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L'Association des Femmes Journalistes (AFJ) est une association à but non lucratif (loi de 1901) créée en 1981 en France. Elle rassemble des femmes journalistes de tous les types de médias : presse écrite, radio, télévision, photojournalisme, web. L'objectif de l'AFJ est double : favoriser l'accès des femmes aux postes à responsabilité dans les rédactions, et aller vers plus d'égalité entre femmes et hommes dans le traitement de l'information. Elle a été dissoute en 2014 pour passer le relais au collectif Prenons la une, qui poursuit les mêmes objectifs.

Page de garde d'une plaquette de présentation de l'Association des Femmes Journalistes à l'occasion des 15 ans de l'association.

Historique[modifier | modifier le code]

L'AFJ est créée en juin 1981, avec le soutien d'Yvette Roudy, ministre des Droits des femmes[1]. Régie par la loi 1901 sur les associations, elle "s'engage à défendre et à promouvoir la place et l'image de la femme dans les médias"[2]. Elle milite pour "favoriser le rééquilibrage de la présence des femmes et de la représentation des femmes dans les médias."[3] Les membres de l'AFJ sont des femmes journalistes de toutes situations (CDI, pigiste...), et de tous les médias (écrit, web, télévision, radio...).
Le déséquilibre entre le traitement médiatique des hommes et des femmes est donc à l'origine de la création de l'AFJ. Pour étayer ce constat, l'association a lancé la première enquête française sur la place des femmes dans les médias en 1995, en collaboration avec le Global Media Monitoring Project. Ce projet canadien étudie la place des femmes dans le contenu médiatique et au sein des rédactions, dans de nombreux pays du monde[4]. Elle a été coordonnée, côté AFJ, par Monique Trancart. En 2006, l'étude montre que les femmes n'occupent que 17% des colonnes de la presse françaises, ce qui est "en dessous des moyennes mondiale et européenne (21% dans les deux cas) : parmi les différentes régions du monde, seul le Proche-Orient fait moins bien (15%)."[5]
Les résultats de la dernière enquête ont été publiés en 2010[6]. Comme le dénonce l'AFJ, ils concluent à une sous représentation des femmes dans les médias : "Le monde des informations reste majoritairement (à 73%) un monde d'hommes." Les enquêteurs observent que "les lignes bougent, encore timidement, mais la tendance est néanmoins amorcée : ni les femmes ni les hommes ne sont plus cantonnés dans leurs rôles réputés traditionnels." Malgré tout, les femmes sont toujours "peu sollicitées comme sources d'information et comme expertes, sont rarement porte-parole et sont plus rarement que les hommes photographiées lorsqu'elles font l'objet d'une nouvelle, ce qui accentue encore leur invisibilité".[6]
Outre cette étude, qui a lieu tous les cinq ans, l'association a mis en place de nombreuses actions pour promouvoir un meilleur équilibre entre les femmes et les hommes dans les médias. Elle a ainsi lancé le prix Canon/AFJ de la femme photojournaliste en 2001, mais aussi celui de la publicité la moins sexiste en 1998. Depuis 1985, l'association décernait déjà le prix AFJ à une réalisatrice au Festival international de films de femmes de Créteil.
L'AFJ a également participé à de nombreux débats, dès sa création. En 1982, elle participe ainsi à une réflexion sur "syndicalisme et féminisme". Pour son vingtième anniversaire, en 2001, une table ronde est organisée avec l'intitulé : "Sexisme et liberté d'expression, faut-il une loi ?" Alors présidente, Isabelle Germain explique que le but est "d'inciter les pouvoirs publics à réfléchir sur un texte de loi similaire à ceux de 1972 contre les propos racistes"[7]

Dirigeantes[modifier | modifier le code]

La présidente de l'association est élue pour un an, reconductible autant que le bureau le souhaite. Il est arrivé que l'association ait deux dirigeantes à sa tête. En 33 ans d'existence, l'AFJ a connu une douzaine de présidentes :

  • Marie-Odile Fargier (1981 - 1982)
  • Minou Azoulai (1982 - 1984)
  • Florence Montreynaud (1985 - 1987)
  • Katie Breen (1988 - 1989)
  • Renée David (1989 - 1991)
  • Monique Perrot-Lanaud (1991 - 1995)
  • Virginie Barré (1995 - 1997)
  • Natacha Henry (1997 - 1999)
  • Isabelle Fougère (1999 - 2000)
  • Isabelle Germain (2001 - 2005)
  • Sonia Bressler (2004 - 2005)
  • Pascale Colisson (2009 - 2014)

Actions[modifier | modifier le code]

Afin de changer la place des femmes dans les médias, l'AFJ participe au débat public à travers différentes actions, telles que la publications d'ouvrage, l'organisation de débats, conférences, séminaires...

