Marteau (os)

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Marteau
Le marteau gauche en vue postérieure (A) et médiale (B)
Détails
Articulation
Élément de
Éléments constitutifs
Manche du marteau (d), tête du marteau (d), col du malléus (d), processus latéral du marteau (d), processus antérieur du marteau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Identifiants
Nom latin
MalleusVoir et modifier les données sur Wikidata
MeSH
D008307
TA98
A15.3.02.043Voir et modifier les données sur Wikidata
TA2
881Voir et modifier les données sur Wikidata
FMA
52753Voir et modifier les données sur Wikidata
Marteau droit en vue latérale et médiale

Le marteau ou malléus[1] est le un osselet de l'ouïe. C'est le plus latéral des trois osselets reliant le tympan à l'ensemble de la chaîne.

Description[modifier | modifier le code]

Le marteau mesure est le plus long des osselets avec en moyenne une longueur de 8 mm pour une largeur de 2,7 mmm et un poids de 22 à 29 milligrammes, c'est le plus grand de la chaîne des osselets[2].

Il est formé, de haut en bas, d'une tête, d'un col, et d'un manche.

Tête du marteau[modifier | modifier le code]

La tête du marteau (ou tête du malléus) forme la partie supérieure du l'osselet. Elle se situe au-dessus de la membrane tympanique, dans le récessus épitympanique et ne peut être visualisée lors d'une otoscopie, en l'absence de remaniement osseux pathologique.

Elle est ronde et lisse sauf sur sa face postérieure où la facette articulaire du marteau en forme de selle qui répond à celle de l'enclume pour former l'articulation Incudo-malléaire. Cette surface articulaire est oblique vers le bas et en dedans et est recouverte d'une fine couche de cartilage hyalin. Elle est divisée en deux par une crête verticale qui la divise en un versant postérieur et un versant médial.

Col du marteau[modifier | modifier le code]

Le col du marteau (ou col du malléus) est une portion osseuse rétrécie, qui se situe au-dessous de la tête. Il est aplati d'avant en arrière et se situe au contact de la corde du tympan (un des nerfs du goût, branche du nerf facial) qui chemine en arrière, et de la pars flaccida du tympan en dehors.

De la partie latérale du col se détache un processus osseux conique et court d'1 mm environ : le processus latéral du marteau ou apophyse courte du marteau ou apophyse latérale du marteau). Il forme une saillie sur le tympan correspondant à l'insertion des ligaments tympano-malléolaires antérieur et postérieur.

Sur la partie antérieure du col se détache vers l'avant un processus court et fin : le processus antérieur du marteau ou apophyse longue du marteau ou apophyse antérieure du marteau ou apophyse de Raw) qui donne insertion au ligament antérieur du malléus.

Manche du marteau[modifier | modifier le code]

Tympan gauche en otoscopie. Manche du marteau visible par transparence.

Le manche du marteau (ou manubrium du marteau) est une longue apophyse, s'étendant depuis le col, et se dirigeant en arrière, en bas et en dedans. Il forme avec le col et la tête un angle obtus qui s'ouvre en haut en arrière et en dedans. Il est aplati d'avant en arrière, et a une forme incurvée, concave en dehors. Il se termine par une extrémité élargie, appelée spatule, qui répond à l'ombilic de la membrane tympanique. Cette partie est visible lors d'une otoscopie.

Le manche du marteau est inclus dans l'épaisseur du tympan, entre la couche externe épidermique et la couche interne muqueuse, et donne des insertions à la couche moyenne fibreuse.

Vascularisation[modifier | modifier le code]

Le marteau est vascularisé par l'artère tympanique antérieure, branche de l'artère mandibulaire, elle même branche de l'artère maxillaire.

Le drainage veineux est similaire à celui du reste de la cavité tympanique, il se fait vers la veine méningée moyenne en haut et vers le bulbe de la jugulaire interne en bas [2].

Rapports[modifier | modifier le code]

Tympan droit vu de dedans. On voit le malleus s'étendre dans l'attique, et la corde du tympan qui passe en dedans au niveau du col.

La tête est située dans le récessus épitympanique et s'articule en dedans avec le corps de l'enclume.

Le manche et le processus latéral sont en contact avec le tympan. Le manche se termine par l'ombilic qui est étroitement inclus dans le tympan. Le reste du manche et le processus latéral sont moins adhérents ; en chirurgie, il est facile de les détacher de cette membrane.

Muscles[modifier | modifier le code]

Le muscle tenseur du tympan (ou muscle du marteau en ancienne nomenclature) s'insère sur le côté interne de la partie supérieure du manche du marteau. En se contractant, il va donc attirer en dedans le manche, ce qui va tendre la membrane du tympan, et basculer en dehors la tête, entrainant l'enclume puis par continuité l' étrier, l'enfonçant dans la fenêtre du vestibule.

Ligaments[modifier | modifier le code]

Coupe verticale permettant de voir le malleus fixé par ses ligaments supérieur et antérieur

Le marteau est fixé dans la caisse du tympan par trois ligaments :

Le ligament supérieur du marteau le relie à la paroi supérieure de la cavité tympanique, et s'insère sur le sommet de la tête du marteau.

Le ligament latéral le relie au bord inférieur du mur épitympanique, et s'insère sur la partie inféra-latérale de la tête du marteau .

Le ligament antérieur qui prolonge le processus antérieur du marteau et traverse la fissure pétro-tympanique pour se terminer sur l'épine de l'os sphénoïde.

Embryologie[modifier | modifier le code]

Système ossiculaire d'un embryon à l'âge de 18 semaines.

