Aller au contenu

Eugénie Bastié

Cette page fait l’objet d’une mesure de semi-protection étendue.
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Eugénie Bastié
Eugénie Bastié en 2017.
Biographie
Naissance
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
CNews (depuis )
BFM TV (-)
Limite (-)
Le Figaro (depuis )
Causeur (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Religion
Personnes liées

Eugénie Bastié, née le à Toulouse, est une éditorialiste, polémiste et essayiste française.

Elle commence sa carrière sous le parrainage d'Élisabeth Lévy et de Natacha Polony, notamment dans le média d'opinion de droite dure Le Figaro Vox et dans le journal conservateur Causeur. Elle est ensuite engagée comme éditorialiste au Figaro, et intervient régulièrement comme chroniqueuse éditorialiste sur CNews.

Ses positions critiques vis-à-vis du féminisme, des idéaux sociaux, et les polémiques qu'elle alimente sur les réseaux sociaux, tel que Twitter, et à la télévision en font une figure de la droite conservatrice, voire de l’extrême-droite. Perçue dès ses débuts comme un des nouveaux visages de la droite réactionnaire, elle participe à la résurgence médiatique de ses discours, observée depuis la fin des années 2010.

Biographie

Origines et formation

Issue d'une famille catholique[2],[3], Eugénie Bastié est la fille d'un paysagiste et d'une mère médecin spécialiste en médecine nucléaire ; elle a quatre frères et sœurs. Elle grandit à Pibrac, une commune de la banlieue de Toulouse en Haute-Garonne[1]. Après une scolarité en pension dans le lycée privé catholique de Lectoure[4], dans le Gers, elle entre à l'Institut d'études politiques de Paris en 2009[5]. Elle sort diplômée en 2014[5],[6] après avoir suivi un master en affaires publiques. Elle obtient également une maîtrise de philosophie à la Sorbonne Paris-IV[7].

Carrière

Elle collabore de 2013 à 2015 à Causeur[5],[8], site Internet et mensuel dirigé par Élisabeth Lévy. Après un stage de six mois au FigaroVox, site de débats et d'opinion du Figaro, qualifié par Rue89 de « plateforme droite dure du Figaro », elle est embauchée au Figaro en 2015[5],[6],[9]. Ses deux marraines médiatiques sont Natacha Polony, du Figaro, et Élisabeth Lévy[2].

Elle devient rédactrice en chef du service politique de la revue d'« écologie intégrale »[note 1] Limite, qu'elle a créée en 2015 avec Gaultier Bès, Marianne Durano, Camille Dalmas et Paul Piccarreta, qui se définit comme « une revue de combat culturel et politique, d’inspiration chrétienne »[10], considérée par le quotidien Libération comme « la jeune garde ultraconservatrice catholique »[11]. Elle quitte la revue en 2019 pour des différends sur la ligne éditoriale, juste avant la fermeture de la revue et son recrutement sur CNews.

En , invitée sur le plateau de Ce soir (ou jamais !), elle engage avec Jacques Attali une joute oratoire à propos de la crise dite des migrants, au cours de laquelle elle lance : « Le vieux monde est de retour, Monsieur Attali ! » ; sa réplique provoque un buzz médiatique sur Internet[12].

En paraît son premier essai Adieu, Mademoiselle. La défaite des femmes aux éditions du Cerf, considéré comme un pamphlet anti-féministe[13]. Elle affirme croire à la notion d'« héritage » mais pas à celle de « progrès ». L'essayiste royaliste Gérard Leclerc écrit sur cet essai dans la revue Royaliste : « surtout dialectiquement ciselé, très informé et portant le fer au cœur même d’un des débats les plus cruciaux de l’époque »[14]. Libération lui reproche d'avoir écrit un « livre entier sur le féminisme en occultant spectaculairement les violences sexuelles sauf pour parler de Cologne et stigmatiser les musulmans »[1]. Elle émerge avec cet essai, aux côtés de Marianne Durano et Thérèse Hargot, comme une figure de l'antiféminisme selon Mediapart[15].

En , elle tient une chronique dans le magazine Actuality, sur France 2. Son recrutement suscite une polémique sur Twitter[16] ; elle quitte l'émission dès le mois suivant[2].

