blackfish (Dallia pectoralis) in the Cook Inlet Basin, Alaska », Environmental Biology of Fishes, vol. 99, nos 6-7,‎ , p. 557-569 (DOI 10.1007/s10641-016-0497-6, lire en ligne Accès libre)

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