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Pierre-Charles Dabouis
Naissance
Décès
(à 60 ans)
Paris
Mouvement
Post-cubisme
Influencé par
Henri Matisse, Fernand Léger, Édouard Pignon
signature de Pierre-Charles Dabouis
Signature

Pierre-Charles Dabouis est un artiste peintre français né le 23 novembre 1918 à Basse-Indre (Indre (Loire-Atlantique)), mort le 5 juin 1979 à Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Après une enfance à Basse-Indre, en aval de Nantes, Pierre-Charles Dabouis suivit sa famille à Boulogne-Billancourt en 1930. Au Lycée Michelet à Vanves, il eut comme professeur l’historien Jacques Madaule, et comme condisciples les futurs écrivain Michel Massian et acteur Francis Blanche. Après un bac scientifique en 1937, il entra en classe préparatoire au concours de l’Institut agronomique au lycée Henri IV, où il reçut l’enseignement du philosophe René Maublanc, et où il se trouvait encore à la déclaration de guerre. Mobilisé en septembre 1939, il connut ensuite la débâcle de juin 1940 et se replia en zone non occupée. Quelques scènes de l’exode lui inspirèrent de premiers dessins. Après sa démobilisation en avril 1942, il repassa en zone occupée. Se sentant une très forte vocation artistique, il décida de s’y consacrer et ne reprit pas ses études, devant néanmoins se salarier, notamment à L'Air liquide à Boulogne-Billancourt.

Engagé de façon informelle dans la Résistance, il était en contact avec un petit groupe d’intellectuels gaullistes, dont faisait partie Edmond Kaiser, responsable de Libération-Nord dans le 19e arrondissement de Paris et futur fondateur de « Terre des Hommes ». Il fabriqua pour ce réseau de résistance de fausses pièces d’identité.

De nombreuses usines de Boulogne-Billancourt travaillaient alors pour l’effort de guerre allemand, notamment les usines Renault. Quant à celle de l’Air Liquide, elle fournissait entre autres de l’air comprimé pour les sous-marins allemands, ce qui en faisait aussi un objectif stratégique pour l’aviation alliée. Celle-ci bombarda la ville à plusieurs reprises, causant des destructions importantes et de grosses pertes civiles (600 morts et 1500 blessés le 3 mars 1942, 357 morts et 517 blessés le 4 avril 1943). C’est après le bombardement d’avril 1943 que se situa un acte de résistance revendiqué par Pierre-Charles Dabouis. En effet, l’usine n’ayant pas été touchée, un ingénieur lui avait montré l’endroit le plus vulnérable d’un compresseur, où il suffisait de poser une charge de plastic pour le neutraliser.

L’information fut transmise à un groupe de résistance communiste, dont faisait partie son ami peintre Marcel Burtin (1902-1979) et qui se chargea de l’opération.

Pierre-Charles Dabouis fut dénoncé comme résistant et arrêté le 7 avril 1944. Interrogé par la Gestapo rue des Saussaies, il y fut torturé avant d’être transféré au camp de Compiègne, d’où il fut déporté le 18 juin 1944 au camp de concentration de Dachau (Bavière), où il arriva le 20[1]. Inscrit sous le numéro matricule 72462, il se lia avec les résistants communistes du camp, mais aussi avec un détenu trotskyste, Gérard Bloch, avec lequel il conserva des liens plusieurs années après leur libération. Celle-ci intervint le 30 avril 1945 au camp secondaire (Kommando) d’Allach, près de Dachau, après une marche épuisante partie d’un autre camp secondaire, celui de Landsberg. C’est pendant cette période du 24 au 30 avril qu’il fit une série de dessins du camp de Kaufering où de nombreux détenus juifs étaient morts ou mourants.

