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Stephen Smith

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Stephen Smith
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Prix Brienne du livre géopolitique (d) ()
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Œuvres principales

Stephen William Smith, né le dans le Connecticut, est depuis 2007 professeur d'études africaines à l'université Duke (États-Unis). De nationalité américaine[1], il a été journaliste spécialiste de l'Afrique pour différents organes de presse français de 1986 à 2005. Il a publié treize livres en français.

Stephen Smith a d'abord été correspondant en Afrique pour l'agence Reuters et RFI. Il entre au service Afrique du quotidien français Libération en 1986. Il devient ensuite responsable du service « Afrique » à Libération, en remplacement de Pierre Haski. En 2000, il prend la direction du département « Afrique » du journal Le Monde ainsi qu'à partir de 2002 le poste de chef adjoint du service « Étranger ». Début 2005, il quitte ses fonctions au Monde. Depuis 2007, il est professeur d'études africaines à l'université Duke, en Caroline du Nord[2].

Aussi bien à Libération qu'au Monde, Stephen Smith a largement traité la question du génocide des Tutsis rwandais de 1994, pour lequel il a été critiqué (notamment par l'association Survie) mais aussi approuvé (notamment par Hubert Védrine, l'ancien secrétaire général de l'Élysée de 1991 à 1995 sous François Mitterrand, et Filip Reyntjens, professeur à l'université d'Anvers[3]). Il s'est notamment fait remarquer en soutenant la thèse selon laquelle l'actuel président rwandais, Paul Kagame, aurait commandité l'attentat contre le président de l'époque, Juvénal Habyarimana, provoquant sciemment le génocide de sa propre communauté, les Tutsis. Smith a décrit l'évolution de ses positions sur le Rwanda dans un article publié en 2011 par la London Review of Books[4].

En 2018, dans un ouvrage consacré aux migrations africaines intitulé La Ruée vers l'Europe — La jeune Afrique en route pour le Vieux continent, il soutient que la migration massive d'un continent vers l'autre est une évidence, explique qu'« être pour ou contre la migration n'a aucun sens »[5] et s'efforce de dégager plusieurs scénarios possibles pour les années à venir[6],[7].

Réception critique

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Bokassa Ier, un empereur français a reçu en 2000 le Prix Jacques Dérogy-L'Express du livre d'investigation[8]. Dans ce livre, Stephen Smith, et Géraldine Faes, ancienne rédactrice en chef du magazine l'Autre Afrique, retracent la période tumultueuse de l'empire centrafricain et dénoncent les dérives de la politique de la France en Afrique après la décolonisation[9]

Négrologie : pourquoi l'Afrique meurt est un livre controversé. Stephen Smith y soutient que les Africains seraient en majeure partie responsables des malheurs que connaît leur continent. L’ouvrage est fortement critiqué dans le monde académique. Mamoudou Gazibo estime que l’ouvrage « [ramène] au goût du jour les théories de la barbarie, de la cruauté et de la paresse supposées des Africains » et est « un condensé parfait de la dérive de l’interprétation des enjeux politiques africains [...] »[10]. Jean Copans estime que l’ouvrage pèche entre autres par le fait d’assimiler l’Afrique à « une société globale »[11]. De même des historiens comme Jean-Pierre Chrétien et Pierre Boilley ont rejeté le caractère pathologisant de l’ouvrage, son culturalisme, son assimilation de l’Afrique au primitif voire à l’infériorité, ou sa réduction des Africains à quelques traits psychologiques supposés, ainsi que son refus des complexités de l’histoire, voire son « climat de café du commerce »[12]. L’anthropologue Jean-Pierre Olivier de Sardan a lui aussi souligné le caractère « culturaliste » de cet essai, et sa tendance à expliquer les problèmes du continent avant tout par des « mentalités » supposées[13]. L'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop et les présidents successifs de l'association Survie, Odile Tobner et François-Xavier Verschave ont aussi publié un ouvrage qui se présente comme une réponse aux « désinformations  » de Négrologie[14],[15]. Le livre a reçu le Prix de l'Essai France-Télévision en 2004[16] et pour Yves Gounin, Stephen Smith, qui « décrit une réalité sombre sans s'en délecter », choisit de mettre les Africains face à leur responsabilité[17].

En 2018, La Ruée vers l'Europe a été récompensé par le Prix littéraire de la Revue des Deux Mondes[18], le Prix Brienne du livre de géopolitique[19], et par un Grand Prix de l'Académie française[20].

Pour Christian Bouquet, chercheur et professeur émérite de géographie politique à l'université Bordeaux-Montaigne, c'est « un essai fort bien documenté et solidement argumenté »[21]. Les universitaires Julien Brachet, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Judith Scheele, de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), estiment, quant à eux, qu'il s'agit d'un essai « xénophobe et raciste » tentant de légitimer la « théorie complotiste du grand remplacement » soutenue par l'extrême droite : selon eux, les chiffres donnés par Stephen Smith au sujet de l'immigration africaine vers l'Europe sont faux et en contradiction avec ceux résultant des travaux des démographes des universités, de l'INED et de l'ONU[22],[23]. Le démographe François Héran publie une recension critique de l'ouvrage[24], puis une tribune dans Libération où il critique vigoureusement le livre, l'accusant de « nourrir le fantasme de l'envahissement du Nord par le Sud »[25]. Cependant, la démographe Michèle Tribalat s'oppose à ces critiques, et en particulier à celle d'Héran, estimant que la méthode employée, « dite scientifique », « aboutit à un résultat peu probable, en raison de l'hypothèse peu raisonnable selon laquelle le ratio population née dans l'Afrique subsaharienne résidant en France/population résidant en Afrique subsaharienne serait équivalent, dans 35 ans, à ce qu'il était à une date non précisée »[26].

Le Monde choisit La ruée vers l'Europe comme l'un de ses sept livres incontournables pour comprendre les migrations, estimant qu'il s'agissait « d'un petit livre hyperdocumenté, riche en références littéraires et nourri d'un suivi longitudinal des statistiques africaines »[27]. Par la suite, le journal relaie les critiques formulées par François Héran[28],[29]. La journaliste Eugénie Bastié critique la publication de ces nouveaux articles qu'elle dénonce comme une inconstance et y voit une forme de « politiquement correct »[30]. Dans une tribune publiée par le quotidien Libération en [31], Stephen Smith se défend pour sa part d'être le fourrier de l'extrême droite.

Publications

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Références

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  1. Stephen Smith raconte, à propos de sa nationalité américaine :

    « la découverte de ma nationalité américaine enclenche un long récit d’où il ressort que, en 1957 à Dakar, Baba Kourouma a traité avec succès le fils du consul général américain, dont l’épouse hésitait d’abord à confier son enfant à un médecin noir. »

    — Stephen Smith, Voyage en postcolonie. Le Nouveau Monde franco-africain, Paris, 2010, p. 80

  2. « Stephen Smith », Scholars@Duke : « Professor of the Practice of African and African American Studies ».
  3. « La “transition politique” au Rwanda », in L'Afrique des grands lacs : annuaire 2003-2004, éd. L'Harmattan, 2004, p. 9 et sqq.
  4. Stephen W. Smith, « Rwanda in Six Scenes »', lrb.co.uk, 17 mars 2011.
  5. David Doucet, « Stephen Smith: “Être pour ou contre les migrations n’a guère de sens” », Les Inrocks, 18 septembre 2018.
  6. « Afrique - Stephen Smith : “On n'a jamais connu une telle pression démographique” », lepoint.fr, 2 février 2018.
  7. « Afrique - Stephen Smith : “La Ruée vers l'Europe” de la jeune Afrique », information.tv5monde.com, 23 février 2018.
  8. « Un prix d'investigation pour Stephen Smith et Géraldine Faes », Libération, 24 octobre 2000 :