Publication[modifier | modifier le code]

Suite à l'enquête qu'elle a menée sur l'image et la place des femmes dans les médias en 1996, l'AFJ a publié l'ouvrage Dites le avec des femmes, le sexisme ordinaire dans les médias, écrit par Monique Trancart, Virginie Barré, Sylvie Debras et Natacha Henry, copublié par l'AFJ et CFD en 1999. Voici les conclusions de l'étude : "Invisibles. Sous-représentées. Stéréotypées. Est-ce ainsi que les médias traitent les femmes ? Oui, souvent."[8] L'association a également participé à un numéro de la revue Res Publica, intitulée "Sexisme et liberté d'expression, faut-il une loi ?", publiée en mai 2004. Publié par les PUF ce numéro interroge l'arsenal juridique existant, nécessaire, souhaitable, ou non, pour lutter contre la discrimination des femmes par rapport aux hommes. Les membres de l'AFJ ont également publié divers ouvrages sur le thème de la place des femmes dans la société :

  • Le guide de survie en entreprise, de Sylvie Laidet, journaliste économique spécialiste de l'emploi.
  • 18 ans, respect les filles[9], d'Isabelle Fougère, Isabelle Germain et Natacha Henry. Cet ouvrage est une commande de la part du gouvernement, et notamment Valérie Létard, alors secrétaire d'Etat chargée à la Solidarité.
  • Les filles faciles n'existent pas, de Natacha Henry, journaliste, historienne et essayiste.
  • Si elles avaient le pouvoir..., d'Isabelle Germain, journaliste et fondatrice des Nouvelles News[10].

Evénements publics[modifier | modifier le code]

L'AFJ a organisé et participé à de nombreux événements[1] pour défendre ses idées, en plus des prix et des publications de l'association et de ses membres. Les débats organisés touchent à des thèmes variés. Si leur intitulé évoque souvent la place des femmes et de leurs droits, ils sont parfois plus larges. En 1982, par exemple, l'association propose un débat sur "syndicats et féminisme" et un autre sur le remboursement de l'avortement. L'année suivante, ce sont "les femmes dans la presse et le statut des pigistes" qui est débattu, ainsi que la possibilité d'une "loi anti-sexiste". En revanche, en 1984, l'AFJ s'interroge sur "la France de gauche à l'heure des beurs" et sur "les nouvelles technologies". D'autres exemples de débats peuvent être cités : "Ils divorcent mais veulent rester pères" (1985), "Les femmes et les hommes : égalité et/ou différence..." (1986), "Qui traduits les livres ?" (1988), "La sexualité payante est-elle un des droits de l'homme ?" (1997).

L'AFJ a également participé à un certain nombre d'événements, nationaux ou internationaux. Parmi ceux-ci, le "Congrès mondial des femmes pour une planète saine", à Miami (1991), un symposium de l'Unesco "Femmes et médias" (Toronto, 1995), le "Congrès de l'union professionnelle féminine (Toulon, 1995) ou encore un séminaire intitulé "Femmes et prise de décision". L'association a également organisé un atelier sur "la place et l'image des femmes dans les médias" au cours d'un stage de Radio France International (RFI), à Dakar, en 1994.

Les prix de l'AFJ[modifier | modifier le code]

Prix Canon/AFJ de la femme photojournaliste[modifier | modifier le code]

En 2001, Isabelle Fougère, Brigitte Huard et Lizzie Sadin lancent le Prix Canon de la femme photojournalisme, en partenariat avec la marque de matériel photo Canon Inc et la société Images Evidence, qui organise chaque année le festival Visa pour l'image, à Perpignan. L'association a organisé cette compétition avec le soutien du Figaro Magazine jusqu'en 2014[11]. Elle est aujourd'hui organisée en partenariat avec le magazine Elle[12].