Après une quarantaine passée au camp d’Allach où il se trouvait encore le 23 mai 1945, puis « à l’engrais », comme il disait, dans une villa ayant appartenu à un ancien dignitaire nazi au bord du lac de Constance, il fut rapatrié en France par la Suisse. C’est à ce moment-là, sur le quai de la gare de Constance, qu’il rencontra Andrée Staath (1918-2008), ancienne résistante membre du groupe Ceux de la Libération-Vengeance, alors assistante-sociale dans la Mission de rapatriement des déportés, qu’il épousa en 1946.

A la date du 1er juin 1945, Pierre-Charles Dabouis fut réintégré comme salarié de Air liquide, dont il démissionna à la fin de la même année pour travailler quelques mois au Ministère des Travaux publics, puis au Commissariat au tourisme de juin à octobre 1946. Il alterna ensuite des périodes de chômage et de travail, notamment dans les entreprises Néotron et Le Matériel électrique SW, où il occupait parfois des postes qualifiés, entre autres comme traducteur technique (il maîtrisait l’anglais et l’allemand, ayant fait des séjours linguistiques en Angleterre et en Allemagne avant la guerre). Cette alternance lui offrait périodiquement le temps nécessaire pour peindre, et cette période des années 50 a été une des plus productives pour lui, avec plusieurs tableaux réalisés chaque année. C’est aussi dans ces années-là qu’il se rendit à plusieurs reprises dans sa belle-famille en Corse, où il trouva l’inspiration pour de nombreuses œuvres.

En février 1956, il entra à la Banque de Neuflize, où il occupa le poste de chef du service documentation et resta jusqu’à son décès des suites d’un cancer en 1979. Grâce à ce salaire régulier, il put désormais sous-louer à son ami le peintre Georges Dayez un atelier délabré situé au Pré-Saint-Gervais, non loin de la Porte des Lilas et du petit appartement du 20e arrondissement où il s’était installé en 1952. C’est dans cet atelier qu’il réalisa ses plus grandes toiles, en particulier celle représentant le port de Honfleur, sur l’estuaire de la Seine.

Après avoir été influencé par Henri Matisse (Femmes en bleu), Pierre-Charles Dabouis, qui admirait aussi Fernand Léger et Édouard Pignon, se reconnaissait dans le groupe des « Cubistes et néo-cubistes ». D’ailleurs, communiste non-orthodoxe, il refusa après la Guerre le « réalisme socialiste » que Jdanov voulait imposer aux artistes, et qui était relayé en France par le peintre André Fougeron. Il s’en expliqua longuement dans un texte co-écrit avec Marcel Burtin qui fut lu à une réunion de l’Union des arts plastiques, une des organisations d’obédience communiste avec le Comité National des Ecrivains (CNE). Le réalisme socialiste prôné alors par les Soviétiques y était comparé à l’art officiel nazi dont le sculpteur Arno Breker avait été l’un des éminents représentants.

Pierre-Charles Dabouis adhéra une première fois au PCF en février 1956, au lendemain du rapport Khrouchtchev dénonçant les crimes de Staline, mais, allant au-delà des critiques faites par d’autres artistes ou intellectuels compagnons de route du PCF (Yves Montand, Simone Signoret, le peintre Édouard Pignon, l’écrivaine Hélène Parmelin), il en démissionna au lendemain de l’intervention soviétique à Budapest (novembre 1956). Il ne réadhéra à ce parti qu’en 1964, grâce à l’ouverture manifestée par le PCF dans le domaine littéraire et artistique, notamment à l’initiative du philosophe communiste Roger Garaudy.

Après la guerre, il exposa à différents salons parmi lesquels le Salon des Indépendants, de 1952 à 1966, et le Salon de Mai, entre 1955 et 1962. Il exposa aussi au Salon des Surindépendants (1945), au Salon d'Automne (1946), à la Galerie Guénégaud (1947), au Salon des Travaux Publics (1951), à la Galerie des Deux-Rives, à Cannes (de 1955 à 1958), à la Galerie Andersen (Malmö, Suède, 1959), au Salon national de l'Union des Arts Plastiques (Saint-Denis, 1963) et à la Galerie Matsuya (Tokyo, 1973).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Les Remorqueurs, 1955, huile sur toile, 130 x 97 cm

