Relations entre l'Algérie et les Émirats arabes unis

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Relations entre l'Algérie et les Émirats arabes unis
Drapeau de l'Algérie
Drapeau des Émirats arabes unis
Algérie et Émirats arabes unis
Algérie Émirats arabes unis
Ambassades
Ambassade d'Algérie aux Émirats arabes unis
  Ambassadeur Abdelkrim Touahria
  Adresse Embassies Area, Airport Road, P.O. Box 3070, Abu Dhabi
  Site web [1]
Ambassade des Émirats arabes unis en Algérie
  Ambassadeur Yousef Saïf Khamis Subaa Al-Ali
  Adresse Street 2 - Ahmad Drarini, Alger
  Site web [2]

Les relations entre l'Algérie et les Émirats arabes unis se réfèrent aux relations bilatérales, diplomatiques et culturelles entre la République algérienne démocratique et populaire et la monarchie constitutionnelle des Émirats arabes unis.

Présentation[modifier | modifier le code]

L’Algérie et les Émirats arabes unis sont membres de la ligue arabe, Organisation des pays exportateurs de pétrole et l'Organisation des Nations unies.

Représentations officielles[modifier | modifier le code]

L’Algérie a une ambassade à Abu Dhabi tandis que les Émirats arabes unis ont une ambassade à Alger.

Relations bilatérales[modifier | modifier le code]

En , lorsque Sultan bin Saeed Al Mansoori (en), le ministre de l’Économie des Émirats arabes unis, a dirigé une délégation en Algérie, une déclaration commune et un protocole d’accord ont été signés avec le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi.

Au cours de la visite, Al Mansoori a rencontré le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia et des discussions ont été entreprises sur le renforcement des relations commerciales bilatérales ainsi que sur l’élargissement de la coopération dans les domaines de l’enseignement supérieur, de l’environnement, des finances, de l’énergie douanière, des télécommunications et de l’industrie[1]. Ouyahia considère les Émirats arabes unis comme une porte d’entrée vers le Moyen-Orient pour l’Algérie et un « hub stratégique ».

Il existe également un Conseil d’affaires EAU-Algérie, qui vise à encourager le commerce bilatéral et à stimuler les investissements entre les deux pays. Dans le secteur de l’énergie, les deux parties ont discuté du potentiel de partenariats dans l’exploration pétrolière et d’étudier la possibilité de former des projets communs dans le domaine des énergies renouvelables.[réf. nécessaire]

Campagne médiatique anti-émirienne de 2023[modifier | modifier le code]

Le 20 juin 2023, le président Tebboune limoge le ministre de la Communication Mohamed Bouslimani, peu de temps après la diffusion par le site de la chaîne privée Ennahar d'une information annonçant l'expulsion imminente de l'ambassadeur des Émirats arabes unis à Alger suite à l'« arrestation de quatre espions émiratis qui opéraient pour le compte du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien »[2]. Dans un communiqué de presse publié le même jour, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères dément « les informations dénuées de tout fondement relayées sur les réseaux sociaux et par certains médias, selon lesquelles le ministère aurait sommé l’ambassadeur émirati de quitter le territoire algérien »[3]. Selon des sources du journal Le Point, « il s'agirait d'une tentative d'intox menée par une frange du pouvoir et que les autorités officielles ont tenté de contrecarrer »[4].

Le 27 juillet, le quotidien électronique francophone TSA accuse les Émirats d'avoir fourni au Maroc un système d’espionnage sophistiqué « avec comme cible prioritaire l'Algérie », ainsi que de livrer près de 2,5 millions de comprimés psychotropes au fils Haftar pour « tenter d’inonder l’Algérie », ou encore d'exercer une « pression terrible » sur la Mauritanie pour qu'elle normalise ses relations avec Israël[5]. Le journal privé arabophone El Khabar, qui rapporte également ces informations, parle de « pratiques sataniques » de la part de la fédération émirienne[6].

En août 2023, Abdelkader Bengrina, chef du mouvement islamiste El-Bina et soutien du président Tebboune[7], évoque les visites de responsables émiriens en Tunisie en accusant ces derniers de s'y rendre afin d'« inciter à la normalisation » avec Israël comme ils le font « dans tout pays arabe où ils se rendent »[8].

Le 28 août 2023, le journal privé algérien Echorouk fait état de « mouvements suspects » de l'attaché militaire de l'ambassade des Émirats arabes unis à Alger. Selon le quotidien, citant des sources diplomatiques étrangères, le colonel aurait confié à un diplomate en présence de collègues européens qu'en cas de guerre entre l'Algérie et le Maroc, son pays appuierait de toutes ses forces le royaume chérifien[9],[8].