Lauréates :

  • Magali Delporte, pour "Jeux d'ombres, le sport sans la vue" (2001)
  • Sophie Evans, pour "L'argent sale du pétrole" (2002)
  • Ami Vitale, pour "Cachemir, un paradis troublé" (2003)
  • Kristen Hashburn, pour "Le sida et la foi au Zimbabwe" (2004)
  • Claudia Guadarrama, pour "Borderline" (2005)
  • Véronique de Viguerie, pour "Afghanistan Insh'Allah" (2006)
  • Axelle de Russé, pour "Chine, le retour des concubines" (2007)
  • Brenda Ann Kenneally, pour "Upstate Girls, Ce qu'il advint de Collar City" (2008)
  • Justyna Mielnikiewicz, pour "Souffrance partagée, lignes divisées" (2009)
  • Martina Bacigalupo, pour "Je m'appelle Filda Aloche" (2010)
  • Ilvy Njokiktjien, pour "Sang Afrikaner : la génération née libre" (2011)
  • Sarah Caron, pour "Femmes pachtounes : des êtres de second rang" (2012)
  • Mary F. Calvert, pour "The war within" (2013)

Prix de la publicité[modifier | modifier le code]

En 1998, Isabelle Germain lance le prix de la publicité[13], décerné tous les ans jusqu'en 2005, inclus. Il "récompense une publicité paru dans les journaux présentant les femmes ou les rapports entre hommes et femmes d'une manière non sexiste et valorisante pour les uns comme pour les autres"[14] Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, a assisté à la remise du prix de 1999. A cette occasion, elle a déclaré : "L'association des femmes journalistes fait doublement preuve d'intelligence : elle rappelle à tous, avec humour, que le sexisme est une tendance encore trop souvent naturelle dans les rapports sociaux, mais elle met dans le même temps en lumière que tout cela ne relève pas de la fatalité et qu'il existe d'autres évidences à faire valoir." En 2001, le prix n'a pas été décerné. Des entreprises de divers secteurs mais aussi des organismes publics ont été récompensés, à l'image de Sida Info Service[15] (1999), The link[16] (2000), Vinci_(entreprise)[17] (2002), IBM[18] (2004) et Columbia Sporstwear Company[19] (2005).

Prix AFJ au Festival International de Films de Femmes[modifier | modifier le code]

Depuis 1985, l'AFJ participe au Festival international de films de femmes de Créteil, créé en 1979 et consacré aux films réalisés par des femmes. L'association y décerne un prix spécifique, pour un documentaire ou un long métrage de fiction[20]. En 2006, le prix change de nom et devient "prix ACRIF-Docs Lycéens".

De nombreux films ont été récompensés :

  • Scrubbers, de Mai Zetterling (1985)
  • Un peu toi, un peu moi, de Lívia Gyarmathy (1986)
  • Histoire à suivre, de Diane Beaudry (1987)
  • C'est quand même pas la lune, de Mari-Carmen de Lara (1987)
  • Dirigenterna (elles sont chef(e)s d'orchestre), de Christina Olofson (1987)
  • Classified people, de Yolande Zauberman (1988)
  • Hell to pay, de Alexandra Anderson et Anne Cottringer (1989)
  • Kolybel (le berceau), de Raissa Yernazarova (1990)
  • Le temps enfermé, de Sibylle Shönemann (1991)
  • Transit Levantkade, de Rosemarie Blank (1992)
  • Comme une guerre, de Deepa Dhanraj (1993)
  • Dream girls, de Jano Williams (1994)
  • Dorothea Lange, a visual life, de Meg Partridge (1995)
  • Wiz, de Agnès Poirier (1996)
  • Capitain Pedro and the three wishes, de Claudia Nye (1997)
  • Sexing the label, de Anna Broinowski (1998)
  • Histoire d'une transmission, de Marie-Hélène Rebois (1999)
  • Shadow boxers, de Katia Bankowski (2000)
  • Stollen generation, de Darlene Johnson (2001)
  • Astrid Hadad, la môme Tequila, de Aurélie Sémichon et Pierre Favre (2002)
  • The day I will never forget, de Kim Longinotto (2003)
  • Don't worry it will probably pass, de Cecilia Neant-Falk (2004)
  • Prostitution behind the veil, de Nahid Persson (2005)
  • Oyun, de Pelin Esmer (2006)
  • Enemies of happiness, de Eva Mulvad et Anja Al-Erhayem (2007)
  • A côté, de Stéphane Mercurio (2008)

