Nathalie Sarraute

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Nathalie Sarraute
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Nathalie Sarraute en 1983
Nom de naissance Natalia (Natacha) Tcherniak
Alias
Tachok
Naissance
Ivanovo-Voznessensk, Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Décès (à 99 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture français
Mouvement Nouveau Roman

Œuvres principales

Nathalie Sarraute, Natalia (Natacha) devenue Natalie Tcherniak née à Ivanovo-Voznessensk, en Russie, le , morte à Paris le , est une écrivaine française d'origine russe. Elle est la mère de Claude Sarraute (journaliste, romancière et comédienne), d'Anne Sarraute (assistante de réalisation, chef monteuse et secrétaire de rédaction de La Quinzaine littéraire) et de Dominique Sarraute (photographe).

Biographie

Nathalie Sarraute, née Natalia Ilinitchna Tcherniak, voit le jour le [1] à Ivanovo-Voznessensk, près de Moscou, dans une famille de la bourgeoisie juive assimilée, aisée et cultivée. Ses parents, Ilya Tcherniak et Pauline Chatounowski, divorcent alors qu'elle est âgée de deux ans. Sa mère l'emmène vivre avec elle à Genève, puis à Paris, où elles habitent dans le cinquième arrondissement. Natalia va à l'école maternelle de la rue des Feuillantines. Chaque année, elle passe un mois avec son père, soit en Russie soit en Suisse. Ensuite Natalia Tcherniak ira de nouveau vivre en Russie, à Saint-Pétersbourg, avec sa mère et le nouveau mari de celle-ci, Nicolas Boretzki. Ilya Tcherniak, le père de Natalia, qui connaît des difficultés en Russie du fait de ses opinions politiques, sera quant à lui contraint d'émigrer à Paris. Il va créer une usine de matières colorantes à Vanves. La jeune Natalia grandit aussi près de son père à Paris et avec Véra, la seconde femme de son père, et bientôt sa demi-sœur Hélène, dite Lili. Cette période, entre 1909 et 1917, sera difficilement vécue par Nathalie Sarraute.

Elle a une éducation cosmopolite et, avant de trouver sa voie, poursuit d'ailleurs des études diverses : elle étudie parallèlement l'anglais et l'histoire à Oxford, ensuite la sociologie à Berlin, puis fait des études de droit à Paris. Elle devient ensuite avocate, inscrite au barreau de Paris. En 1925, elle épouse Raymond Sarraute, avocat comme elle. Elle a alors 25 ans. De cette union naissent trois enfants : Claude (née en 1927), Anne (née en 1930) et Dominique.

Parallèlement, Nathalie Sarraute découvre la littérature du XXe siècle, spécialement avec Marcel Proust, James Joyce et Virginia Woolf, qui bouleversent sa conception du roman. En 1932, elle écrit les premiers textes de ce qui deviendra le recueil de courts textes Tropismes où elle analyse les réactions physiques spontanées imperceptibles, très ténues, en réponse à une stimulation : « mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir ». Tropismes sera publié en 1939 et salué par Jean-Paul Sartre et Max Jacob.

En 1940, Nathalie Sarraute est radiée du barreau à la suite des lois anti-juives et décide de se consacrer alors à la littérature. Elle a 41 ans. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle héberge un temps Samuel Beckett, dramaturge du théâtre de "l'absurde" alors recherché par la Gestapo pour ses activités de résistance. Elle réussira à rester en Île-de-France avec plusieurs changements d'adresse et de faux papiers, elle sera contrainte de divorcer pour protéger Raymond d'une radiation du barreau.

En 1947, Jean-Paul Sartre écrit la préface de Portrait d'un inconnu, qui sera publié un an après par Robert Marin. Mais il lui faudra attendre la publication de Martereau (1953) pour commencer à connaître le succès. Le livre paraît chez Gallimard et elle restera désormais fidèle à cette maison d'édition.

En 1960, elle compte au nombre des signataires du Manifeste des 121.

En 1964, elle reçoit le Prix international de littérature pour son roman Les Fruits d'Or. C'est la consécration.

