Utilisateur:Emgui21/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Charivari est un journal français et le premier quotidien illustré satirique du monde[1], qui parut de 1832 à 1937. Fondé le par Charles Philipon comme un journal d'opposition républicaine à la monarchie de Juillet, le journal satirique à vocation distractive s'affirma au cours de son histoire tantôt radical, conservateur, républicain ou encore anti-clérical. Ses auteurs les plus notables furent notamment Taxile Delord ou encore Agénor Altaroche et ses caricaturistes les plus marquants furent entre autres Philipon, Nadar, Gustave Doré, Henri Rochefort, Cham et Honoré Daumier. Ce journal, à l’origine quotidien (puis hebdomadaire à certaines périodes troubles) se compose de 4 pages, avec la ligne directrice « Une image par jour ».

Historique[modifier | modifier le code]

Daumier caricature Louis-Philippe en poire (d'après Charles Philipon).

Fondation du journal[modifier | modifier le code]

Fondé en 1832, sous le règne de Louis-Philippe, par le journaliste républicain Charles Philipon. Cet homme avait déjà sous sa direction un journal nommé La Caricature qui publiait depuis 1830. Le Charivari devient rapidement un moyen de communication de l’opposition, un journal de type satyrique qui ridiculise avec entrain la monarchie de Juillet et la bourgeoisie. Le premier journal de Philipon sera très vite censuré et ne pourra plus être publié. C’est alors que le Charivari prendra la suite et connaitra un succès mais aussi une longue vie, puisqu’il sera toujours présent 100 ans plus tard. En effet, c’est en 1937 que le Charivari ne sera plus publié.

Censure et changements de rédacteur en chef[modifier | modifier le code]

Les lois de , faisant suite aux grèves et aux émeutes de 1833 et 1834, condamneront plusieurs journaux dont La Gazette, La Quotidienne, La Tribune, Le Réformateur et Le Charivari, ce dernier étant astreint à un cautionnement de 100 000 francs et doit soumettre ses dessins à l’examen de la censure. Peu de temps après, en 1836, Armand Dutacq, le directeur-fondateur du journal Le Siècle, rachète Le Droit et Le Charivari et en devient propriétaire, mais n’obtient pas le statut de rédacteur en chef.

Les lois sur la censure entraînent de lourdes peines d’emprisonnement et de fortes amendes pour les gérants des journaux. Donc à partir de 1834, Philipon a décidé de faire une petite équipe de rédacteurs en chefs qui ont chacun eu leur importance. Agénor Altaroche devient l'un d'entre eux et fait appel à des poètes tels que Hegesippe Moreau et Louis-Agathe Berthaud mais aussi bien d'autres collaborateurs comme Albert Cler, Taxile Delord, Clément Caraguel, Laurent-Jan, Félix Pyat, Philibert Audebrand et Moléri.

Sous le règne de Louis-Philippe Le Charivari subit vingt procès, en le gouvernement de Guizot saisit plusieurs journaux, avec parmi eux Le Charivari, La Réforme et La Gazette de France. La loi du abroge le 1er paragraphe de l’article 32 du décret du , qui supprimait tout journal ayant eu dans un délai de deux ans deux condamnations ou contraventions, tandis que le senatus-consulte du interdit toute remise en cause de la constitution ainsi que la publication de pétitions ayant pour objet sa modification. En mai, Le Charivari comme bien d’autres journaux est averti, subissant ainsi les sanctions du gouvernement, l’Empereur ne voulant entendre parler d’une possible liberté de la presse.

Pour être plus concis, à la mort de Charles Philipon en 1862, Le Charivari connaitra de nombreux directeurs comme Louis Huart, Pierre Véron, puis après 1900, Henriot et son administrateur Adolphe Edwig et enfin les derniers seront Sennep, Bib et Ralph Soupault.