Le 5 octobre, Le Soir d'Algérie accuse les EAU de mener un « travail de sape » pour éviter l'adhésion de l'Algérie aux BRICS. Le journal ajoute que selon des « sources bien informées », les Émiriens ont dépêché un ministre en Inde quelques jours avant la tenue du sommet décisif de Johannesburg afin d'« agir pour que la candidature algérienne ne soit pas retenue »[10].

Le 1er novembre, El Khabar indique que pour déstabiliser Alger, les Émirats auraient fait appel au Maroc qui aurait alors proposé de mettre à la disposition de l'État du Golfe des Marocains affiliés à l'État islamique. L'opération consisterait à recruter 5 750 individus, dont 1 150 appartenant aux renseignements marocains, pour cibler des installations sensibles dans le sud de l'Algérie[11],[12].

Le 20 novembre, El Khabar rapporte qu'Abou Dhabi aurait convenu avec Tel Aviv d’envoyer 7 officiers du Shin Bet israélien aux EAU pour les employer au sein des services de sécurité émiriens[13],[14],[15].

Le 11 décembre, le président reçoit en audience pendant trois heures Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs. Selon l'ex-candidate à la présidentielle, l'échange aurait porté notamment sur la monarchie émirienne qui, d'après elle, « collecte de l'argent et arme le Maroc. Avec [Israël], elles poussent à la guerre au Maghreb. Les Emirats font aussi la même chose au Sahel, notamment au nord du Mali. Ce pays est dangereux. »[16],[17]

Le 12 décembre, la Radio algérienne, la radio publique algérienne, accuse les Émirats arabes unis, le Maroc et Israël de vouloir lancer des campagnes de déstabilisation à l'encontre du Mali et du Niger. Ce « trio du mal », poursuit la radio, voudrait ainsi distiller l'idée qu'Alger financerait la déstabilisation de ces deux pays. La radio rapporte également que, selon des « sources proches du dossier », les EAU auraient « débloqué » une somme de 15 millions d’euros « au profit du Maroc », afin de « financer des campagnes médiatiques subversives » visant à déstabiliser les pays du Sahel et à créer entre ces derniers et Alger « un climat de tension »[18].

En janvier 2024, RFI rapporte que « sans avertissement, les Émirats ont pris des sanctions contre des dignitaires algériens considérés comme hostiles, et ne leur accordent plus de visas. Ils accusent Alger d'être hostile à leurs intérêts en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne »[19].

Le 10 janvier 2024, le Haut conseil de sécurité exprime « ses regrets concernant les agissements hostiles à l'Algérie, émanant d'un pays arabe frère » lors d'une réunion présidée par Abdelmadjid Tebboune « consacrée à l'examen de la situation générale dans le pays et de la situation sécuritaire liée aux pays du voisinage et au Sahel »[20],[21]. Selon les observateurs, le pays visé est l'État des Émirats arabes unis[4].

Le 30 janvier, le ministère algérien de la Justice interdit, via un courrier envoyé à la Chambre nationale des notaires, la signature de contrats privés en lien avec deux entreprises mixtes algéro-émiriennes : la Société des tabacs algéro-émiratie (STAEM) et la United Tobacco Company[22],[23].

Le 30 mars, le président Tebboune évoque une relation tendue avec les Émirats arabes unis, sans les nommer explicitement, et affirme que « partout où il y a des conflits, l'argent de cet État est présent, que ce soit au Mali, en Libye ou au Soudan. » Il explique que l'Algérie souhaite une cohabitation pacifique avec toutes les nations, mais que pour ceux qui la provoquent, « la patience a des limites »[24]. Trois jours plus tard, le conseiller diplomatique du président émirien Mohammed ben Zayed Al Nahyane affirme sur le réseau social X — sans mentionner l'Algérie — qu'« il est étrange de voir comment un de nos frères lointains agit en faisant des allusions et des sous-entendus concernant ses relations avec les Émirats », et poursuit en déclarant que « choisir de ne pas répondre et de patienter face à ces provocations restera notre voie, car la sagesse est un héritage de notre leadership »[25].

En avril 2024, selon le Wall Street Journal, le président du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie Ferhat Mehenni s'est attiré « des mots de soutien de la part de diplomates émiriens »[26].

