Église Saint-Vigor de Quettehou

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Église Saint-Vigor de Quettehou
Vue du sud-ouest.
Présentation
Type
Diocèse
Paroisse
Paroisse Sainte-Thérèse-du-Val-de-Saire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Style
Religion
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

L'église Saint-Vigor de Quettehou est un édifice catholique qui se dresse sur le territoire de la commune française de Quettehou, dans le nord du département de la Manche, en région Normandie.

L'église est classée aux monuments historiques.

Localisation[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Vigor est située sur une hauteur dominant la baie de Saint-Vaast à l'ouest du bourg de Quettehou, dans le département français de la Manche.

Historique[modifier | modifier le code]

À la fin du IXe siècle, Kétil Flatnes, roi des Hébrides, installe une de ses bases sur la colline de l'église[1].

L'église, jusqu'en 1215, dépendait de l'abbaye aux Dames de Caen. Elle leur avait été donnée, avec la baronnie du lieu, par la reine Mathilde, la femme de Guillaume le Conquérant. Selon la Gallia Christiana, Hugues de Morville, évêque de Coutances de 1208 à 1238, donna en 1214 ou 1215 la troisième part des dîmes de Quettehou à son chapitre et les deux autres parts et le patronage de l'église du lieu à l'église de Fécamp[2].

C'est en l'église de Quettehou, que le mercredi [note 1], le roi d'Angleterre, Édouard III, tout juste débarqué, adoube chevalier son fils, Édouard, le futur Prince Noir[3], ainsi que Guillaume de Montaigu, Roger de Mortimer, Guillaume de Roos, Roger de la Ware, Richard de la Vere et un grand nombre d'autres jeunes guerriers. Une plaque apposée en 1991 dans l'église rappelle cet événement[note 2] À cette époque, seuls la nef et le chœur étaient construits.

Description[modifier | modifier le code]

La nef et le chœur datent de la première moitié du XIIIe siècle[5],[6] et remplacent une ancienne église romane[7]. Le patronage de l'église est aux bénédictins de Fécamp qui l'avaient reçus de l'évêque de Coutances ; se sont eux qui reconstruisirent le cœur ; la nef étant reconstruite par les habitants de la paroisse[7].

La tour fortifiée carrée à encorbellement et gargouilles a été érigée, entre 1485[5] et 1497[2], par les soins des trésoriers de l'église comme le rappelle une dédicace autour de l'oculus de sa voûte : « commencée par maîstre Jehan Dumesnil, curé de Quettehou et les paroissiens dudit lieu et estaient trésoriers Guillaume Jouan et Jehan Picart[4],[note 3] ». La tour, contemporaine de celle de Morsalines, a son second étage percé sur chaque face d'une baie gothique.

La nef est divisée en cinq travées barlongues. Le chœur à petites arcades surbaissées et de belles rosaces normandes sculptées en défoncement s'éclaire par trois fenêtres. Le bas-côté sud, qui a été ajouté à la nef, commencé au XVIe siècle et terminé seulement en 1765, s'éclaire par de larges baies[8]. Au nord la chapelle fut ajoutée ultérieurement, comme la sacristie à l'est du chœur[2]. De nombreux graffitis marins du XVIIIe siècle figurent sur les piliers de l'église[4], tels qu'un vaisseau de l'époque de Tourville avec treize canons visibles (XVIIe) et une flûte du temps de la bataille de la Hougue (XVIIe)[9].

Vitraux[modifier | modifier le code]

En 1948, le chanoine Gohier, curé de la paroisse, remplace les verrières endommagées en 1944 par des vitraux sur lesquels il présente les armes d'anciennes familles nobles de la paroisse[10] :