L'affaire Salengro[modifier | modifier le code]

En 1936, Le Charivari participe, au côté notamment de Gringoire, à la campagne de calomnies à l'encontre de Roger Salengro, alors ministre de l'Intérieur du Front populaire. Roger Salengro était accusé à tort d'avoir déserté en 1916 et la campagne calomnieuse menée à son encontre le fragilisa et le conduisit au suicide en . Pour autant, cette affaire ne conduisit pas à la mort implacable du Charivari, ce dernier s’essoufflait depuis quelques années, il était perçu comme moins virulent et important. C’est ainsi qu'en 1937, ce fût la dernière année de publication du Charivari.

Tirages et composition du journal[modifier | modifier le code]

En 1846, le tirage moyen du Charivari est de 2 740 exemplaires, contre les 32 885 du journal Le Siècle, et son nombre présumé d’abonnés en province est de 1 985, tandis que le Siècle en compte 21 500.

En , Le Charivari tire à 2 090, et en , il se place dans la majorité d’opposition aux côtés de l’Opinion nationale, de la Presse, de la Revue nationale et de le Siècle, avec 2 250 exemplaires sur un total de 91 292 pour l’opposition progressiste, alors que la presse officielle impérialiste tire à 52 832 exemplaires.

Son tirage, loin d’égaler celui du Siècle, ne dépasse pas les 3 000 exemplaires. En 1866, il est en effet de 2 875 exemplaires, le quotidien est donc mineur dans le paysage de la presse parisienne. Pour terminer, chaque numéro coutait 25 centimes (hors abonnement) ce qui peut expliquer la baisse de demande de la part des clients, par rapport à ces congénères et donc un nombre de tirage plus limités.

Pour ce qui est de la composition, Le Charivari évoluera tout au long de son histoire, notamment son entête ou bien la taille du journal mais l’organisation reste la même. Sur la première page, nous pouvons retrouver le bulletin politique, ainsi qu’économique. Au sein de la deuxième sont formulés les chroniques du jour, les « échos », ou bien des petits feuilletons et des histoires comiques prenant place dans les tribunaux, ou différents lieux de la bourgeoisie. La troisième page est totalement consacrée à l’image ou la caricature du jour. Puis enfin, la dernière page est dédiée aux réclames, aux publicités ou bien aux informations sur les pièces de théâtres. Nous pouvons noter un changement en 1858, au niveau de l’apparence du journal, avec des modifications sur la page de garde, ainsi que son papier qui sera un peu plus grand, mais il n’y aura pas de modifications jusqu’à la fin.

Un événement important aura une incidence de courte durée, c’est le siège de la Commune. Durant lequel le tirage sera interrompu pendant quelques jours puis reprendra sous la forme d’un journal d’uniquement deux grandes pages. Cependant le format initial sera repris dès le 6 mars 1871.

Collaborateurs[modifier | modifier le code]

Jean Théophile Gustave Lesestre (1815-1873), Les trois hommes d'État du Charivari (les trois directeurs du Charivari dans les années 1830-1840 : Agénor Altaroche, Louis Desnoyers, Albert Cler), gravure, 1842, collection particulière.
Déménagement du Charivari, publié le 18 novembre 1867, par le caricaturiste Darjou
Clément Caraguel par Disdéri.

Les bureaux du Charivari comprennent un bon nombre de personnages illustres qui en ont fait un véritable succès. Ces hommes se sont côtoyés dans des locaux dans un premier temps Rue du croissant, mais au fil du temps, les bureaux ont déménagé à de nombreuses reprises notamment à la galerie Vero Dodat, ou bien dans la rue de la victoire mais aussi rue Rossini.

Liste d’auteurs ayant participé à des articles dans le Charivari :  Taxile Delord ; Old Nick (de son vrai nom Paul-Emile Daurand-Forgues) ; Agenor Altaroche ; Albert Cler ; Louis-Agathe Berthaud (poète attitré du journal), Louis Huart (spécialisé dans les chroniques littéraires et théâtrales, satires actualités politiques); Clément Caraguel (qui quitte le Charivari en 1865 pour se rendre au journal des Débats) ; Louis Desnoyers. Vers la fin du Second Empire, nous pouvons retrouver aussi Henry Maret ; Philibert Audebrand ; Charles Bataille ; Louis Leroy (spécialisé dans la critique d'art); Salvator Zabban, (sous le pseudonyme de "Castorine") ; Henri Rochefort ( rubrique théâtre et politique) Albert Wolff (critique d'art) et Pilotell.