Elle est, depuis , journaliste au service « débats et opinions » du Figaro. En , elle est reçue au palais de l'Élysée avec Alain Finkielkraut et Régis Debray par Sylvain Fort, qui leur suggère de modérer leurs attaques sur les aspects les plus libéraux de la politique d'Emmanuel Macron[17],[18].

En paraît son deuxième essai, Le Porc émissaire : terreur ou contre-révolution, aux éditions du Cerf, ouvrage qui entreprend une critique du mouvement #MeToo. Alors qu’elle est invitée par France Inter à l'occasion de cette publication, Léa Salamé cite une phrase de son livre : « Je crois qu'une main aux fesses n’a jamais tué personne ». Face au tollé provoqué par cette phrase, Eugénie Bastié déclare ensuite : « Si je devais refaire le livre aujourd'hui, je n'écrirais plus cette phrase »[4].

Durant la saison 2019-2020, elle est chroniqueuse de l'émission Et en même temps sur BFM TV (présentée par Apolline de Malherbe) le dimanche soir ; tous les jeudis, elle participe en outre à la deuxième partie de l'émission 19 h Ruth Elkrief pour un débat sur l'actualité face à Alain Duhamel[19].

En , elle est recrutée par CNews en tant qu'éditorialiste[19]. L'Obs, à l'origine de cette révélation, qualifie ce recrutement de « belle prise » pour CNews[19] et valide, selon La Dépêche, la droitisation de la chaîne d'information en continu[20]. À partir de , elle anime sur la chaîne sa propre émission, Place aux idées, tous les samedis à 19 h, aux côtés de la journaliste Clélie Mathias[21]. En , face à l'injonction du CSA de décompter le temps de parole d'Éric Zemmour dans le temps de campagne présidentiel, Eugénie Bastié, Mathieu Bock-Côté et Charlotte d'Ornellas remplacent ce dernier dans Face à l'info, émission animée par Christine Kelly[22].

Depuis la rentrée 2022, elle anime une émission Le Club des idées sur Figaro TV[23],[24] ainsi qu'une revue de presse « Revue des hebdos et des idées » à Europe 1[25].

Elle est chroniqueuse occasionnelle dans l'émission Historiquement Show sur la chaine Histoire TV[26].

Points de vue et polémiques

Prises de position et polémiques

Ses prises de position sont à l'origine de diverses polémiques, notamment ses prises de position contre le mouvement MeToo, jugées antiféministes par plusieurs médias[27],[28],[29]. Pour sa part, elle se considère comme « alterféministe »[30].

Opposée philosophiquement à l'avortement, Eugénie Bastié affirme ne pas être opposée à sa légalisation. Elle estime également qu'en France, certaines femmes sont « poussées à avorter » et déplore qu'aucune alternative ne leur soit proposée[2].

Lors de l'attaque terroriste du 23 mars 2018 au moment où le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame venait de s'échanger avec l'otage, Eugénie Bastié écrit un tweet : « Ne jugeons pas trop vite cet homme en héros, il a peut-être mis des mains aux fesses à Saint-Cyr. » Il s’agit d'un écho ironique au scandale du harcèlement sexuel dans le lycée militaire où Arnaud Beltrame fit sa corniche[31],[32]. Son commentaire provoque de sévères condamnations contre elle et Le Figaro. Eugénie Bastié le retire et publie le jour même un tweet présentant ses excuses[31].

Appel à modifier sa page Wikipédia

En , Eugénie Bastié conteste publiquement la mention sur sa page Wikipédia du qualificatif de « réactionnaire », qualifiant le projet de « Wokipédia » (jeu de mots reposant sur l'adjectif woke), et les contributeurs ayant écrit sa page de « crétins ». Elle demande à ses soutiens, via le réseau social Instagram, d'intervenir afin de modifier sa page sur l'encyclopédie en ligne[33]. Dans le même temps, elle s'en prend nommément, sur Twitter, où elle compte 146 000 abonnés, à certains contributeurs ayant participé à la rédaction de l'article et ayant ajouté le terme contesté[33]. Rapidement protégé par les administrateurs de l'encyclopédie, qui proscrit le démarchage extérieur, le caviardage ou le ripolinage, l'article reste inchangé en raison de l'existence de sources secondaires justifiant l'emploi du qualificatif contesté[33].

Positionnement politique

Le Point et Le Temps la classent parmi les conservateurs[34],[6]. Elle se déclare favorable à l'économie de marché et à la liberté d'entreprendre mais émet des réserves quant à la croissance exponentielle[4],[35].