Parallèlement à son œuvre romanesque, elle commence à écrire pour le théâtre, à l'invitation d'une radio allemande. Le Silence paraîtra en 1964, Le Mensonge deux ans plus tard. Suivront Isma, C'est beau, Elle est là et Pour un oui ou pour un non. Ces pièces suscitent rapidement l'intérêt des metteurs en scène. Ainsi, Claude Régy crée Isma en 1970, puis C'est beau en 1975 et Elle est là en 1980 ; Jean-Louis Barrault crée en 1967 Le Silence et Le Mensonge à l'Odéon, pièces que montera plus tard Jacques Lassalle (1993) pour l'inauguration du Vieux Colombier en tant que deuxième salle de la Comédie-Française. Simone Benmussa adapte son autobiographie Enfance pour la scène (1984), à Paris (Théâtre du Rond-Point), puis à New York sous le titre Childhood (1985) et crée ensuite Pour un oui ou pour un non (création en France, 1986, Théâtre du Rond-Point) - création mondiale à New York par S.B. sous le titre For no good reason (1985). Simone Benmussa réalise aussi le film Portrait de Nathalie Sarraute, avec Nathalie Sarraute (production Centre Georges Pompidou et Éditions Gallimard), sélectionné dans "Perspectives du cinéma français" pour le Festival de Cannes de 1978.

Nathalie Sarraute meurt à Paris le alors qu'elle travaille à une septième pièce et est inhumée à Chérence, dans le Val-d'Oise.

Les enjeux de l'écriture

En 1956, Nathalie Sarraute publie l'Ère du soupçon, essai sur la littérature qui récuse les conventions traditionnelles du roman. Elle y décrit notamment la nature novatrice des œuvres de Woolf, de Kafka, de Proust, de Joyce et de Dostoïevski. Elle devient alors, avec Alain Robbe-Grillet, Michel Butor ou encore Claude Simon, une figure de proue du courant du nouveau roman.

Sarraute ambitionne d’atteindre une « matière anonyme comme le sang », veut révéler « le non-dit, le non-avoué », tout l’univers de la “sous-conversation”. N'a-t-on pas dit d'elle qu'elle s'était fixé pour objectif de « peindre l'invisible » ? Elle excelle à détecter les « innombrables petits crimes » que provoquent sur nous les paroles d’autrui. Ces paroles sont souvent anodines, leur force destructrice se cache sous la carapace des lieux communs, gentillesses d’usage, politesses… Nos apparences sans cesse dévoilent et masquent à la fois ces petits drames.

Le terme « tropisme », emprunté au langage scientifique, désigne l'orientation des plantes en fonction de leur milieu. Chez Sarraute, qui a intitulé sa première publication Tropismes, ce vocable renvoie à des mouvements intérieurs presque insensibles dus à des causes extérieures: phrases stéréotypées, conventions sociales. Sous la banalité apparente de ces conventions langagières, il existe en effet des rapports humains complexes, des sentiments intenses, voire violents (sensations d'enfermement, d'angoisse, de panique). Sarraute les décrit comme des mouvements instinctifs, déclenchés par la présence d'autrui ou par les paroles des autres. Tropismes, refusé par Gallimard et par Grasset, ne sera reconnu par la critique qu'une quinzaine d'années après sa parution.

En 1983, Sarraute publie Enfance, qui fait revivre le monde disparu des émigrés russes à Paris au début du XXe siècle. Dans ce recueil de scènes isolées, l'auteur s'efforce de retrouver ce qui constitue sa personnalité, s'attachant en particulier à reconstituer ses premières rencontres avec les mots, le plaisir de la lecture et l'activité introspective de l'écriture. Écriture à deux voix, ce texte se présente sous la forme d'un dialogue entre l'écrivain et son double, qui soumet l'entreprise autobiographique à un contrôle à la fois constant et rigoureux. Ce qui n'empêche pas les inexactitudes comme l'anachronisme qui cite deux comédiennes avec un évident a posteriori : la première Véra Korene est en effet d'un an plus jeune qu'elle et la seconde entre tout juste au Français.

Œuvre

Romans

Théâtre

  • Le Silence, suivi de Le Mensonge, 1967, Gallimard.
  • Isma ou Ce qui s'appelle rien suivi de Le silence et Le mensonge, 1970, Gallimard (coll. "Le Manteau d'Arlequin").
  • Théâtre contenant Elle est là (E.O.), Le Mensonge, Isma, C'est beau, 18 octobre 1978, Gallimard.
  • Pour un oui ou pour un non, 25 janvier 1982, Gallimard. (ISBN 978-2070264070)

Essais

Hommage

Une esplanade, séparant la halle Pajol de la rue Pajol dans le 18e arrondissement de Paris a été nommée Esplanade Nathalie-Sarraute en novembre 2013[2].

Notes et référence

  1. D'après la Bibliothèque nationale de France, catalogue BN-Opale-plus, fiche FRBNF11923722 créée le 3 novembre 1976, dans sa mise à jour du 15 février 2006
  2. http://parislachapelle.over-blog.com/article-une-halle-pajol-en-mouvement-120715346.html

Liens externes