Voici un tableau des caricaturistes les plus célèbres qui ont participé au journal :

Caricaturistes Spécialités / Séries de caricatures
Honoré Daumier "Les gens de justice" ou "Robert Macaire"
Alcide-Joseph Lorentz Les "miroirs drolatiques"
Grandville Les Animaux anthropomorphes
Cham Les "Promenades à l'exposition", "L'exposition photographie par Cham", actualité politique et scène de mœurs
Paul Gavarni La vie parisienne
Traviès La vie du personnage Mayeux (incarnant la bourgeoisie)
Jules Renard dit Draner Les anecdotes de la vie parisienne et les caricatures sur les militaires
Alfred Le Petit Portrait charge d'hommes politique et d'artistes
Charles Vernier La politique en France et dans les autres pays et les mœurs parisiennes

Caricaturistes moins connus du journal et qui n'ont participé que pendant une courte période : Valère Morland, Eugène Forest, Alexandre-Gabriel Decamps, Achille Devéria, André Gill, Alfred Grévin, Henri Monnier, Pruche, Maurice Loutreuil, Louis Touchagues, Henri Maigrot dit Henriot, Trimolet, Vernier, Darjou, Paul Hadol, Manuel Luque et Pelcoq.

Cham et Daumier sont qualifiés de « Michel-Ange de la caricature » par Théodore de Banville dans La Revue de Paris en  ; néanmoins, la présence d’Amédée de Noé, fils du marquis de Noé, dit Cham, aristocrate paraissait insolite, au côté de Daumier dans ce journal d’extrême gauche.

Ligne politique[modifier | modifier le code]

Page couverture du Charivari du annonçant le verdict d'un procès contre lui avec un calligramme en forme de poire[2].

Le Charivari apparaît à première vue comme un journal républicain dans la même veine que Le Siècle, donc un journal politique ; or étant donné sa présentation, largement illustrée et son ton léger, il s’apparente plus à la presse à vocation purement distractive. Les débuts du journal sont marqués par le raillant du fondateur Philipon qui s’estompe avec le changement entraîné par le rachat du journal par Dutacq. Le , Le Charivari s’engage dans une nouvelle voie d’attaque contre les révolutionnaires, les chefs de club, et tournant en dérision les excentricités de l’époque.

L’élection de Louis-Napoléon Bonaparte met un frein, pendant un court moment, au mordant du journal, qui reparaît sous la rédaction nouvelle de Louis Huart, Delord, Caraguel et Arnaud Fremy. Le Second Empire marqua une période moins politique pour le journal, dans une veine plus distractive. À la fin du Second Empire, Le Charivari s’illustre dans ses positions anticléricales et républicaines, dirigé par Henry Haret, Leroy, Philibert Audebrand, Charles Bataille, avec comme principaux caricaturistes Cham, Daumier, Darjour, Paul Hadol et Valère Morland. Veron s’attaquera à Haussmann dans Le Charivari du , comparant son projet de translation des cimetières parisiens à une « expropriation de la mort », et le le journal publie une caricature de Stop représentant des ecclésiastiques armés de fouets menaçants afin de dénoncer les sévices perpétrés par les Frères de la Doctrine Chrétienne à Lyon.

Léon Bienvenu, journaliste au Charivari, définira le concile du Vatican comme une « réunion de hauts ecclésiastiques convoqués en toutes les parties du monde par le pape pour essayer de remettre en vigueur quelques vieilles rengaines bien vermoulues. »

Ainsi, la fin du Second Empire marque un tournant dans la ligne d’édition du Charivari qui délaisse la presse anodine et distrayante, pour une ligne plus politique marquée par la caricature de Daumier du qui représente la rentrée au pensionnat international, où la Paix attend les élèves et ne voit revenir que l’Allemand et l’Italien :

« C’est drôle, dit-elle, je ne vois pas revenir la petite Confiance. »

Pendant l’occupation de Paris par les Allemands en 1870, certains journaux tels que Le Charivari, La Gazette de France, Le Mot d’ordre et La Mercuriale des Halles et Marchés cessent de paraître en raison de leur patriotisme. Et lors de la Commune de Paris, Le Charivari s’illustre dans le mouvement de réprobation du Comité central, ainsi l’ensemble de la presse condamne les élections que le Comité central organise et enjoint à ses lecteurs d'obéir aux décrets de l’Assemblée nationale.

"Une image par jour"[modifier | modifier le code]

Un nouveau procédé d’impression est arrivé en France au début du siècle et Philipon en prend toute la mesure. Cet outil d'impression se nomme la lithographie et il comprend que cela va être très utile pour son domaine. C'est lors du numéro du 22 aout 1834 que la technique de la lithographie est mise en avant au sein du Charivari.

Victor Hugo caricaturé par Honoré Daumier, paru dans Le Charivari

Il faut savoir qu’au début du journal, l’estampe qui se trouvait à la troisième page n’était pas toujours une caricature, cela pouvait être une simple image, pouvant donner à voir un paysage ou bien une scène de vie traditionnelle sans aucune railleries ou moqueries de la part de celui qui l’avait dessiné. Ce n’est vraiment qu’au bout de plusieurs années d’existence, en particulier à partir des années 40- 50, que chaque jour le journal met en place une caricature.  

Les caricatures pouvaient être de sujets variés, se moquant du gouvernement, de la politique, mais cela pouvait être aussi des caricatures de mœurs se moquant des différentes classes sociales. Même si nous voyons une préférence pour la critique des bourgeois ainsi que de leurs fêtes mondaines, leurs activités comme le Salon de peinture et de sculpture, mais aussi du théâtre et de l’Opéra ou bien d’autres.

Il faut remarquer que lorsque le journal était accablé par la censure, nous pouvons retrouver plus facilement des caricatures de scènes de mœurs. Mais également des caricatures politiques qui ne concernaient pas la France, plutôt les autres pays du monde. De cette manière, le journal pouvait continuer de survivre et de publier.

Ce journal est connu en particulier pour son Panthéon Charivarique. Ce dernier est une série de caricature représentant des hommes illustres de Paris, qui étaient reconnu dans leur domaine. Nous pouvons citer un bon nombre d’exemple : comme la caricature de Victor Hugo, de Charles Baudelaire, mais aussi celle du politique Adolphe Thiers parmi bien d'autres.

La postérité[modifier | modifier le code]

Fête du cinquantenaire du Charivari chez son directeur et rédacteur en chef, Pierre Véron (1883).

Bien que le journal perdît lentement son audience, il survécut jusqu’en 1937. Il apporta à Jean Sennep sa renommée de caricaturiste, et le journal anglais Punch subit son influence avec pour sous-titre « The London Charivari ».

Le journal reparut dans les années 1950 sous la direction de Noël Jacquemart. Le dessin y tint une grande place, notamment avec le caricaturiste Pinatel qui y publia, entre autres, trois numéros spéciaux en forme d'album.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Pierre Béchu, Michel Mélot, La Belle Époque et son envers : quand la caricature écrit l'histoire pages, A. Sauret, , p. 8.
  2. BNF 2006 Plantu, « je ne dois pas dessiner Mahomet ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laurent Baridon, Martiel Guédron, "L'art et l'histoire de la caricature", Paris, Citadelle et Mazenod, 2009.
  • Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou, "Histoire générale de la presse française", Paris, Presses universitaires de France, 1972.
  • Vincent Chamberlhac, Bertrand Tilllier, "Coups de Crayon sous la Troisième République", Paris, Du Murmure, 2017.
  • Pierre Larousse, "Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle", Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, 1900.
  • Philip Robert Jones, "La presse satirique illustrée entre 1860 et 1890", Paris, 1956.
  • Bertrand Tillier, "Caricaturesque: la caricature en France, toute une histoire de 1789 à nos jours", Paris, La Martinière, 2016.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]