Prix de la presse écrite[modifier | modifier le code]

Le prix AFJ de la presse a été créé en 1990 pour récompenser l'auteur du meilleur article sur l'évolution du statut et de la place de la femme dans la société[21]. Annick Cojean, qui recevra quelques années plus tard le prix Albert Londres fait partie des lauréates[22] pour "Les humiliées du Guilvinec" (1993). Le prix a également été attribué à Elisabeth Schemla pour son article "Dieu est-il mysogine ?" (1990)[19], à Dominique Sigaud pour son enquête "Tutsies et Hutues : elles reconstruisent ensemble le Rwanda en ruine" (1996)[23] ou encore à Dalila Kerchouche pour "Un voile pour l'olympisme" (1995)[24].

Prix Séverine[modifier | modifier le code]

Le prix AFJ du livre, dit prix Séverine, a été créé en 1994 par Florence Montreynaud et décerné jusqu'en 2000. Zakya Daoud a vu son ouvrage Féminisme et politique au Maghreb (1995) récompensé, tout comme Yvonne Knibiehler, auteur de La révolution maternelle depuis 1945 (1998).

Dissolution et transmission[modifier | modifier le code]

En 2014, l'assemblée générale de l'association a décidé de sa dissolution. Elle passe le relais au collectif Prenons la une[25], qui rassemble 25 journalistes issues de médias divers. Elles ont publié un manifeste dans Libération, le 3 mars 2014[26]. Celui-ci proclame : "Nous, femmes journalistes, dénonçons la trop grande invisibilité des femmes dans les médias. (...) Nous ne supportons plus les clichés sexistes qui s'étalent sur les unes. (...) Nous refusons que persistent ces inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes au sein des rédactions."[26]

Sources[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Fonds de l'AFJ, université d'Angers »
  2. « Centre Hubertine Auclert »
  3. « Femmes journalistes », sur liberation.fr, Libération, .
  4. « Global Monitoring Projet », sur whomakesthenews.org
  5. Mona Chollet, « La presse méprise les femmes », sur www.monde-diplomatique.fr, Le Monde Diplomatique.
  6. a et b « Rapport du Global meditoring project sur la France. »
  7. Catherine Mallaval, « Une loi contre le sexisme dans les médias ? », sur liberation.fr, Libération, .
  8. « Dites-le avec les femmes », sur www.decitre.fr, Decitre.
  9. « 18 ans, respect les filles ! » [PDF].
  10. « Les Nouvelles News ».
  11. Isabelle Fougère, « Communiqué de l'AFJ » [PDF].
  12. « Visa pour l'image 2014 ».
  13. « Présentation Isabelle Germain », sur lesnouvellesnews.fr
  14. Emilie Rodriguez, « Les mobilisations contre les publicités sexistes », .
  15. « Communiqué de presse, Madame Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, remet à Sida Info Service le Prix Pub de l'Association des Femmes Journalistes » [PDF], .
  16. « L'Association des femmes journalistes récompense The Link », sur strategies.fr, Stratégies, .
  17. « L'Association des femmes journalistes distingue la publicité Vinci », sur strategies.fr, Stratégies, .
  18. « IBM distingué par l'Association des femmes journalistes », sur strategies.fr, Stratégies, .
  19. a et b Laurence Girard, « Columbia reçoit le prix 2004 de la publicité la moins sexiste », sur lemonde.fr, Le Monde, . Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « LM » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  20. « Editions du Festival international des films de femmes ».
  21. Monique Pontault dir., « Femmes en francophonie », .
  22. « Annick Cojean lauréate du prix Albert-Londres », sur lemonde.fr, Le Monde, .
  23. « Prix : La journaliste indépendante Dominique Sigaud a reçu le septième prix de l'Association des femmes journalistes », sur lemonde.fr, Le Monde, .
  24. « Presse », sur la-croix.com, La Croix.
  25. Hélène Février, « Des journalistes françaises prennent la une », sur tv5monde.com, TV5 Monde, .
  26. a et b Le collectif Prenons la une, « Femmes à la une », sur liberation.fr, Libération, .