Le 6 mai 2024, une source proche du dossier déclare à Reuters que l'Algérie annulera ses livraisons de gaz à l'opérateur énergétique Naturgy si ses actions sont vendues à une autre société, alors que le fonds d’investissement émirien TAQA est en négociations avec les actionnaires de Naturgy pour le rachat de leurs parts dans la société espagnole[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « UAE and Algeria discuss measures to strengthen bilateral trade relations », sur ameinfo.com, (consulté le )
  2. « En Algérie, Tebboune limoge le ministre de la Communication » [archive du ], sur Jeune Afrique, (consulté le )
  3. « Affaires étrangères : les informations sur l’injonction adressée à l’ambassadeur émirati de quitter le territoire algérien "dénuées de tout fondement" » [archive du ], sur Algérie Presse Service, (consulté le )
  4. a et b « Crise ouverte entre l’Algérie et les Émirats arabes unis », sur Le Point, (consulté le )
  5. « Entre l’Algérie et les Émirats arabes unis, rien ne va plus » [archive du ], sur TSA (site web), (consulté le )
  6. (ar) « "أبوظبي.. عاصمة التخلاط" » [archive du ], sur El Khabar,‎ (consulté le )
  7. « En Algérie, Abdelmadjid Tebboune reçoit le soutien d’un responsable islamiste » [archive du ], sur Jeune Afrique, (consulté le )
  8. a et b « L’Algérie accuse les Émirats arabes unis de « mouvements suspects » » [archive du ], sur Middle East Eye, (consulté le )
  9. (ar) « الإمارات تدفع بالمغرب إلى الحرب مع الجزائر » [archive du ], sur Echorouk,‎ (consulté le )
  10. « Émirats, ce pays qui nous veut du mal » [archive du ], sur Le Soir d'Algérie, (consulté le )
  11. (ar) « مؤامرة متعددة الأبعاد ضد الجزائر » [archive du ], sur El Khabar,‎ (consulté le )
  12. (ar) « صحيفة جزائرية “توجه اتهامات خطيرة” للإمارات » [archive du ], sur Al-Quds al-Arabi,‎ (consulté le )
  13. (ar) « "الشاباك" الصهيوني يتحكم في الأمن الإماراتي » [archive du ], sur El Khabar,‎ (consulté le )
  14. (ar) « صحيفة جزائرية: الشاباك الإسرائيلي أصبح يتحكم في الأمن الإماراتي » [archive du ], sur Al-Quds al-Arabi,‎ (consulté le )
  15. « Le Shin Bet au service des Émirats » [archive du ], sur Le Soir d'Algérie, (consulté le )
  16. « La responsable du PT a été reçue lundi par le chef de l’état : Ce que Louisa Hanoune a dit au président Tebboune » [archive du ], sur El Watan, (consulté le )
  17. « PT : Louisa Hanoune a plaidé auprès de Tebboune en faveur de mesures d’apaisement » [archive du ], sur Interlignes, (consulté le )
  18. « Le Maroc obtient 15 millions d’euros des Émirats pour financer des campagnes d’intox et créer un climat de tension entre l’Algérie et les pays du Sahel » [archive du ], sur Radio algérienne, (consulté le )
  19. « Les relations entre Alger et Abou Dhabi continuent de se détériorer » [archive du ], sur Radio France internationale, (consulté le )
  20. « Le président de la République préside une réunion du Haut conseil de sécurité » [archive du ], sur Algérie Presse Service, (consulté le )
  21. « Haut Conseil de sécurité : « Un pays arabe a des agissements hostile à l’égard de l’Algérie » » [archive du ], sur Interlignes, (consulté le )
  22. « Pourquoi l’Algérie accuse les Émirats arabes unis d’« agissements hostiles » » [archive du ], sur Middle East Eye, (consulté le )
  23. « Diplomatie: la crise entre Alger et Abou Dhabi prend une nouvelle dimension » [archive du ], sur Radio France internationale, (consulté le )
  24. « Algérie – Émirats arabes unis : Tebboune clarifie les choses », sur TSA, (consulté le )
  25. « Escalade verbale et menaces déguisées : crise ouverte entre l’Algérie et les Émirats arabes unis », sur Middle East Eye édition française (consulté le )
  26. (en) « Northern Africa’s Political Shake-Up », sur The Wall Street Journal (consulté le )
  27. « L’Algérie coupera-t-elle le gaz à Naturgy en cas de son rachat par les Émiratis ? », sur TSA (site web) (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]