Pierre-Charles Dabouis a réalisé de nombreux dessins, gouaches et aquarelles et plus d’une centaine de tableaux parmi lesquels :

  • L’Exode, vers 1942, huile sur toile, 46 x 61 cm
  • Déportés à Kaufering, 1945, huile, 35 x 24 cm, Musée d’histoire contemporaine, Paris
  • Port du Pouliguen, 1947, huile sur toile, 38 x 55 cm
  • Cassis, 1948, huile sur toile, 81 x 54 cm
  • Sous-bois de Vizzavona, 1949, huile sur toile, 65 x 54 cm
  • Vieux port de Bastia, 1950, huile sur bois, 40 x 50 cm
  • Castella (Corse), 1950, Huile sur toile, 46 x 61 cm, Collection privée
  • Port de Corse, 1952, huile sur toile, 19 x 27 cm
  • Pots et pinceaux, 1953, huile sur toile, 65 x 81 cm
  • Cheminée de campagne, 1953, huile sur toile, 73 x 100 cm, Collection privée
  • Chapelle en montagne, 1954, huile sur toile
  • Les Remorqueurs, 1955, huile sur toile, 130 x 97 cm
  • Le Port de Cannes, 1956, huile sur toile, 81 x 54 cm
Les Paveurs, 1958, huile sur toile 107 x 136 cm
  • Les Paveurs, 1958, huile sur toile, 107 x 136 cm, Collection privée
  • Port de Quiberon, 1958, huile sur toile, 89 x 130 cm
  • Intérieur de campagne, 1959, huile sur toile, 54 x 65 cm
  • La Remontée des filets, 1960, huile sur toile, 33 x 55 cm
  • Composition, 1961, huile sur toile
  • Port Haliguen, 1962, huile sur toile, 54 x 81 cm
  • Maison du vieux pêcheur, 1963, huile sur toile, 73 x 60 cm
  • Le Port de Honfleur, vers 1965, huile sur toile, 159 x 188 cm, Collection privée
  • Portail à Mougins, vers 1972, huile sur toile, 24 x 35 cm
  • Les Sardiniers, 1978, huile sur toile, 54 x 73 cm, Collection privée
Les Sardiniers, 1978, huile sur toile 54 x 73 cm

Il est l'auteur des illustrations du roman de Michel Massian, La Femme de ma vie, maquette de François Di Dio, Presses du Livre Français, Paris, 1948[2].

Œuvres dans les collections publiques[modifier | modifier le code]

Plusieurs œuvres de Pierre-Charles Dabouis se trouvent au musée d'Histoire contemporaine, Hôtel des Invalides, à Paris. Elles représentent des scènes de l’exode de 1940 et des camps d’Allach, Kaufering et Dachau (avril-mai 1945).

  • Route de Landsberg à Dachau. Nuit 26. 4. 45 (18 juin 1945)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Roger Garaudy, D'un réalisme sans rivages Picasso Saint-John Perse Kafka, préface de Louis Aragon, Plon, 1963.
  • Jean Monneret, Catalogue raisonné du Salon des Indépendants, 1884-2000, Paris, 2000, page 324.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Site internet consacré au peintre (créé par ses fils et petit-fils) : http://pierrecharlesdabouis.fr/
  • Livret militaire de Pierre-Charles, Félix Dabouis (archives famille Dabouis)
  • Catalogues d’exposition (Salon des Indépendants, Salon de Mai…)
  • Reconstitution de carrière (archives famille Dabouis)
  • Témoignage écrit d'Edmond Kaiser, 16 avril 1984 (archives famille Dabouis)
  • Témoignage de Pierre-Charles Dabouis recueilli par son fils aîné Frédéric Dabouis.
  1. « Livre mémorial - Fondation pour la mémoire de la déportation », sur http://www.bddm.org/liv/index_liv.php
  2. Biblio, volume XVI, « service bibliographique », Librairie Hachette, 1949, p. 212