Le marteau dérive de la crête neurale du premier arc branchial et notamment du cartilage de Meckel. Il se forme lors de la sixième semaine du développement embryonnaire, puis subit un processus d'ossification endochondrale qui débute à la 16ème semaine de développement et se termine vers la 26ème semaine [3].

Anatomie fonctionnelle[modifier | modifier le code]

Le marteau est le premier des trois osselets formant la chaine des osselets, dont le rôle est de transférer et d'amplifier la vibration sonore, du tympan à l'oreille interne.

De par sa relation étroite avec la membrane tympanique, le marteau transmet la vibration de celle-ci à l'enclume, qui la transmet par l'intermédiaire de l'étrier à l'oreille interne.

Aspect clinique[modifier | modifier le code]

Syndrome de House[modifier | modifier le code]

Décrit pour la première fois en 1966 par Goodhill, le syndrome de House ou syndrome de Goodhill est une fixation atticale de la tête du marteau, à cause d'une ossification des ligaments antérieurs ou supérieurs du malleus. Cela occasionne une surdité de transmission, dite à tympan normal, puisqu'elle est associée à une otoscopie sans particularité. La surdité peut être plus ou moins prononcée mais dépasse rarement les 30 dB. Le diagnostic est suspecté sur le scanner des rochers, et confirmé lors de la chirurgie, en visualisant la fixation. Le traitement est chirurgical, avec une section de la synostose ou une tympanoplastie [4].

Piston de malleus[modifier | modifier le code]

Dans la chirurgie d'otospongiose, en cas d'absence ou de malformation de l'incus, un piston spécial peut se fixer sur le malleus et transmettre directement les vibrations de l'osselet à l'oreille interne [5].

Prothèse de malleus[modifier | modifier le code]

En cas de reconstruction ossiculaire avec malleus absent, une prothèse permettant de remplacer le malleus et donc de stabiliser le montage a été développée [6].

Anatomie comparée[modifier | modifier le code]

Le marteau n'est retrouvé que chez les mammifères. Il provient d'un os de la mâchoire inférieure retrouvés chez les amniotes, l'os articulaire, que l'on peut retrouver dans la mâchoire de la plupart des vertébrés autre que les mammifères, notamment chez les reptiles et les oiseaux [7].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le nom malleus vient du latin signifiant marteau.

Sa découverte reviendrait à l'anatomiste et philosophe Alessandro Achillini [8]. Sa première description écrite remonte à 1521, et fut réalisée par Berengario da Carpi dans son Commentaria super anatomia Mundini, mais la description complète est due à Niccolo Massa dans son Liber introductorius anatomiae [9], qui le premier décrivit son rapport avec l'incus et introduisit le terme de malleoli par analogie avec la forme d'un marteau.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le terme marteau est utilisé en médecine et dans le langage courant, le terme malleus ou malléus, correspondant à la nomenclature officielle, est utilisé en anatomie
  2. a et b Tom George et Bruno Bordoni, « Anatomy, Head and Neck, Ear Ossicles », dans StatPearls, StatPearls Publishing, (PMID 34033311, lire en ligne)
  3. Neal Anthwal et Hannah Thompson, « The development of the mammalian outer and middle ear », Journal of Anatomy, vol. 228, no 2,‎ , p. 217–232 (ISSN 1469-7580, PMID 26227955, PMCID 4718165, DOI 10.1111/joa.12344, lire en ligne, consulté le )
  4. M. Lahkim, F.Z. Laamrani, H. En-Nouali, H. Boumdin,T. Amil, « Devant une surdité transmissionnelle : pensez au syndrome de Goodhill ! », La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale,‎ juillet-août-septembre 2015 (lire en ligne Accès libre)
  5. (en) John J. Shea, « MALLEUS TEFLON PISTON PROSTHESIS: », The Laryngoscope, vol. 93, no 8,‎ , p. 989???990 (ISSN 0023-852X, DOI 10.1288/00005537-198308000-00002, lire en ligne, consulté le )
  6. (en-US) Robert Vincent, Arnold J. N. Bittermann, Gentiana Wenzel et John Oates, « Ossiculoplasty in Missing Malleus and Stapes Patients: Experimental and Preliminary Clinical Results With a New Malleus Replacement Prosthesis With the Otology-Neurotology Database », Otology & Neurotology, vol. 34, no 1,‎ , p. 83–90 (ISSN 1531-7129, DOI 10.1097/MAO.0b013e318277a2bd, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Zhe-Xi Luo et Geoffrey A. Manley, « 2.14 - Origins and Early Evolution of Mammalian Ears and Hearing Function », dans The Senses: A Comprehensive Reference (Second Edition), Elsevier, (ISBN 978-0-12-805409-3, DOI 10.1016/b978-0-12-805408-6.00033-6, lire en ligne), p. 207–252
  8. Lester S. King, « Studies in Pre-Vesalian Anatomy: Biography, Translations, Documents », JAMA: The Journal of the American Medical Association, vol. 235, no 10,‎ , p. 1060 (ISSN 0098-7484, DOI 10.1001/jama.1976.03260360058036, lire en ligne, consulté le )
  9. « 'Nicolai Massae Liber introductorius Anatomiae ...' - Viewer | MDZ », sur www.digitale-sammlungen.de (consulté le )

Bibliographie en français[modifier | modifier le code]

  • Henri Rouvière et André Delmas, Anatomie humaine : Descriptive topographique et fonctionnelle, t. I : Tête et cou, Paris, Masson, , 15e éd. (1re éd. 1924) (ISBN 2-294-00391-8), p. 434-435

Bibliographie en anglais[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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