Elle est réputée avoir été « très proche » de l'Action française[36] et selon des avis convergents, d'en avoir défendu les thèses dans le journal Limite, média catholique conservateur dont elle est l'une des fondatrices et figures dirigeantes[37],[11],ce qu’elle reconnait[38].

Elle participe en 2013 à La Manif pour tous, mouvement de manifestations opposé au mariage entre personnes de même sexe. Sans être ouvertement affiliée à un parti politique[39], son parcours et ses prises de position sont jugés réactionnaires et proches de l'extrême droite française[40],[41],[39]. L'économiste Jacques Attali la compare à Éric Zemmour[2], alors journaliste et chroniqueur au Figaro (qu’elle a remplacé à l'antenne de CNews pendant sa campagne présidentielle). Il est également relevé qu'elle échange ouvertement sur Twitter avec Renaud Camus inventeur de la théorie du Grand remplacement.[source secondaire souhaitée][38],[42],[43].

Elle dénonce le traitement « à charge « de la pédophilie dans l’Église[38].

L'Express en 2016 souligne son parcours « fulgurant » à 24 ans et s'interroge sur son statut de « nouveau « visage de la droite réac » »[2]. En 2021, le journaliste Samuel Gontier, sur Télérama, la qualifie « d'antiféministe réac », « représentante de la droite extrême » dans l'émission Place aux idées sur CNews[41]. Le journal Brain la qualifie de « it girl de l'extrême droite »[44], tandis que Libération la désigne comme une « étoile montante de la réacosphère », et rapporte que le politologue Gaël Brustier voit en elle une héritière, notamment, de « l'intellectuel réac des années 30 Thierry Maulnier »[45]. Richard Werly, dans le journal Le Temps en Suisse, la qualifie de « conservatrice, raisonnable, séductrice et intrigante »[46].

Elle indique avoir voté pour Nicolas Dupont-Aignan au premier tour de l'élection présidentielle de 2012[1],[39].