    « Les journalistes Stephen Smith et Géraldine Faes ont remporté le prix de journalisme d'investigation “Jacques Derogy-l'Express” pour leur ouvrage Bokassa 1er, un empereur français (Calmann-Lévy), remis dans le cadre de la Fête du livre de Saint-Etienne.[...] Le prix a pour vocation de récompenser le meilleur livre d'enquête de l'année. Doté de 30 000 francs, il a été créé en mémoire de Jacques Derogy, pionnier du journalisme d'investigation en France, qui a effectué une partie de ses études à Saint-Etienne. Jacques Derogy est décédé en 1997, à l'âge de 72 ans. »

  9. Stéphane Dupont, L'apogée tragique de la « Françafrique », lesechos.fr, 4 mai 2000
  10. Mamoudou Gazibo, Introduction à la politique africaine, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Paramètres », (ISBN 978-2-8218-9809-7, lire en ligne)
  11. Jean Copans, « À quoi servent les livres ? Échos africanisants », Revue Tiers Monde, vol. 45, no 180,‎ , p. 897–907 (DOI 10.3406/tiers.2004.5537, lire en ligne, consulté le )
  12. Chrétien, Jean-Pierre, et al., « Misères de l'afro-pessimisme », Afrique & histoire,‎ (lire en ligne)
  13. Jean-Pierre Olivier de Sardan, « Le culturalisme traditionaliste africaniste », Cahiers d’études africaines, vol. 50, nos 198-199-200,‎ , p. 419–453 (ISSN 0008-0055, DOI 10.4000/etudesafricaines.16181, lire en ligne, consulté le )
  14. Boubacar Boris Diop, Odile Tobner, François-Xavier Verschave, Négrophobie, Paris, Les Arènes, , 200 p. (ISBN 9782912485816)
  15. Vincent Bonnecase, « Boubacar Boris Diop, Odile Tobner, François-Xavier Verschave, Négrophobie, Les Arènes, Paris, 2005 » dans « Mouvements a lu », Mouvements, 2006/5-6 (no 47-48), p. 240-250. DOI : 10.3917/mouv.047.0240. URL : https://www.cairn.info/revue-mouvements-2006-5-page-240.htm
  16. « Prix : France Télévisions - Essai », babelio.com.
  17. Yves Gounin, « Stephen Smith. Négrologie : Pourquoi l'Afrique meurt (compte-rendu) », Politique étrangère, année 2004, 69-1, p. 195-196.
  18. « Stephen Smith remporte le Prix Littéraire de la Revue des Deux Mondes 2018 », revuedesdeuxmondes.fr, 29 mai 2018.
  19. « Stephen Smith, Prix du Livre de Géopolitique 2018 pour La ruée vers l'Europe », actualitte.com, 28 juin 2018.
  20. « Le palmarès complet des Grands Prix 2018 de l'Académie française », actualitte.com, 29 juin 2018.
  21. Christian Bouquet, « Démographie africaine et migrations : entre alarmisme et déni », The Conversation, 2 mai 2018.
  22. « Stephen Smith ravive le mythe des invasions barbares, Macron et l’Académie française applaudissent », blogs.mediapart.fr, 2 octobre 2018.
  23. Julien Brachet, « Où va la fausse science », laviedesidees.fr, 4 octobre 2018.
  24. François Héran, « Comment se fabrique un oracle », La Vie des idées,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. François Héran, « La «ruée» d’Africains vers l’Europe, une thèse sans valeur scientifique », sur Libération (consulté le )
  26. « Querelle François Héran/Stephen Smith », site de Michèle Tribalat, septembre 2018.
  27. Maryline Baumard, « “Mes incontournables” : sept livres pour comprendre les migrations », lemonde.fr, 16 août 2018.
  28. « Immigration : faut-il s’attendre à une « ruée vers l’Europe » ? La réponse des démographes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. « Non, l’Afrique subsaharienne ne va pas « envahir » l’Europe », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. Eugénie Bastié, « Ces intellectuels victimes du politiquement correct à l'université », Le Figaro, 21 décembre 2018.
  31. « Stephen Smith : “Ce fourrier de l’extrême droite que je ne suis pas” », liberation.fr, 2 octobre 2018.

Liens externes

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