Blason Famille Armes
Cantel de gueules à trois croisettes d'argent, au chef de même chargé de trois mouchetures de sable
du Mesnil d'argent à deux jumelles de gueules, au chef de gueules chargé d'un lion passant d'or
Anquetil d'argent à trois feuilles de chêne de sinople 2 et 1
Friscamps de gueules semé de croisettes d'or à la bande de même
Hubert d'azur au chevron d'or accosté de trois lions de même, 2 en chef et 1 en pointe
de Mons d'argent à l'aigle éployée de gueules becquée et onglée d'or ; à la bordure de sable chargée de douze besants d'or
Avice d'azur à l'épée d'argent en pal accompagnée de trois pommes de pin, 2 en chef et 1 en pointe
Béatrix de Mesnilraine d'argent au lion de sable armé, lampassé et couronné de gueules, chargé de cinq croix d'argent
Le Mansois d'argent au lion rampant de sable, au chef d'or chargé de trois coquilles d'azur
Simon d'azur à trois fers d'éperon d'or
Cornet de gueules à une fasce d'or accompagnée de deux roses d'argent en chef
Clérel d'argent à la fasce de sable accompagnée de trois merlettes de sable et de trois tourteaux d'azur en pointe, 2 et 1
Mesnil-Eury de sable fretté de six pièces d'argent
Le Courtois de gueules à la fasce ondée d'or accompagnée de trois merlettes de même
de Lempérière de gueules au pot à deux anses d'argent dans lequel sont deux branches de rosiers de sinople ; au bout de chacune une rose d'argent et une au milieu sans queue
Viel d'azur au sautoir d'or accompagné de quatre aiglons de même
Mangon d'or au chevron de gueules accompagné de trois gonds de sable ; au chef d'azur chargé d'une main d'or sortant de nuages de même, accostée de deux étoiles d'or
du parc d'or à deux fasces d'azur accompagnées de neuf merlettes de gueules, 4, 3 et 2
Herbert d'argent au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules
Colas de Venoix d'argent à la guivre de sable, à l'issant de gueules, au chef de gueules, chargé de trois roses d'argent au pied péri
Colas de Brévolles d'azur au soleil d'or, surmonté de trois étoiles de même
Chandeleur d'or à un roc d'échiquier d'azur coupé de sable à un pal d'argent
Bernard écartelé, aux 1 et 4 d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois quinte-feuille d'argent ; aux 2 et 3 d'azur chargé de trois membres d'épervier d'or
de Thybosville d'hermine à la fasce de gueules au lambel d'azur

Cimetière[modifier | modifier le code]

Dans le cimetière se trouve une tombe qui arbore les armes que portaient la famille Dursus, sieurs de Lestre, « d'or au trois agaces (pie) au naturel, 2 et 1 ». Sur la tombe est gravée : « ci-gît près de son fils noble dame Catherine Dursus La Boissaye, veuve de Messire Hyacinthe Le Poittevin de Duranville, écuyer, ancien officier d'infanterie. Elle est décédée à l'âge de 90 ans le , modèle de toutes les vertus »[11].

Protection[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Vigor est classée au titre des monuments historiques par arrêté du [12].

Mobilier[modifier | modifier le code]

L'église abrite un christ de pitié en bois polychrome du XIVe ou XVe siècle[13],[7], ainsi qu'une Vierge à l'Enfant du XVe siècle classés au titre objet aux monuments historiques. Sont également conservées les reliques de la bienheureuse Placide Viel (XIXe siècle)[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La plaque apposée dans l'église donne la date du .
  2. On peut y lire : « Le Édouard III roi d'Angleterre débarqué le matin à St Vaast-La-Hougue arma chevaliers dans l'église de Quettehou Édouard prince de Galles dit le Prince Noir son fils, Guillaume de Montaigu, Roger de Mortimer, Guillaume de Roos, Roger de la Ware, Richard de la Vere et un grand nombre d'autres jeunes guerriers[4] ».
  3. En 1497, le trésor enregistre une dépense pour les emplisses (tuiles en bois) destinées à la couverture du clocher[2].

Références[modifier | modifier le code]

  1. André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 49.
  2. a b c et d Éric Barré, « Une extension de la baronnie d'Argences : la baronnie du Petit-Fécamp en Cotentin au Moyen-Âge », Revue de la Manche, t. 37, no 148,‎ , p. 11 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
  3. Davy 2014, p. 162.
  4. a b et c Maurice Lecœur (photogr. Christine Duteurtre), Val de Saire, Isoète, , 173 p. (ISBN 978-2-9139-2076-7), p. 52.
  5. a et b Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 82.
  6. Bernard Beck (photogr. Bernard Pagnon), Quand les Normands bâtissaient les églises : 15 siècles de vie des hommes, d'histoire et d'architecture religieuse dans la Manche, Coutances, Éditions OCEP, , 204 p. (ISBN 2-7134-0053-8), p. 159.
  7. a b et c Edmond Thin, Le Val de Saire : Trésors d'un jardin du Cotentin sur la mer, Éditions OREP, , 165 p. (ISBN 978-2-915762-82-2), p. 14.
  8. Thin 2009, p. 55.
  9. Thin 2009, p. 27.
  10. Université Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (préf. Rodolphe de Mons), Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 117.
  11. Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 114.
  12. « Église Saint-Vigor », notice no PA00110552, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. Maurice Lecœur, Le Moyen Âge dans le Cotentin : Histoire & Vestiges, Isoète, , 141 p. (ISBN 978-2-9139-2072-9), p. 99.
  14. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 474.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph Couraye du Parc, « L'église de Quettehou », dans La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc. : Manche 1re partie, Le Havre, Lemale & Cie, imprimeurs éditeurs, (lire en ligne), p. 310-311
  • Marc Thibout, « L'église de Quettehou », dans Congrès archéologique de France. 124e session. Cotentin et Avranchin. 1966, Paris, Société française d'archéologie, , p. 154-161

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]