Ouvrages

Notes et références

Notes

Références

  1. a b c et d Johanna Luyssen, « Eugénie Bastié, déjà croisée », sur Libération, (consulté le )
  2. a b c d e et f Audrey Kucinskas, « Qui est Eugénie Bastié, la chroniqueuse déjà comparée à Éric Zemmour ? » [html], sur L'Express, (consulté le )
  3. « Eugénie Bastié : « Le chrétien doit s’emparer du débat intellectuel » », sur Famille Chrétienne, (consulté le )
  4. a b et c Fabrice Valery, « De Toulouse à l’anti #MeToo, itinéraire d’Eugénie Bastié, essayiste conservatrice et “féministe sceptique” » [html], sur france3-regions.francetvinfo.fr, .
  5. a b c et d Johanna Luyssen, « Eugénie Bastié, déjà croisée », sur Libération (consulté le )
  6. a b et c Richard Werly, « Conservatrice, raisonnable, séductrice et intrigante: il y a du Mme de Staël en Eugénie Bastié », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  7. « Mme Eugénie BASTIÉ - Journaliste au service Débats et opinions au quotidien Le Figaro - Biographie mise à jour le 30 août 2022 - LesBiographies.com », sur www.lesbiographies.com (consulté le )
  8. Fiche sur Eugénie Bastié sur Causeur, consulté le 20 mai 2016.
  9. Nolwenn Le Blevennec et Ramses Kefi, « FigaroVox : rech. jeune plume qui vomit son époque », sur L'Obs, (consulté le )
  10. Henri de Begard, « Eugénie Bastié : « Faites des enfants, pas des courses ! » » sur lerougeetlenoir.org, 4 septembre 2015.
  11. a et b Bernadette Sauvaget, « « Limite », des réacs en vert et contre tous », sur liberation.fr, .
  12. Meddy Mensah, « Qui est Eugénie Bastié, la « fille spirituelle » d'Éric Zemmour ? » sur planet.fr, 29 avril 2016.
  13. Sirine Azouaoui, « Qui est Eugénie Bastié, le nouveau visage de la droite réac ? » sur Les Inrocks, 18 avril 2016.
  14. « La défaite des femmes » [PDF], article de Gérard Leclerc paru dans Royaliste p. 9, 18 juin 2016.
  15. Lucie Delaporte, « Entre alterféminisme et antiféminisme, la droite tâtonne », sur Mediapart, (consulté le )
  16. « Le recrutement d’Eugénie Bastié sur France 2 suscite la polémique sur Twitter »
  17. Camille Tidjditi, « Alain Finkielkrault, Régis Debray, Eugénie Bastié : comment l’Élysée tente d’amadouer les conservateurs », sur lesinrocks.com,
  18. « Le réveil des "nouveaux conservateurs" », sur L'Express, (consulté le )
  19. a b et c « INFO OBS. La journaliste conservatrice Eugénie Bastié arrive sur CNews », sur L'Obs, (consulté le )
  20. « Sur CNews, l'arrivée contestée de la Toulousaine Eugénie Bastié, journaliste conservatrice », sur ladepeche.fr, .
  21. « Place aux idées : CNEWS lance ce samedi à 19h une émission de décodage de l'actualité », sur cnews.fr, .
  22. « CNews remplace Éric Zemmour par plusieurs éditorialistes ultraconservateurs », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. « Le Figaro se lance en télé et en radio », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  24. Adrien Franque, « Histoire, «wokisme» et SaccageParis : bienvenue sur «le Figaro TV» », sur Libération, (consulté le )
  25. « Rentrée radio : les nouveautés du côté des matinales », sur www.telerama.fr, (consulté le )
  26. https://programmetv.ouest-france.fr/magazine/historique/historiquement-show-m98147301/s10e522-apres-guerres-c307712730/
  27. « Vive polémique après les propos de la journaliste du Figaro Eugénie Bastié sur #MeToo », sur Le HuffPost, (consulté le )
  28. « Des antiféministes aux féministes identitaires, qui sont les "nouvelles femmes de droite" ? », sur www.terrafemina.com (consulté le )
  29. « De Toulouse à l’anti #MeToo, itinéraire d’Eugénie Bastié, essayiste conservatrice et "féministe sceptique" », sur France 3 Occitanie, (consulté le )
  30. Daoud Boughezala, « Osez l’alterféminisme ! », Causeur,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. a et b « Mort du gendarme Beltrame : les propos haineux d'un ex-candidat de LFI font scandale », sur midilibre.fr, (consulté le ).
  32. « Polémique : le gendarme “a peut-être mis des mains aux fesses” », sur Le Matin, (consulté le ).
  33. a b et c Pauline Bock, « Eugénie Bastié ne veut pas être réac sur sa page Wikipédia », sur Arrêt sur images, (consulté le )
  34. Charles Sapin, « Et si l’heure était aux conservateurs », sur Le Point, (consulté le ).
  35. « Place aux Idées du 05/06/2021 », sur cnews.fr, (consulté le ).
  36. Maxime Macé et Pierre Plottu, « L’Action française, école des cadres réactionnaires », sur StreetPress (consulté le ).
  37. Stéphanie Marteau, « Il y a un revival de l’Action Française », sur Vice, (consulté le ).
  38. a b et c « Chère Eugénie Bastié - Boxing Day #9 », sur www.blast-info.fr, (consulté le )
  39. a b et c « Eugénie Bastié : qui est cette anti-féministe qui fait tant parler d'elle? », sur terrafemina.com.
  40. « Qui est Eugénie Bastié, la chroniqueuse déjà comparée à Éric Zemmour? », sur L'Express, (consulté le ).
  41. a et b « Avec Eugénie Bastié, CNews apporte sa contribution à la vie des idées (d’extrême droite) », sur www.telerama.fr, (consulté le ).
  42. Théo Chapuis, « Eugénie Bastié, une jeune réac’ dans le vent en access prime time sur France 2 », sur Konbini - Musique, cinéma, sport, food, news : le meilleur de la pop culture, (consulté le )
  43. Guillaume Deleurence, « Le grand pourrissement », sur POLITIS, (consulté le )
  44. « Eugénie Bastié : souriez, votre redevance subventionne la nouvelle it girl d'extrême droite » Accès libre, sur Brain Magazine, .
  45. Johanna Luyssen, « Eugénie Bastié, déjà croisée », sur Libération (consulté le ).
  46. Richard Werly, « Conservatrice, raisonnable, séductrice et intrigante: il y a du Mme de Staël en Eugénie Bastié - Le Temps », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :